L’ex-porte-avions « Foch » sur le point d’être coulé dans l’Atlantique
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L’ancien porte-avions français Foch, vendu au Brésil en 2000 qui l’a rebaptisé São Paulo, serait sur le point d’être sabordé ou torpillé dans l’océan Atlantique. Désarmé en 2018 par la marine brésilienne qui n’a jamais réussi à l’admettre réellement au service actif, le navire contient des substances toxiques et devait être démantelé en Turquie, au chantier naval Sok Denizcilik qui l’avait racheté en 2021 pour sa ferraille. Mais le pays a finalement refusé l’accès à ses eaux territoriales, alors que la coque passait déjà le détroit de Gibraltar.
De retour au large de l’Amérique du Sud, le Brésil lui a interdit de quitter ses eaux tout en lui refusant l’accès aux ports militaires et civils. Cet imbroglio n’est pas sans rappeler les dernières années de son navire-jumeau, le Clémenceau, entre 2003 et 2010.
« Un colis toxique de 30 000 tonnes »
Depuis la fin de l’année 2022, le fantôme du porte-avions Foch erre donc, remorqué par une compagnie néerlandaise payée par le chantier turc. Celle-ci a dû envoyer en décembre un second remorqueur relever le premier, arrivé au bout de ses réserves de carburant et de vivres. L’attelage a fait un nombre incalculable de ronds dans l’eau, au large du Brésil, dans l’attente d’une décision. Coup de théâtre début janvier : alors que le remorqueur venait de commencer à s’éloigner sans autorisation des côtes avec l’ex-porte-avions, l’agence environnementale de Brasilia a demandé une intervention de la marine brésilienne, laquelle a annoncé avoir repris le contrôle de son ancien navire, sans donner plus de détails.
La coque de 266 mètres de long contient notamment de l’amiante et des peintures toxiques. Selon plusieurs organisations de défense de l’environnement, la marine brésilienne s’apprête à saborder ou à torpiller le navire, comme elle l’avait déjà fait en 2020 avec le cargo minéralier Stellar Banner. Le Basel Action Network redoute « un crime environnemental majeur en mer », perpétré « en utilisant une fausse excuse ». Le fait que les autorités brésiliennes aient déjà souligné le danger que représente la présence de la coque jugée en mauvais état près de leurs eaux territoriales indique peut-être qu’elles vont s’appuyer sur cette déclaration pour s’en débarrasser au plus vite. « C’est inquiétant d’avoir en mer un colis toxique de 30 000 tonnes dont on ne connaît pas le destinataire », s’inquiète l’association Robin des Bois.
« Nous demandons au président Lula [élu en janvier 2023, NDLR], en tant que commandant en chef de la marine brésilienne, d’intervenir immédiatement et de donner l’ordre de ramener le São Paulo à Rio de Janeiro », réclame pour sa part l’organisation Shipbreaking Platform.