L’actualité Société avec Libération

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  • Pourquoi j’ai démissionné du lycée Averroès - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/02/05/pourquoi-j-ai-demissionne-du-lycee-averroes_1196424

    J’ai reçu de nombreux soutiens et remerciements après la publication de ce texte, certains m’ont même parlé de « courage ». Mais pour moi, prendre la plume pour faire entendre ma voix en tant que citoyen français de culture islamique après les horribles attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher était surtout de l’ordre du devoir. Or, le jour même de la publication de ce texte, un proche de la direction de mon lycée vint m’interrompre en plein cours pour me dire en catimini dans le couloir attenant à ma classe : « Il est très bien ton texte, je suis d’accord avec toi sur le problème des musulmans qui manquent d’humour et de recul par rapport à leur religion, mais tu dois savoir que tu vas te faire beaucoup d’ennemis ici, et je te conseille de regarder derrière toi quand tu marcheras dans la rue… ».

  • L’école après Charlie : on a mis le doigt dans un engrenage pervers - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/31/lecole-apres-charlie-avons-mis-doigt-engrenage-pervers-257446

    Au-delà de son côté comique, cette annonce est révélatrice de la manière dont les administrateurs de l’Education nationale envisagent la question de la laïcité et, plus généralement, toutes les problématiques républicaines.

    Il s’agit pour eux d’un certain nombre de « valeurs », c’est-à-dire de doctrines, d’idées toutes faites, à inculquer aux fonctionnaires, chargés ensuite de les inséminer de façon univoque et droite à nos charmantes têtes blondes.

    Ce faisant, nous transformons les idées républicaines en croyances, destinées à combattre d’autres croyances, jugées « antirépublicaines ».

    Mais la République n’est pas une croyance. La première qualité d’un citoyen républicain n’est pas de savoir « marcher au pas », mais d’être un individu rationnel, capable de déterminer de façon autonome les actions qui favorisent le bien commun. Et ce ne sont pas les PowerPoint, mais le questionnement philosophique, ainsi que la culture et le raisonnement scientifiques, qui permettent d’y parvenir.

    Venons-en maintenant au côté tragique des mesures ministérielles. Il est désormais possible, sur simple dénonciation, et sans avoir à fournir de preuve, de condamner n’importe quel acteur de l’école, enfant ou professeur, pour « apologie du terrorisme » (il m’est toujours difficile, en écrivant ces lignes, d’admettre que l’école publique, pour laquelle je travaille, soit capable de telles ignominies).

    #police_de_la_pensée

  • Il y a deux Internet en prison, par @camillepolloni
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/14/y-a-deux-internet-prison-celui-est-legal-est-carton-256945

    Pour rester « connectés à la vie », les détenus cachent un smartphone, une clé 3G ou squattent un wifi. Un prisme moral, entre autres, limite toujours les expérimentations légales pour faire entrer #Internet en #prison.

    (…) Un détenu : « Je dirais que là où je suis, 70% à 80% des détenus ont un téléphone portable. Un quart d’entre eux ont Internet dessus. On trouve de tout : Samsung Galaxy, iPhone...

    D’autres, beaucoup moins nombreux, ont des ordinateurs en cellule [autorisés mais payants et “préparés” pour éviter toute connexion vers l’extérieur, ndlr]. Ils branchent dessus des clés 3G ou 4G [ce qui est interdit, ndlr]. Les clés rentrent comme les portables et les abonnements sont payés de l’extérieur, bien sûr. »

  • L’ex-membre de la LDJ s’en était pris à un juif antisioniste : 6 mois ferme requis en appel - Libération
    29 janvier 2015 à 21:23 (Mis à jour : 29 janvier 2015 à 23:43)
    http://www.liberation.fr/societe/2015/01/29/l-ex-membre-de-la-ldj-s-en-etait-pris-a-un-juif-antisioniste-6-mois-ferme

    Six mois de prison ferme ont été requis jeudi en appel à Versailles à l’encontre d’un ancien militant de la Ligue de défense juive (LDJ), jugé pour sa complicité dans « une expédition punitive » en 2012 contre un jeune juif qui avait critiqué la politique israélienne sur son blog.

    La cour d’appel rendra sa décision le 11 mars.

    Le tribunal correctionnel de Versailles avait condamné en juin 2014 à 6 mois de prison ferme Steve Bismuth, 25 ans, jugé comme complice au côté d’Arthur Benhamou, 22 ans, qui a écopé de 10 mois ferme pour avoir élaboré et lancé un engin explosif en direction de la voiture de Jonathan Moadab, un jeune juif se disant antisioniste. M. Bismuth avait fait appel.
    (...)
    A la barre, le jeune homme, déjà condamné à deux reprises pour dégradations et menaces de mort, a nié avoir demandé à deux jeunes sympathisants de la LDJ de jeter l’engin incendiaire ce soir-là. Selon lui, le plan consistait à faire des graffitis et éventuellement à crever les pneus, pour faire peur au blogueur.

    #LDJ

  • Un enfant de 8 ans au commissariat pour « apologie du terrorisme » - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/01/28/un-enfant-de-8-ans-au-commissariat-pour-apologie-du-terrorisme_1190778

    « On a convoqué l’enfant et son père pour essayer de comprendre comment un garçon de 8 ans peut être amené à tenir des propos aussi radicaux », a indiqué le directeur départemental de la sécurité publique. « Visiblement, l’enfant ne comprend pas ce qu’il a dit. On ne sait pas où il est allé chercher ses propos », selon lui.

    #police_de_la_pensée

  • Sophie Wahnich : Fac-marchandise, la démocratie prise de court - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2012/11/19/sophie-wahnich-fac-marchandise-la-democratie-prise-de-court_861575

    Lorsque les thermidoriens abandonnent les droits créances et acceptent la marchandisation du savoir, cela s’accompagne par un dépérissement de la démocratie - retour du suffrage censitaire, professionnalisation de la sphère politique en France à partir de 1795, coups d’Etat récurrents, suppression du droit de résister à l’oppression - et par un droit positif comme seul conception de contrôle.

    En Europe - dans 29 pays -, la construction d’un espace européen de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation repose sur une coopération intergouvernementale baptisée Méthode ouverte de coordination (MOC). Ce dispositif fonctionne à l’incitation, à l’émulation entre pairs et à la surveillance multilatérale, sans recours à la contrainte légale. Le benchmarking (ou évaluation comparative) et la co-opétition (agencement organisationnel qui couple coopération et compétition) sont les seules logiques de son fonctionnement. Les politiques publiques universitaires sont ainsi gérées par une science managériale fondée sur la quantification des performances.

    Cérémoniel. La marchandisation du savoir ne produit pas l’émulation politique, loin de là. Elle fait disparaître le lien qui unissait savoir, justice et égalité au profit de celui entre savoir et profits. D’un côté, un bien commun incommensurable à mettre en partage par le don cérémoniel réciproque, de l’autre, un bien privé rapporté à son retour sur investissement marchand.

  • Françoise Laborde : « Ce qui relevait de la culture est devenu un affichage excessif » - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/01/21/ce-qui-relevait-de-la-culture-est-devenu-un-affichage-excessif_1185885

    « Les musulmans ressentent certaines lois des dernières années comme une stigmatisation. Je pense que la faute est partagée. Il y a eu chez certaines personnes de cette confession quelques provocations. Ce qui relevait de la culture et de la tradition - je pense au port du foulard - est devenu un affichage excessif. Il y a vingt ans, on ne voyait pas autant de femmes en burqa. De la même façon, il n’y avait pas autant de demandes dans les entreprises pour disposer d’un endroit pour la prière. On peut mettre la religion en avant chez soi, mais il faut aussi des règles de vivre-ensemble.

    Je me suis néanmoins assouplie, par exemple sur la question des mères voilées. J’avais tendance à voir cela comme une forme de prosélytisme passif, mais je suis désormais convaincue que c’est aussi une manière d’intégrer ces personnes. La laïcité doit protéger les musulmans autant que les autres. »

    #éducation #laïcité #voile #mère_voilée #intégration #stigmatisation

  • Sans effigie du Prophète, il ne peut y avoir de caricature - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/01/21/sans-effigie-du-prophete-il-ne-peut-y-avoir-de-caricature_1185678

    Le texte, qui a échappé à la veille collective je crois, est intéressant, sauf l’avant-dernier paragraphe qui me paraît très tiré par les cheveux, et le dernier, dont la formulation (peut-être trop ramassée) est un peu grandiloquente (ou pas assez critique).

  • France : Autant d’actes islamophobes en 2 semaines que durant toute l’année 2014 (plaintes déposées, hors Paris et RP) - Libération

    http://www.liberation.fr/societe/2015/01/23/deja-autant-d-actes-islamophobes-en-deux-semaines-de-2015-que-sur-tout-20 (plaintes déposées, hors Paris et RP)

    Cent vingt-huit actes islamophobes ont été recensés en France entre l’attentat contre Charlie Hebdo, perpétré le 7 janvier, et le 20 janvier, soit presque autant en deux semaines que sur toute l’année 2014.

    Ce décompte, communiqué sur la base des plaintes déposées auprès de la police et de la gendarmerie hors Paris et petite couronne, se ventile en 33 actions (contre des mosquées notamment) et 95 menaces (insultes, etc.), selon cette instance dépendant du Conseil français du culte musulman (CFCM). En 2014, 133 actes antimusulmans au total ont été comptabilisés, selon l’Observatoire.

  • Quelques #complots après #Charlie_Hebdo (liste non définitive)
    http://www.liberation.fr/societe/2015/01/20/intox-l-attaque-contre-charlie-etait-attendue-un-journaliste-avait-un-gil

    – « L’attaque contre « Charlie » était attendue : un journaliste avait un gilet pare-balles »
    – « Les frères Kouachi ont volontairement “oublié” une carte d’identité »
    – « Le policier [#Ahmed] n’est pas vraiment mort »
    – « Les rétroviseurs de la voiture des frères Kouachi changent de couleur »
    – « Amedy Coulibaly était menotté au moment de l’assaut contre l’Hyper Cacher »

    Aussi :

    – les classiques : Mossad & CIA, notamment Thierry Meyssan (Réseau Voltaire) pour qui l’interprétation djihadiste était impossible car des membres d’Al Qaida auraient « d’abord détruit les archives du journal » et « achevé leur mission ». Conclusion : « Les commanditaires les plus probables de la tuerie sont à Washington ».
    – Le mystérieux « suicide » du policier chargé de la connexion Charlie Hebdo-Jeannette Bougrab sur E&R
    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-mysterieux-suicide-du-policier-charge-de-la-connexion-Cha

    D’autres, bien plus crédibles :


    https://twitter.com/cchalancon/status/555400099594244096


    http://hyperbate.fr/fatras/2015/01/21/charlie-hebdo-le-complot-2

    #conspirationnisme

  • #Apologie d’acte de #terrorisme : « J’ai levé la main et j’ai dit “Ils ont eu raison” » - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/20/apologie-dacte-terrorisme-jai-leve-main-jai-dit-ils-ont-eu-raison-2
    Donc, ce serait le gamin qui aurait "pété les plombs"...

    Jeudi, en classe, il a fait sa minute de silence. Vendredi après-midi, en français, sur une proposition de débat du prof, il a plus fait le mariole que pété les plombs :

    « J’ai levé la main et j’ai dit : “Ils ont eu raison”. J’ai dit ces quatre mots, madame. Je sais même pas pourquoi j’ai dit ça, je le pense pas, c’est sorti tout seul. Les copains ont dit : “Pourquoi tu dis un truc comme ça ? T’es fou !” Le prof m’a dit : “Si tu penses ça, tu sors de la classe.” Alors je suis allé chez la CPE. Elle m’a expliqué, bien, pourquoi c’était grave ce que j’avais dit. »

    Dimanche, il est allé au foot et a refait une minute de silence avant le match :

    « C’était bien, on était tous en rond, on se tenait tous par le cou. »

    Il risque l’exclusion définitive

    Lundi matin, il a été convoqué chez le principal : « Vous allez pas me faire un plat pour ça. » Il a été envoyé auprès de la médiatrice, qui lui a fait faire un écrit.

    Lundi après-midi, il était reconvoqué chez le principal, il s’est excusé, a dit qu’il regrettait, sans doute trop tard et pas assez fort. Il est parti au CDI faire un devoir avec l’enseignante chargée de ce poste.

    Mardi, il est revenu devant le principal, convoqué avec ses parents. Il lui a été appliqué une sanction que le collège appelle « une mesure conservatoire » : il est exclu de l’établissement pour une semaine et le septième jour, il passera devant le conseil de discipline. Il risque l’exclusion définitive.

    Ni le petit poisson ni ses parents ne comprennent bien pourquoi. Après tout ça, le principal est parti mercredi déposer plainte contre petit poisson au commissariat.

    Jeudi matin, il s’est rendu au commissariat où il était convoqué avec ses parents « pour être entendu ». Il a été placé en garde à vue, y est resté 24 heures.
    Terrorisme ? « Ça vient de terreur ? »

    Et vendredi matin, à 8 heures, il est là, dans les geôles du palais de justice, arrivé menotté, attendant d’être mis en examen pour apologie d’acte de terrorisme. Comme l’autre comique avec son « Je suis Charlie Coulibaly ». Mon petit poisson, « apologie », il a pas la moindre idée de ce que ça peut bien vouloir dire. Terrorisme ? « C’est ceux qui tuent pour rien. » En cherchant bien, « ça vient de terreur ? »

    • Selon la loi du 14 novembre 2014 renforçant les dispositions de la lutte contre le terrorisme, l’apologie publique est passible de cinq ans de prison ferme et 75 000 euros d’amende. Une peine portée à sept ans et 100 000 euros si l’apologie est faite via un moyen de communication en ligne.

      A Lille. Un homme de 34 ans, originaire de Douchy-les-Mines (Nord), a été condamné à quatre ans de prison. La lourdeur de la peine s’explique en partie par le lourd passif judiciaire du condamné, mais aussi par une volonté de « taper fort » selon Christophe Delattre, le vice-procureur du tribunal de grande instance (TGI) de Valenciennes, joint par Libération. Il aurait aussi crié devant les policiers « Allah akbar. Il devrait y en avoir plus des Kouachi. J’espère que vous serez les prochains […] Vous êtes du pain béni pour les terroristes ». Outre les quatre ans d’emprisonnement, le trentenaire a écopé d’une annulation de son permis de conduire pendant deux ans et d’une interdiction de ses droits civiques et familiaux pendant trois ans : « Je ne vois pas comment quelqu’un qui ne partage pas les valeurs de la République pourrait être autorisé à voter aux prochaines échéances électorales », a déclaré Christophe Delattre à Libération.

      http://www.liberation.fr/societe/2015/01/13/six-condamnations-a-de-la-prison-ferme-pour-apologie-du-terrorisme_117960

      L’#analyse d’Agamben sur la loi du 14 novembre 2014
      http://seenthis.net/messages/331555

    • J’ai porté plainte sur consigne de l’académie mais je croyais que les policiers allaient faire un rappel à la loi, que ça s’arrêterait là. Le conseil de discipline mardi prochain, je suis d’accord avec vous. Moi, je vais proposer une exclusion avec sursis mais on est quatorze à voter, des profs, des parents d’élèves, je n’y peux rien.

      Combien d’autres se réfugieront derrière cet argument fatal ? Respect des consignes de la hiérarchie, décision prise à la majorité (quand bien même cette majorité serait sous influence, « je n’y peux rien ».
      Pas de dialogue, pas d’écoute, juste le rappel à la loi.

      #délation (climat de)

    • Ce matin, j’ai repensé à une discussion de vestiaire, salle de sport chic, entre midi et deux, à l’issue de la cavale : « Alors, on les a eu ? Oui, c’est fait, on les a dézingués. ». Avec moult satisfécits et ce on collectif, utilisé à la façon d’un match de foot de l’équipe de France...

      Et ça me rappelle aussi un politique, qui n’a pas trouvé mieux que de proposer un référendum sur la peine de mort le jour du massacre, ou juste après.

      Et après on s’étonne que des gamins puissent un instant penser que dans un monde juste, la peine de mort puisse être une option.

      Ils ont donc tous oubliés les « Inspecteur Harry » et autres « Un justicier dans la ville » avec Bronson ? Ou rien que l’autre soir, la redif de « Taken ». Combien de morts pour sauver sa gamine ?

      La façon dont ils sont en train de broyer ces gamins (et quelques adultes) est proprement effrayante. Ceci dit, ça rappelle assez la façon dont les gamines à voile ont été traitées... sans trop d’égards pour leur statut d’enfant.

    • Je côtoie des gens sur FB qui trouvent ça normal : il faut laisser faire la justice. Ne pas se laisser attendrir par les effets de manche de l’auteur de l’article. Des gens qui de toute évidence n’ont jamais eu à la subir, la justice.

      T’es gamin, tu dis quelque chose dont tu ne maîtrises pas les tenants et aboutissants (se faire justice soit même, la peine de mort, ...), et voilà, tu es traîné en justice. D’ailleurs, avant 2007, il me semble que ça n’aurait pas été aussi simple de les mettre en examen les gamins (un truc du CNR mis à la poubelle par Sarkozy...).

      Faudra-t-il qu’un bon blanc dise la même chose pour qu’ils commencent à se demander si c’est bien normal de punir des phrases dites sans en comprendre le sens et sans, pour nous là, y voir que c’est la liberté d’expression qui est attaquée, ce faisant.

      Les conséquences de ce à quoi l’on assiste sont terrifiantes.

    • Apologie du terrorisme : la justice face à l’urgence
      http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/22/apologie-du-terrorisme-la-justice-face-a-l-urgence_4560603_3224.html

      Une justice d’exception, expéditive, et qui mène à des peines trop lourdes. Les voix s’élèvent pour dénoncer les procédures judiciaires lancées par dizaines depuis les attentats en région parisienne. Au c œur des critiques : l’« apologie du terrorisme.

      Une définition large
      Le ministère de la justice recense, mercredi 21 janvier, 117 procédures pour « apologie du terrorisme » et « provocation à la haine raciale », sur 251 procédures pénales ouvertes depuis l’attaque de Charlie Hebdo, le 7 janvier. Une surreprésentation qui interpelle, deux semaines après les attentats en région parisienne.
      Quant à savoir ce que l’administration entend par « apologie du terrorisme », la réponse est large. « L’apologie consiste à présenter ou commenter des actes de terrorisme en portant sur eux un jugement moral favorable », définit ainsi la #circulaire du 12 janvier de la ministre de la justice, Christiane #Taubira. (...)
      http://www.justice.gouv.fr/publication/circ_20150113_infractions_commises_suite_attentats201510002055.pdf

      Les profils et l’esprit de la loi

      Si la définition est large, l’objectif du législateur apparaît clairement. Les procédures pour « apologie du terrorisme » visaient à punir la promotion organisée d’actes terroristes existants pouvant amener ceux qui les regardent à se radicaliser et les conduire eux-mêmes à commettre des attentats.
      Des profils qui ne collent que peu avec ceux rencontrés dans les tribunaux, soutient Laurence Blisson, vice-présidente du syndicat de la magistrature :
      « Dans l’esprit du législateur, il ne s’agissait pas de viser les personnes ivres ou les déficients mentaux. Or les infractions ressemblent plus en ce moment à des formes d’outrages et de menaces sur les policiers qu’à des soutiens organisés à des réseaux terroristes. »
      Ce qui n’empêche pas la justice de frapper fort. A Paris, un homme ivre a ainsi été condamné à quatorze mois de prison ferme pour avoir lancé aux policiers, entre un doigt d’honneur et des crachats : « Je n’ai qu’une chose dans la vie, c’est de faire le djihad (…), c’est de buter des flics. » Ses excuses lors de son audience en comparution immédiate, le 15 janvier, n’y ont rien changé. Ni même les craintes de son avocat concernant un risque de radicalisation en prison.(...)

      Car c’est bien cela qui est reproché à la justice, notamment par le Syndicat de la magistrature, dans son traitement des procédures pour « apologie du terrorisme » : juger dans l’urgence des cas qui nécessiteraient de prendre davantage de recul. Certes, concède Laurence Blisson, la circulaire Taubira demandait également une réponse pénale « individualisée ». Mais celle-ci est presque impossible dans le cadre des #comparutions_immédiates, où la #défense n’a que quelques heures [3à minutes le plus souvent en fait, ndc] pour se préparer, et où l’audience se compte en minutes.

      D’autres voix s’élèvent dans le monde judiciaire, résistants à cette justice de l’urgence. Sur Twitter, Me Eolas appelle ainsi ses confrères à demander des délais et à refuser les comparutions immédiates (CI) pour ne pas devenir « complices » (...)

      Lorsque Mme Taubira déclare, vendredi 16 janvier, que la chancellerie réfléchit à créer une circonstance aggravante de racisme et d’antisémitisme sur toutes les infractions – ce qui reviendrait donc à faire sortir le racisme et l’antisémitisme de la loi sur la presse de 1881 pour les introduire dans le #code_pénal – la présidente de l’Union syndicale des magistrats est donc plus sceptique. « De toute façon, on ne fait pas une #loi dans l’émotion. »

      Et voici la justice coincée dans une situation paradoxale où, dans un contexte où la liberté d’expression est érigée en étendard national, elle risque de la fragiliser en donnant l’impression que tout n’est pas digne du cadre protecteur de la loi de 1881 [sur la liberté de la presse].

  • Violences policières contre les migrants de Calais : le rapport qui matraque | Libération (20/01/2015)

    Excellent (as usual) papier d’Haydée Sabéran, dixit @isskein.

    http://www.liberation.fr/societe/2015/01/20/violences-policieres-contre-les-migrants-de-calais-le-rapport-qui-matraqu

    « Passages à tabac », « attaques au gaz lacrymogène », « exactions de routine », y compris sur des femmes et des mineurs. L’ONG Human Rights Watch fait les gros yeux à la France et dénonce ce mardi matin dans un communiqué édifiant les violences policières contre les migrants sans abris, bloqués à la frontière calaisienne, qui tentent de passer en Grande-Bretagne en se glissant dans les camions. Izza Leghtas, chercheuse de l’ONG, a interviewé 44 migrants – dont trois enfants. « Dix-neuf personnes, dont deux enfants, ont déclaré que la police les avait maltraitées. Huit ont eu des membres fracturés ou d’autres blessures visibles. Vingt et un, dont deux enfants, ont confié que la police les avait aspergés de gaz lacrymogène », explique-t-elle dans son communiqué.
    http://www.hrw.org/fr/node/131988

    #migrations #frontières

    En gros : HRW, après le Défenseur des droits en novembre 2012 — http://www.gisti.org/IMG/pdf/ddd_decision_2011-113_calaisis.pdf (PDF) —, dénonce les #violences policières contre les #migrants à Calais. Le ministre de l’intérieur répond qu’il ne savait pas qu’il y avait des violences, s’insurge contre ces allégations et aurait souhaité que HRW dépose plainte avant de dénoncer... http://www.interieur.gouv.fr/Actualites/Communiques/Accusations-publiques-contre-les-forces-de-l-ordre-formulees-par-l-as

  • Via @mona chollet sur Touitèr « Charlie Hebdo » sourd au rap et aux cités - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2013/12/16/charlie-hebdo-sourd-au-rap-et-aux-cites_966955

    On comprend alors mieux pourquoi, chez bon nombre de ces enfants de l’immigration et des cités, la moindre critique qui touche à l’islam est perçue comme une critique de leur être social dans sa globalité. D’autant plus que, pour beaucoup, l’affirmation musulmane est la seule identité positive disponible puisque la mémoire coloniale et ouvrière de leurs parents est celle de l’humiliation, qu’ils subissent des discriminations croissantes dans l’accès à l’emploi stable et que « les valeurs du hip-hop » ont échoué à fédérer culturellement les jeunes des cités au tournant des années 90.

  • Sommes-nous tous égaux devant l’humour ? - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/01/18/sommes-nous-tous-egaux-devant-l-humour_1183406 (#paywall)

    TRIBUNE En lisant le compte rendu de divers incidents, qui ont émaillé la minute de silence en hommage à Charlie Hebdo ou les débats à ce sujet dans plusieurs dizaines de lycées et collèges, on peut se demander ce qui pousse des gamins de 10 ans à dire des choses comme « ils l’ont bien cherché », « il ne faut pas insulter la religion », ou encore, « la marche, ah oui, la fête pour la mort des frères Kouachi… ». De fait, bien peu d’habitants des « quartiers » sont descendus dimanche dans la rue parisienne. Quelles sont les réponses apportées ?

    PAR Dalibor FRIOUX, ECRIVAIN

    #Charlie_Hebdo

    • Pour le terrorisme : la sécurité renforcée. Pour les « Je ne suis pas Charlie » : sermons sur la liberté d’expression servis par autant d’éditorialistes, d’écrivains et de politiques que nécessaire.
      Quelque chose met mal à l’aise dans le pur débat de principes, dans l’injonction de tristesse devant les morts, de tolérance devant les caricatures, dans l’exigence d’unanimisme. Il y aurait nous, Occidentaux cultivés, raffinés, tolérants, et les sauvages, obtus, violents, jeunes ou vieux, français ou arabes. Encore une fois, nous donnons des leçons, supposant toutes choses égales par ailleurs. « Vous n’êtes pas mûrs, vous n’avez pas d’humour, vous n’êtes pas des nôtres au fond ». Une caricature montre même un intégriste armé s’écrier : « L’humour ? Ça ne me fait pas rigoler ! »

      Pour éviter de parler des « sans-humour » comme d’autres parlent des « sans-dents », notons qu’il existe sans doute au moins deux humours, et que nous assistons à leur confrontation. Le premier, c’est l’humour de centre-ville, celui du Canard enchaîné, et, plus déluré, de Charlie Hebdo. Un humour de lettrés, même encanaillés, un humour qui suppose la lecture quotidienne d’un journal national, la connaissance des nuances et des biographies du microcosme politique parisien. L’autre humour, celui des quartiers, dits sensibles, est un humour de compagnons de galère, de démerde, de bande de jeunes potes, celui des nombreux one-man-show de comiques d’origine maghrébine dont Jamel est le prototype. Commençons par respecter cette diversité des humours : personne n’en a le monopole.
      Il en va de même pour la liberté d’expression : en tant qu’injonction intimidante, elle ne signifie pas grand-chose. Son exercice reste une liberté formelle, autant que le droit d’entreprendre, de voter, d’être élu, pour un analphabète, pauvre, noir, homosexuel ou tout simplement pour ceux qui ont d’autres chats à fouetter. Surtout, cela risque de n’être qu’un exercice de domination symbolique tant qu’on ne parle pas de son pendant logique, la capacité, en face, de supporter la critique, la « liberté d’impression » pourrait-on dire, la force d’encaisser. Il faut être assez fort, solide et socialement reconnu pour accepter la critique, et surtout l’humour venant d’inconnus haut placés (l’autodérision entre pairs est, rassurons-nous, plus largement partagée). Les enfants, en général, n’ont pas beaucoup d’humour (leur fort, c’est plutôt la grossièreté). Et quels gens extraordinairement cultivés, intégrés, reconnus, étaient les dessinateurs assassinés ! Il leur faudrait un vrai public à leur image, mais la France ne se le donne pas.

      D’où vient donc que ces gamins ne supportent pas les caricatures du Prophète ? Certainement pas de leur compétence en théologie musulmane, ni d’un point de vue approfondi sur les limites des libertés individuelles en démocratie. Mais d’un sentiment d’être exclu de cet humour : d’un sentiment de l’honneur publiquement bafoué. Et ce n’est sans doute même pas leur honneur directement, mais celui de leurs parents, musulmans pratiquants ou de culture, de leur famille, de leur immeuble.
      Juifs et catholiques ne se mettent pas - ou bien moins - dans tous leurs états quand on caricature le pape ou les rabbins. Ils ont d’autres points d’ancrage dans la société, la bataille a déjà eu lieu, ils ont une capacité d’encaisser la critique et, même, d’en faire un outil d’autocritique. On est entre intégrés.
      Quand on a que l’honneur, qu’on est pauvre, méprisé, relégué, la dernière richesse, c’est le sentiment de l’honneur, et parfois un regard de travers sur un quai de métro suffit à allumer l’étincelle. Comme nous le rappellent les SDF dans les rames du métro, cette dignité peut passer par un plat chaud, des vêtements propres, un toit, un job quel qu’il soit. On se doit cela à soi-même, quand bien même la société rechigne à vous le donner. Si certains ont mis leur honneur dans leurs croyances (ou un imaginaire de croyances), alors il devient effectivement moralement risqué de jouer avec. Ce n’est déjà plus de croyances qu’il s’agit, mais de leurs dernières richesses symboliques. De ce point de vue, un précaire du nucléaire, un ouvrier roulant au diesel se sentira aussi agressé par les sarcasmes écologistes. Vous croyez parler politique, vous parlez de son gagne-pain ou de son cache-misère.

      Cela n’excuse rien, et heureusement, seule une infime minorité passe à l’acte ou l’envisage, avec un passif accablant (délinquance, prison, orphelins, etc.). Cela explique juste pourquoi dans les quartiers sensibles aux populations d’origine immigrée, il est insuffisant et parfois contre-productif de raisonner sur les principes, la République, la citoyenneté, etc. La liberté d’expression ne leur apparaît que comme un fossé supplémentaire qu’on leur demande d’enjamber. L’indifférence et le sarcasme pointent alors, d’autant que la mort ou la violence, malheureusement, leur sont beaucoup plus familières qu’à nous. Elles font moins scandale. Ils connaissent peut-être cela au pied de leur immeuble, avec les morts palestiniens auxquels ils s’identifient, à tort ou à raison. Certains éprouvent sans doute une joie maligne, un désir de catastrophe qui secouerait cette société, ouvrirait des brèches.

      Il faut les rappeler, ces grands principes, la liberté, la laïcité, mais cela ne suffit pas. Il ne suffit pas dans une société d’avoir de géniaux dessinateurs, virtuoses de l’insolence et de la liberté d’expression, de défendre la liberté d’expression des gens cultivés comme un totem autosuffisant, il faut aussi qu’en face, dans ces mêmes quartiers où ont grandi les frères Kouachi, il y ait des gens assez solides, construits, favorisés, pour répondre sur le même terrain, goûter à cette liberté, une disponibilité à la pensée critique, à l’humour, au second degré. Elle n’est pas là, et aucun rectorat ne pourra la décréter, parce que cela suppose bien plus que de la magie éducative : un cadre de vie digne, de la confiance, de la richesse aussi partagée, de la connivence, une vraie politique d’intégration, du travail qui ne soit pas une forme d’exploitation. Le prix à payer, en somme, pour des Français - musulmans ou non, collégiens ou retraités - pleins d’humour et décontractés.

      Charlie, c’est l’extrême de la liberté, de l’insolence, un fleuron de la bourgeoisie française des Lumières, il suppose une société en grande santé morale, nous ne l’avons pas, la classe politique ne se soucie pas de l’avoir.

  • « Charlie Hebdo » sourd au rap et aux cités - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2013/12/16/charlie-hebdo-sourd-au-rap-et-aux-cites_966955

    Dans un montage vidéo l’opposant à l’un des interprètes du morceau, Disiz, le directeur de Charlie Hebdo, Charb, dénonçait une chanson « communautariste, fasciste » réalisée par des rappeurs « branleurs millionnaires ». Face à lui, Disiz défendait la liberté d’expression au nom de « sa carte de rappeur ».

    L’incompréhension manifeste entre les deux personnages peut être lue comme la cristallisation d’une #rupture_sociale et politique plus large entre certaines élites médiatiques et politiques de gauche d’un côté, et l’univers social et culturel de référence d’une grande partie des enfants de l’immigration des années 2000, dont les rappeurs ne constituent qu’une figure médiatique. Les enquêtes que je mène sur le terrain auprès des acteurs associatifs du hip-hop dans les quartiers populaires m’amènent à partager un constat dressé par d’autres observateurs depuis une vingtaine d’années : une partie de ces enfants d’#immigrés, filles et garçons confondus, affirment de plus en plus la part #musulmane de leur identité. Cette affirmation passe par le respect de normes religieuses, de traditions familiales et, parfois, par des signes plus ou moins visibles de croyance (voiles, barbes, prières, etc.). Cependant, à y regarder de plus près, cette affirmation musulmane déborde bien souvent la simple question de foi et englobe l’expression d’éléments propres à l’univers #socio-territorial des cités : densités des liens entre voisins et entre familles, dimension collective de l’éducation des enfants, cloisonnement relatif des garçons et des filles, etc. Bref, dans bien des cas, on pourrait remplacer « nous les musulmans » par « nous les gens des cités » sans trahir le sens des propos de ceux et celles qui les tiennent. Et l’affirmation en apparence musulmane peut alors être comprise comme le conglomérat d’une appartenance à la fois sociale, territoriale, économique et religieuse.

    On comprend alors mieux pourquoi, chez bon nombre de ces enfants de l’immigration et des cités, la moindre critique qui touche à l’islam est perçue comme une critique de leur être social dans sa globalité. D’autant plus que, pour beaucoup, l’affirmation musulmane est la seule #identité_positive disponible puisque la mémoire #coloniale et #ouvrière de leurs parents est celle de l’#humiliation, qu’ils subissent des #discriminations croissantes dans l’accès à l’#emploi stable et que « les valeurs du hip-hop » ont échoué à fédérer culturellement les jeunes des cités au tournant des années 90. Le rap, en tant que musique majoritairement pratiquée par adolescents et jeunes adultes issus des quartiers populaires, est un espace usuel d’expression de cette affirmation. Et les canaux d’expression traditionnels ont perdu de leur centralité avec la désertification politique des quartiers par la gauche et par l’éducation populaire. Beaucoup de rappeurs, qu’ils soient ou non de confession islamique, partagent l’hypersensibilité de leurs pairs (copains d’enfance, voisins, collègues) sur cette question, comme la phrase de Nekfeu en atteste. Chez eux, comme l’écrivait le sociologue Philippe Bourgeois au sujet des enfants d’ouvriers portoricains des ghettos de East Harlem, « la quête du respect s’est métamorphosée en crainte de l’irrespect ».

    Dans ce contexte, les propos de Charb sonnent particulièrement faux. D’abord par leur méconnaissance de l’univers du rap en France, assimilant les interprètes de ce morceau à des millionnaires lorsque le montant de leurs revenus est sans doute bien inférieur au sien. Ensuite par leur mépris. Sans chercher à convaincre, Charb donne le sentiment de s’adresser à un entre-soi de ses lecteurs, supposés détester par principe ce qu’incarnent le rap et les rappeurs à leurs yeux : religiosité, violence, machisme, individualisme, consumérisme, etc. Ce faisant, son propos met en lumière l’opinion d’une génération d’#athées #militants de gauche, les « #laïcards », devenus autant hypersensibles à la religiosité que les musulmans des cités à sa critique. Contrairement aux militants de terrain, leur distance - sociale, économique, culturelle, géographique - avec l’univers des quartiers populaires les empêche de voir le sens de cette affirmation identitaire musulmane. Chez nombre d’entre eux, la lutte politique historiquement portée par la gauche contre l’#aliénation_religieuse, son emprise et son #conservatisme - lutte qui n’est ni « #islamophobe » ni « #raciste » en soi - semble céder la place à une posture de principe aveuglante. La religion devient un mal à combattre en tant que tel. Et les personnes revendiquant une religion des conservateurs, des aliénés, des frustrés, bref, des #ennemis imbéciles de la (leur ?) liberté. Dans un tel système idéologique borné, toute remise en cause de ce « #laïcardisme » condescendant est immédiatement taxée de « #communautariste », comme le fait #Charb.

    Quid alors de l’argument de la liberté d’expression invoqué par Disiz ? Celui-ci est peu convaincant, invoquant son statut d’artiste et la culture de la punchline - formule choc, propre au rap - pour minimiser le propos. Refuge confortable qui permet à son auteur de faire l’économie d’une analyse de la portée politique des discours tenus par les rappeurs et les artistes en général. Comme si les mots n’avaient pas de pouvoir de prescription. Il est donc aisé de comprendre que l’appel à l’autodafé évoqué par Nekfeu a été interprété par les journalistes de #Charlie_Hebdo comme une attaque virulente. Mais la réponse par l’insulte et le mépris social qu’y oppose Charb est une négation de la portée politique du contenu du journal qu’il dirige. Car cette virulence trouve son origine dans le #ras-le-bol d’une majorité de musulmans et de leurs pairs face aux provocations répétées et à l’obsession de l’islam dont Charlie Hebdo et une part croissante de la presse se sont fait une spécialité depuis une dizaine d’années.

  • Les identitaires de gauche, généalogie d’une dérive, Germinal Pinalie
    http://blogs.mediapart.fr/blog/germinal-pinalie/150115/les-identitaires-de-gauche-genealogie-dune-derive

    Les identitaires de gauche ont en commun avec la droite et l’extrême-droite ce paradigme qui confère aux réalités que Marx avait désignées comme des constructions historiques le statut de caractéristiques intrinsèques, de véritables #essences des individus. Pour des raisons à chaque fois différentes qu’il faudra analyser, ils prennent pour argent comptant ce dont Marx a expliqué la valeur très relative. Afin d’ancrer cette analyse dans le réel le plus directement accessible, la première approche du paradigme portera sur les discours d’identitaires de gauche hexagonaux et contemporains, la « #Gauche_populaire » et les « Indigènes de la République », deux mouvements nés à Paris dans la deuxième moitié des années 2000 et réunissant des chercheurs et des militants issus de partis de gauche. Ces deux groupes sont à la fois très peu nombreux et particulièrement visibles médiatiquement. S’exprimant essentiellement à travers des livres et des tribunes dans la presse, ils ont développé deux discours en apparence très différents, mais qui, nous allons le montrer, fonctionnent en miroir dans le cadre du paradigme identitaire. #Christophe_Guilluy, géographe issu du chevènementisme et associé à la Gauche Populaire, a développé au cours des années 2000 un argumentaire à l’appui d’un appel au Parti Socialiste à se reconnecter avec les #classes_populaires « blanches » (c’est lui qui parle en termes de race) déclassées par la mondialisation en adoptant un discours et une pratique ferme vis-à-vis de l’#immigration, sous peine de les voir reporter leurs voix sur le Front National. Le #PS devrait donc selon lui s’adresser aux « autochtones » (c’est l’expression qu’il utilise) en tant que tels, et tenter de capter leur vote identitaire. Sadri Khiari, universitaire d’origine tunisienne et ancien militant trotskiste, a conçu autour de la création du mouvement (aujourd’hui « parti ») des Indigènes de la République un tout autre argumentaire qui s’adresse lui aux « non-blancs » en tant qu’ils sont placés en France dans un rapport colonial où ils ont le même statut « d’indigènes » que leurs parents dans les colonies. Le #PIR entend donc organiser ces « indigènes » dans un cadre débarrassé de la tutelle de la « gauche blanche ». Apparemment totalement opposées politiquement, ces deux tendances ont en fait tout un langage commun, des logiques d’assignation de statuts et de rôles exactement semblables qui déterminent leurs prises de position de façon symétrique. Les mots « #autochtones » et « #indigènes », par ailleurs parfaitement synonymes, sont les signes les plus visibles de l’existence du #paradigme_identitaire.

    #identitaires_de_gauche #métissage (refus du)

    • Les dangers des identités fermées de l’air du temps néoconservateur, Philippe Corcuff
      http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/270314/les-dangers-des-identites-fermees-de-l-air-du-temps-neoconservateur

      Les pièges de l’#identité_culturelle (Berg International, février 2014, 128 p., 16 euros).
      L’anthropologue Régis Meyran et le sociologue Valéry Rasplus situent leurs analyses au croisement de l’épistémologie des sciences sociales et l’histoire des idées, en envisageant leur portée politique. La première partie du livre est consacrée à un panorama synthétique et international quant à l’histoire de la notion de culture dans les sciences sociales. La seconde partie décrypte certains effets politiques de cette notion en France. La logique principalement scientifique de la première partie vient éclairer la vigilance éthique et politique déployée dans la seconde. C’est là que les auteurs abordent frontalement ces zones troubles particulièrement travaillées aujourd’hui, selon des modalités à la fois différentes et convergentes, par la #lepénisation, la #zemmourisation, la #soralisation des esprits et même parfois…à gauche...

      #De_Benoist #Taguief #Laurent_Bouvet #Valls #Jean-Claude_Kaufmann

    • « Insécurité culturelle » et différentialisme de gauche
      Valéry Rasplus, Régis Meyran, juin 2012
      http://www.liberation.fr/societe/2012/06/04/insecurite-culturelle-et-differentialisme-de-gauche_823553

      Après la Droite populaire, c’est au tour aujourd’hui de la Gauche populaire d’utiliser des concepts socio-anthropologiques qui pourraient s’avérer glissants. La Gauche populaire est un jeune collectif d’intellectuels, initié par le politologue Laurent Bouvet, qui explique la montée du vote pour le Front national dans la récente élection présidentielle non seulement par « l’économique et le social » mais encore, et c’est là sa trouvaille, par des « variables culturelles » telles que « la peur de l’immigration, des transformations du "mode de vie", de l’effacement des frontières nationales ».

    • Je trouve très intéressante les analyses des Indigènes de la République. Pourtant je suis blanche.
      L’Union Française Juive pour la Paix (UFJP) dialogue manifestement aussi très bien avec les Indigènes de la République.

      Alors la « dérive » est peut-être chez Germinal Pinalie ...
      C’est évident qu’il y a des « minorités visibles » qui sont « racialisées » dans notre société. Et elles le sont particulièrement par le milieu politico-médiatique. Le dénoncer c’est faire avancer les choses.

      Bon j’ai lu que le résumé du billet. Pas le temps de lire l’intégrale du billet de Pinalie.

    • Le P.I.R en débat via @paris (luttes infos)
      http://luftmenschen.over-blog.com/article-les-effroyables-imposteurs-du-12-janvier-125634240.h


      Houria Bouteldja, quoi qu’elle en dise est une bonne réprésentante de cette gauche là. La porte-parole des #Indigènes de la République peut toujours prétendre se distinguer de la « gauche française » : mais au quotidien depuis dix ans, elle passe une bonne partie de sa vie politique dans les meetings de cette #gauche dont elle prétend être autonome . Il ne suffit pas d’y jouer le rôle de la « petite voix rebelle » pour faire oublier qu’elle y est à la tribune, applaudie par ses pairs universitaires. Il ne suffit pas de prétendre qu’on est une « bannie » et une « ostracisée » pour tromper celles et ceux qui le sont vraiment : des colloques à l’université de Berkeley aux plateaux de Ce Soir ou Jamais, Houria Bouteldja a la vie ordinaire d’une responsable de gauche radicale, avec ses tribunes médiatiques et politiques régulières ….tant qu’elle reste dans les clous que d’autres ont planté pour elle.

      Aujourd’hui, les Indigènes de la gauche radicale antisémite sont là pour dire tout le mal des Juifs que le militant franco-français ne veut pas exprimer en premier. Aussi bien depuis les attentats, on sent évidemment comme un flottement dans la partie de la gauche qui n’a jamais reconnu l’antisémitisme que du bout des lèvres, pour reprendre aussitôt ses diatribes contre le CRIF et l’ « instrumentalisation d’un antisémitisme résiduel ». Cette gauche qui a soutenu Dieudonné très, très tard, cette gauche qui voit des « sionistes » partout, le clame haut et fort, pour ensuite s’étonner qu’on la prenne au mot et qu’on attaque des synagogues ou des commerces Juifs.

    • J’aimerai bien avoir des exemples précis de l’antisémitisme du PIR. Ce texte défait le 2 poids 2 mesures ce qui me semble un peu léger, la concurrence mémorielle qui a de véritables causes et une littérature, plus une tartine sur le philométisme. Négation du poids de la race. Etc, etc...
      "Je pense aussi au Parti des Indigènes de la République, qui s’efforce de construire une stratégie politique ayant pour but l’accès à l’égalité des droits pour les descendant-e-s d’immigré-e-s, et qui a fait l’objet de ripostes assez violentes lors de sa création en 2005 sur le thème suivant (je résume grossièrement) : « mais pourquoi tou-te-s ces arabes se réunissent entre elleux, enfin, illes ne voient pas que cela dessert leur cause de se présenter de façon aussi sectaire ? »…

      Je pense que ces quelques problèmes qu’ont pu subir les tentatives d’auto-organisation des descendant-e-s d’immigré-e-s sont liés à la façon dont cet antiracisme « respectable » est conçu : vu qu’il ne s’agit que d’avoir la certitude individuelle que l’on est du bon côté, une lutte collective où des descendant-e-s d’immigré-e-s décideraient de se réunir pour lutter contre les oppressions dont illes sont victimes, ne peut être qu’un excès inutile que l’on pourrait légitimement taxer de « communautarisme »…"

      http://www.lecinemaestpolitique.fr/ma-colere-yannick-noah-2014-misere-de-lantiracisme

      Rapport colonial et mémoire de l’immigration
      Saïd Bouamama
      De la Visibilisation à la Suspicion : La fabrique républicaine d’une politisation
      http://www.lesfiguresdeladomination.org/index.php?id=313

    • @unagi, ce n’est pas "mon" texte, mais un extrait de texte que je propose ici dans un fil qui traite essentiellement de l’angle identitaire à gauche. Les questions que tu poses pourraient l’être au blog de luftmench. Et peut-être est il souhaitable à propos du P.I.R de lire le blog Pinalie dont un article ouvre ce fil.

      Je n’ai rien à faire de l’antiracisme de bonne conscience, l’antiracisme » qui m’intéresse est celui qui est de nature à mettre en cause l’ensemble de la société (quitte évidemment à mettre le pied dans la porte de la forteresse par un aspect partiel devenu soudain explicitement intolérable, problématique). C’est comme ça que j’ai plusieurs fois rappelé ici que le gouvernement socialiste à dès 1982/1983 dénoncé les grévistes arabes de l’automobile comme « musulmans » qui sabotaient la production nationale, a en 1988 instauré un RMI qui supposait deux ans de « séjour régulier » pour être obtenu par un étranger. Cette gauche est nationaliste, ex SFIO (Guerre d’Algérie), chauvine (le « produisons français du P« C »F), cette gauche gère le capitalisme français c’est à dire l’exploitation et la relégation des immigrés et des « issus de », quitte à intégrer la mondialisation néolibérale comme elle l’a fait depuis.

      Pour ce que je connais, l’autonomie des "issus de l’immigration" a été brisée durablement et sciemment par l’OPA politique SOS racisme pour le compte de l’état PS et de l’enseMble de la gauche « représentative ». La grille de lecture en terme de « communautarisme vient ensuite dénoncer nombre de reprises sur ces enjeux, ça il me semble que nus en sommes d’accord.

      Le choix de se dire « indigène » peut se lire de deux manières au moins. L’une m’agrée, c’est le « nous sommes d’ici » (quitte à ne pas pratiquer seulement la liberté d’installation, le refus des discriminations mais aussi d’exercer un « droit à la mobilité »), assertion féconde aux conséquences incalculables que je détaillerais pas. L’autre me parait plus problématique puisque de la nécessité de dire le caractère colonial de la société française, on tend à proposer une grille de lecture de celle ci où non seulement le passé n’est pas passé (ce qui est fondamentalement juste) mais où ce passé là serait l’explication centrale de la situation actuelle. Je préfère me souvenir que les interpellés et condamnés après les émeutes de 2005 n’étaient pas tous loin de là des « issus de l’immigration », tout comme ils n’étaient pas tous déjà du gibier à prison, déjà « connus des servies de police », comme le racontait la presse.

      Sinon pour ce qui est du rapport au « juif », je crois que le P.I.R est un bon symptôme d’une régression qui les tient plus qu’ils ne la déterminent. Je n’ai pas de « preuves » à fournir, juste un énorme malaise ressenti depuis longtemps, et aussi la fréquentation intermittente de quelques personnes qui les ont quitté suite à des désaccords idéologiques (essentialisme).
      Depuis les années 70’, c’est au plan mondial qu’un éloignement puis une rupture (dans bien des cas) intervient entre ces minorités (quantitatives et politiques) « ethniques » ou « raciales » (cf exemple des juifs et des noirs étasuniens). Les avatars de la révolution palestinienne, avec l’involution de nombre de forces impliquées vers l’islam (phénomène brillamment entretenu et suscité par la politique israélienne), c’est-à-dire pour partie vers le seul #internationalisme apparu comme praticable dans la conjoncture depuis le début des années 80, n’y sont pas pour rien non plus.

      Rien de bouclé... L’histoire continue. J’arrête là faute de temps et avec la crainte qu’une mienne propension à la maladresse d’expression et aux difficultés à déployer un tant soit peu un argumentaire (ce qui pousse tout lecteur à imaginer ce qui aurait pu être dit là où rien n’e l’est...) ait déjà compromis une suite éventuelle :)

    • Je lirai tout un peu plus tard et désolé pour « ton texte ».
      Les maladresse hors féminisme ^^ sont admises.
      Et je n’avais lu l’intitulé de l’article...
      Mon post car ca plusieurs fois que je lis PIR et anti sémitisme sans autre argument que le texte que tu présentes. La position du PIR vis à de l’homosexualité était autrement plus explicite ; il n’y a pas l’homosexualité dans les quartiers, l’homosexualité reste un trait culturel de la population blanche.

  • Un rapport au vitriol fustige les politiques d’intégration
    http://www.liberation.fr/societe/2013/02/07/un-rapport-au-vitriol-fustige-les-politiques-d-integration_880067
    "« La politique de lutte pour l’intégration des immigrés a toujours été un désir ou un regret (...) plutôt qu’une réalité », écrit le conseiller d’Etat Thierry Tuot. Les responsables, « tous partis confondus », ont « oublié jusqu’au mot même d’intégration » et ont « détruit les outils » de cette politique, en coupant les crédits des établissements et des associations, poursuit-il.."

    L’article se fini par une déclaration de Pierre Henry.

    "Elle « risque de détourner l’attention de la question posée : celle de l’intégration », a pour sa part déploré Pierre Henry, directeur général de France Terre d’Asile (FTA), qualifiant le rapport de « bienveillant mais confus »."

    Critiques sur France terre d’asile dans WP :
    "

    France terre d’asile est souvent critiquée pour sa proximité avec les pouvoirs publics. Certains suggèrent même que son caractère d’organisation indépendante serait à interroger5. Derrière ces critiques se cachent souvent des positionnements idéologiques différents. France terre d’asile a toujours considéré que l’État devait intervenir dans la gestion des flux migratoires et la protection des populations réfugiées, s’occuper d’assurer le financement de l’accueil et de l’insertion de ces populations. C’est là un enjeu important où l’arbitrage entre solidarité nationale et charité publique est nécessaire. France terre d’asile est également accusée d’être une organisation excessivement professionnalisée. Elle accueille cependant de nombreux bénévoles et tente d’accomplir au mieux les missions complexes et diverses qui lui sont confiées[citation nécessaire]." https://fr.wikipedia.org/wiki/France_terre_d%27asile

    Rapport Thierry Tuot sur l’immigration : des mesures pour aller vers une société « inclusive »
    http://www.ldh-france.org/section/loudeac/2013/02/09/rapport-thierry-tuot-sur-limmigration-des-mesures-pour-aller-vers-une-so

    "Le site de France Terre d’asile publie un rapport sur les politiques d’immigrations menées en France depuis une trentaine d’année. Commandé par le premier ministre, il a été réalisé par Thierry Tuot, conseiller d’Etat et ancien directeur général du Fond d’action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles (FAS).

    Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il remet en question bon nombre de clichés sur l’immigration. Cité par le journal La Croix, Thierry Tuot estime par exemple que les responsables politiques, « tous partis confondus », ont « oublié jusqu’au mot même d’intégration » et ont « détruit les outils » de cette politique.

    Mais le plus intéressant dans ce rapport, ce sont les propositions. Elles sont nombreuses, précises, argumentées. Chacune part d’un diagnostic, et s’appuie sur des faits précis.

    La première de ces propositions, demande « la vérité des flux maintenant » : « les chiffres de l’immigration restent parcellaires et ne font l’objet que de peu de publicité ». D’où la difficulté pour « l’élaboration de politiques publiques », et les âneries véhiculées, et rarement contredites, notamment par les officines d’extrême droite. La proposition ? « Confier au Haut conseil à l’intégration refondé la mission d’établir et de rendre publics, au moins annuellement, les chiffres des flux migratoires », qui permettront d’établir clairement les besoins et de cibler les mesures.

    Deuxième proposition : « l’acquisition de la nationalité (française) est présentée comme la consécration d’une intégration réussie. Elle est pourtant rendue difficile » pour « les enfants d’étrangers ayant suivi l’intégralité du parcours scolaire français », et les « ascendants de Français résidant sur le territoire depuis une longue période ». Pour ces deux catégories, Thierry Tuot préconise l’attribution de la nationalité « sur simple déclaration ».

    Les mots aussi ont leur importance : Thierry Tuot préfère parler « d’inclusion » plutôt que « d’intégration » ; et il a titré son rapport : « La grande nation, pour une société inclusive ». "

    Rapport de Thierry TUOT sur la refondation des politiques d’intégration : http://www.france-terre-asile.org/images/stories/interviews-pdf/Rapport_de_Thierry_Tuot_sur_la_refondation_des_politiques_dintgr

    #rapport #immigration #politiques_inclusives #etat_des_lieux #propositions

  • Le crédit à la consommation, bon plan des jihadistes - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/01/16/le-credit-a-la-consommation-bon-plan-des-jihadistes_1181998

    Certains jihadistes l’apparentent même à une vengeance contre « ces établissements bancaires [qui] ont poussé leurs familles au surendettement à coups de "crédits conso" répétés ».

    « Dans les textes saints, le butin s’inscrit dans la tradition des razzias du prophète, strictement codifiées. Des règles interprétées à leur façon [par les jihadistes], en ciblant les organismes de crédits à la consommation tels Sofinco et Cofidis, bailleurs bien involontaires du jihad en Syrie », écrit le journaliste.

    « L’arnaque est d’une simplicité désarmante », explique-t-il en reprennant le témoignage de Yassine, un Français préparant son départ pour la Syrie : « On est associés avec des frères qui ont une société donc ils ont plus de facilités. On fait des emplois fictifs, avec des fausses fiches de paie, on grossit les salaires, et on ouvre des comptes dans des banques différentes. Comme ça, on lance toutes les procédures en même temps. On multiplie les crédits. On prend le liquide, et c’est bon, après on part. C’est ça le butin de guerre. Et c’est halal tu vois ! »