Hen [pronom] : en suédois, désigne indifféremment un homme ou une femme - Libération
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Mercredi dernier, le pronom neutre « hen » a fait son entrée dans le dictionnaire de l’Académie suédoise - la même qui attribue chaque année le Nobel de littérature. Ni « il » (« han » en suédois) ni « elle » (« hon »), « hen » est un pronom neutre qui désigne une personne sans s’embarrasser de son sexe.
Le mot – une pure invention linguistique - apparaît dans les milieux féministes des années 60. Ce néologisme pourrait avoir été inspiré du « hän » finnois, une langue qui possède, elle, un pronom neutre signifiant « il ou elle ». Il s’agit alors de simplifier la langue (en ne recourant plus aux formules plus lourdes « il/elle » ou « il ou elle ») et d’éviter d’utiliser le genre masculin, qui s’applique par défaut comme en français, dans les cas où le sexe des personnes que l’on veut désigner n’est pas connu ou pas pertinent. Comme dans les phrases administratives du genre : « L’électeur devra signer la feuille d’émargement. » « Le candidat à cette offre d’emploi devra parfaitement parler l’anglais. »
Rhâââ, « une pure invention linguistique » ! Comme si le langage n’était pas une invention... ah mais si c’est les féministes qui font évoluer le langage, c’est une pure invention (un truc un peu décalé) dans l’invention (celle qui fait tourner le monde) ! #grrr (après on a droit au quartier bobo)
La France, elle, est loin d’avoir fait le cheminement suédois. « Pourtant la question de la langue est effectivement essentielle, souligne Anne-Emmanuelle Berger directrice de l’Institut du genre et chercheuse au Laboratoire d’études sur le genre et la sexualité (LEGS) du CNRS. Les inégalités et discriminations entre hommes et femmes ne sont pas seulement économiques et sociales, elles sont aussi culturelles et symboliques. Pour les corriger, il faut cesser d’invisibiliser les femmes dans la langue. » La chercheuse est plutôt optimiste : « Beaucoup d’universitaires par exemple ont, à l’écrit, adopté la forme "il/elle". »
Mais aucun pronom sans genre ne s’est encore incrusté dans notre langue. Le pronom neutre « on » n’a pas cette fonction de déminage sexuel - sauf dans le livre L’opoponax, prix Medicis 1964, de la féministe Monique Wittig). Certain-e-s romancier-e-s, poètes, philosophes ou linguistes - français ou belges - ont avancé des propositions de pronoms communs. Dans Cyborg philosophie, penser contre les dualismes, Thierry Hoquet, prof de philosophie à Lyon III, invente ainsi le pronom indéterminé « ille » (illes ou pluriel) (1). D’autres ont proposé « iel », « yel » ou « ol », « celleux » (pour celles/ceux).