• « Les précaires développent des tactiques pour éviter les dominations » - Entretien avec #Patrick_Cingolani, Libération
    http://www.liberation.fr/economie/2014/12/12/les-precaires-developpent-des-tactiques-pour-eviter-les-dominations_11624

    Qui sont ces « précaires » dont il est question dans votre livre ?

    La plupart sont des jeunes - avec l’idée qu’aujourd’hui on peut être « jeune » jusqu’à l’âge de 40 ans - et souvent célibataires, car la contrainte monétaire sur les conditions de vie est moins lourde. Mais ils ne sont pas seulement issus des classes populaires, une partie des classes moyennes est aussi concernée. Ils considèrent le #travail comme une #atrophie des conditions de réalisation et d’expression de la personne, et développent ce que Michel de Certeau appelait des « #tactiques » pour éviter les #dominations. Confrontés aux désenchantements de la scolarisation de masse, les précaires dont je parle aspirent à des activités pouvant rendre compte de la dimension expressive de la personnalité. C’est ainsi qu’à travers des petits boulots, qui permettent de gagner du temps, ou des actions associatives, ils mènent des activités plus valorisantes et s’opposent à un mode de vie standardisé et consumériste. Il y a, au cœur de l’expérience #précaire, deux dimensions qui prédominent : l’aspiration à l’autonomie et le désir d’autoréalisation. Dans le livre, je me suis plus particulièrement intéressé aux précaires travaillant dans le secteur de la culture ou des médias. Les interviewés sont à la recherche d’un régime d’existence opposé à la bureaucratie et à la technocratie. Ce milieu est emblématique des expérimentations de nouvelles sensibilités, mais aussi de nouvelles formes de domination.

    Pour les intéressés éventuels, un débat a lieu jeudi 2 avril à 18H30 à la Bourse du Travail 3 rue du Château d’Eau à Paris (M° République), avec Cingolani, des salariés grévistes de Paris VIII et d’autres, à l’invitation de stop précarité et stop stress management.