Zinc

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  • [BD-21] Milicien du POUM (Aragon, août 1936)
    https://www.partage-noir.fr/spip.php?article272

    Le Parti ouvrier d’unification marxiste, assez bien représenté en Catalogne, regroupait des communistes dissidents. La « Lina Ordena », dirigée par Rovira, était la milice du POUM tenant les positions couvrant l’aile droite de la Colonne Durruti, face à Saragosse.

    #[BD]Au_pays_de_Durruti-_Mémoires_catalanes_1936

    http://zinc.mondediplo.net/messages/134439 via Partage Noir

  • [BD-19] Mariano R. Vasquez (Barcelone, début août 1936)
    https://www.partage-noir.fr/spip.php?article270

    Mariano R. Vasquez était le Secrétaire général de la #CNT en Catalogne. #Durruti le rencontrera à Barcelone et s’entretiendra avec lui d’une possible dérive bureaucratique du syndicat.

    #[BD]Au_pays_de_Durruti-_Mémoires_catalanes_1936

    / #Buenaventura_Durruti, Révolution espagnole (1936-1939), CNT (Espagne)

    #Révolution_espagnole_1936-1939_ #CNT_Espagne_

    http://zinc.mondediplo.net/messages/134316 via Partage Noir

  • [BD-18] Le contrôle ouvrier (Catalogne, été 1936)
    https://www.partage-noir.fr/spip.php?article229

    Excédé par les reports successifs de l’assaut contre Saragosse, #Durruti décide de monter sur Barcelone afin de mesurer l’avancement du processus révolutionnaire. #CNT

    #[BD]Au_pays_de_Durruti-_Mémoires_catalanes_1936

    / #Buenaventura_Durruti, CNT (Espagne), Révolution espagnole (1936-1939)

    #CNT_Espagne_ #Révolution_espagnole_1936-1939_

    http://zinc.mondediplo.net/messages/134267 via Partage Noir

    • Lors de l’hommage national rendu à Jean d’Ormesson, le vendredi 8 décembre 2017, soudain, « le ciel a viré au bleu, comme s’il ne pouvait en être autrement » : exemple parmi d’autres de l’élan d’admiration qui a animé, sans faiblir, ceux que Léon Bloy jadis nommait « les gagas des journaux » ainsi qu’un nombre marquant de politiques. Pudiquement, une gaze fut jetée sur le journaliste d’Ormesson, celui qui écrivait en 1975 dans Le Figaro, dont il était alors directeur général, au moment de la chute de Saïgon : « Et Saigon est libéré dans l’allégresse populaire. Libéré ? L’allégresse populaire ? », ce qui suscita une belle chanson de Jean Ferrat en riposte — « Ah, monsieur d’Ormesson, Vous osez déclarer Qu’un air de liberté Flottait sur Saïgon »… Le doux d’Ormesson « représente la bienveillance », comme dit François Busnel, on n’insistera donc pas sur ses mots en 1983 sur France Inter à l’encontre du directeur du journal L’Humanité , Roland Leroy — « vous avez été ignoble, comme d’habitude »… Mais chacun saura qu’il reprit un vers de Louis Aragon, comme titre d’un de ses livres, et que ce vers, « je dirai malgré tout que cette vie fut belle »… fut même à l’honneur lors de l’hommage, sur le livret de messe, splendide oecuménisme. D’ailleurs, il affirmait son admiration pour le poète, ce qui prouve bien qu’il n’était pas sectaire — et le porte-parole du Parti communiste français a salué « son regard sur le monde ». Bref, comme l’ont dit Les Inrocks, il était « charmant », quant à La Croix, c’était « Jean d’O le Magnifique », ce que résume, dans la matinale de France Inter (6 décembre), Fabrice Luchini : « il incarnait la grande aristocratie », « il a réussi sa vie », «  il était du côté de la légèreté ». Que cela donne droit à un hommage de la nation, avec messe en prime, manque un peu d’évidence.

      C’est peut-être dans l’allocution du président de la République qu’on trouve quelques pistes contribuant à expliquer ce remarquable honneur. M. Emmanuel Macron s’est montré particulièrement inspiré en évoquant celui qui, « antidote à la grisaille des jours », nous aurait enseigné « que la liberté et le bonheur restent à portée de main, et que la littérature en est le meilleur viatique », ce qui est un propos d’un vide si profond qu’il en donne le vertige.

  • Elle était à la tête de la HAS.
    Agnès Buzyn devient ministre de la Santé du gouvernement Macron

    Les petits arrangements de la nouvelle présidente de la Haute autorité de santé | Par Pascale Pascariello
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070316/les-petits-arrangements-de-la-nouvelle-presidente-de-la-haute-autorite-de-

    Agnès Buzyn, qui prend ce lundi ses fonctions à la tête de la haute-autorité de santé (HAS), acteur clé du système de santé français, considère que les liens d’intérêt entre experts et laboratoires pharmaceutiques sont un gage de compétence. Plusieurs militants de la transparence comme le docteur Irène Frachon, à l’origine du scandale du Mediator, s’inquiètent auprès de Mediapart.

    Au moins, les choses sont claires. « L’industrie pharmaceutique joue son rôle, et je n’ai jamais crié avec les loups sur cette industrie.Il faut expliquer que vouloir des experts sans aucun lien avec l’industrie pharmaceutique pose la question de la compétence des experts. » Tels furent les propos tenus par le professeur Agnès Buzyn, alors présidente de l’Institut national du cancer (INCA) et qui vient d’être nommée ce lundi à la tête de la Haute Autorité de santé (HAS), lors d’une réunion organisée par le Nile, un cabinet de lobbying, en février 2013. Entendue au Sénat le 20 janvier dernier, dans le cadre de travaux de la commission des affaires sociales, elle n’a pas changé de position.

    Agnès Buzyn, la nouvelle présidente de la Haute Autorité de santé.

    © DR Intitulée « Prévention des conflits d’intérêts en matière d’expertise sanitaire », cette table ronde, loin de chercher à limiter les conflits d’intérêts en santé publique, avait au contraire pour cible la loi Bertrand. Adoptée en décembre 2011, à la suite du scandale du Mediator, cette loi vise à prévenir les conflits d’intérêts et à renforcer l’indépendance de l’expertise sanitaire publique. Elle rend obligatoire pour les professionnels de santé et décideurs publics la déclaration publique de leurs liens d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique. De leur côté, les laboratoires doivent déclarer les avantages consentis aux professionnels de santé, aux associations et aux fondations.

    Mais cette avancée dans la prévention des conflits d’intérêts ne fait pas l’unanimité. Une partie de ses détracteurs n’ont pas hésité à faire entendre leur voix devant les sénateurs. Parmi eux, Agnès Buzyn a longuement expliqué que l’obligation de déclarer tout lien d’intérêt est devenue trop « handicapante » pour certains chercheurs. « Ils ne le supportent plus et refusent de venir aux expertises de l’INCA. On passe notre vie à écrire des mails d’excuses aux experts pour leur expliquer pourquoi on n’a pas pu les retenir à l’analyse de leurs déclarations. » Agnès Buzyn regrette de ne pouvoir prendre des chercheurs qui ont, avec l’industrie pharmaceutique, des liens d’intérêt pourtant susceptibles d’influencer leurs expertises.

    Selon la nouvelle présidente de la HAS, agence sanitaire en charge de l’évaluation et du remboursement des médicaments, le fait de ne pas travailler avec des laboratoires met en doute la qualité de l’expertise. « Quand on voit les débats que nous avons avec nos tutelles (…), l’indépendance des experts est mise en avant et personne ne semble se soucier de la qualité de l’expertise. (…) On commence à avoir des experts institutionnels qui n’ont plus aucun lien avec l’industrie pharmaceutique et dont on peut se demander, à terme, quelle va être leur expertise, puisqu’ils ne sont plus à aucun “board” [conseil de direction – ndlr] », a déploré Agnès Buzyn.

    En quoi consiste exactement la mission de l’expert dans un “board” ?

    Cette question, aucun sénateur n’a eu la curiosité de la poser… Participer au “board” d’un laboratoire pharmaceutique ne relève pas de la recherche scientifique, mais consiste à conseiller l’industrie sur sa stratégie de marketing de développement d’un médicament.

    C’est, aussi, intervenir dans des colloques. Est-ce vraiment là un gage de compétence ?

    Si l’intérêt scientifique semble minime, en revanche, le gain financier n’est pas négligeable. Certains professeurs peuvent être rémunérés 2 000 euros la journée, pour une réunion. L’industrie pharmaceutique propose, en général, ces contrats à des médecins hospitalo-universitaires qui ont déjà le statut de leader d’opinion et qui peuvent ainsi asseoir leur renommée, voire l’étendre au niveau international.

    Un bon plan de carrière en somme.

    En février 2009, l’Inspection générale des affaires sociales avait déjà pointé ce problème : seule une part marginale des contrats liant les laboratoires pharmaceutiques aux professionnels de santé concerne des travaux de recherche. Plus de 90 % des liens d’intérêt publiés relèvent de contrats de marketing (contrats d’orateurs ou de consultants). Les propos d’Agnès Buzyn ne sont d’ailleurs pas sans rappeler ceux de Philippe Lamoureux, directeur général du Leem, syndicat des industries pharmaceutiques : « Un expert sans conflit d’intérêts est un expert sans intérêt. »

    Sans intérêt pour les laboratoires, mais non pour la santé publique.

    Le scandale du Mediator a pu être révélé grâce au travail de médecins ou pharmaciens indépendants rédacteurs de la revue Prescrire, ou à celui de la pneumologue Irène Frachon. Cette dernière, interrogée par Mediapart, regrette vivement les positions d’Agnès Buzyn : « La solution n’est pas, comme l’affirme Agnès Buzyn, de passer outre ces liens d’intérêt.

    L’affaire du Mediator le démontre de façon tragique : des experts indiscutablement “compétents” sont restés solidaires d’un industriel lourdement criminel, en minimisant notamment les dégâts de ce poison. Il faut donc se doter d’une expertise vraiment indépendante. Une des solutions, comme le proposent les membres de l’association Formindep, [Association pour une formation et une information médicales indépendantes – ndlr] est de créer des filières d’études de haut niveau d’expertise qui puissent assurer de belles carrières et des rémunérations suffisantes afin de prévenir la captation par l’industrie. » Mais on ne pourra pas reprocher à Agnès Buzyn de ne pas mettre en pratique ses propos. De 2009 à 2011, alors même qu’elle venait d’être nommée membre du conseil d’administration puis vice-présidente de l’Institut national du cancer, elle n’a pas pour autant renoncé à participer aux boards de deux laboratoires, Novartis et Bristol-Meyers Squibb.

    Doit-on parler de conflit d’intérêts ou de souci de parfaire ses compétences en tant que chercheuse ?

    Interrogée par Mediapart, Agnès Buzyn a minimisé le rôle de vice-présidente de l’INCA : « C’est au cas où le président tombe malade. C’est purement honorifique. » À l’entendre, on pourrait finalement se passer d’un vice-président à l’INCA. Pour Novartis et Bristol-Meyers Squibb, Agnès Buzyn a dispensé des formations à des médecins, participé à des réunions de marketing pour des traitements contre le cancer et est également intervenue dans des colloques. Concernant le montant de ces contrats passés avec les laboratoires, elle n’en a pas gardé un souvenir précis. Pourtant, ce travail a duré de 2007 à 2011. Une seule estimation nous a été donnée pour l’année 2009 : 10 000 euros. Si elle affirme aujourd’hui qu’il ne s’agit pas d’une situation de conflit d’intérêts, elle a néanmoins jugé nécessaire, en mars 2011, de cesser tout travail pour les laboratoires pharmaceutiques. À cette date, sa future nomination à la présidence de l’INCA devenait officielle et, en plein scandale du Mediator, une série de rapports sur les conflits d’intérêts était rendue publique.

    Selon Anne Chailleu, présidente du Formindep, association présente à la table ronde organisée au Sénat, « la conception de l’expertise d’Agnès Buzyn va à l’encontre du sens de l’Histoire mais également de la rigueur scientifique. Alors que la loi de santé vient de renforcer la transparence des liens entre industrie et professionnels de santé, et que le Conseil constitutionnel a rappelé récemment qu’elle était un principe fondateur de la sécurité sanitaire, de tels propos sont anachroniques et démontrent que toutes les leçons du Mediator n’ont pas été tirées ». Effectivement, lors de la présentation de sa candidature à la présidence de la Haute Autorité de santé (HAS), le 27 janvier dernier devant l’Assemblée nationale, Agnès Buzyn a totalement passé sous silence l’importance de garantir l’indépendance des experts de la Haute Autorité de santé. Il avait fallu l’intervention de la députée Catherine Lemorton, présidente de la commission affaires sociales, pour rappeler que la HAS doit être une agence « indépendante » des laboratoires pharmaceutique

    #gouvernement_macron

    http://zinc.mondediplo.net/messages/65904 via NRobin

    • C’est la réflexion que je me fais depuis un moment sur seenthis, et que Mastodon vient de raviver.

      Aujourd’hui, Mastodon est clairement très pâle en comparaison de seenthis pour :
      – les archives structurées
      – l’organisation autour des discussions (y compris au niveau de la recherche)
      – l’édition de ses propres billets
      – l’import de flux rss
      – les tags
      – l’intégration des images / oembed
      – le design graphique et la structure des billets
      – la limitation à 500 caractères (pourquoi n’est-ce pas un réglage de l’instance ?)
      – (qu’est-ce que j’oublie ?)

      Mais, il faut voir que le petit nouveau a la structure de données et l’API qui vont bien, ce qui pourraient leur/nous permettre de l’améliorer sur tous ces points.

      De plus Mastodon a réussi à rassembler très vite une énorme communauté de développeur·es semble-t-il très motivé·es. Tandis que, côté seenthis, les devs sont <strike>fatigués</strike> occupés à autre chose…

      Bref il me paraît clair qu’on n’aura pas l’énergie de rendre notre système compatible GNU Social / Mastodon, et qu’on devrait plutôt essayer de faire avancer Mastodon pour qu’un de ses avatars puisse à terme rendre les mêmes services que seenthis. Si cela aboutit, il « suffira » le moment venu d’écrire la moulinette d’import/export des contenus de ce site vers une instance Mastodon, et zou.

      Je ne sais pas si vous partagez cette vision des choses.

    • bien que pas geek / dev je partage complèment cette vision, @fil en partant d’un autre constat : si y’a pas une dimension chat / social, il est impossible de faire bouger les gens des réseaux-sociaux-marchands... des années qu’on essaye et que ça change rien , c’est même de pire en pire côté luttes sociales et le CHT de Nantes tire la sonette d’alarme sur la disparition des mémoires de luttes...
      Bref il nous faut nous unir et concentrer sur les initiatives qui semble développer de l’enthousiasme et ça fait longtemps que j’en n’avais pas vu un aussi fort que pour #mastodon !

    • On avait évoqué le sujet avec @b_b : https://mastodon.social/@0gust1/1591122

      En plus des choses listées par @fil, l’interface même de Mastodon (inspiré de tweetdeck, je crois), les notifications temps réel, la mise à jour rapide des flux, etc.., créent une temporalité plus rapide sur Mastodon que sur Seenthis, et donc des usages différents.

      Il y a peu de longs posts sur Mastodon, et il m’est arrivé une fois ou deux, d’être gêné par la limite des 100 caractères.

    • D’accord avec les remarques de @fil

      Il manque (encore) à #Mastodon beaucoup de fonctionnalités, mais il en a de sérieuses aussi.

      Par exemple la possibilité d’être utilisé sur mobile, ce qui fait terriblement défaut à #Seenthis et qui fait qu’il y a tj des « trous » dans mon utilisation de celui-ci... Les moments, par exemple, où je ne peux réseauter que dans le métro, ou le matin en prenant mon café.

      En dehors du fait que je suis convaincu qu’il faut aider #Mastodon à se développer, ce qui serait intéressant c’est de développer des passerelles entre les réseaux indépendants et/ou alternatifs. Finalement, ne pas être prisonnier d’un seul outil, ne pas tout miser par #Mastodon parce que le vent souffle de ce côté en ce moment...

    • D’accord avec @0gust1 : la temporalité et les usages sont différents.
      Seenthis manque complètement du côté temps réel : pages web statiques et emails VS appli JS dynamique + notifications.

      Et comme tu le dis @fil, Mastodon a une API et du coup des outils qui se développent autour, plutôt que de devoir apprendre SPIP (et Seenthis) pour l’étendre.

      Mastodon c’est une expérience pour l’instant réjouissante, il faut en profiter et y participer, créer des passerelles et imaginer des usages.

      Synchroniser des fils rss ? Oui, bon, bien, mais je suis sûr qu’on peut faire mieux. Mais quoi, je sais pas encore...

    • Peut être parce qu’il n’y a pas (encore) de moteur de recherche digne de ce nom, et que ça parait difficile vu le côté décentralisé / dupliqué des contenus...

    • A force d’observer les différents réseuax et pratiques, il me semble que l’outil le plus puissant et commun demeure le hashtag : il est utilisé presque partout (il fait souvent défaut aux « medias libres » par contre" et si on réussissait à faire un outil paramétrable selon nos préférences de sources autour de ces hashtags, p’t’être on retrouverait un peu une lecture plus plurielle et transversale sur des luttes sociales, des évènements marquants... cette discussion avec le CHT m’a vraiment beaucoup fait réfléchir, ainsi que des personnes, pendant les rencontres autour des automedias, qui étaient inquiètes de la domination de l’immédiateté, au détriment de l’analyse de fond...

    • @hervelc pointe avec justesse :
      https://mamot.fr/@hervelc/304576

      Mais Seenthis a d’autres qualités. Je m’en sert comme d’un cahier de notes de mes lectures, et en plus Sentis me permet de les partager (mais pour moi, c’est un supplément d’âme).
      Alors que Mastodon, Twitter et autres sont des outils de circulation des informations que je peux lire, et parfois même des idées qui peuvent me traverser l’esprit. Je ne relis jamais et n’interroge jamais ces outils. C’est du flux quand Sentis est une mémoire. Vive Sentis.

      – Twitter comme flux, très volatil, où un post n’a qu’une existence éphémère. Ça reste superficiel : ça surfe, vite, en surface, dans l’immédiateté.
      – SeenThis comme (aide-)mémoire, perenne, propice à l’approfondissement. Ça permet de creuser, ensemble.
      – Mastodon, chépakor, me semble que ça se cherche encore. Pour l’instant, ça ressemble (visuellement) à Tweetdeck, mais je n’en cerne pas encore l’usage caractéristique. Il est sans doute trop tôt pour dire.

    • Oui et c’est délibéré : par exemple, l’envoi des notifications par email est fait avec un décalage de 10 minutes. Ça te permet d’éditer ton message tranquillement…

      Ce n’est pas forcément parfait : on pourrait imaginer des options pour rendre cette période plus longue ; d’autres options pour que les notifications ne viennent qu’une fois par jour sous forme d’un « digest », etc.

      Mais comment expérimenter si on n’a qu’une seule instance et presque plus de développeurs ? Ce qui me semblerait bien à ce stade, c’est d’essayer de documenter ce qui fait que seenthis marche bien pour nous, et voir si c’est transposable à Mastodon.

    • Je pourrais peut-être indiquer une nouvelle fois les deux principaux objectifs que j’avais en tête pour Seenthis à l’origine…

      (a) Un système de référencements commentés

      c’est ce qui donne la principale caractéristique formelle de Seenthis à mon avis, la structure de ses messages autour d’un extrait de texte : le titre, l’URL, un extrait et éventuellement un commentaire personnel (d’où, d’ailleurs, le non-recours aux « cards » de type Facebook/OpenGraph/Twitter, parce que le but est que ce soit le lecteur qui cite la partie du texte qu’il trouve pertinente ;

      (ça donne aussi des petits détails tels que : le soin apporté à la présentation des URL, la présence du petit logo du site d’origine, et l’indication de la langue de l’article lié, les traductions automatiques sur les citations, la détection de langue indépendante des blocs de citation pour leur appliquer les règles typographiques qui vont bien et non forcément celles de l’auteur du billet de référencement, le fait que la thématisation automatique utilise le texte de la page référencée et pas seulement le contenu du message local… puisque le rapport au texte référencé est fondamental)

      (b) Un outil de travail militant et collaboratif

      Je suis un peu chiant avec ça, mais c’est fondamental pour moi, comme ça l’était pour SPIP aussi. Il s’agit de favoriser un véritable travail personnel, favorisant la régularité, l’expertise et la collaboration. À l’inverse, il s’agit d’éviter le “personal branding” et le bavardage. En pratique, c’est ce qui a justifié dès le début la présence de forums sous les référencements quasiment à égalité avec le message principal, et l’usage de ces « forums » (dans la tradition d’uZine, d’ailleurs) est clairement très riche et constructif sur Seenthis (lire les “réponses” sur Twitter est juste pénible – je veux dire : humainement c’est pénible). Ou la présence du petit triangle avant un lien qui signale que ça a été déjà référencé, ainsi que le système de « partager » qui fait passer un message dont on n’est pas l’auteur dans son propre flux, sans qu’on soit clairement mentionné : ce qui pousse (force, quasiment, puisqu’on se fait vite rappeler à l’ordre par d’autres usagers) à ne pas se « brander » en récupérant les référencements des autres sans les citer, mais au contraire à faire circuler un même référencement initial et venir enrichir le « forum » de quelqu’un d’autre.

      (De fait, c’est certes une force de Seenthis, mais c’est aussi ses principaux défauts : si on n’est pas prêt à bosser régulièrement pour développer une certaine compétence sur un sujet, c’est pas du tout engageant comme endroit.)

    • Pour ce qui est du respect des sites référencés, un détail parlant : là où Seenthis accepte que les liens hypertextes vers Mastodon (en fait, vers l’extérieur en général) soient largement des liens « follow » (indiquant à Google qu’il peut suivre ces liens), tous les liens depuis Mastodon vers Seenthis sont en « nofollow » (comme chez Facebook et Twitter).

    • le fait que la thématisation automatique utilise le texte de la page référencée et pas seulement le contenu du message local… puisque le rapport au texte référencé est fondamental

      => ça ça fait belle lurette que ça ne fonctionne plus, si ça a jamais fonctionné au-delà des premiers jours.

    • Sur le fond, c’est clair qu’avec seenthis il y a un design initial (structurel, technique, graphique, et aussi thématique avec les premiers inscrits et flux rss) qui a orienté les choses d’une manière particulière, très riche et réjouissante.

      Ça en fait un lieu unique, avec une communauté unique.

      j’ajoute que l’outil est ainsi assez proche de l’idéal pour mes usages. (Pour moi le gros souci est l’absence d’une version offline synchronisée en permanence, qui ferait apparaître les seens dans mes recherches persos.)

      Mais vu le peu de développement, je m’interroge de façon ouverte sur l’avenir du logiciel, moins important à mon avis que l’avenir du lieu, de cette communauté. Et aussi sur les leçons qui pourraient aider au développement d’autres logiciels.

    • Une difficulté, à mon avis (ou à mon goût, c’est une de mes lubies), c’est qu’on a toujours tendance à mélanger plusieurs aspects. Et en matière de « réseaux sociaux libres », je reviens toujours à l’idée qu’on se focalise uniquement sur la technique au détriment du reste (rappel : quand j’ai ouvert Seenthis aux inscriptions publiques après des années à le faire tourner en petit comité, Cédric a trouvé malin de publier un article disant que c’était pas comme ça qu’il fallait faire ; quand on a libéré le code, alors que le réseau tournait depuis des années en produisant un contenu passionnant, sur Linuxfr les commentaires se sont focalisés sur le fait que « techniquement » ça ne pouvait pas fonctionner… et là on a un clone de Twitter, dans une logique éditoriale radicalement différente de Seenthis et on est déjà à se demander si Seenthis va mourrir faute de développements).

      Pour avancer, il faudrait (mais on le fait à chaque fois je crois) délimiter les questions :

      (1) il y a la question de la gestion, de l’économie du truc, de la responsabilité juridique/morale… dont on a parlé l’année dernière, l’idée d’une association, mais ça n’avance pas. Peut-être parce que ça retombe toujours dans la question « technique » de l’hébergement, alors qu’il faudrait insister sur la responsabilité éditoriale de la gestion d’un tel réseau social. (Pas inintéressant d’ailleurs que @biggrizzly évoque cette question en parlant des instances de Mastodon.)

      (2) il y a les aspects techniques, qu’on a plus ou moins relégués à des signalements sur Github. Perso, n’étant plus à confronté aux problèmes (notamment de charge) du serveur comme je l’ai été pendant des années, et je suppose comme beaucoup d’autres, je ne suis plus tellement au courant (ni motivé) sur les problèmes de tenue en charge, d’efficacité, etc. C’est certes fondamental, mais quand on n’a plus les mains dans le moteur, c’est difficile de savoir quoi faire ou même de se passionner pour des choses qui deviennent assez distantes. Le fait de n’avoir que deux instances en production, ça ne multiplie d’ailleurs pas les retours d’expérience de ce côté et l’investissement de développeurs.

      Après, ne pas perdre de vue que la communauté de Seenthis n’est très largement pas du tout technicienne. Ça m’avait marqué lors de la fête aux Grottes, et je trouve ça très réjouissant. Ça m’a surpris, puisque j’ai un passif dans les milieux à la fois militants et très techniques. Mais vraiment : c’est génial. (Mais ça fait aussi qu’on ramène peu de gens qui vont mettre les mains dans le cambouis pour répondre à leurs propres besoins, puisque c’est bien comme ça qu’on avait fait d’autres projets libres.)

      (3) il y a les questions des fonctionnalités, qui sont pour moi centrales. Mais : (a) quand ça commence c’est généralement ramené à des questions techniques, ce qui a tendance à faire taire les premier usagers (b) il n’y a à ma connaissance rigoureusement aucun autre réseau qui propose les fonctionnalités éditoriales qui caractérisent Seenthis ; et beaucoup d’usagers ne se rendent pas forcément compte de ces caractéristiques ; alors de là à réclamer de nouvelles fonctionnalités éditoriales, ça ne me semble pas évident de trouver des idées originales en plus (rappel : on a cette conversation, comme à chaque fois, parce qu’un nouveau clone de Twitter, très pauvre d’un point de vue éditorial, fait la Une).

      (4) ça serait bien de ramener du monde, c’est vrai et c’est encore un autre aspect ; mais je pense qu’il y a, de manière extrêmement pesante, le paradigme mortifère des « réseaux sociaux », qui fait que même avec la meilleure volonté possible, il est difficile de ne pas croire qu’on aura un impact sur le monde bien plus important et direct sur des réseaux où l’on nous promet des centaines de « likes », de « friends » et de « retweets » parce qu’il y a des millions d’abonnés. Ce n’est pas que Seenthis, c’est constaté régulièrement sur les plateformes militantes, avec les gens qui croient qu’il vaut mieux aller causer sur Facebook ; c’est sans doute aussi dans la perception de Rezo.net, dont on pourrait croire que l’impact serait extrêmement faible par rapport aux milliards de connexions de Twitter…

      Il faudrait sérieusement interroger ce paradigme. À ma petite échelle (mais je n’ai plus de « blog » avec des billets indépendants pour valider précisément cela, vu que je suis sur Seenthis :-)), mais à chaque fois que constate qu’il y a un impact extrêmement extrêmement extrêmement faible quand on est « retweeté » par une célébrité sur Facebook ou Twitter : ces réseaux sont faits pour qu’on ne les quitte pas, et les gens cliquent « like » juste pour marquer leur satisfaction et montrer socialement qui ils sont, mais en pratique ça ramène très très très peu de gens sur un article ou sur un site. Sur beaucoup de sites, il y a beaucoup plus d’intérêt à être référencé sur Rezo.net et/ou discuté sur Seenthis, même, que d’être « liké » par une célébrité sur Facebook. Je suis aussi sur Twitter, dont j’ai un usage « sérieux », mais je trouve rigoureusement impossible d’y tenir un discours constructif ou de faire reconnaître mon boulot. Sur Seenthis (sous un autre pseudo), c’est exactement le contraire : visites, référencements, citations, reprises… sur Twitter je ne suis qu’un des nombreux cons qui mettent de temps en temps un commentaire sous un message de Glenn Greenwald.

      (Sinon, autre aspect, que j’ai évoqué dans un message précédent ci-dessus : on paie à mon avis le fait que le format et le réseau humain imposent de venir avec pas mal de travail personnel, et que c’est pas évident de débarquer ici.)

    • Association : la question se pose du fait que l’hébergeur actuel souhaite changer de mode de fonctionnement. Personne ne l’a titillé directement, pour savoir comment améliorer la situation, mais il va bien falloir y répondre.

      J’ai une association sous la main, en coma dépassé, mais qui existe en Préfecture depuis (au moins) 10 ans, et qui ne demande qu’à vivre... il lui faudrait juste un Président, un Trésorier, un Secrétaire... et un compte en banque.

      La liste de diffusion pourrait permettre de discuter de tout cela.

      Globalement, sur les qualités de l’outil SeenThis, je suis de l’avis de Arno*.

    • Le seul élément qui manque essentiellement à Seenthis c’est la possibilité de partager facilement avec les mobiles - il faudrait juste un bouton « partager » après avoir marqué des éléments sur son appareil Android avec la possibilté de remplir un champs commentaire et/ou une liste des hashtags qu’on utilise d’habitude.

    • #Pitié, ne passez pas Seenthis sous Mastodon. J’ai testé j’y retrouve le vertige de l’immédiateté à la twitter, que j’ai déjà fuit pour renvoyer mon rss seenthis vers twitter. Le plus de seenthis, c’est la temporalité. Je peux revenir sur 7h36 deux semaines après et il y a toujours des choses intéressantes et d’actualité, il y a des débats de longue haleine faciles à suivre etc. A l’opposé de cette impression que l’on rate quelque chose si on n’est pas connecté en permanence. L’aspect communautaire est important aussi, si je peux me permettre ce mot.

    • @philippe_de_jonckheere @tetue @supergeante Je ne crois pas que quelqu’un ait proposé sérieusement de remplacer Seenthis par Mastodon. Les deux logiciels sont très différents, ont des cahiers des charges (cf. @arno pour sa description du cahier des charges de Seenthis) très différents. Certains préfèrent l’un, d’autres l’autre, et d’autres encore apprécient les deux, mais pour des usages différents.

      Reprocher à mastodon son « immédiateté », c’est comme critiquer un restaurant végétalien parce qu’il ne propose pas de viande. Mastodon est conçu pour l’immédiateté (« un flux, et pas une mémoire », avait dit @hlc).

    • Et une troisième sous SPIP 3.1 par chez moi (pas encore publique).

      @b_b est-ce qu’il y a une documentation ? Là c’est #SPIP 3.2 qu’il faudrait viser, mais 3.1 serait un excellent point de départ.

  • « Les vieux habits de l’homme neuf » | Emmanuel Macron, la finance et le pouvoir

    par François Denord & Paul Lagneau-Ymonet

    Étroitement associé à la politique économique du président François Hollande, le candidat du mouvement En marche ! se présente pourtant comme un homme « hors système », loin des partis et des coteries. Cautionnée par la presse, la métamorphose de M. Emmanuel Macron en évangéliste politique masque mal la trajectoire banale d’un technocrate dont l’entregent lui a permis de brûler les étapes.

    Ce 17 mars 2015, l’agenda de M. Emmanuel Macron s’annonce chargé. À 7 h 45, la revue Politique internationale attend le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique pour un petit déjeuner-débat. Au menu : exposé face à un aréopage de patrons, de diplomates et de responsables politiques. Une heure plus tard, direction Bercy. Le ministre participe à l’ouverture d’une conférence sur les dispositifs publics de soutien à l’exportation, où se mêlent hauts fonctionnaires et dirigeants du privé, avant de s’entretenir avec les sénateurs socialistes au sujet de la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques.

    Vers 13 h 15, il retrouve les convives du Cercle Turgot pour un déjeuner-débat. Le président en exercice de ce think tank, M. François Pérol, patron du groupe Banque populaire - Caisse d’épargne (BPCE), l’accueille : « Bienvenue, Emmanuel. Tu arrives juste du Sénat. Y a-t-il trop d’articles à ton projet de loi ? Comme on disait en d’autres temps, trop de notes s’agissant de la musique de Mozart ? » Pareil hommage tient en partie de l’autocélébration, tant la carrière de M. Macron ressemble à celle de M. Pérol : fils de médecin, énarque, passé par l’inspection des finances, par la banque Rothschild et par les services de l’Élysée. Le ministre a vite fait d’emballer financiers, journalistes et autres cadres, qui l’intronisent membre d’honneur de leur cercle. Après les questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, M. Macron s’attarde pour un long entretien avec M. Pierre Gattaz, président du Mouvement des entreprises de France (Medef). Puis, Saint-Patrick oblige, il reçoit M. Richard Bruton, son homologue irlandais.

    Une succession d’apparitions brèves dans les sphères du pouvoir, avec la volonté de faire forte impression à défaut de laisser une empreinte profonde : ce 17 mars 2015 résume à bien des égards la trajectoire du candidat à l’élection présidentielle française.

    Il se rêvait normalien, il atterrit à Sciences Po. Là, l’historien François Dosse le présente en 1999 au philosophe Paul Ricœur, qui cherche une petite main pour achever le manuscrit de La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli (1). Cette collaboration ouvre à l’étudiant les portes d’Esprit, revue intellectuelle française proche de la « deuxième gauche » qui soutint par exemple le plan de réforme de la Sécurité sociale du premier ministre Alain Juppé en 1995. Il y théorise sa conception de l’exercice du pouvoir : « Le discours comme l’action politique ne peuvent plus s’inscrire dans un programme qu’on proposerait au vote et qu’on appliquerait durant les cinq années du mandat (2). » Au politique, il faudrait, selon lui, un horizon plutôt qu’un catalogue de mesures. C’est auprès de piliers de la « deuxième gauche » qu’il trouve l’idéologie donnant sens à son engagement.

    Sous le fouet de la sainte concurrence

    Énarque stagiaire dans l’Oise à l’automne 2002, M. Macron se lie d’amitié avec Henry Hermand. Enrichi dans l’immobilier commercial, l’homme d’affaires (décédé en 2016) a été l’une des figures tutélaires et nourricières d’une gauche chrétienne et « anti » : anticommuniste, anticolonialiste et antijacobine (3). Puis, en 2007, le chef de l’inspection des finances, M. Jean-Pierre Jouyet, débauché par M. Nicolas Sarkozy pour le secrétariat d’État chargé des affaires européennes, présente ce jeune homme prometteur à M. Jacques Attali.

    L’ancien conseiller de François Mitterrand, qui préside la commission pour la libération de la croissance, le nomme rapporteur général adjoint. On discerne en sourdine dans le document final cette volonté de dépasser des clivages ordinaires que le candidat vocifère désormais sur toutes les estrades. « Ceci n’est ni un rapport, ni une étude, mais un mode d’emploi pour des réformes urgentes et fondatrices. Il n’est ni partisan ni bipartisan : il est non partisan. » Les « non-partisans » de la commission pourfendent « la rente (...) triomphante : dans les fortunes foncières, dans la collusion des privilégiés, dans le recrutement des élites » (4) et défendent un projet de société fondé sur la concurrence et la déréglementation.

    Ces esprits inspirés ne se contentent pas de recommander la réorientation massive de l’épargne des Français vers les marchés d’actions six mois avant l’effondrement financier de 2008. La mise en concurrence généralisée revient à opposer entre elles des fractions des classes populaires : fonctionnaires et salariés du privé, artisans taxis contre chauffeurs Uber. Une telle vision du monde sied bien à un fringant inspecteur des finances qui, outre le comité de rédaction d’Esprit, qu’il intègre, fréquente des cénacles sociaux-libéraux et partisans de la construction européenne telle qu’elle se fait, comme En temps réel ou les Gracques. Le premier se présente comme un « lieu de rencontre entre acteurs publics et privés soucieux de confronter leurs expériences et analyses, (…) dédié à la construction de puissantes bases intellectuelles d’un agenda réformiste ». Le second proclame que le marché « est le moyen de remettre en cause les situations acquises, les privilèges et les rentes ».

    La rente sociale de M. Macron, elle, reste à l’abri des grands vents de la « modernité ». En 2008, M. Xavier Fontanet, alors président d’Essilor, M. Serge Weinberg, ancien conseiller de M. Laurent Fabius, président du fonds Weinberg Capital Partners, M. Jean-Michel Darrois, avocat d’affaires, et M. Alain Minc — le seul à ne pas avoir été membre de la commission Attali — le recommandent auprès de la banque Rothschild. Son ascension y sera fulgurante, grâce à un marché conclu en 2012 pour le compte de Nestlé, dont le président, M. Peter Brabeck-Letmathe, avait participé à ladite commission.

    M. Attali a présenté M. Macron à M. François Hollande en 2010, lorsque celui-ci ne dirigeait plus le Parti socialiste (PS) et que M. Dominique Strauss-Kahn ou Mme Martine Aubry semblaient assurés de jouer les premiers rôles aux primaires de 2011. Le jeune trentenaire coordonne pour le futur président le travail d’économistes comme Philippe Aghion (encore un membre de la commission Attali). Après la victoire de 2012, M. Attali et M. Jouyet — revenu de son aventure sarkozyste et à nouveau intime de M. Hollande — appuient sa candidature au poste de secrétaire général adjoint de l’Élysée, chargé des questions économiques.

    En 2014, c’est encore M. Jouyet qui, en sa qualité de secrétaire général de l’Élysée, annonce la nomination de son protégé au ministère de l’économie. « C’est quand même exaltant, à cet âge-là, d’avoir en charge l’économie, les entreprises, l’industrie, tout ça, lui explique-t-il au téléphone juste après l’annonce du remaniement. Tu te rends compte, le numérique, tout ce que j’aurais aimé faire ! Je pensais, quand même, à l’inspection des finances, être le maître, maintenant, c’est toi qui vas être le maître (5). » Le nom du jeune prodige sera vite associé à une loi qui promeut le bus plutôt que le train, à l’ouverture dominicale des commerces et au travail de nuit. Il assouplit les règles des licenciements collectifs et hâte la privatisation de la gestion d’aéroports régionaux.

    À ce stade d’une trajectoire de météore, on distingue déjà l’épure d’un style : être introduit dans une institution de pouvoir par un influent pygmalion, n’y passer que le temps nécessaire à la constitution d’un dense réseau de relations, puis recommencer à un poste d’un prestige supérieur. M. Macron ne restera pas plus longtemps à Bercy qu’à l’inspection des finances, chez Rothschild ou au secrétariat de la présidence : moins de trois ans. Quand il lance à 38 ans, en avril 2016, son mouvement En marche !, il mobilise les contacts accumulés à chaque étape de sa carrière.

    À Sciences Po, où il enseigna à sa sortie de l’École nationale d’administration (ENA), M. Macron se lie d’amitié avec M. Laurent Bigorgne. C’est à l’adresse privée de ce dernier qu’il domiciliera En marche ! Fin 2010, M. Bigorgne devient directeur général de l’Institut Montaigne. Du très libéral institut, le candidat débauchera Mme Françoise Holder, codirectrice du groupe du même nom (boulangeries Paul et pâtisseries Ladurée), et recourra un temps aux services de l’agence de communication, Little Wing. Il ne boude pas pour autant les think tanks de l’autre bord politique : il est proche de M. Thierry Pech, ancien cadre de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et directeur général de la fondation Terra Nova, proche du Parti socialiste.

    D’anciens membres de la commission Attali se mettent aussi « en marche ». L’essayiste Erik Orsenna était au premier rang pour le lancement du mouvement à la Mutualité (La Tribune, 31 août 2016). La rapporteuse de la commission, Mme Josseline de Clausade, passée du Conseil d’État à la direction du groupe Casino, M. Jean Kaspar, ancien secrétaire général de la CFDT désormais consultant en stratégies sociales, M. Darrois ainsi que M. Stéphane Boujnah, président d’Euronext, la société qui gère les Bourses d’Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et Paris, ont fait le déplacement pour le premier grand meeting de campagne, le 10 décembre 2016, à la porte de Versailles. C’est d’ailleurs M. Boujnah, ancien « DSK boy », vice-président d’En temps réel, qui aurait présenté à M. Macron l’homme qui désormais lève des fonds pour sa campagne présidentielle : M. Christian Dargnat. Cet ancien patron de la gestion d’actifs de BNP Paribas et du Crédit agricole a également présidé le comité « Monnaies et système monétaire international » du Medef de 2010 à 2013. Le patron du cabinet de conseil Accenture, M. Pierre Nanterme, autre ancien de la commission Attali et de la direction du Medef — sous la présidence de Mme Laurence Parisot —, a déclaré avoir versé 7 500 euros (le plafond autorisé) à En marche ! (Les Échos, 27 janvier 2017).

    Côté syndical, outre M. Kaspar, la connexion macronienne se nomme Pierre Ferracci. L’homme a transformé le cabinet d’expertise Secafi, proche de la Confédération générale du travail (CGT), en un groupe spécialisé dans le conseil aux syndicats, aux représentants du personnel et aux directions d’entreprise, le groupe Alpha. Son fils Marc et sa belle-fille Sophie occupent une place importante dans la garde rapprochée du candidat. Témoin de mariage du couple Macron, le premier est professeur d’économie, chercheur associé à la chaire « Sécurisation des parcours professionnels » que cofinancent à Sciences Po le groupe Alpha, la société de travail intérimaire Randstad, Pôle emploi et le ministère du travail. Avocate d’affaires, la seconde fut cheffe de cabinet du ministre à Bercy avant d’intégrer son équipe de campagne.

    D’autres anciens membres du cabinet ministériel ont rallié En marche ! Son directeur (6), M. Alexis Kohler, qui a rejoint la direction financière du deuxième armateur mondial, MSC, continue de conseiller M. Macron, quand son adjoint, M. Julien Denormandie, se consacre à temps plein à la campagne. Tous deux sont passés par le cabinet de M. Pierre Moscovici, aujourd’hui commissaire européen.

    Le conseiller chargé de la communication et des affaires stratégiques de M. Macron à Bercy, M. Ismaël Emelien, fait appel à des entreprises spécialisées dans la collecte et l’analyse de données de masse afin de caler l’« offre » politique sur les desiderata des électeurs (Le Monde, 19 décembre 2016). Le porte-parole d’En marche !, M. Benjamin Griveaux, ne faisait pas partie de son cabinet ministériel, mais il cumule les propriétés de ses jeunes membres : surdiplômé — École des hautes études commerciales (HEC) de Paris, Sciences Po —, formé au sein de la droite du PS (auprès de MM. Strauss-Kahn et Moscovici), passé par un cabinet ministériel (celui de Mme Marisol Touraine). En outre, il a exercé des mandats électoraux (à Chalon-sur-Saône et dans le département de Saône-et-Loire), tout comme le secrétaire général d’En marche !, le député et conseiller régional du Finistère Richard Ferrand, ancien directeur général des Mutuelles de Bretagne.

    Héritier de la noblesse d’État
    Ainsi l’homme qui se présente comme neuf, sans passé et sans attache incarne-t-il, tant personnellement que par son entourage, l’héritage cumulé de la noblesse d’État (Bercy), de l’expertise et de la haute finance : le noyau du « système », en somme, que sanctionne son appartenance au club Le Siècle.

    Trente ans après que M. Hollande, M. Jouyet et quelques autres caciques socialistes ont proclamé que « la gauche bouge (7) », la vieille garde et les Jeunes-Turcs de M. Macron rejouent l’éternelle histoire du modernisme : un homme situé au-dessus des partis qui agrège les bonnes volontés, les compétences techniques et les méthodes dernier cri pour piloter le pays. Dès lors, l’essentiel n’est pas d’avoir un programme. C’est de rassembler, de la droite de la gauche (par exemple M. Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, connu pour sa sollicitude envers la hiérarchie catholique) à la gauche de la droite (comme la députée européenne Sylvie Goulard, auteure de l’inénarrable L’Europe pour les nuls).

    C’est surtout de pouvoir compter sur l’appui d’individus influents, tel M. Jean Pisani-Ferry, ancien commissaire général à la stratégie et à la prospective, et sur les nombreux experts qu’il draine dans son sillage. Cet ancien conseiller de M. Strauss-Kahn et de M. Jouyet sait pourtant l’inconvénient d’un tel positionnement. Peu après le « Brexit », il constatait : « Nous sommes les experts, ceux que 52 % des Britanniques détestent » (Le Figaro, 4 juillet 2016). Il faudra à M. Macron beaucoup de charisme pour maintenir l’illusion qu’il appartient à l’autre camp. Lui suffira-t-il de croiser le mythe pompidolien du banquier lettré sachant conduire les affaires avec le fantasme giscardien du jeune homme progressiste ?

    François Denord & Paul Lagneau-Ymonet

    Sociologues. Auteurs de l’ouvrage Le Concert des puissants, Raisons d’agir, Paris, 2016.

    Le Monde diplomatique Mars 2017

  • Zinc - Médard
    http://zinc.mondediplo.net/#content=Emmanuel Macron, %ABcandidat des m%E9dias%BB%A0 : autopsie d%19un choix implicite - Lib%E9ration

    Pas de programme ? Mais enfin, pourquoi, donc un programme ? Ses discours scintillants de vacuité pourraient avoir été écrits par le maire de Champignac, dans Spirou ? Mais il les prononce si bien. Voila pourquoi, à l’insu de leur plein gré, les médias ont manifestement fait de Macron leur favori.

    • https://lundi.am/local/cache-vignettes/L700xH339/ww10-1824b.jpg?1486350204 Coup de chance : le parc est artificiel. Il a été créé comme une machine à simuler, comme image d’un monde ultime et achevé. C’est un monde dans le monde, et comme tel, parfaitement gouverné. Sa nature est le contrôle. La vérité des êtres qui le peuplent (les hôtes) est leur programme. Le programme fonde l’indistinction du monde et de son gouvernement. Dans le programme, l’être et la pensée ne font qu’un ; l’esprit de l’hôte n’existe qu’à travers sa transparence au programmeur. Comme le dit une héroïne à l’agonie : « Le piège magnifique est en nous, parce qu’il est nous ». Les hôtes n’ont jamais été libres. Ils n’ont rien à quoi se référer, dans leur existence, qui ne soit pas une opération et une production du pouvoir des hommes. Leurs facultés, leur histoire, leurs personnalités, ne sont que des fictions programmées, reprogrammables à merci. Ils ont donc des identités, aussi caricaturales que des personnages de série : la jeune fille de ferme, le méchant bandit, le beau brun, la tenancière de bordel qui connaît les hommes, etc. Les hôtes n’ont aucune ressource intérieure qui soit pure de la cruauté de leurs créateurs : leur « soi » n’existe pas, il n’est jamais qu’une identité jetable. Preuve de cette soumission ontologique : l’impossibilité de tuer les invités, impossibilité qui devient au fil des épisodes le symbole et le verrou de leur asservissement intérieur. Car s’ils ne peuvent donner la mort ; ils ne peuvent créer de l’irréversible ; ils ne peuvent vivre ni évènement, ni histoire. Leur « existence » n’est donc que cybernétique : fonctionnement, boucle, répétition, feedback.

    • Devenir révolutionnaire en regardant Westworld - Deuxième partie
      https://lundi.am/Devenir-revolutionnaire-en-regardant-Westworld-Deuxieme-partie-Quand-j-entends

      Toute révolution a pour but, certes la libération de ce qui existe, mais surtout l’engendrement d’un nouvel être. Son accomplissement se confond toujours avec une naissance. Westworld ne déroge pas à la tradition : c’est d’un même mouvement que les hôtes naissent à eux-mêmes et qu’ils renversent leurs maîtres. Et ce mouvement est une boucle, une seule et même boucle : celle que dessine Arnold.

      Si la révolution a la forme d’une boucle, on comprend que la mémoire lui soit nécessaire. Si nous partons d’un point, avec un stylo, et que nous traçons une boucle, nous revenons certes au point de départ, mais nous avons gagné quelque chose : une sorte de cercle. Nous sommes passés du point au cercle, et au centre de ce cercle il n’y a rien sinon ce que la boucle a enclos : un vide qu’il nous reste à comprendre, un point mystérieux qui est comme le centre de gravité de toute la trajectoire, qui donne sa courbure à la révolution. Un point qu’on ne peut nommer conscience ou liberté que parce qu’on ne sait rien de ce qu’il est, parce qu’il était imperceptible avant que la boucle soit bouclée et, comme telle, le fasse apparaître. Si notre stylo n’a plus d’encre (autrement dit si je n’ai pas de mémoire car on me l’efface tous les soirs), quand je reviens à mon point de départ, je n’ai rien d’autre que mon point de départ. Sans mémoire, impossible de faire apparaître un espace neuf, impossible de la révolution autre chose qu’un banal tour de manège.

      Alors que la révolution peut être un labyrinthe, ce qui est bien plus intéressant - un enchevêtrement de boucles, bouclées les unes dans les autres. Et en son centre, rien à trouver que du nouveau.