L’actualité Société avec Libération

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  • « Les 250 #migrants des Jardins d’Eole (18e arrondissement de Paris) ont été #évacués dans le #calme »
    http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/3971-migrants-migrants-jardins-arrondissement-paris-evacues.htm

    Plus de 200 migrants, qui campaient depuis quelques jours aux jardins d’Eole à Paris (18e arrondissement, photo), ont été évacués en bus, dans le calme, vendredi pour des centres d’hébergement de la région parisienne.

    Bon, la propagande ne dit pas qu’une délégation de la mairie de Paris, partis (#PC, #Verts...), #OFPRA, France Terre Asile (#FTDA), #Emmaus sont arrivés sans prévenir (sauf un -1- journaliste) ni laisser aux migrants le temps de décider collectivement (menace implicite d’intervention pour qui n’accepterait pas de partir, #lameilleuredespolicesneportepasluniforme). Pour l’instant Le Monde et Libération n’ont rien publié. Je rassemble ici des infos glanées par mel, tel, sms et twiter

    une vidéo des propos du directeur de l’OFPRA sur place
    https://app.dumptruck.goldenfrog.com/p/vXemI-x05t/20150619_103415.mp4

    Je cite (3’à 5’) : « C’est un engagement de l’OFPRA pour ceux qui sont
    dans une démarche de demande d’asile ou qui vont entrer dans une
    démarche de demande d’asile, l’OFPRA sera là pour les accompagner. Pour tous ceux qui veulent demander l’asile, il y aura des hébergements de prévu. Vos situations personnelles seront étudiées aux centres. C’est la même chose pour ceux qui ne veulent pas demander l’asile. La proposition vaut pour tous, aujourd’hui, maintenant ».

    Puis un migrant (8’50) : « Nous avons besoin de garanties pour que nous ne nous retrouvions pas à la rue comme la dernière fois ».

    La proposition : environ 200 places dans 6 centres (5 à Paris et un à
    Pantin) gérés par Emmaüs, le CASP et la MISMA (à confirmer pour le
    dernier). 24h sur 24, avec nourriture et accompagnement dans les
    démarches le temps de la procédure.

    Le hic : les délégations sont arrivées sans prévenir, genre « opération
    commando », donc sans laisser le temps aux migrants de s’organiser pour prendre une décision collective et réfléchie.

    La presse ne dit pas non plus que la #police en uniforme était partout dans le quartier avant de bloquer l’accès aux jardins.

    Une info reçue par mel

    Un migrant qui est parti en bus ce matin vers les centres proposés par
    la mairie de Paris est revenu. Il témoigne : il dit qu’ils sont arrivés
    à Vincennes (centre de rétention ou centre d’hébergement Emmaus à côté,ce n’est pas clair), qu’on leur a retiré leur téléphone portable, qu’ils ont vu des chiens et des barbelés et qu’une centaine d’entre eux s’est enfuie. Quelques uns sont à Stalingrad.

    un suivi de cette matinée, avec #photos (dont je sais pas mettre un choix ici...)
    https://twitter.com/RafAvelo

    La Ville de Paris est en train de faire nettoyer le jardin, c’est à dire de piquer et détruire tout ce qui a été laissé sur place (matelas, couvertures, fringues, etc.)

    Une partie des migrants revenus de ce voyage #humanitaire et d’autres qui ne l’avaient pas effectué se retrouvent à Stalingrad avec des personnes #solidaires. Une #assemblée doit avoir lieu sous peu à la Rotonde Stalingrad, merci de prévenir autour de vous.

    • Espérant avoir amélioré son scénario la gauche de gvt promet à nouveau une série d’évacuations
      http://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/2015/06/19/200-migrants-qui-campaient-dans-le-jardin-d-eole-ont-et

      Quelque 150 autres migrants vivent dans un autre #campement à Paris, dans le quartier de la gare d’Austerlitz. « Ils devraient aussi faire l’objet d’une offre d’#hébergement dans les jours qui viennent », a indiqué une source proche du dossier pour qui « le problème est loin d’être terminé : des migrants arrivent tous les jours de Calais ».

    • Via @paris luttes info
      https://paris-luttes.info/l-appel-de-la-chapelle-suivi-de-la-3456

      21h10 : Fin de l’occupation face à la pression policière les occupants sont sortis du gymnases sans violence, les soutiens partent en cortège avenue Jean-Jaurès.
      MàJ vendredi 19 juin à 20 h 30 : 12 nouveaux fourgons de CRS viennent d’arriver.
      20h15 : les gendarmes tentent de pousser les soutiens rassemblés devant le gymnase. De nombreuses personnes à l’intérieur.
      20 h : arrivée de plusieurs camions de gardes mobiles. Besoin de soutien.
      19h20 : #occupation du gymnase Jean-Jaurès au 96 avenue Jean Jaurès, M° Laumière - suite à l’expulsion du jardin d’Éole

    • À 18h, Le Monde titrait lui aussi, à la rubrique immigration et diversité, sur l’évacuation calme (un reste de force « tranquille » ?) sans détails aucun sur ce qui se passe pour les réfugiés qui ont accepté l’hébergement (dont certains sont tout de suite repartis) ni mise à jour sur l’occupation qui a suivi la descente d’humanitaires, de technocrates de la Ville, de responsables politiques (PCF et Verts aux avant postes) et de policiers.
      http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/06/19/a-paris-une-evacuation-dans-le-calme-pour-les-200-migrants-du-jardin-d-eole_

      Dans un communiqué, le ministre de l’intérieur et la maire de Paris se sont félicités que « cette opération humanitaire » se soit « déroulée dans d’excellentes conditions ». En milieu d’après-midi, le périmètre du jardin d’Eole était quadrillé par les forces de l’ordre afin que les services municipaux puissent #nettoyer les lieux, occupés depuis une semaine par les migrants.

      À 18h30, Ration ajoute son couinement au happy end étatique : A Paris, une évacuation des migrants sans police (sic) et avec un logement (sic).
      http://www.liberation.fr/societe/2015/06/19/a-paris-une-evacuation-des-migrants-sans-police-et-avec-un-logement_13330

    • Jardins d’Éole (suite) : « T’as pas de papiers, tu bouffes pas »
      https://lignesdeforce.wordpress.com/2015/06/20/jardins-deole-suite-tas-pas-de-papiers-tu-bouffes-pas

      Témoignage (anonymisé par mes soins) d’une militante qui a participé à la lutte de soutien aux réfugié(e)s depuis son origine.

      Hier soir, plusieurs dizaines de migrants (entre 50 et 100) sont retournés aux jardins d’Éole. Parmi eux des gens qui n’avaient pu ou n’avaient voulu monter dans les bus (un jeune homme par exemple m’a dit que lui il n’avait pas eu confiance). D’autres qui ont été emmenés à Vincennes dans le bâtiment du centre de rétention transformé en centre d’hébergement d’urgence et qui affolés par les flics, les chiens, les barbelés et le fait qu’on leur aie confisqué leur portable ont préféré partir (eux ils disent s’enfuir). D’autres encore qui même si ils dormaient ailleurs avaient pris l’habitude de venir là au jardin pour y trouver un peu de chaleur humaine ou de quoi manger sans être dans un rapport de charité mais de #partage.

    • Depuis l’évacuation d’Éole, mel.

      Ce soir la rage seulement, triste et désespérée. L’espoir seulement qu’elle fera des vagues.

      Aujourd’hui, vendredi 19 juin, la mairie, l’Ofpra (dont le directeur s’est déplacé !) acompagné par des associations (Emmaüs, France Terre d’Asile) et des forces de gauche (élus et militants du PCF, PG et EELV) sont venus sur le campement de migrantEs dans le 18è au Jardin d’Eole. Derrière eux et elles, des cars pour embarquer les migrantEs. Et derrière ces cars, ceinturant le quartier, des dispositifs policiers prêts à intervenir. Derrière encore, les camions de nettoyage pour faire disparaître toute mémoire de ce campement où une solidarité incroyable s’était organisée depuis une semaine.

      Le marché proposé aux migrantEs est un ultimatum : vous acceptez des hébergements et un suivi juridique à nos conditions ou on vous expulse. Tout délai est refusé aux migrantEs, pas même quelques heures pour réfléchir, se réunir, discuter, s’informer auprès d’autres sources, imposer aux moins certaines conditions.
      Derrière la carotte pour ces morts [?] d’asile - un toît ne serait-ce que pour quelques nuits, un espoir, aussi vague soit-il, de régularisation - le bâton de la police.
      Dormez braves gens, le pouvoir s’occupe des migrantEs. Adoubé par des bonnes consciences associatives et politiques.

      Poser des questions formule parfois déjà les réponses :
      – 220 places d’hébergement, débloquées soudain : alors que valaient les arguments qui expliquaient que ce n’était pas possible auparavant ?
      – Si, comme s’est engagée la marie, il ne s’agit pas d’hébergements d’urgence pour quelques nuits, qu’est-ce qui explique qu’on ne pouvait laisser le temps aux migrantEs de se concerter, d’attendre le lendemain voire même quelques heures pour donner leur réponse ? Après des mois où on les a laisséEs à la rue.
      – Quid des migrantEs qui n’étaient pas sur le campement au moment de cette opération ?

      Nous avons déjà montré qu’il existait, dans le quartier de La Chapelle, des bâtiments vides depuis des années pouvant héberger bien plus de 200 migrantEs. Ainsi l’ancienne caserne de pompiers occuppée brièvement qui fait plus de 5000 m². Nous tenons aussi à disposition de la mairie de Paris plusieurs immeubles vides qui lui appartiennent : des « irresponsables » en occuperont un des ces jours, avec des migrantEs, avec des sans-papiers ou des sans-abris.

      Disons-le simplement : c’est parce que les migrantEs ont décidé de se battre et réussi ainsi à faire de leurs questions de survie une question politique, parce que des centaines d’habitantEs du 18è puis de toute la région parisienne ainsi que des militantEs ont lutté à leur côté, que ce qui n’était semble-t-il pas possible, soudain, l’est devenu. Qui, alors, a instrumentalisé les migrantEs ? Les autorités ou ceux et celles qui ont lutté à leur côté ? Qui s’est soucié de leur sort ? Les autorités les expulsant de lieu en lieu ou ceux et celles qui se sont battus pour ne pas les laisser isoléEs chaque soir ?

      Mais disons-le aussi : cette « solution » n’est pas pour autant une victoire pour les migrantEs. Elle n’est d’ailleurs aucunement inspirée par la reconnaissance de leurs droits sans parler de leur humanité. Simples objets de calculs politiciens.

      Dès l’opération terminée plusieurs dizaines de migrantEs du campement étaient déjà à la rue. Après la tentative avortée d’occuper, pour une nuit, un gymnase, des solutions individuelles ont été trouvées, via la solidarité pour 32 d’entre eux et elles. Cette solution trouvée à 22H30, il suffisait de repasser près du Jardin d’Eole occupé par la police pour retomber sur une cinquantaine de migrantEs déjà revenus du lieu d’hébergement où ils avaient été emmenés juste à côté du... centre de rétention de Vincennes. Certains, revenus d’autres centres mais y retournant pour la nuit racontent que leur portable leur a été pris dans les cars.
      Déjà près de cent migrantEs de La Chapelle sont déjà à nouveau à la rue. Combien dans une semaine, combien dans quinze jours ?
      Et les migrantEs d’Austerlitz, de Gare de Lyon, de Belleville ? De Rennes, de Calais ? Les expulséEs de La Chapelle disperséEs dans des centres de la région parisienne ? Les migrantEs de Vintimille ?
      Et touTEs les sans-papiers, ces migrantEs de longue durée et sans droits ?

      Car l’objectif de cette opération n’était pas de trouver une solution pour les migrantEs. Par des moyens plus hypocrites elle répond à la même logique que les expulsions policières et violentes du square St Bernard et de la Halle Pajol de la semaine passée : briser le regroupement des migrantEs, leur visibilité publique, leur capacité de #lutte pour leurs droits et la #solidarité qui s’étendait.
      Quand les migrantEs, comme les sans-papiers, se rebellent et se montrent ils posent une question hérétique pour l’ordre national : celui des frontières. Et parce que cet ordre national est aussi de plus en plus injuste et inégal il peut se mettre à résonner en colère et en solidarité avec toute une partie de la société. C’est la signification globale de La Chapelle, celle d’un quartier, encore, populaire. C’est pour cela que leur visibilité est inacceptable pour cet ordre. C’est pour cela que cet ordre tremble car on ne pourra résoudre définitivement cette question sans le faire tomber.

      Soyons honnête et cela fait notre rage impuissante ce soir : l’opération a réussi. Le collectif de migrantEs qui se construisait ces deux semaines a été brisé. Ce soir nous étions impuissantEs face aux dizaines de migrantEs revenuEs à leur point de départ, exténuéEs, isoléEs, humiliéEs encore, à la rue...
      Et notre rage est d’autant plus profonde que des partis qui se disent à gauche du PS ont joué les supplétifs de cette opération. La veille, ces partis s’étaient réunis pour affirmer qu’ils étaient favorables à l’occupation d’un lieu collectif et pérenne par les migrantEs et pour planifier une nouvelle manifestation. Mais ils se préparaient à participer à l’opération du lendemain. Nous comprenons mieux pourquoi ils n’avaient pas invité les migrantEs. Nous avons honte pour eux. Nous nous en remettrons. Eux...

      Alors ? Difficile, ce soir, de garder à l’esprit que l’expérience de ces quinze jours de lutte produira des effets. Est-ce ailleurs que dans ce quartier que la dynamique va permettre de redonner une solution pour les migrantEs ici ? Les migrantEs dispersés vont-ils pouvoir se regrouper pour que le collectif se relance, sous une forme ou une autre, condition incontournable pour donner un sens au soutien ?

      Quoi qu’il en soit remercions les migrantEs. Ils et elles ont suscité une dynamique qui avait tendance à se perdre dans notre quartier. Et permis de faire exemple. N’en doutons pas cette vague fera des petits.
      Ce qu’a dit cette expérience et ce qui l’a inspirée c’est que dans notre quartier, comme ailleurs, les migrantEs ne sont pas des victimes à qui on tend simplement la main, ce sont des frères et soeurs de lutte. Des égaux, des égales.
      Cette lutte n’a pas commencé hier, elle ne s’arrête pas ce soir et continue demain.

      Hier notre rage était de solidarité. Ce soir elle est de défaite. Nous croyons qu’elle fera des vagues. Travaillons-y.

      Denis Godard, 20 juin 2015 à 4H00.

    • Après l’évacuation des jardins d’Éole et l’expulsion du gymnase Laumière, des réfugiés se sont à nouveau regroupés, les uns sur l’esplanade Pajol devant la bibliothèque Vaclav Havel, d’autres square de La Chapelle.

      Le soutien sur place a besoin d’être renforcé, n’hésitez pas à passer.

  • Je crois bien que toute ma vie (en fait) j’ai rêvé d’être pigiste à l’AFP, pour te dégoter des bons migrants qui ont « compris [ici] ce qu’était la liberté », « comme en hommage au pays des Lumières qui leur a accordé l’asile politique », et qui « ne se plaint jamais des multiples tracasseries » : Bac : Haytham, le Syrien, espère un sujet de philo sur « la liberté »
    http://www.liberation.fr/societe/2015/06/15/bac-haytham-le-syrien-espere-un-sujet-de-philo-sur-la-liberte_1330018

    « Le jour du bac, j’espère avoir un sujet sur la liberté » : le regard d’Haytham s’éclaire. Pour un lycéen matheux comme lui, la philosophie ne pèse pas lourd dans la note finale de l’examen. Mais pour un réfugié syrien, c’est une récompense.

    « En Syrie, je devais réciter chaque jour par coeur des citations de Bachar, ou Hafez al-Assad, sans oublier d’ajouter +l’éternel+ devant chaque phrase », se souvient le jeune homme de 18 ans aux yeux profonds et rieurs.

    Scolarisé à Paris depuis 2012, Haytham al-Aswad fait partie avec sa famille de la vague de réfugiés syriens fuyant la répression qui s’est abattue sur les opposants au régime, comme son père, enseignant de mathématiques.

    « Ici, j’ai découvert la philosophie et j’ai vraiment compris ce qu’était la liberté » : comme en hommage au pays des Lumières qui leur a accordé l’asile politique, il ne se plaint jamais des multiples tracasseries rencontrées dans une France hantée par le Front national et la montée des crispations sur le problème des migrants.

    Il y a, dans cet article dégoulinant, des considérations vraiment trop mignonnes :

    Sur sa nouvelle vie, il s’enthousiasme de faits minuscules mais symboliques : « Ici, on élit le délégué de classe. En Syrie, il est choisi par le prof et il devient l’espion, celui qui dénonce ». « Ici, on apprend à comprendre, là-bas il fallait juste apprendre par coeur ».

    S’il te plaît, AFP, embauche-moi ! Moi aussi je veux écrire de gentils compliments sur la grandeur du pays des Lumières et tout le bien qu’il fait aux Syriens.

  • On se plaint souvent que, dans notre société dure et égoïste, il n’y ait plus de solidarité. Mais ce n’est pas vrai, comme le montre cette tribune dans Libération où des travailleurs prennent la défense d’une collègue accusée par de méchants « rézosocios numériques » (SeenThis ?)

    http://www.liberation.fr/societe/2015/06/09/trop-c-est-trop-a-propos-d-agnes-saal_1326105

    #détournement_fonds_publics #arrogance #oligarchie

    • Une quinzaine de personnes vivait dans des cabanons, « depuis deux mois environ selon nos estimations », poursuit Stéphane Grauvogel. Dimanche matin, la municipalité de Carrières-sous-Poissy leur a mis à disposition le gymnase, « le temps que nous, Etat, trouvions des solutions d’hébergement », précise le sous-préfet. Comprendre : quelques nuits dans un foyer d’hébergement d’urgence, ou faute de place, dans un hôtel social. Avant de retourner, une fois l’émotion retombée, à la rue.

      Ne sentirait-on pas comme une critique, là ?

  • « En classe, on voudrait des petits blonds avec nos enfants » - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/06/03/en-classe-on-voudrait-des-petits-blonds-avec-nos-enfants_1322454

    « Ces quatre écoles réunissent environ 600 enfants, tous d’origine marocaine, à l’image de la population du Petit Bard, presque exclusivement originaire du Maroc, témoigne Safia, l’une des mères engagées dans ce combat. Valls avait dénoncé l’apartheid social : alors on a saisi cette perche et on ne la lâchera plus. On veut que nos enfants, citoyens français, soient considérés et éduqués comme les autres. Comment voulez-vous qu’ils se sentent Français alors qu’ils grandissent exclusivement entre eux ? On aimerait bien que, sur les photos de classe, il y ait des petits blonds ou des petits roux assis à côté d’eux. »

  • La #pauvreté, une #discrimination non identifiée - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/05/25/la-pauvrete-une-discrimination-non-identifiee_1316321

    On peut choisir de ne pas être pauvre dans notre société. N’est-ce pas là une affirmation dénuée de sens ? Pourtant, elle semble faire consensus dans un imaginaire collectif souvent empreint d’idées fausses (1). Les pauvres sont suspectés d’être frauduleusement pour quelque chose dans leur situation. Elles et ils cumulent et profitent des avantages de leur #précarité en percevant, sans honte, le revenu de solidarité active (RSA) ou l’aide à l’acquisition d’une couverture maladie complémentaire (ACS), et en bénéficiant, si facilement et sans dignité, de la couverture maladie universelle (CMU). L’association de ces deux vocables, pourtant antagonistes, « avantages, précarité » ne semble paradoxalement gêner que très peu l’imagerie sociale ambiante, largement influencée par les #médias. Peut-être parce que l’on croit faussement aussi que ces « populations » ont leur propre culture en dehors des cadres intégrateurs officiels. Culture dont les pauvres seraient, qui plus est et par hérédité, fiers ou à l’autre extrême, rendus « névrosés » à en croire même certaines études sociologiques (2). Et leurs soi-disant valeurs spécifiques s’opposent « trop », socialement et même psychiquement, à celles qui doivent a fortiori faire référence. Surtout, si en plus d’être pauvres, ces enfants, femmes et hommes sont roms et/ou migrants. Etre pauvre, c’est être classé socialement comme étant hiérarchiquement inférieur et donc non prioritaire.

    #hiérarchie

  • Retour sur l’expulsion du camp de la Chapelle du mardi 2 mai

    Article d’après-expulsion sur ce que vous ne verrez pas à la télé, ni ne lirez dans la presse.

    Installé-e-s depuis plus de 8 mois sous le métro aérien, sur un terrain appartenant à la ville de Paris et mis à disposition de Vinci, plusieurs centaines de migrant-e-s et demandeur-e-s d’asiles ont été expulsés mardi matin.

    #migrants #Lachapelle #EXPULSIONS #racisme

    • Premier mai 2011, alors que des harragas Tunisiens occupaient des locaux à Paris afin de ne pas rester à la rue et de s’organiser collectivement, la FTDA avait joué son rôle :

      « La France doit apporter une réponse digne et responsable à la question tunisienne. », dit « France terre d’asile » qui lance un appel à « cesser les interventions policières », signé par ... Bertand Delanoé [ordonateur de plusieurs expulsions par la #police, ndc] et la CFDT, dont des permanents ont assisté de leur balcon, aux premières loges, à l’#évacuation manu militari des Tunisiens de l’immeuble avenue Simon Bolivar, puis à leur menottage et à leur embarquement sans broncher, dehors à 100 mètres de là...

      De qui la Ville de Paris est-elle l’amie ?
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5620

      #migrants #sans-papiers #caritatifs #humanisme_expulseur #socialistes

    • Évacuation humanitaire ? Non, à La Chapelle, les pouvoirs publics ont dispersé la misère

      02 juin 2015 | Par Carine Fouteau

      Le campement de La Chapelle a été expulsé mardi. Comment la mairie de Paris peut-elle se féliciter d’avoir mis à l’abri ses occupants, alors que beaucoup se retrouveront à la rue dans quelques jours ? Pourquoi demander l’assistance des forces de l’ordre pour « venir en aide » aux migrants ?

      Le campement sous le métro aérien à la station La Chapelle, à Paris, sur lequel s’étaient installés environ 350 migrants venus principalement de la Corne de l’Afrique et de l’Afrique de l’Ouest, a été expulsé mardi 2 juin. Les cars de CRS ont commencé à se positionner dans les alentours aux aurores. La zone a été bouclée. En quelques heures, les lieux ont été vidés de leurs occupants. Sous le pont, les policiers ont bâché les affaires restantes. Certains exilés sont montés dans des bus. D’autres avaient passé la nuit ailleurs et n’ont pu accéder à leur tente. D’autres encore sont partis à pied avec leur sac plastique à la main.

      En amont, ils avaient été recensés et séparés en deux groupes : d’un côté les personnes relevant de l’asile, c’est-à-dire susceptibles d’obtenir le statut de réfugié et donc de rester en France ; de l’autre les migrants dits « économiques », considérés comme en situation irrégulière sur le territoire et à ce titre sans perspective aux yeux de l’État.

      Les premiers ont été envoyés dans un centre en région parisienne d’où ils devaient être répartis dans différents centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) en France. Selon le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, sur les 160 personnes identifiées comme demandeurs d’asile potentiels, une centaine se sont présentées dans la matinée. Les autres, en transit, cherchent à rejoindre l’Angleterre ou l’Allemagne. Faute de lieu d’accueil temporaire correspondant à leur parcours, ces exilés dormiront dehors, ce soir et les soirs d’après.

      Les seconds se sont vu proposer un hébergement d’urgence consistant en quelques nuits de mise à l’abri (en foyers ou en hôtels sociaux en Ile-de-France). Pour beaucoup, cette solution est pire que le statu quo : après une semaine maximum, ces migrants indésirables savent qu’ils seront remis à la rue, avec comme horizon un 115 saturé qui ne répond plus aux appels. Entre-temps, ils auront perdu leurs affaires (tente, couverture, matelas, réchaud, etc.) et leur recoin. Pour éviter de repartir de zéro, quelques-uns ont déserté le campement ces derniers jours, sachant que l’expulsion allait avoir lieu.

      Au total, seules les personnes voulant demander l’asile et ayant une chance de l’obtenir profitent de ce processus. Pour les autres, c’est l’inverse. Plutôt que d’être rassemblés à un endroit où ils s’étaient fabriqué un semblant de sécurité, les migrants de La Chapelle sont désormais dispersés dans Paris, isolés et livrés à eux-mêmes. Plus invisibles encore qu’ils ne l’étaient avant que leur présence ne soit jugée intolérable.

      Les pouvoirs publics présentent les choses différemment. À lire les communiqués publiés par la préfecture de Paris (PP) et la mairie, un problème a été résolu de la manière la plus humanitaire qu’il soit et pour le bien de tous. Signe que la gauche est au pouvoir : l’exercice de la force se doit d’être justifié. L’argument, comme souvent dans ce genre de cas, est sanitaire. Des risques d’épidémie sont avancés pour rendre l’opération inévitable. Et incontestable. « Lors de son dernier passage sur le site le 22 mai, indique la PP, le médecin mandaté par l’agence régionale de santé d’Ile-de-France a précisé que les occupants de ce campement étaient soumis à un risque majeur “avec notamment la possibilité de transmission de parasitoses et la survenue d’épidémies de dysenterie”, une épidémie de gale n’étant pas à exclure. » Pas de cas avérés, donc, mais une expulsion préventive, en quelque sorte. Le directeur général de France terre d’asile (FTDA), Pierre Henry, cautionne : « On est là pour rassurer et faire monter dans les bus. C’est une opération sanitaire et d’accès aux droits. »

      Il ne s’agit pas de dire que les conditions de vie étaient acceptables dans ce campement. Elles ne l’étaient pas. Les déchets commençaient à déborder de partout. Mais la question est de savoir si une prise en charge médicale et un soutien en nettoyage n’étaient pas plus adaptés qu’une « évacuation » pour empêcher une épidémie.

      Ce terme d’« évacuation », ensuite, est problématique, même s’il a une existence administrative, tant il euphémise la réalité. Répété en boucle par les responsables politiques et repris par les journalistes, il a pour effet de minimiser la violence subie par des hommes et des femmes sommés de quitter l’abri qu’ils s’étaient constitué. Expulsion, en ce sens, est plus approprié. Sinon, pourquoi boucler la zone au petit matin ? Pourquoi recourir aux forces de l’ordre ? Pourquoi empêcher les personnes de récupérer leurs affaires ? S’agissait-il d’une opération de relogement ou de maintien de l’ordre ? Sur Twitter, la maire de Paris lie les deux. Anne Hidalgo se félicite que la Ville « accompagne l’évacuation et la mise à l’abri des migrants ». « Ceux-ci bénéficieront d’un accompagnement personnalisé », ajoute-t-elle.

      Relogement ? Accompagnement personnalisé ? La situation est plus sommaire. Plus dramatique aussi. La responsabilité, en l’occurrence, n’est pas celle de la Ville, mais de l’État, contraint par la loi française de loger les demandeurs d’asile et de mettre à l’abri les personnes sans toit. En proposant des places, les services compétents ne font pas une faveur aux personnes concernées. Ils ne font que respecter leurs obligations. Encore faut-il se rendre à l’évidence. Les solutions proposées aux « migrants économiques » sont de si courtes durées que la plupart hésitent à les accepter. Quant à l’accompagnement personnalisé, aucun des exilés rencontrés sur place ne sait à quoi cela fait référence.

      Agissant en fonction d’intérêts distincts, la mairie et l’État ont fini par se préoccuper de ce campement car le nombre de migrants ne cessait d’augmenter. Avec les milliers d’arrivées ces derniers jours sur les côtes italiennes, il était peu probable que la tendance s’infléchisse. Il fallait envoyer des messages à l’opinion publique et aux occupants : pas question de laisser ce type de situation s’« enkyster », selon une expression utilisée sans gêne par de nombreux élus et agents administratifs. En procédant à une expulsion, les pouvoirs publics ont apparemment fait place nette. En fin de matinée, les pelleteuses et véhicules de nettoyage faisaient disparaître les traces de ce lieu de vie. Quelle meilleure démonstration de leur action ? Pourtant, rien n’est réglé, ou si peu. Cette gestion de l’immédiat n’est pas de nature à changer la donne. Elle peut cacher la misère… le temps que celle-ci réapparaisse sous un autre pont.

      Laisser des bidonvilles investir la ville n’est pas non plus une solution. Mais la catastrophe humanitaire en cours, y compris en Europe de Lampedusa à Calais, ne peut se satisfaire des vieilles recettes de gouvernance de l’espace public. Les logiques migratoires se modifient. De nouvelles sortes d’accueil correspondant aux besoins doivent être trouvées. Une politique renouvelée pourrait commencer par renoncer à faire appel aux forces de l’ordre quand le projet est de « venir en aide » aux migrants, comme l’affirme le communiqué de la Ville de Paris, aucune technique de contrôle des corps n’ayant jamais produit de l’hospitalité.

    • « On les trie sur le trottoir » : les migrants de La Chapelle évacués

      L’arrêté d’expulsion avait été affiché samedi 30 mai en préfecture. Depuis, les migrants qui campaient boulevard de La Chapelle à Paris, entre les stations de métro Barbès et La Chapelle, dans le 18e arrondissement, s’attendaient à être expulsés d’un jour à l’autre. Mardi 2 juin, la police a bouclé le périmètre aux alentours de 6 heures et a procédé à l’évacuation du camp, mettant en avant, comme souvent dans ce genre de cas, l’insalubrité et les risques sanitaires.

      http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2015/06/02/le-campement-de-migrants-de-la-chapelle-evacue-par-la-police_4645361_1654200

    • Au milieu de l’indifférence générale
      https://paris-luttes.info/au-milieu-de-l-indifference

      (...) Pendant que les« migrants » se faisaient embarquer sous la commande du trio travailleurs de la #mairie-crs-représentants #associatifs, quelques dizaines d’individus solidaires étaient rassemblés à proximité, gueulant des slogans et manifestant leur solidarité derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire : « L’épidémie c’est le capitalisme et ses guerres, ses flics et ses frontières. Solidarité aux migrants. »

      Ce « camp de migrant », ce « bidonville », ces « abris d’infortunes », nous n’avons pas l’indécence de défendre leur occupation, car personne ne désirerait vivre dans de telles conditions. Pas d’indignation, la larme au coin, dans nos propos. De la rage. Rage de voir la sale patte de l’autorité de l’État derrière des fonctionnaires envoyés pour trier ces individus selon une origine qu’ils n’ont pas choisi, comme on trie les bêtes dans un cheptel. Rage face à un monde ravagé par les guerres et l’exploitation des êtres et des choses au noms du profit. Rage face aux sbires en uniformes s’attelant à une expulsion qui signifie aussi, aujourd’hui ou plus tard , arrestations,enfermement en #centre_de_rétention et #expulsion, mais aussi contrôle diffus, humiliation, résignation, exclusion. Rage donc face à l’État qui s’attribue le droit de décerner des permis d’existences, et donc réprime, enferme, exclut, humilie, et à l’économie qui dicte nos vies selon ses impératifs. Tous chair à patron, gibiers à flics, bétail à frontières.

      Il y a tout juste un mois, à 100 mètres de là ouvrait la nouvelle brasserie Barbès, cossue et branchée où une faune friquée peut s’envoyer une côte de bœuf à 30 euros sous l’oeil bienveillant de ses protecteurs les policiers. Mis en perspective ces deux événements nous rappellent, mieux que le plus brillant des discours, une évidence claire comme l’eau du matin : le rôle de la police est d’assurer la soumission de tous aux lois du frics, à des lois faites pour perpétuer une économie basée sur l’exploitation et pour assurer à l’État sa mainmise sur le bétail humain réduit à la condition de marchandise.

      Le train train quotidien, la banalité et la surexposition à la misère la plus visible ont-il si bien atrophié notre sensibilité que l’on en est tristement parvenus à composer avec ? Quelles valeurs a la vie si en guise d’entrailles il ne nous reste que des viscères ?
      Les politiciens, ces infâmes réussiront-ils éternellement à voiler la #pauvreté et la #violence qui minent les rapports entre les êtres, propageant le cannibalisme social et l’indifférence générale au sort de chacun, quand en lieu et place de celà l’entraide et la solidarité entre les exploités et les révoltés pourraient envoyer valser tous ces salauds, exploiteurs et gouvernants, plein de sous et avides de pouvoir, et renverser l’ordre qu’ils maintiennent et qui leur confère du pouvoir sur nos vies ? Nos cœurs sont-ils si profondément avilis que nous pouvons nous contenter de reproduire cet existant délétère, sacrifiant l’essentiel de nos journées à se vendre pour quelques sous qui finiront dans les coffres des propriétaires et des marchands de tous types, abandonnant la possibilité de la révolte, seule capable de créer des horizons où y semer notre imagination, de donner vie à nos désirs de liberté et à nos élans les plus généreux ?

      Il existe une épidémie plus nuisible à nos existences que l’épidémie imaginaire qui sert de prétexte à cette opération de police ; cette épidémie c’est la peur, cette épidémie c’est la résignation, cette épidémie c’est la guerre entre pauvre, cette épidémie c’est d’attendre indéfiniment que l’on nous accorde ce que l’on aura que par nous mêmes. (...)

    • Opération humanitaire ou rafle “de gauche” ?

      Depuis plus d’une décennie, plusieurs campements précaires de migrants fleurissent aux alentours de la gare du Nord, à Paris. Entre répercussion des exodes d’Afghanistan, du Mali ou de Somalie, et espoirs d’un asile sûr outre-Manche ou dans l’Hexagone.
      Mardi 2 juin, l’un de ces bivouacs de fortune, apparu depuis de nombreux mois, était évacué au petit matin, à grands renforts de moyens policiers… et de discours « sociaux ». Une expulsion parmi tant d’autres, dont l’objectif semble avant tout d’invisibiliser les indésirables.

      http://www.quartiersxxi.org/local/adapt-img/960/10x/IMG/jpg/cgcafeywsaahbt2.jpg?1433343454
      http://www.quartiersxxi.org/operation-humanitaire-ou-rafle-de-gauche

    • Des migrants expulsés de La Chapelle : « Nous sommes des personnes pacifiques »

      À la suite de l’expulsion, mardi 2 juin aux aurores, du campement de La Chapelle, qualifiée d’« évacuation humanitaire » par les pouvoirs publics et l’association France terre d’asile, plusieurs dizaines de migrants se sont retrouvés à la rue. Dès le lendemain, une centaine d’entre eux ont trouvé refuge dans la salle Saint-Bruno, dans le XVIIIème arrondissement de Paris, à proximité de l’église Saint-Bernard. La nuit d’après, de jeudi 4 à vendredi 5 juin, ils l’ont passée dans le square d’à côté. Dans la soirée, des policiers accompagnés de chiens les ont empêchés d’entrer dans le lieu de culte, celui-là même que des sans-papiers avaient occupé en 1996, jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre, entrées à coups de hache. Le ministre de l’intérieur d’alors, Jean-Louis Debré, avait estimé avoir agi « avec humanité et cœur ».

      http://blogs.mediapart.fr/blog/carine-fouteau/050615/des-migrants-expulses-de-la-chapelle-nous-sommes-des-personnes-pacif

    • Après La Chapelle, la mairie de Paris veut ouvrir un lieu d’accueil pour les migrants

      Anne Hidalgo vient d’annoncer qu’elle était favorable à l’ouverture d’un centre d’accueil des migrants à Paris. La question du logement est urgente, alors que des personnes expulsées de La Chapelle, Saint-Bernard et Pajol continuent de dormir dans la rue.

      http://www.mediapart.fr/journal/france/100615/apres-la-chapelle-la-mairie-de-paris-veut-ouvrir-un-lieu-d-accueil-pour-le

  • Fraude aux allocs : le « datamining », arme de détection massive
    http://www.liberation.fr/societe/2015/06/01/fraude-aux-allocs-le-datamining-arme-de-detection-massive_1320806

    Depuis la généralisation de ce système fin 2011, le taux de #détection des #fraudes par la Caisse nationale des allocations familiales ne cesse d’augmenter.

    Mais que se passe-t-il depuis quatre ans ? A chaque publication des résultats de lutte contre la fraude sociale par la Caisse nationale des allocations familiales (#Cnaf), c’est le même constat : les chiffres ne cessent d’augmenter. En 2011 : 11 700 fraudes repérées par les contrôleurs de la Cnaf. En 2013, leur nombre avait presque doublé (20 937). L’an dernier, les chiffres publiés ce lundi font état de 32 000 fraudes. « Une hausse de 56% par rapport à 2013 », précise la branche famille de la Sécu.

    Mais, dans son communiqué, l’organisme assure qu’« entre 2013 et 2014, la fraude n’a pas augmenté, c’est l’amélioration continue de la détection qui explique la hausse du nombre qualifié de fraudes ». Parmi ces nouveaux moyens, le datamining fait figure d’arme redoutable. Derrière cet anglicisme se cache un système de recoupage et de mutualisation de #données de milliers d’#allocataires. Cette technique vise à cibler des dossiers à contrôler en cherchant des corrélations avec des #comportements « à risques ». 

    LE TENTATION « IDÉOLOGIQUE »
    Daniel Lenoir, directeur de la Cnaf, insiste : « Nous ne dressons pas le profil type du fraudeur. Avec le #datamining, nous ne tirons pas de conclusions, ce serait tuer l’outil ! Nous cherchons simplement à prévoir. » Côté technique, Bernard Tapie, directeur des statistiques de l’organisme (homonyme malheureux de "Nanard" ndlr), explique : « On récupère une centaine de variables - le niveau de revenu, la composition familiale, le comportement de l’allocataire à l’encontre de la Cnaf - puis on réalise une modélisation pour effectuer des #contrôles_ciblés. » L’objectif : éviter à tout prix les idées reçues en se concentrant sur l’approche scientifique. 

    Autre écueil à éviter : l’obsolescence du modèle. « Il faut faire évoluer le modèle, désormais une #enquête est réalisée chaque année auprès d’un échantillon de 7 000 allocataires, sélectionnés de façon aléatoire », ajoute Daniel Lenoir. Et les résultats semblent probants - en 2012, 110 millions d’euros de régularisations financières ont été effectuées, contre 41 millions d’euros l’année précédant la mise en œuvre du datamining, précise le bilan des fraudes 2013. Le coût de cette technique reste par ailleurs relatif. Les salariés chargés du contrôle des allocataires représentent moins de 2% des employés de la Cnaf, et « les coûts informatiques restent faibles », assure le directeur de l’organisme. 

    Pour établir cette modélisation et cibler davantage les dossiers à contrôler, la Cnaf travaille en collaboration avec divers organismes : les données de #Pôle Emploi, du Répertoire national commun de la protection sociale ou du service des #impôts sont mises à disposition de la Caisse nationale des allocations familiales pour alimenter la base des statisticiens. Si la question de l’utilisation de données privées par un organisme public a été posée avant sa mise en place, la Cnil a autorisé dès 2010 ce traitement en assurant l’anonymisation de la base informatique et la sécurisation de son accès. (...)

    Allocations familiales : les fraudes détectées ont bondi de 50 % en 2014
    http://www.lesechos.fr/economie-france/social/021103367995-allocations-familiales-la-detection-des-fraudes-avance-a-grand

    Les montants détectés par les caisses d’allocations familiales ont crû à 210 millions d’euros en 2014 grâce à de meilleurs contrôles sur le #RSA et les #APL. La fraude totale estimée est restée stable, à 1 milliard.

    Après les Urssaf et l’assurance-maladie, c’est au tour des caisses d’allocations familiales (CAF) de mettre en avant des résultats record dans la lutte antifraude. En 2014, elles ont détecté 32.800 cas de fraude aux prestations famille ou logement, soit 209,6 millions d’euros. C’est 48 % de plus qu’en 2013. En trois ans, le montant a doublé ; en dix ans il a été multiplié par vingt.

    La sagacité des 647 #contrôleurs des caisses d’allocations familiales est plus affûtée année après année. Il faut dire qu’ils ont de plus en plus d’outils à leur disposition pour traquer les tricheurs. Ils peuvent interroger le fisc, les Urssaf, les caisses de retraite, Pôle emploi, demander des relevés bancaires pour vérifier le niveau des revenus, ou bien aller chercher les factures d’électricité ou de téléphone directement chez le fournisseur. Et les contrôleurs se parlent de plus en plus. Au sein des comités opérationnels départementaux antifraude (#Codaf), gendarmes, policiers, représentants du fisc ou de l’autorité judiciaire sont déliés de leur obligation de #secret_professionnel depuis 2011 pour lutter contre la fraude sociale.

    Des ciblages plus précis

    Les limiers de la CAF ont aussi accès à des bases de données de plus en plus riches : le répertoire national commun de la protection sociale indique les droits à prestations de chacun, ainsi que les situations particulières (invalidité, chômage…). Comme ce répertoire ne comporte pas les montants, les agents de la CAF peuvent compléter avec les relevés de carrière de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse, les déclarations préalables à l’embauche, le fichier national des comptes bancaires… Autant de sources qui permettent, à l’aide d’un traitement informatique, de mieux cibler les visites à domicile. D’ailleurs, six ­contrôles sur dix (64 %) touchent en plein dans le mille et se soldent par une régularisation financière.

    Le montant global des fraudes n’a en revanche pas augmenté, selon la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF), qui l’estime à environ 1 milliard d’euros. Le volume total des indus et des rappels, qui comprend les 209 millions d’euros de fraudes détectées, s’est quant à lui élevé à 1,11 milliard d’euros en 2014. Il arrive souvent que les caisses versent trop ou pas assez d’argent aux allocataires, parce que leur situation ou la loi change. Il peut aussi s’agir d’erreurs.

    Dans 90 % des cas une #fraude_de_« survie »

    Sept fois sur dix (68,55 %), les escroqueries portent sur les minima sociaux, le revenu de solidarité active ou l’allocation adulte handicapé. Les aides au logement constituent l’autre grand volet de la fraude (23,17 %). Le montant moyen de la fraude s’élève à 6.386 euros. Quant à la pénalité financière que peut prononcer la caisse d’allocations familiales, en plus du remboursement des sommes indues, elle peut aller jusqu’à 12.680 euros. En cas de récidive, elle double. Les sommes ainsi récupérées en pénalités se sont élevées à 8,5 millions d’euros l’an dernier. A partir de 25.360 euros de préjudice, la CAF est tenue de porter plainte au pénal : il y a eu 4.104 assignations l’an dernier. La CNAF souligne cependant que 90 % des cas peuvent être assimilés à de la « survie » : les fraudeurs ont tellement peu de moyens qu’il serait vain de leur imposer des pénalités financières.

    Charles Prats, magistrat spécialiste de la fraude aux finances publiques, a commenté ce lundi sur RMC l’explosion de la fraude aux prestations sociales en 2014 : + 56% par rapport à 2013.
    http://rmc.bfmtv.com/emission/le-dealer-qui-touche-le-rsa-et-roule-en-grosse-voiture-ca-detruit-le-lien

    Charles Prats a pointé du doigt une fraude « très destructrice du lien social et du pacte républicain » : les fraudes au RSA commises par les trafiquants de drogue. « Dans les cités, tout le monde voit le trafiquant de drogue qui roule dans une grosse voiture alors que tout le monde sait qu’il touche le RSA. Ça, c’est très destructeur du lien social. L’an dernier, avec l’aide de la police il y a environ 3.000 cas comme cela qui ont été signalés » et punis.

    Comment mieux lutter encore contre la fraude ? « Aujourd’hui Il y a 650 contrôleurs. Ça demande du monde, plus de croisement de fichiers, explique le magistrat. Il faut surtout plus sécuriser l’attribution des numéros de sécurité sociale, puisqu’en France on a un peu moins de 2 millions de numéros qui ont été attribués sur la base de documents frauduleux. Cela représente 12 milliards d’euros sur les dépenses sociales ». Pour Charles Prats, « c’est là le vrai gisement de lutte contre la fraude ».

    #précarité #police_des_pauvres

  • La pauvreté se concentre dans les villes-centres plus que dans les périphéries
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/06/02/la-pauvrete-se-concentre-dans-les-villes-centres-plus-que-dans-les-peripheri

    C’est dans les #centres-villes des grands pôles urbains que se concentre la #pauvreté en France, bien plus que dans les banlieues et les couronnes périurbaines. L’Insee livre, dans une étude publiée mardi 2 juin, une image détaillée et actualisée de la pauvreté, déjà esquissée dans son « Portrait social de la France » en novembre 2014. Et confirme qu’à rebours des thèses défendues par le géographe Christophe Guilluy en septembre 2014 dans son ouvrage La France périphérique (Flammarion, 18 euros), « la pauvreté est dans l’ensemble la plus forte dans les villes-centres des grandes aires urbaines ».

    Dans ces cœurs d’agglomération, 20 % des ménages en moyenne ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. Le taux de pauvreté dans les villes-centres « atteint parfois deux à trois fois celui des banlieues et plus de quatre fois celui des couronnes périurbaines », souligne l’Insee. Plus on s’éloigne du centre, plus ce taux recule : il est de 14 % dans les proches banlieues, de 10 % environ dans les grandes couronnes.

    Dans les grands pôles urbains, les niveaux de vie médians « sont presque toujours plus élevés en banlieue qu’en ville-centre », souligne l’Insee. « Cela recouvre de grandes disparités : ces pôles urbains regroupent des villes hétérogènes, avec des populations aisées et de la pauvreté », précise Luc Brière, chef de la division statistiques régionales, locales et urbaines de l’Insee.

    « Revenu disponible »

    Pour établir ces statistiques basées sur les indicateurs de 2012 – les plus récents disponibles –, l’Insee a pu, pour la première fois, utiliser un fichier de #données_sociales et fiscales exhaustif, baptisé #Filosofi. Celui-ci croise les données fiscales issues de la direction des finances publiques et les données sur les #prestations_sociales fournies par les principaux organismes prestataires. « Ce fichier nous permet de nous baser sur le #revenu_disponible, et non seulement le revenu fiscal. Pour parler correctement de la pauvreté, il faut tenir compte aussi des prestations sociales reçues et des impôts payés, explique Luc Brière. Grâce à Filosofi, nous pouvons aussi travailler au niveau communal, et non plus seulement à une échelle départementale. »

    Alors que Christophe Guilluy, pour souligner la fracture entre des métropoles mondialisées et des territoires périphériques laissés pour compte, assurait que la question sociale se concentrait « de l’autre côté des métropoles, dans les espaces ruraux, les petites villes, les villes moyennes, dans certains espaces périurbains », l’étude de l’Insee montre au contraire une pauvreté limitée dans les communes situées aux portes des grandes aires urbaines.

    Et si les communes isolées, rurales ou peu denses situées en dehors de l’attraction d’un pôle urbain affichent un taux de pauvreté élevé – 17 % –, elles n’hébergent malgré tout que 5 % de la population pauvre en France. « Globalement, 77 % de la population pauvre réside dans les 230 grandes aires urbaines de métropole, dont 65 % dans les grands pôles urbains et 20 % dans l’aire urbaine de Paris » , résume l’Insee.

    De fortes inégalités

    Les villes-centres sont aussi celles qui concentrent les plus fortes inégalités. « Le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 10 % de personnes les plus aisées est en moyenne plus de 4,4 fois supérieur à celui en dessous duquel se trouvent les 10 % les moins aisés », détaille l’Insee. A Paris, ce coefficient est même de 6,7 fois… contre un rapport de 3,5 fois en moyenne sur l’ensemble de la population.

    Dans ces cœurs d’agglomération, la part des revenus du patrimoine représente 30 % du revenu pour les 10 % les plus riches, quand la part des prestations sociales atteint 46 % du revenu des 10 % les plus pauvres.

    Sans surprise, ce sont les ménages jeunes, les familles nombreuses et les familles monoparentales qui sont le plus touchés par la pauvreté. Dans les villes-centres, 27 % des ménages jeunes, 35 % des familles monoparentales et 37 % des ménages de cinq personnes et plus vivent en situation de pauvreté. A l’inverse, là aussi, c’est dans les couronnes des grands pôles urbains que ces taux sont les plus faibles.
    A plus grande échelle, les statistiques issues du fichier Filosofi soulignent une pauvreté très élevée en Corse, Languedoc-Roussillon et Nord - Pas-de-Calais (autour de 20 %), tandis que le taux de pauvreté reste autour de 10 % en Bretagne et Pays de la Loire. L’Ile-de-France compte à la fois les départements ayant le plus fort et le plus faible taux de pauvreté (9 % dans les Yvelines, 27 % en Seine-Saint-Denis).

    Après des décennies d’éviction des prolos et pauvres, Paris est exemplaire de cette forte polarisation sociale des grandes villes, une ville riche faite pour les riches, avec une quantifié phénoménale de pauvres (environ 70 000 #Rsastes et 250 000 #CMU, pour ne prendre que ces deux indices). Bien sûr, la pauvreté n’est pas qu’affaire monétaire ; d’une part la structure des dépenses diffère (moins de bagneule, plus de loyer) et les ressources disponibles aussi. Pas de potager, mais des transports éventuellement gratuits, une "offre culturelle dont une part est gratuite (plus de concert dans plus d’église, plus de musée accessibles aux chômeurs, etc), et souvent plus de facilité à être employé dans ces villes. Bref, le dic de l’’Insee est une saisie partielle. On est pas près de savoir qui sont les « vrais pauvres »...

  • Lycée musulman Averroès : « nid de vipères » contre « théorie du complot » - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2015/05/29/lycee-musulman-averroes-nid-de-viperes-contre-theorie-du-complot_1319145

    Le lycée lillois musulman Averroès, est-il un « nid de vipères hypocrites » au service du salafisme comme le prétend un enseignant démissionnaire ou ce professeur développe-t-il une « théorie du complot paranoïaque » et sans fondement ?
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    Les deux thèses se sont vivement opposées vendredi lors du procès en diffamation non publique au tribunal de police de Lille.

    L’établissement, sous contrat avec l’Etat et classé en 2013 par certains médias comme le meilleur lycée de France, a attaqué Soufiane Zitouni pour un mail à des collègues, accusant les responsables de l’établissement de diffuser une conception de l’islam proche du salafisme. L’affaire a été médiatisée par la publication d’un texte similaire dans Libération, le 6 février.
    (...)
    Seul un euro symbolique est réclamé par l’association Averroès. Le délibéré sera connu le 4 septembre.

    https://www.youtube.com/watch?v=wUe3hjc34q8

    http://seenthis.net/messages/340044

  • « Habiter Paris est un signe clair de domination sociale » - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2013/10/18/habiter-paris-est-un-signe-clair-de-domination-sociale_940632

    Pour la géographe Anne Clerval, la gentrification de la capitale s’est faite aux dépens des classes populaires. La municipalité Delanoë n’aurait pas stoppé le mouvement dans une ville où la mixité sociale ne serait qu’illusion.

    #logement #gentrification