Au Moyen-Orient, la perpétuation infinie du chaos

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  • Au Moyen-Orient, la perpétuation infinie du chaos - Libération
    http://www.liberation.fr/monde/2015/04/08/au-moyen-orient-la-perpetuation-infinie-du-chaos_1237186
    Une bonne mise en perspective de Myriam Ben Raad

    Du fond de l’imbroglio émergent, certes, quelques tendances, susceptibles de rendre cet Orient compliqué plus intelligible sans toutefois pleinement aider à le déchiffrer. La lutte pour l’hégémonie régionale à laquelle se livrent l’Iran et l’Arabie Saoudite est, à ce titre, la plus prégnante. Ces deux puissances ont bénéficié de l’effondrement de leurs voisins irakien et syrien pour prendre la tête du « Nouveau Moyen-Orient ». Depuis 2003, et l’intervention militaire américaine en Irak, elles s’affrontent au travers d’interminables et féroces guerres par procuration, de Bagdad à Damas, en passant par Beyrouth et Sanaa. Le Yémen n’est que l’ultime théâtre de cette opposition entre deux acteurs qui, dans les faits, n’ont aucun intérêt au relèvement des « Etats faillis » dont ils ont fait leurs terrains de jeu. Tant qu’ils ne seront pas frappés de plein fouet par l’onde de choc, ni Riyad ni Téhéran ne faciliteront une reconstruction de l’Irak, de la Syrie ou du Yémen, ce qui reviendrait à perdre l’autorité qu’ils ont précisément bâtie sur l’exploitation du chaos.
    [...]
    L’Iran, jusqu’ici, a su maintenir l’unité de ses relais, ce qui constitue sa première force face à un camp sunnite largement éclaté ; cette solidarité saura-t-elle néanmoins résister, à plus long terme, à des dissidences chiites internes devenues plus audibles ? Pour leur part, ni l’Arabie Saoudite ni ses associés sunnites n’ont anticipé l’essor spectaculaire de l’Etat islamique ; pis, ils ont appuyé la cause de ses combattants, avant que ceux-ci ne retournent leurs armes contre eux. En dépit de ses revers, la mouvance jihadiste n’a d’ailleurs pas dit son dernier mot : plus que tout autre acteur, elle compte sur la perpétuation infinie du chaos pour survivre et se régénérer.

    • Bonne analyse, mais à laquelle on peut tout de même poser quelques questions.
      "Ces deux puissances ont bénéficié de l’effondrement de leurs voisins irakien et syrien pour prendre la tête du « Nouveau Moyen-Orient »."
      – Comme elle le dit elle-même, ces deux pays ne se sont pas effondrés tous seuls... C’est bien le couple USA/ASaoudite qui l’a voulu.

      Même remarque ensuite :
      "Depuis 2003, et l’intervention militaire américaine en Irak, elles s’affrontent au travers d’interminables et féroces guerres par procuration, de Bagdad à Damas, en passant par Beyrouth et Sanaa. Le Yémen n’est que l’ultime théâtre de cette opposition entre deux acteurs"...
      _ Dans tous ces cas, l’Iran riposte, contre-attaque, mais n’est pas à l’origine me semble-t-il, il faut le souligner.

      "Cette impitoyable bataille, drapée de considérations énergétiques liées à la rente et ses revenus, et impliquant d’autres Etats (Turquie, Qatar, Egypte, Jordanie…), s’est très tôt placée sous le sceau du choc identitaire"...
      – Toujours la tournure impersonnelle ("s’est très tôt placée"). Non, c’est le roi de Jordanie qui "lance" le concept en 2005

      "Latente depuis les années 80, la fitna, ou guerre au cœur de l’islam, empoisonne toutes les sociétés, rongées par un confessionnalisme qui ne laisse plus aucune place aux minorités. En l’espèce, la surenchère communautaire est instrumentalisée par ceux qui ont fait de cette collision leur fer de lance : tandis que l’Arabie Saoudite et les monarchies du Golfe ont soutenu la « salafisation » des résistances sunnites irakienne et syrienne, l’Iran a délibérément « gonflé » l’identité chiite d’un certain nombre de ses relais, à commencer par les Houthis zaïdites et le régime syrien dont le cœur alaouite n’a été que tardivement rattaché au chiisme.
      – Same player shoot again ! On ne peut pas, à mon sens en tout cas, renvoyer dos à dos les deux acteurs dans ce domaine, l’analyse des propros de leurs dirigeants le prouve facilement.

      "En dépit de ses revers, la mouvance jihadiste n’a d’ailleurs pas dit son dernier mot : plus que tout autre acteur, elle compte sur la perpétuation infinie du chaos pour survivre et se régénérer."
      – On ne peut pas croire sérieusement que la mouvance jihadiste tombe du ciel ou s’auto-finance... Son organisation, ses compétences, sa stratégie montrent bien qu’elle agit en lien, formule neutre, avec des puissances, régionales ou autres. L’auteure a raison de conclure sur ce point, mais j’irais plus loin qu’elle dans l’attribution des responsabilités.

    • Entièrement d’accord avec gonzo.

      L’Iran n’a jamais envahi d’autres pays. Alors que l’Arabie Saoudite maintient par la force une dictature sunnite au Bahreïn dont la population est majoritairement chiite.

      La propagande anti-Iran va bon train dans les médias français et probablement occidentaux.

      Et personne ne parle de dénucléarisation de tout le Proche Orient ...

    • – Comme elle le dit elle-même, ces deux pays ne se sont pas effondrés tous seuls... C’est bien le couple USA/ASaoudite qui l’a voulu." non compte tenu des diasporas , opposants , gouvts en exil , exilocratie , prolifération des souscriptions au genre éditorial du témoignage des persécutés etc et au bout du compte le pantouflage tireur de ficelle d’un islam de France