« Le photographe professionnel doit donner du sens à l’image »

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  • Sergey Ponomarev : « Le photographe professionnel doit donner du sens à l’image »
    http://www.lemonde.fr/arts/article/2015/04/12/sergey-ponomarev-le-photographe-professionnel-doit-donner-du-sens-a-l-image_

    Maïdan, Damas... Comment parvenez-vous à déjouer les messages de propagande, les messages officiels, et garder votre sens journalistique ?

    Il faut avant toute chose comprendre ce qu’est la propagande. Lorsque j’étudiais à l’université de journalisme, à Moscou, nous avions des cours obligatoires d’enseignement militaire. Ils consistaient à nous entraîner aux règles de la propagande. En cas de guerre nous devions être prêts à penser comme des professionnels.

    Le principe est plutôt simple : il faut choisir un fait puis le tordre de façon à ce qu’il paraisse toujours réel tout jouant sur les mots. C’est cela la propagande : il y a peu de mensonges dans sa fabrication, juste des déviations. Donc à Maïdan (à Kiev, en Ukraine) ou à Damas (Syrie), il faut déconstruire les messages officiels pour comprendre la réalité.

    En Ukraine, ceux que l’on a appelés plus tard les « séparatistes » ne se considéraient pas comme tels, ils revendiquaient juste une meilleure vie. Les télévisions les ont aidés à broder une histoire. Plus tard à Lougansk [est de l’Ukraine, théâtre de violents combats], lors des bombardements, l’électricité a été coupée. Pendant un moment, les habitants n’ont plus eu accès à la télévision, aux journaux, etc. Leur discours différait vraiment de celui des habitants de Donestk qui absorbaient la propagande. C’était vraiment frappant !

    Bon, il bosse pour le NYT, mais il est russe, hein.
    D’ailleurs, l’intervieweuse n’insiste pas trop sur l’exemple ukrainien…