Du traitement médiatique de la grève du 9 avril

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  • Du traitement médiatique de la grève du 9 avril
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    Le 9 avril, à Paris et dans des dizaines de villes en France, plus de 300 000 personnes étaient en grève et manifestaient à l’appel de plusieurs organisations syndicales, entonnant notamment des slogans contre la loi Macron (« C’est la loi des patrons »).

    La mobilisation parisienne était assez impressionnante. Le cortège s’étirait de la place d’Italie aux Invalides, réunissant des grévistes venu-es en cars de toute la France : dockers de Dunkerque, cheminot-es de Tours, salarié-es d’Airbus à Nantes, travailleurs du bâtiment de Toulouse, etc. A Tours, malgré le départ de cinq cars du département pour rejoindre la manifestation parisienne, 2 000 personnes manifestaient ce jeudi matin.

    On aurait pu imaginer que les médias français s’intéresseraient à cet événement. Ouais, on aurait pu, même si l’absence d’équipes de télévision sur le parcours de la manifestation parisienne laissait présager le pire. Voici donc quelles étaient les Unes des principaux sites d’information français au soir du 9 avril :

    L’événement n’était pas trop mal placé sur lemonde.fr, mais faisait seulement l’objet d’une note de blog. Il était absent des titres égrainés par David Pujadas en ouverture du journal de France 2 au soir de de la manifestation. Et ce matin, 10 avril, l’invité de France Inter était Philippe Val...

    Mention spéciale à Libération, qui titrait aujourd’hui en page 12 « Les manifs ne courent plus les rues », alors que le journal n’avait absolument pas fait mention auparavant de la mobilisation construite par les organisations syndicales depuis de longues semaines. Les journalistes font mine de déplorer que les syndicats « peinent à élargir [la mobilisation] au-delà du cercle militant », mais comment le faire quand les médias n’accordent aucune place aux luttes sociales et syndicales ?

    Ce mouvement de grèves et de manifestations n’aura existé que pour ceux et celles qui l’ont vécu. Et faute de couverture médiatique, les membres du gouvernement ne seront certainement pas interpellés sur l’expression des travailleurs contre leur politique — on préférera recueillir leur avis sur la guerre des chefs au sein du FN [1]. Une fois de plus, ces médias ont démontré qu’en matière d’information sur les luttes sociales, on ne pouvait compter que sur nous-mêmes.

    #9avril #médias #LePen2017 #syndicalisme

    • @monolecte c’est clairement un problème. que certain-es tentent de poser dans leurs syndicats. la dernière fois qu’un mouvement social a eu gain de cause, c’était avec le CPE et l’émergence d’une contestation extrêmement bordélique et chiante pour le pouvoir.

    • Enfin là, c’était essentiellement une manif où la CGT devait prouver que malgré ses turpitudes internes, elle était encore en mesure de (se faire) compter... Il s’agissait par ailleurs de dire « non à la loi Macron » mais ce « non » n’a rien d’évident à imposer. Bureaucratie syndicale ou pas, nul ne sait ce qui pourrait imposer une bifurcation à la gauche de droite (sauf un blocage généralisé de la production et de la circulation que rien ne parait annoncer ou permettre).

      Le CPE est un mauvais exemple puisque ne s’agissait en rien d’un épisode du feuilleton de la #représentation légitime, mais bien d’une mobilisation réelle dans laquelle bien des gens n’ayant aucun rapport au militantisme de gauche pou au syndicat étaient impliqués.

      De plus, il se trouve que depuis plus de 30 ans la plupart des mobilisations effectives et d’ampleur « nationale » (il faut entendre par là, interpro et sur des territoires divers) ont eu lieu sur la base du refus d’un projet de « réforme » (si on excepte la lutte des sans pap en 1996). Et que cela ne s’est jamais produit contre le PS, la gauche plurielle, à l’exception du mouvement des chômeurs et précaires de 1997/98...

      Comme dans le cas de la Grèce aujourd’hui, le schéma de 36 en France, où un poussée populaire contraint les représentants, le pouvoir, au moment même où celui-ci est « le moins éloigné du peuple » ne guère connu de nouveau développement. (cf. les années 80 ici, après l’"alternance").

      1936 est une expérience dont la gauche institutionnelle à tiré des leçons. Pour eux, qui viennent désormais au pouvoir sur le reflux de la politisation (celle de 68 et ses suites, par exemple, pour le PS) il est toujours question de prévenir toute autonomie des luttes, de la désamorcer préventivement (cf, l’exemple de la création de SOS Race contre l’autonomie des collectif de « jeunes issus de l’immigration » mais pas que), de réduire l’espace disponible en l’occupant (#police_préventive).

      Reste une chose plutôt surprenante ce 9 avril : le traditionnel chauvinisme d’orga qui interdit aux manifestants venus à l’appel de la cégété d’accepter tout texte ou tract qui n’est pas siglé par l’orga légitime était beaucoup moins de mise... Crise de la direction du syndicat, consensus républicain post massacre charlie/casher, expérience répétée du « pouvoir de gauche » (et cette fois sans même l’illusion que le PCF serait là pour veiller au grain) permettent peut-être que des interrogations nouvelles, un ouverture, se manifestent...

      Si de tels cloisonnements tombaient ; le darwinisme social, al concurrence et le fatalisme en prendraient plein la gueule. C’est pas fait...

    • On a manqué gagner en 2010 contre le sabotage des retraites. Plus le mouvement durait, plus les orgas syndicales perdaient du terrain et plus les citoyens organisaient de vraies actions qui faisaient chier.
      Là où les dominants ont commencé à flipper, c’est quand des collectifs ont commencé à bloquer l’arrivée aux plateformes logistiques des hypermarchés, parce qu’on tapait dans le talon d’Achille du système de flux des marchandises avec la contrainte de l’approvisionnement permanent des villes. Et ça sentait la défaite pour eux quand les raffineries se sont mises en grève : sans le flux des ressources, le seul flux qui compte, celui du pognon, s’arrête. Et là, ils savaient qu’ils auraient dû céder.

      Ils ont donc cassé la dynamique en négociant séparément avec les bloqueurs dangereux : les raffineries et les routiers.

      Sans leur soutien, c’était mort.

      Donc, on a tous perdu.

      Et vous avez vu ce qui est arrivé aux routiers et aux travailleurs des raffineries ensuite.