• Les Inrocks : Entre lutte exaltée et conservatisme : les maîtres à penser et la révolution
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    Cette question des droits, condensée dans la cause des sans-papiers, à laquelle souscrivent aussi bien Balibar que Badiou, convoque chez d’autres intellectuels de gauche dits non conformistes une posture opposée, incarnée notamment par Jean-Claude Michéa. Qualifié « d’inclassable » par son éditeur, le philosophe polarise un autre type de radicalité critique, bâtie, elle, sur le rejet de la gauche moderne et sur la revendication d’un conservatisme, au sens d’un attachement passif au passé de la gauche. Sa déconstruction de l’imaginaire progressiste se fait au nom de sa défense de la « décence commune » des gens ordinaires défendue par George Orwell.

    Parce qu’elle se serait convertie au libéralisme économique et culturel, et qu’elle serait acquise au mythe du progrès et au marché, la gauche renégate (celle incarnée selon lui par Libération, Les Inrocks et Le Grand Journal de Canal+ !) aurait trahi ses valeurs fondatrices. Convoquer la mémoire d’Orwell et des gens ordinaires ne suffit pourtant pas à cacher les angles morts d’une pensée travaillée par l’aigreur pamphlétaire.

    Au nom de la critique légitime du libéralisme, Michéa en vient, par un renversement délirant, à disqualifier la défense des étrangers et de l’extension des droits individuels, c’est-à-dire les fondements mêmes de l’émancipation. Comme si le « nomadisme deleuzien » et l’" individualisme narcissique" suffisaient à expliquer le « coma intellectuel » d’une gauche critique dont le réveil, amorcé à la fin des années 90, ne cesse au contraire de s’épanouir, à l’unisson du réveil de l’histoire.

    #nouveaux_réactionnaires