Antisémitisme, islamophobie : la CNCDH pointe un climat « délétère » en France

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    • Amalgamer Houria Bouteldja avec Soral et Dieudonné, si j’osais je dirais que c’est un beau coup de pute.
      Quadruppani est du genre à ratisser large.
      Je lis quelques précédents textes et notamment sa réponse à l’appel des Indigènes, c’est un garçon qui a l’air d’avoir une vision un peu rigide de la république, il veut bien reconnaitre quelques erreurs passées on peut lui reconnaitre ça, le post-colonialisme connait pas.

    • D’un autre côté, après les Dieudonné et Soral qui voient des Juifs partout et principalement derrière les malheurs des Noirs et des Arabes, voici qu’ Houria Bouteldja (du Parti des Indigènes de la République) compare les Juifs à des « goumiers », en référence aux Sénégalais qui servaient dans les troupes coloniales au Maroc. Et de conclure, texto : « Les #Juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe. » Vous avez bien lu : « Les » Juifs, pas « Des » Juifs instrumentalisés ou enrôlés. Face à la haine de certains Marocains envers tous les Sénégalais à l’époque coloniale, le rôle des intellectuels critiques n’était-il pas d’expliquer que tous les Sénégalais n’étaient pas des goumiers ? Dieudonné, Soral, Bouteldja : ces intellectuels-là sont les zélés auxiliaires d’une politique étatique et d’un battage médiatique qui travaillent à transformer des préjugés populaires diffus en tirs de kalachnikov.

      Combattre ces « deux mâchoires du même piège à con » est une exigence pour tout esprit libre qui tient à le rester. Pour ceux qui ont pris le parti de l’émancipation humaine, c’est une nécessité vitale.

      #P.I.R

    • Je ne vois là aucune version rigide de « la république » (le mot n’est d’ailleurs cité dans l’article que pour « le parti etc. » ou « la place de »).

      De même, citer certains propos un peu trop oubliés d’une porte parole du P.I.R (cf. post précédent) met en rapport deux modalités actuelles de l’antisémitisme (il ne s’agit pas du traditionnel #antisémitisme occidental et chrétien) qui ne sont en rien amalgamées.

    • J’ai lu le passage que tu reproduits, et alors est ce que ca change le sens de ce que dit Houria Bouteldja ?
      Si la polémique se fait entre « les juifs » ou « des juifs » ne change rien aux manœuvre gouvernementales pour mettre les, ou des en première ligne des causes de l’islamophobie, qui ne peut être tout à fait française de souche. Et contraire,ment à ce que dit Quadruppani les données ne manquent pas pour prendre la mesure du phénomène, données sur la France et sur l’Europe.
      Certains en commentaires parlent de confusionnisme. Les indigènes silencieux qui ne contestent pas leur statut je pense qu’il apprécie. Je vois accoler antisémitisme et IDR assez souvent dans certains échanges ici et là mais donner un exemple concret relève toujours de la gageure.
      Tout ca me semble d’une malhonnêteté intellectuelle éprouvée.
      Quand Quadruppani parle de « communautariser la question sociale en France » il n’oublie pas de placer le CRIF en première ligne bien avant les politiques et qu’en se qui concerne les magistrats j’avais oublié leur indépendance vis à vis du pouvoir. A chacun son agenda n’est ce pas ?

    • Ce n’est pas Bouteldja qui dit « les juifs » sont ci ou ça. Ce que Bouteldja dit c’est que la politique impérialiste française utilise « les juifs » comme bouclier, ce qui n’a rien d’essentialisant. Ca me déçoit de Quadruppani, que j’aime bien par ailleurs, qu’il ne comprenne pas ça...

    • @Unagi
      "Tout ca me semble d’une malhonnêteté intellectuelle éprouvée."
      @Dror
      "Ce n’est pas Bouteldja qui dit « les juifs » sont ci ou ça. Ce que Bouteldja dit c’est que la politique impérialiste française utilise « les juifs » comme bouclier, ce qui n’a rien d’essentialisant. "
      C’est exactement ce que j’ai pensé en lisant ce dernier coup de pied de l’âne contre le PIR dans Article 11.
      Quadruppani touche ici le fond, en effet, mais à sa décharge, c’est une tendance qui fait des ravages dans l’extrême gauche, de la plus extrême à la plus gauche...

      Et aussi : à voir le nombre de critiques radicaux ou libertaires, ’’antiracistes" etc., mais blancs, qui deviennent soudainement infoutus de comprendre une phrase pourtant simple lorsqu’elle elle est prononcée par un(e) indigène, on n’est pas sortis des ronces.

    • Autre point discutable dans l’article de Quadruppani : comme Todd, il affirme qu’il est évident qu’il existe "une forme d’antisémitisme populaire au sein des populations d’origine immigrée en France".

      C’est tellement évident que personne ne l’a mesuré ? Si, la CNCDH, qui dit exactement le contraire :

      –les opinions à l’égard des juifs sont stables et 85% des Français pensent aujourd’hui que les juifs sont « des Français comme les autres »
      –le « nouvel » antisémitisme associé à l’antisionisme, à l’islamisme radical et à la gauche tiers-mondiste, est un mythe. Au contraire, c’est bien le « vieil antisémitisme » liant les juifs à l’argent et au pouvoir qui perdure, et on note que les jugements négatifs sur Israël sont plus fréquents à droite qu’à gauche.
      –l’idée que l’antisémitisme serait un racisme d’une autre nature n’est pas non plus validée, puisque les personnes rejetant les juifs (les personnes âgées, les moins diplômées et ayant peu de ressources, les catholiques les plus pratiquants, plus à droite qu’à gauche, et jusqu’à 58 % des proches du FN...) rejettent aussi les autres minorités.
      –quant aux Français issus de l’immigration... ils se comportent comme les autres Français : ils se situent dans la moyenne ! L’intégration par le racisme, c’est ça la France !

      Antisémitisme, islamophobie : la CNCDH pointe un climat « délétère » en France
      Carine Fouteau, Médiapart, le 9 avril 2015
      http://www.mediapart.fr/journal/france/090415/antisemitisme-islamophobie-la-cncdh-pointe-un-climat-deletere-en-france?on

    • Quadruppani, comme Todd, dénonce l’islamophobie. Mais c’est comme si, pour pouvoir dénoncer l’islamophobie, il faut d’abord montrer patte blanche en dénonçant « l’antisémitisme des jeunes de banlieue », même s’il est imaginaire.

      Quadruppani, comme d’autres, dénonce Charlie-Hebdo. Mais c’est comme si, pour pouvoir dénoncer le racisme de Charlie-Hebdo, il faut d’abord montrer patte blanche et dénoncer Houria Bouteldja.

    • Todd ne s’exprime jamais sur l’islam, sauf en filigranes.
      En dehors du rappel répété à l’antisémitisme de banlieue il qualifie par exemple l’islam de religion des faibles. Ce qui est assez vicieux comme procédé. Le qualificatif loin de renvoyer à une position minoritaire et stigmatisée, fait référence à Nietzsche pour qui le christianisme est la religion des faibles, « qui cherchent à empêcher les forts de vivre leur liberté.
      Que chacun soit une »âme immortelle" et de rang égal avec chacun, [...] que de petits cagots, des toqués aux trois quarts aient le droit de se figurer que pour eux les lois de la nature sont enfreintes sans cesse, - une telle gradation de tous les égoïsmes jusqu’à l’infini [...] ne peut pas être marquée d’assez de mépris. Et pourtant le christianisme doit sa victoire à cette pitoyable flatterie de la vanité personnelle, -par là il a attiré à lui tout ce qui est manqué, bassement révolté, tous ceux qui n’ont pas eu leur part, le rebut et l’écume de l’humanité., in L’Antéchrist".
      Il me semble qu’on est loin de la patte blanche.

  • Antisémitisme, islamophobie, racisme anti- Roms : la CNCDH pointe un climat « délétère » en France - Carine Fouteau - Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/090415/antisemitisme-islamophobie-la-cncdh-pointe-un-climat-deletere-en-france?pa

    Ce sont les racines du mal qu’observe la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) dans son rapport annuel rendu public jeudi 9 avril consacré à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (à lire en intégralité en page 2 de cet article). Quel terreau a rendu possibles les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et le supermarché casher à la suite desquels vingt personnes, dont les trois terroristes, ont perdu la vie ? « Le peuple de France a été saisi de sidération devant le cauchemar de la rédaction d’un journal, Charlie Hebdo, sauvagement décimée et d’assassinats antisémites barbares dans un supermarché casher », souligne Christine Lazerges, la présidente de l’institution, dans son introduction. « Les tendances sont inquiétantes et la CNCDH se doit d’alerter les pouvoirs publics et l’opinion », insiste-t-elle. Depuis 2009, selon ses analyses, la société française est gagnée par une intolérance croissante à l’égard des immigrés et des étrangers, boucs émissaires dans un contexte de crise économique et de montée continue du chômage.

    L’année 2014 s’ouvre avec l’affaire Dieudonné. Dans le sillage de l’interdiction des spectacles de l’humoriste, la manifestation « Jour de colère », le 26 janvier, voit se nouer une alliance rance entre catholiques fondamentalistes, militants d’extrême droite nationalistes et partisans d’Alain Soral autour de slogans antisémites, anti-islam et homophobes. Les succès éditoriaux d’ouvrages « qui répandent l’amalgame et attisent les peurs » sont un autre symptôme d’un climat « délétère ». Dans l’espace public, les paroles xénophobes sur fond de progression du FN aux élections européennes et municipales ne font pas l’objet de « recadrage », remarque la CNCDH qui regrette « l’absence de contre-discours positifs tant de la part des politiques que des médias » . Trois formes de rejet lui semblent particulièrement tenaces : la cristallisation du racisme autour de la population musulmane, l’augmentation significative des actes antisémites et la critique sans retenue des Roms.

    Selon les chiffres recensés par le ministère de l’intérieur, 1 662 actes et menaces à caractères racistes ont été signalés en 2014 auprès des services de police et de gendarmerie, contre 1 271 un an plus tôt, soit une hausse de 30 %. Ainsi mesurée, cette délinquance à caractère raciste prend en compte les attentats, tentatives d’attentats, incendies, dégradations, violences et voies de fait, de même que les propos, gestes menaçants, démonstrations injurieuses, inscriptions, tracts et courriers. La hausse est spectaculaire pour les faits antisémites qui connaissent des pics de violence en janvier, après le « Jour de colère », puis entre juillet et octobre, en écho à l’intensification du conflit israélo-palestinien et aux manifestations en faveur de Gaza en France. Les actes antimusulmans connaissent, eux, une baisse en 2014, en partie compensée par une flambée après les attentats de janvier 2015. Ces données, note le rapport, sont à prendre avec des pincettes. Pour de nombreuses raisons, la nomenclature est jugée lacunaire, notamment parce qu’elle n’intègre pas les discriminations liées aux origines. La comparaison avec les statistiques recueillies au Royaume-Uni montre à quel point les données françaises sous-estiment la réalité. Outre-Manche, à la suite d’une réforme du recensement des infractions racistes, le nombre d’actes commis à raison de l’appartenance prétendue à une « race » est passé de 6 500 en 1990 à 37 000 en 2013-2014.

    « La prise de recul s’impose s’agissant des données relatives à la répression judiciaire des actes racistes, répète Christine Lazerges. Ces chiffres sont certes un indicateur des manifestations du racisme, mais ils ne révèlent que l’écume des choses, puisqu’en matière de racisme et d’antisémitisme, le chemin des victimes est pavé d’obstacles, à commencer trop souvent par la difficulté à déposer plainte. Le traitement judiciaire achoppe rapidement sur une limite : si les actes racistes, antisémites et xénophobes sont susceptibles de recevoir une réponse pénale, de tomber sous le coup d’une incrimination, ce n’est pas le cas de l’idéologie qui les nourrit. »

    Autre outil de mesure, l’indice longitudinal de tolérance mis au point par Vincent Tiberj, chargé de recherches au Centre d’études européennes (CEE) de Sciences Po, est considéré comme plus fiable sur la durée. Mis en service en 1990, ce baromètre agrège les réponses à une batterie de questions – pour l’année 2014 il a été réalisé par l’institut BVA du 3 au 17 novembre auprès d’un échantillon représentatif de 1 020 personnes âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine constitué d’après la méthode des quotas. Il permet de saisir un instantané de l’état du racisme en France. Depuis 2009, cet indice chute. En 2014, il se stabilise.

    « Pour la cinquième année consécutive, l’indice de tolérance est peu satisfaisant, se trouvant, après un recul au cours des quatre dernières années, à des niveaux tels que cette régression reste sans précédent depuis que les chercheurs qui travaillent en collaboration avec notre autorité administrative indépendante ont créé l’indice longitudinal de tolérance », souligne Christine Lazerges. Les opinions à l’encontre des musulmans évoluent négativement. Le fait de ne pas boire d’alcool ou de ne pas manger de porc est, par exemple, moins accepté en 2014 qu’en 2013, ainsi que le fait de pratiquer la prière. Les Roms, pour lesquels de nouvelles questions ont été intégrées dans le questionnaire, constituent la population qui suscite le plus de rejet.

    Malgré l’augmentation des actes et menaces antisémites tels que les mesure le ministère de l’intérieur, l es opinions à l’égard des juifs dans le baromètre de la CNCDH sont, elles, stables. Pour tenter d’y voir plus clair, le rapport consacre un chapitre à la « revitalisation des vieux clichés antisémites » signé par plusieurs chercheurs de Sciences Po sous la houlette de Nonna Mayer, directrice de recherche du CNRS au CEE de Sciences Po et présidente de l’Association française de science politique depuis 2005.

    (...)

    Cette minorité est la mieux acceptée. (...)

    En revanche, les chercheurs observent une persistance des stéréotypes liés au pouvoir et à l’argent dont sont victimes les juifs. « Tout se passe comme si les mesures prises pour protéger cette minorité, mesures de sécurité après la tuerie de Toulouse, ou sur un registre moins dramatique l’interdiction du spectacle de Dieudonné, en janvier, et celle de deux manifestations pro-palestiniennes à Paris cet été, venaient renforcer la croyance en leur influence », constatent-ils. « Dans le même ordre d’idées, les juifs sont accusés d’instrumentaliser la Shoah à leur profit », poursuivent-ils. Le soupçon de « double allégeance » mesuré par la question « Pour les juifs français, Israël compte plus que la France » est également renforcé.

    (...)

    « Ce nouvel antisémitisme, rapportent les chercheurs, ne se fonderait plus sur la notion de “peuple déicide” caractéristique de l’antijudaïsme chrétien, ou sur la prétendue supériorité de la race aryenne, comme au temps du nazisme, mais sur l’antisionisme, l’amalgame polémique entre “juifs”, “Israéliens” et “sionistes”. (...)
    L’étude du baromètre ne fait pas apparaître une telle évolution. À l’inverse, elle montre un « rôle structurant » du « vieil antisémitisme » liant les juifs à l’argent et au pouvoir. Les opinions à l’égard d’Israël et plus encore à l’égard du conflit israélo-palestinien semblent plus « périphériques » tout comme celles relatives à la Shoah. L’idée que l’antisémitisme serait un racisme d’une autre nature n’est pas non plus validée, puisque les personnes rejetant les juifs rejettent aussi les autres minorités.

    (...)

    En matière de préférence politique, l’antisémitisme est moins fréquent à gauche qu’à droite (...). Et s’il remonte à l’extrême gauche, la proportion des scores élevés sur l’échelle d’antisémitisme y reste inférieure à la moyenne de l’échantillon, et sans commune mesure avec celle qu’on observe à l’extrême droite (27 % chez les proches du Front de gauche, de Lutte ouvrière et du NPA, contre 22 % au PS et chez les Verts), soulignent les chercheurs (...). Quant aux Français issus de l’immigration, ils se comportent comme les autres Français : ils se situent dans la moyenne.

    (...)

    • Extrait : "Les facteurs favorisant l’antisémitisme sont globalement les mêmes que ceux qui expliquent les autres préjugés. Le rejet des juifs est ainsi plus marqué chez les personnes âgées, chez les moins diplômées et chez les individus ayant peu de ressources ou ayant le sentiment que leur situation économique se dégrade. Les catholiques les plus pratiquants, les plus intégrés à leur communauté, sont très concernés. « On observe depuis quelques années déjà chez ces derniers une poussée identitaire et une montée générale des préjugés envers les minorités », notent les chercheurs."

      On sait donc que les catholiques très pratiquants ont plus tendance à être antisémites. Donc on demande aux sondés leur religion ?

      Donc on devrait facilement pouvoir si les musulmans ont plus tendance à être antisémites ou si les juifs ont plus tendance à être islamophobes ?

      Est-ce que ces questions ont été posées ?

    • Je réponds à la première question par un extrait du rapport qui ne traite pas des musulmans mais des descendants de parents non européens, essentiellement venus du Maghreb :
      « On remarque enfin que l’antisémitisme, contrairement au racisme anti-immigré, traverse l’échantillon quelles que soient les origines de la personne interrogée : la proportion de scores élevés sur notre échelle est aussi élevée chez celles qui n’ont pas d’ascendance étrangère que chez celles qui ont des parents ou des grands parents d’origine non européenne (essentiellement venus du Maghreb), résultat qu’on retrouve dans les enquêtes précédentes. »

      En revanche, je pense qu’on ne peut pas répondre à la deuxième question parce qu’elle n’a pas été posée et qu’elle est trop taboue...