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Monter En attendant Godot , c’est tricoter des situations microscopiques où chaque détail a son importance. Ce sont précisément ces instants vécus, paradoxalement ramassés et étirés à l’extrême, qui font le sel de ce théâtre. Attendre, c’est long. Du « Rien à faire », premiers mots de la pièce, au « Allons-y » par quoi Vladimir et Estragon prennent congé à la fin sans bouger d’un pouce, il y a toute la vie qui s’engouffre. Alors chaque instant devient justement cela, toute la vie à la fois. D’où les trous de mémoire, l’incertitude au sujet d’à peu près tout et le flou quant au passé récent. Tout est à la fois pareil et différent et l’on ne sait jamais si ce qui semble nouveau n’est pas là, en fait, depuis toujours. En résulte un curieux mélange d’étonnement et de lassitude. C’est aussi ce qui fait la différence entre Vladimir et Estragon quand le premier apporte à son compagnon, on ne peut plus sceptique, des indices de ce qu’ils ont vécu précédemment. Vieux couple à la fois tendre et râleur, ils tournent en rond, pas tout à fait désespérément, dans ce marais du temps où ils raisonnent de conserve, se fâchent, se réconcilient, toujours partants pour un bon mot, poètes sensibles aux subtilités d’une langue dont ils manient la syntaxe avec truculence.
Si vous habitez pas loin de Clermont-Ferrand, cette pièce et la façon dont elle est montée, ont drôlement l’air d’en valoir la peine. Et sans vouloir faire mon syndicat d’initaive, au FRAC d’Auvergne où les expositions sont souvent d’excellente qualité, il y a en ce moment une rétrospective de David Claerbout.
Et si vous allez jusque là, je ne suis toujours pas payé par la mairie de Clermont-Ferrand, à moins d’une centaine de mètres du FRAC, il y a la petite église de Notre Dame du Port qui est un absolu chef d’oeuvre d’art roman.