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  • « Défaire les confusions servant l’ordre dominant » Jacques Rancière, Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/031219/jacques-ranciere-defaire-les-confusions-servant-l-ordre-dominant

    Quelles sont les racines de la crise démocratique actuelle ? Comment comprendre la simultanéité des révoltes contemporaines ? Quinze ans après la publication de son ouvrage analysant les contours de la « haine de la démocratie », éléments de réponse avec le philosophe Jacques Rancière.

    Alors que des révoltes s’emparent de plusieurs pays sur tous les continents ; que la France s’apprête à un mouvement social contestant, au-delà de la réforme des retraites, l’accentuation des réformes d’inspiration néolibérale ; et que la politique traditionnelle ne semble guère offrir qu’une fausse alternative entre des « progressismes » et des « autoritarismes » dont le dénominateur commun est leur subordination aux intérêts financiers, le philosophe Jacques Rancière revient pour Mediapart sur ces basculements politiques et intellectuels pour tenter de « défaire les confusions traditionnelles qui servent l’ordre dominant et la paresse de ses prétendus critiques ».

    Quinze ans après la publication de La Haine de la démocratie (La Fabrique), quel tour a pris la mutation idéologique que vous décriviez alors ?

    Jacques Rancière : Les thèmes du discours intellectuel « républicain » que j’avais analysés alors se sont diffusés largement et, en particulier, ils ont alimenté l’aggiornamento de l’extrême droite qui a bien vu l’intérêt qu’il y avait à recycler les arguments racistes traditionnels en défense des idéaux républicains et laïques. Ils ont également servi de justification à un certain nombre de mesures de restriction des libertés comme celles qui proscrivent tel habillement et demandent à chacun d’entre nous de s’offrir à visage nu au regard du pouvoir.
    On peut dire à la fois que ces thèmes ont étendu leur empire et qu’ils ont plus clairement laissé voir leur obédience par rapport aux puissances dominantes. La haine intellectuelle de la #démocratie s’est de plus en plus montrée comme le simple accompagnement idéologique du développement vertigineux des #inégalités en tout genre et de l’accroissement du pouvoir policier sur les individus.

    Le terme de populisme, dans son emploi péjoratif, constitue-t-il le nouveau visage principal de cette haine de la démocratie qui prétend défendre le gouvernement démocratique à condition qu’il entrave la civilisation démocratique ?

    Populisme n’est pas le nom d’une forme politique. C’est le nom d’une interprétation. L’usage de ce mot sert à faire croire que les formes de renforcement et de personnalisation du pouvoir étatique qu’on constate un peu partout dans le monde sont l’expression d’un désir venant du peuple, entendu comme ensemble des classes défavorisées. C’est toujours la même grosse ficelle qui consiste à dire que, si nos États sont de plus en plus autoritaires et nos sociétés de plus en plus inégalitaires, c’est en raison de la pression exercée par les plus #pauvres qui sont bien sûr les plus ignorants et qui, en bons primitifs, veulent des chefs, de l’autorité, de l’exclusion, etc. On fait comme si Trump, Salvini, Bolsonaro, Kaczyński, Orbán et leurs semblables étaient l’émanation d’un petit peuple souffrant et révolté contre les élites. Or ils sont l’expression directe de l’#oligarchie_économique, de la classe politicienne, des forces sociales conservatrices et des institutions autoritaires (armée, #police, Églises).

    Que cette oligarchie s’appuie par ailleurs sur toutes les formes de supériorité que notre société laisse à ceux qu’elle infériorise (des travailleurs sur les #chômeurs, des Blancs sur les basanés, des hommes sur les #femmes, des habitants des provinces profondes sur les esprits légers des métropoles, des gens « normaux » sur les pas normaux, etc.), c’est certain. Mais ce n’est pas une raison pour mettre les choses la tête en bas : les pouvoirs autoritaires, corrompus et criminels qui dominent aujourd’hui le monde, le font d’abord avec l’appui des #nantis et des #notables, pas avec celui des déshérités.

    Que vous inspirent l’inquiétude affichée par beaucoup vis-à-vis de la fragilité des institutions démocratiques existantes et les nombreux ouvrages annonçant la fin ou la mort des démocraties ?

    Je ne lis pas trop la littérature catastrophiste et j’aime assez l’opinion de Spinoza pour qui les prophètes étaient d’autant mieux placés pour prévoir les catastrophes qu’ils en étaient eux-mêmes responsables. Ceux qui nous alertent sur la « fragilité des institutions démocratiques » participent délibérément à la confusion qui affaiblit l’idée démocratique. Nos institutions ne sont pas démocratiques. Elles sont représentatives, donc oligarchiques. La théorie politique classique est claire là-dessus même si nos gouvernants et leurs idéologies se sont employés à tout embrouiller. Les institutions représentatives sont par définition instables. Elles peuvent laisser un certain espace à l’action des forces démocratiques – comme cela a été le cas des régimes parlementaires au temps du #capitalisme_industriel – ou tendre vers un système monarchique. Il est clair que c’est la dernière tendance qui domine aujourd’hui.

    C’est notamment le cas en France où la Cinquième République a été conçue pour mettre les institutions au service d’un individu et où la vie parlementaire est entièrement intégrée à un appareil d’État lui-même entièrement soumis au pouvoir du capitalisme national et international quitte, bien sûr, à susciter le développement des forces électorales qui prétendent être les « vraies » représentantes du « vrai » peuple.

    Parler des menaces pesant sur « nos démocraties » a alors un sens bien déterminé : il s’agit de faire porter à l’idée démocratique la responsabilité de l’instabilité du système représentatif, de dire que si ce système est menacé, c’est parce qu’il est trop démocratique, trop soumis aux instincts incontrôlés de la masse ignorante. Toute cette littérature travaille finalement pour la comédie réglée des seconds tours de présidentielle où la gauche « lucide » se serre autour du candidat de l’oligarchie financière, seul rempart de la démocratie « raisonnable » contre le candidat de la « démocratie illibérale ».

    Les critiques sur les désirs illimités des individus de la société de masse moderne se sont accentuées. Pourquoi ? Comment expliquez-vous qu’on retrouve ces critiques sur tous les bords de l’échiquier politique ? S’agit-il de la même chose chez Marion Maréchal-Le Pen ou chez Jean-Claude Michéa ?

    Il y a un noyau dur invariant qui alimente des versions plus ou moins de droite ou de gauche. Ce noyau dur a d’abord été forgé par les politiciens conservateurs et les idéologues #réactionnaires du XIXe siècle, qui ont lancé l’alerte contre les dangers d’une société où les capacités de consommer et les appétits consommateurs des pauvres se développaient dangereusement et allaient se déverser en torrent dévastateur pour l’ordre social. C’est la grosse astuce du discours réactionnaire : alerter contre les effets d’un phénomène, pour imposer l’idée que ce phénomène existe : que les pauvres, en somme, sont trop riches .

    Ce noyau dur a été récemment ré-élaboré « à gauche » par l’idéologie dite républicaine, forgée par des intellectuels rancuniers à l’égard de cette classe ouvrière en qui ils avaient mis toutes leurs espérances et qui était en train de se dissoudre. Le grand coup de génie a été d’ interpréter la destruction des formes collectives de travail commandée par le capital financier comme l’expression d’un « individualisme démocratique de masse » issu du cœur même de nos sociétés et porté par ceux-là mêmes dont les formes de travail et de vie étaient détruites.
    À partir de là toutes les formes de vie commandées par la domination capitaliste étaient ré-interprétables comme des effets d’un seul et même mal – l’individualisme – auquel on pouvait, selon son humeur, donner deux synonymes : on pouvait l’appeler « démocratie » et partir en guerre contre les ravages de l’égalitarisme ; on pouvait l’appeler « libéralisme » et dénoncer la main du « capital ». Mais on pouvait aussi rendre les deux équivalents et identifier le capitalisme au déchaînement des appétits consommateurs des petites gens.

    C’est l’avantage d’avoir donné le nom de « libéralisme » au capitalisme absolutisé – et, par ailleurs, parfaitement autoritaire – qui nous gouverne : on identifie les effets d’un système de domination avec ceux des formes de vie des individus . On pourra donc, à son gré, s’allier aux forces religieuses les plus réactionnaires pour attribuer l’état de nos sociétés à la liberté des mœurs incarnée par la PMA et le mariage homosexuel ou se réclamer d’un idéal révolutionnaire pur et dur pour faire porter à l’individualisme petit-bourgeois la responsabilité de la destruction des formes d’action collectives et des idéaux ouvriers.

    Que faire face à une situation où la dénonciation d’une façade démocratique dont les lois et les institutions ne sont souvent que les apparences sous lesquelles s’exerce le pouvoir des classes dominantes, et où le désenchantement vis-à-vis de démocraties représentatives ayant rompu avec toute idée d’égalité donne de l’espace à des personnages de type Bolsonaro ou Trump qui accroissent encore les inégalités, les hiérarchies et les autoritarismes ?

    Ce qu’il faut d’abord, c’est défaire les confusions traditionnelles qui servent également l’ordre dominant et la paresse de ses prétendus critiques. Il faut, en particulier, en finir avec cette doxa héritée de Marx qui, sous couleur de dénoncer les apparences de la démocratie « bourgeoise », valide en fait l’identification de la démocratie avec le système représentatif. Il n’y a pas une façade démocratique sous le masque de laquelle s’exercerait la réalité du pouvoir des classes dominantes_[je vois pas comment on peut faire de ce voile-là -attesté, jusqu’à Lordon aujourd’hui- l’entièreté ni même l’essentiel de l’analyse de l’État chez Marx, d’autant plus si on prend au sérieux les fruits les moins blets de cette critique, L’État et la révolution de Lénine ne propose rien d’autre que la destruction de l’État et les operaïstes italiens caractérisent après Marx l’État comme #capitaliste_collectif. La phrase qui suit n’est dans la période qu’une irréfutables évidence qui invite à prendre en compte les contradictions des dominants et de tous les #militants_de_l'économie, ndc]_. Il y a des institutions représentatives qui sont des instruments directs de ce pouvoir.

    Le cas de la Commission de Bruxelles et de sa place dans la « Constitution » européenne aurait dû suffire à éclairer les choses. On a là la définition d’une institution représentative supranationale où la notion de représentation est totalement dissociée de toute idée de suffrage populaire. Le traité ne dit même pas par qui ces représentants doivent être choisis. On sait, bien sûr, que ce sont les États qui les désignent mais aussi qu’ils sont en majorité des anciens ou de futurs représentants des banques d’affaires qui dominent le monde. Et un simple coup d’œil sur le périmètre des sièges de sociétés dont les immeubles entourent les institutions de Bruxelles rend tout à fait inutile la science de ceux qui veulent nous montrer la domination économique dissimulée derrière les institutions représentatives.
    Encore une fois, Trump pourrait difficilement passer pour un représentant des paumés de l’Amérique profonde et Bolsonaro a été immédiatement adoubé par les représentants des milieux financiers. La première tâche est de sortir de la confusion entre démocratie et représentation et de toutes les notions confuses qui en sont dérivées – du genre « démocratie représentative », « populisme », « démocratie illibérale », etc. Les #institutions démocratiques ne sont pas à préserver contre le péril « populiste ». Elles sont à créer ou à recréer. Et il est clair que, dans la situation actuelle, elles ne peuvent l’être que comme des #contre-institutions, autonomes par rapport aux institutions gouvernementales.

    La haine de la démocratie est-elle comparable quand elle prend la forme de la nostalgie dictatoriale d’un Bolsonaro ou l’apparence bon enfant d’un Jean-Claude Junker expliquant qu’il ne peut « y avoir de choix démocratique contre les traités européens » ? Autrement dit, doit-on et peut-on hiérarchiser et distinguer les menaces qui pèsent sur la démocratie, ou bien la différence entre les extrêmes droites autoritaires et les technocrates capitalistes prêts à réprimer violemment leurs peuples n’est-elle que de degré et pas de nature ?

    Il y a toutes les nuances que l’on veut entre ses diverses formes. Elle peut prendre appui sur les forces nostalgiques des dictatures d’hier, de Mussolini ou de Franco à Pinochet ou Geisel. Elle peut même, comme dans certains pays de l’Est, cumuler les traditions des dictatures « communistes » avec celles des hiérarchies ecclésiastiques. Elle peut s’identifier plus simplement aux incontournables nécessités de la rigueur économique, incarnées par les technocrates bruxellois. Mais il y a toujours un noyau commun.
    Juncker n’est pas Pinochet. Mais on s’est rappelé récemment que les puissances « néolibérales » qui gouvernent au Chili le font dans le cadre d’une constitution héritée de Pinochet. La pression exercée par la Commission européenne sur le gouvernement grec n’est pas la même chose que la dictature des colonels. Mais il s’est avéré que le gouvernement « populiste de gauche », spécialement élu en Grèce pour résister à cette pression, a été incapable de le faire.

    En Grèce comme au Chili, comme un peu partout dans le monde, il s’est avéré que la résistance aux oligarchies ne vient plus que de forces #autonomes par rapport au système représentatif et aux partis dits de gauche qui y sont intégrés. Ceux-ci raisonnent de fait dans le cadre de la logique du choix du moindre mal. Ils y subissent débâcle sur débâcle. On serait tenté de s’en réjouir si cette débâcle continue n’avait pas l’effet d’augmenter le pouvoir de l’oligarchie et de rendre plus difficile l’action de ceux qui cherchent vraiment à s’y opposer.

    Comment regardez-vous les embrasements planétaires de cet automne ? Peut-on repérer des causes et des motifs communs dans les différentes révoltes qui se produisent sur plusieurs continents ? Par rapport aux mouvements « des places », qui réclamaient une démocratie réelle, ces révoltes partent davantage de motivations socioéconomiques. Est-ce que cela raconte quelque chose de neuf sur l’état de la planète ?

    La revendication démocratique des manifestants de Hong Kong dément une telle évolution. De toutes façons, il faut sortir de l’opposition traditionnelle entre les motivations socioéconomiques (jugées solides mais mesquines) et les aspirations à la démocratie réelle (jugées plus nobles mais évanescentes) . Il y a un seul et même système de domination qui s’exerce par le pouvoir financier et par le pouvoir étatique. Et les mouvements des places ont précisément tiré leur puissance de l’indistinction entre revendications limitées et affirmation démocratique illimitée . Il est rare qu’un mouvement démarre par une revendication de démocratie. Ils démarrent souvent par une réclamation contre un aspect ou un effet particulier d’un système global de domination (un trucage électoral, le suicide d’une victime de harcèlement policier, une loi sur le travail, une augmentation du prix des transports ou des carburants mais aussi un projet de suppression d’un jardin public).

    Quand la protestation collective se développe dans la rue et dans les lieux occupés, elle devient non pas simplement une revendication de démocratie adressée au pouvoir contesté mais une #affirmation de démocratie effectivement mise en œuvre (democracia real ya). Ce que cela raconte, c’est essentiellement deux choses : premièrement, la politique prend de plus en plus le visage d’un #conflit_de_mondes – un monde régi par la loi inégalitaire contre un monde construit par l’action égalitaire – où la distinction même entre #économie et politique tend à s’évanouir ; deuxièmement, les partis et organisations jadis intéressés à la démocratie et à l’#égalité ont perdu toute initiative et toute capacité d’action sur ce terrain qui n’est plus occupé que par des forces collectives nés de l’événement lui-même. On peut toujours répéter que ça manque d’organisation. Mais qu’est-ce qu’elles font, les fameuses organisations ?

    Une certaine forme de routinisation de l’émeute à l’échelle mondiale dessine-t-elle un contre-mouvement important ?

    Je n’aime pas trop le mot de routinisation. Descendre dans la rue à Téhéran, Hong Kong ou Djakarta ces temps-ci, ça n’a vraiment rien de routinier. On peut seulement dire que les formes de la protestation tendent à se ressembler contre des systèmes gouvernementaux différents mais convergents dans leurs efforts pour assurer les profits des privilégiés au détriment de secteurs de la population toujours davantage paupérisés, méprisés ou réprimés. On peut aussi constater qu’elles ont obtenu, notamment au Chili ou à Hong Kong, des succès dont on ne sait pas le lendemain mais qui montrent qu’on a là tout autre chose que de simples réactions rituelles de désespoir face à un ordre des choses inamovible.

    Il y a quinze ans, la perspective de la catastrophe écologique était moins prégnante. Cette nouvelle question écologique transforme-t-elle la question démocratique au sens où certains expliquent que la sauvegarde de la planète ne pourra pas se faire dans un cadre délibératif ?

    Il y a déjà un certain temps que nos gouvernements fonctionnent avec l’alibi de la crise imminente qui interdit de confier les affaires du monde à ses habitants ordinaires et commande de les laisser au soin des spécialistes de la gestion des crises : c’est-à-dire en fait aux puissances financières et étatiques qui en sont responsables ou complices. Il est clair que la perspective de la catastrophe écologique vient à l’appui de leurs arguments. Mais il est clair aussi que la prétention de nos États à être les seuls capables d’affronter des questions globales est démentie par leur incapacité à prendre, individuellement et collectivement, des décisions à la mesure de cet enjeu. La revendication globaliste sert donc essentiellement à nous dire soit que c’est là une question politique trop compliquée pour nous, soit que c’est une question qui rend l’action politique traditionnelle caduque. Ainsi entendue, la question climatique sert la tendance à absorber la politique dans la #police .

    En face, il y a l’action de celles et ceux qui affirment que, puisque la question concerne chacun[e] d’entre nous, il est aussi au pouvoir de chacun[e] de s’en occuper. C’est ce qu’ont fait les mouvements du type Notre-Dame-des-Landes qui s’emparent d’un cas bien précis pour identifier la poursuite d’un objectif concret déterminé avec l’affirmation d’un pouvoir de n’importe qui. L’annulation d’un projet d’aéroport ne règle évidemment pas la question du réchauffement à l’échelle planétaire. Mais elle montre en tout cas l’impossibilité de séparer les questions écologiques de la question démocratique entendue comme exercice d’un pouvoir égalitaire effectif.

    Dans son dernier livre, Frédéric Lordon se démarque de ce qu’il nomme une « antipolitique » dans laquelle il range notamment une « politique restreinte à des intermittences » que serait en particulier le « repartage du sensible ». Que vous suggère cette critique adressée à certaines de vos manières de définir ce qu’est le politique ?

    Je ne tiens pas à m’engager dans des polémiques personnelles. Je me limiterai donc à souligner quelques points qui ne sont peut-être pas clairs pour tout le monde dans ce que j’ai écrit. Je n’ai pas dit que la politique n’existait que par intermittences. J’ai dit qu’elle n’était pas une donnée constitutive et permanente de la vie des sociétés, parce que la #politique, ce n’est pas seulement le pouvoir, mais l’idée et la pratique d’un pouvoir de n’importe qui . Ce pouvoir spécifique n’existe qu’en supplément et en opposition aux formes normales d’exercice du pouvoir. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe de politique que dans l’extraordinaire de moments de fête collective, qu’il ne faut rien faire entre-temps et qu’il ne faut ni organisation ni institutions. Des organisations et des institutions, il y en a toujours eu et il y en aura toujours.

    La question est de savoir ce qu’elles organisent et ce qu’elles instituent, quelle est la puissance qu’elles mettent en œuvre, celle de l’égalité ou celle de l’inégalité. Les organisations et #institutions_égalitaires sont celles qui développent cette puissance commune à tous qui, de fait, ne se manifeste que rarement à l’état pur. Dans l’état actuel de nos sociétés, il est clair que ce ne peuvent être que des contre-institutions et des organisations autonomes par rapport à un système représentatif qui n’est plus qu’un ressort du pouvoir étatique.

    On peut aisément constater que dans les deux dernières décennies, un peu partout dans le monde, les seules mobilisations contre les avancées du pouvoir financier et du pouvoir étatique ont été le fait de ces mouvements qu’on qualifie de « spontanéistes » bien qu’ils aient témoigné de capacités d’organisation concrète très supérieures à celles des « organisations » de gauche reconnues (n’oublions pas d’ailleurs que beaucoup de celles et ceux qui y ont joué un rôle étaient des militant[e])s déjà formé[e]s par des pratiques de lutte de terrain). Il est vrai que c’est très difficile de maintenir dans la durée cette puissance commune. Cela suppose de créer un autre temps, un temps qui soit fait de projets et d’actions autonomes, qui ne soit plus rythmé par le calendrier de la machine étatique. Mais on ne peut développer que ce qui existe. On ne peut construire dans la durée qu’à partir des actions qui ont effectivement changé, si peu et si brièvement que ce soit, le champ du possible.

  • La France des ronds-points avant les « gilets jaunes », Joseph Confavreux
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/131119/la-france-des-ronds-points-avant-les-gilets-jaunes

    Le sociologue Benoît Coquard, qui travaille sur les milieux ruraux et les classes populaires, publie un livre faisant voler en éclats les idées reçues sur les campagnes en déclin et le prétendu repli de ladite « France périphérique ». Un livre qui éclaire aussi le soulèvement des « gilets jaunes », un an après son déclenchement.

    Dans la lignée du chercheur Nicolas Renahy qui avait consacré une enquête importante à la jeunesse rurale dont il était lui-même issu, avec son ouvrage Les Gars du coin, Benoît Coquard, sociologue à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) s’intéresse à un territoire qui l’a vu naître et qu’il a continué de parcourir après être devenu chercheur, en publiant Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin (La Découverte).

    Cette position singulière explique la précision de son regard sur des espaces au mieux ignorés, au pire méprisés comme « reculés et hors du temps », alors que s’y jouent pourtant certains des « grands bouleversements économiques et sociaux de notre époque ».
    Cela lui permet de s’émanciper des deux représentations dominantes des habitants de ces espaces ruraux en déclin : « Soit un récit misérabiliste du style de vie des prétendus “beaufs racistes” qu’on retrouve plutôt à gauche, soit une ode à ladite “France oubliée”, “périphérique”, qui incarnerait d’une certaine manière le “vrai peuple” à défendre, qu’on retrouve plutôt à droite. » Deux raisons principales à ces stéréotypes pour le chercheur : « Ces classes populaires sont particulièrement dominées (au sens sociologique) » et « elles sont dans tous les sens du terme, très éloignés de ceux qui parlent d’elles ».

    Faisant feu sur les amalgames dont atteste la notion de « France périphérique », mise en avant en particulier par l’essayiste Christophe Guilluy, mais sans pour autant se contenter de documenter les spécificités locales, Benoît Coquard ne cesse de s’étonner du mélange de dédain et d’ignorance qui pèse sur le monde rural. Ainsi, même la divergence croissante entre des milieux ruraux attractifs qui se repeuplent tandis que d’autres se dépeuplent et s’appauvrissent n’est que rarement prise en compte. Pourtant, juge le chercheur, « ne pas admettre cette division minimale, ce serait un peu comme réunir en une même catégorie Neuilly-sur-Seine et Aubervilliers au motif que ce sont deux villes de banlieue parisienne. Un tel amalgame n’aurait aucune chance de convaincre un auditoire et pourtant, lorsqu’il s’agit des villages et de bourgs méconnus, on peut se permettre de loger tout le monde à la même enseigne ».

    Quand le chercheur a commencé ses enquêtes en 2010 dans le Grand Est, on parlait peu de ces régions, que ce soit dans les médias ou dans la recherche. « Depuis, note-t-il, à cause des scores très importants de l’extrême droite et plus récemment du mouvement des gilets jaunes », cela a commencé à changer. Mais l’histoire des espaces ruraux en déclin reste fort peu écrite et les réalités locales sont longtemps restées dans l’ombre, même quand elles sont tragiques : délabrement des centres-bourgs, consommation d’héroïne chez les jeunes, démantèlement du service de santé…

    Benoît Coquard insiste en particulier sur une situation vertigineuse, à savoir un nouvel exode rural d’une ampleur proportionnellement comparable à celui qu’a connu la France après la Seconde Guerre mondiale. Ce mouvement de population est « aussi vaste qu’il est ignoré des débats publics ». Dans les zones du Grand Est, au cœur des enquêtes du chercheur depuis la fin des années 1990, environ un tiers des 18-25 ans partent ainsi « sans jamais revenir par la suite ». Cela entraîne un vaste déclin démographique correspondant au départ des jeunes, proportionnellement « comparable (voire supérieur dans certains cantons) à ce que l’on avait mesuré dans les décennies 1950-1960 dites de l’exode rural ». 

    Cette situation renforce aussi l’homogénéité sociale de « ceux qui restent », puisque le facteur majeur poussant à partir est l’obtention du bac, mais cela creuse aussi les écarts entre les sexes, puisque ce sont d’abord les jeunes femmes, jouant davantage le « jeu scolaire » qui quittent les « coins paumés ».

    Cette homogénéité n’est toutefois pas synonyme de repli sur soi des habitants de cet espace. Tout d’abord, « l’attitude craintive qu’on leur présuppose ne les caractérise pas du tout ». Ensuite, les habitants de ces régions passent énormément de temps ensemble, même si la sociabilité a migré du café vers le foyer et d’une sociabilité professionnelle ou géographique vers la constitution de groupes d’amis. Enfin, ces zones rurales et industrielles ont toujours fait appel aux travailleurs étrangers (italiens, portugais, maghrébins, turcs…) et n’abritent donc pas que des « petits Blancs ». Dans la réalité des campagnes postindustrielles, note ainsi Coquard, « les descendants d’immigrés maghrébins font partie de “ceux qui restent”. En tant qu’enfants d’ouvriers, ils partagent les mêmes préoccupations et conditions d’existence que ceux de leur génération, issus ou non de l’immigration ».
    Il existe certes des conflits exprimés sur un mode ethnique, mais il est important de les resituer dans « le cadre d’un effritement de la solidarité locale » lié à la disparition des emplois et des services publics et de ne pas oublier que « de tels conflits sont aussi monnaie courante entre lesdits petits Blancs », car la « rareté des ressources attise les rivalités concrètes et les jalousies latentes ».

    Une analyse dont le chercheur relève qu’elle est sans doute « moins accrocheuse ou racoleuse que celle du “choc des civilisations” ou du “grand remplacement” ». Mais c’est en étudiant les conflits interindividuels les plus communs, qu’on « mesure que c’est bien pour des raisons économiques vitales, plutôt que pour des différences culturelles, qu’on lutte et se divise aujourd’hui dans les classes populaires rurales. Ce qui a changé, c’est que l’on ne se fréquente plus au hasard des gens du coin. En raison des concurrences exacerbées, les amis sont triés sur le volet ».

    La thèse centrale de Coquard réside dans ce fait qu’en raison des démantèlements successifs des cadres collectifs, « les individus en viennent à recréer des appartenances solidaires » différentes de ce qui existait auparavant, à la fois dans la manière dont elles se forment et dont elles se vivent. « C’est justement parce que l’emploi se raréfie qu’il faut en faire plus dans l’investissement collectif afin d’être recommandé pour un travail, écrit le chercheur. C’est aussi parce que les services publics et différentes commodités disparaissent de ces régions qu’il faut savoir s’entourer et s’entraider au quotidien. »

    « Affinités transclasses »

    Paradoxalement, explique le chercheur, alors que les habitants des campagnes en déclin sont souvent dépeints en termes de repli sur soi et de fermeture au monde, le fait de vivre dans ces espaces implique, au contraire, « de s’engager pleinement dans une quête de reconnaissance ». Le chercheur met ainsi l’accent sur « ces petits collectifs amicaux » qui occupent un rôle central dans l’économie générale de ces zones rurales, en particulier parce que c’est par ce biais que se construisent nombre de trajectoires matrimoniales et professionnelles, dans un contexte où la bonne ou mauvaise réputation est essentielle pour accéder à des ressources devenues rares.

    Benoît Coquard © Carole Lozano
    D’une vie sociale rattachée à une localité, on passe ainsi à un rapport beaucoup plus large à l’espace environnant, où le « ici » en vient à désigner davantage des « cercles d’interconnaissance qu’un lieu précis ». Ce n’est plus la localité qui fait l’appartenance, « mais les cercles d’amis qui regroupent les sociabilités autour d’un lieu comme le club de football ».
    Cette transformation, en profondeur, des logiques d’appartenance devenues plus amicales que territoriales, dans une situation ou « clans et bandes de potes » viennent « pallier l’obsolescence des anciennes structures » n’empêche pas que la « sociabilité de ces campagnes en déclin continue d’être intense et vitale ».

    Le sentiment de ne pouvoir être solidaire que d’un nombre limité de personnes produit toutefois un entre-soi particulier qui reflète l’état fortement concurrentiel du marché du travail dans ces territoires. « C’est dans l’entre soi protecteur et gratifiant du “clan” que peut être ainsi valorisée une conscience collective qui n’est plus assise sur l’appartenance à un “nous” large et fédérateur, mais sur un “déjà, nous”, plus restreint et sélectif qu’auparavant », écrit le chercheur.

    Coquard n’ignore pas « le potentiel de captage » de cette solidarité réelle mais restreinte par « une pensée politique d’extrême droite, au son de “les Français d’abord” », d’autant qu’il enquête dans des zones électorales parmi les plus portées vers l’extrême droite et dans des lieux et milieux où il est plus facile de se déclarer en faveur de Le Pen que de la gauche, associée à l’assistanat et à la fainéantise.

    Mais le choix d’une ethnographie, qui se mêle aux petits groupes structurant les campagnes délaissées d’aujourd’hui plutôt que de tendre périodiquement un micro à des populations ignorées hors des échéances électorales, permet au chercheur de repérer, derrière des discours politiques très marqués par les cadres de l’extrême droite, des « solidarités entre amis d’origine ethnique différente ».

    En outre, Benoît Coquard relève la façon dont des personnes qui pouvaient se dire « 100 % Le Pen » peuvent, pour beaucoup d’entre elles, évoluer vers d’autres propos, en particulier durant la mobilisation des gilets jaunes. Bien qu’une partie importante des populations sur lesquelles il enquête ont été, de longue date, « séduites par l’extrême droite, ce ne sont pas les questions identitaires ou migratoires qui les ont mobilisées et leur ont permis de rester soudés dans le froid de l’hiver », observe ainsi le sociologue qui paraît avoir écrit un livre sur les gilets jaunes avant qu’ils apparaissent comme tels. Son étude éclaire en effet rétrospectivement cette mobilisation si singulière.

    Ces moments d’effervescence collective ont en effet permis de « révéler une histoire et des rapports sociaux banalisés et donc invisibilisés au quotidien ». Pour l’auteur, les gilets jaunes sont « bien “ceux qui restent” ou plus exactement ceux qui veulent rester faire leur vie dans les campagnes en déclin, contre le cours des choses et souvent dans une nostalgie d’une époque moins morose ».

    Les occupants des ronds-points sont ainsi ravis de « (re)faire groupe dans un contexte où, beaucoup le concèdent, “on ne voit plus personne” depuis que la vie quotidienne s’est dispersée sur un large périmètre » dans un contexte où l’augmentation tendancielle des déplacements en voiture correspond à la délocalisation et à l’éclatement des entreprises, des services publics et des lieux de vie en commun.

    Sur les ronds-points, comme dans ces campagnes en déclin, se sont aussi tissé ce qu’il nomme des « affinités transclasses », avec la présence, aux côtés des retraités, des femmes, des précaires et des chômeurs qui fournissent le gros des troupes, de quelques artisans et petits patrons locaux. Ces derniers possèdent en effet « un style de vie et des visions du monde proches de celles de personnes, certes moins dotées en capital économique, mais qui travaillent dans les mêmes secteurs, mettent en avant les habiletés manuelles, partagent les mêmes loisirs », notamment la chasse, le football ou le motocross. Même si, poursuit le chercheur, « sur le papier, ils n’appartiennent pas à la même classe sociale, dans ce mouvement comme dans la vie de tous les jours, ceux qui sont proches dans l’espace social se ressemblent, qu’ils soient salariés ou non ».

    Dans ces espaces qui ne sont vides politiquement et socialement qu’aux yeux de celles et ceux qui ne savent pas les regarder, les gilets jaunes « en partant de la question des taxes et de la critique du jeu politique, sans attaquer le patronat, ont pu séduire une base bien plus large que celle des salariés politisés autour d’une vision conflictuelle des rapports d’exploitation ».

    D’autant que certains habitants de ces territoires ont aussi pu trouver, avec cette mobilisation, l’appartenance à un collectif déterminant pour encaisser les difficultés quotidiennes. « Pour les gilets jaunes comme pour une grande partie des jeunes ruraux rencontrés, c’est par cet investissement dans le collectif que l’on en vient à être connu et reconnu, alors même que l’on appartient à des classes sociales objectivement dominées », écrit Benoît Coquard, au terme de cette étude rigoureuse, qui ne lui permettra cependant pas de prendre la place de Christophe Guilluy dans des médias mainstream considérant toujours la « France périphérique » depuis des studios où celle-ci doit demeurer lointaine pour illustrer des analyses simplistes…

    #livre

  • Mark Lilla et Gérard Noiriel dans la tête des réactionnaires
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/290919/mark-lilla-et-gerard-noiriel-dans-la-tete-des-reactionnaires

    Mark Lilla, enseignant à l’Université de Columbia, consacre un livre à « l’esprit de réaction ». L’historien Gérard Noiriel s’intéresse, lui, à la « part sombre de la République », à travers le parcours croisé des réactionnaires Édouard Drumont et Éric Zemmour. Deux ouvrages instructifs mais parfois problématiques.

    #ESSAIS #réactionnaires,_Gérard_Noiriel,_Franz_Rosenzweig,_Edouard_Drumont,_Eric_Voegelin,_identitaire,_Mark_Lilla,_neo-reactionnaires,_Eric_Zemmour,_Leo_Strauss

  • Hélène Gaudy réveille la mémoire des explorateurs disparus
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/260919/helene-gaudy-reveille-la-memoire-des-explorateurs-disparus-en-attendant-na

    "Un monde sans rivage, "roman documentaire, ou documentaire en roman, est une enquête détournée sur la mission des savants suédois Andrée, Fraenkel et Strindberg au pôle Nord en 1897. Hélène Gaudy met en scène l’engloutissement, la remontée et la disparition des traces de l’histoire.

    #La_rentrée_littéraire_de_septembre_2019 #Hélène_Gaudy,_roman,_En_attendant_Nadeau

  • « Un roman n’est pas un marteau » : Valeria Luiselli
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/250919/un-roman-n-est-pas-un-marteau-valeria-luiselli

    Comment écrire un roman quand le réel brûle ? Valeria Luiselli fabrique des histoires comme des contre-feux. « Archives des enfants perdus » ou la véritable littérature engagée de cette rentrée 2019.

    #La_rentrée_littéraire_de_septembre_2019 #Amérindiens,_immigration,_Mexique,_Etats-Unis,_Rentrée_littéraire_2019

  • Un nouveau conte allemand
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/210919/un-nouveau-conte-allemand

    Ingo Schulze, né en République démocratique allemande, avait vingt-huit ans lors de la chute du Mur, comme le héros de son roman. Il y a plus de dix ans, Schulze apportait déjà avec « Vies nouvelles » une contribution essentielle à l’abondante littérature consacrée à la réunification. Il recommence aujourd’hui avec « Autoportrait d’une vie heureuse », un long récit picaresque qui entraîne le héros de la RDA d’Erich Honecker à l’Allemagne de Gerhard Schröder.

    #LITTÉRATURE #réunification,_En_attendant_Nadeau,_Rentrée_littéraire_2019,_RDA,_littérature_allemande,_Ingo_Schulze

  • L’hôtel des Invalides, cœur battant des crimes de guerre français
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/210919/l-hotel-des-invalides-coeur-battant-des-crimes-de-guerre-francais

    Pour les Journées du patrimoine, le grand salon de l’hôtel des Invalides s’ouvre au public. Zoom sur une toile qui orne le lieu : le maréchal Randon, « pacificateur » de la Kabylie en 1857, peint par Horace Vernet. Un massacreur en majesté.

    #Parti_pris #Jacques_Louis_Randon,_Hôtel_des_Invalides,_Journées_du_Patrimoine,_Horace_Vernet

  • Un film monstrueux de 1924 renaît de ses cendres : « La Galerie des monstres »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/160919/un-film-monstrueux-de-1924-renait-de-ses-cendres-la-galerie-des-monstres

    « La Galerie des monstres », film réalisé et interprété en 1924 par Jaque Catelain sous le patronage de Marcel L’Herbier, réserve des surprises toutes plus saisissantes les unes que les autres. Compte-rendu d’une projection unique.

    #CINÉMA #Jacques_Catelain,_Marcel_Lherbier,_La_Galerie_des_monstres,_Serge_Bromberg

  • #Internet : face à « l’#utopie déchue », « débrancher les machines »

    Dans L’Utopie déchue. Une #contre-histoire d’Internet, le sociologue et hacktiviste #Félix_Tréguer tire les conséquences de l’#échec des mouvements nés des contre-cultures numériques et propose de renouveler la #technocritique. « Ce qu’il nous faut d’abord et avant tout, c’est débrancher la machine. »


    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/140919/internet-face-l-utopie-dechue-debrancher-les-machines?onglet=full
    #livre #contre-culture #histoire
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  • Internet : face à « l’utopie déchue », « débrancher les machines »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/140919/internet-face-l-utopie-dechue-debrancher-les-machines

    Dans "L’Utopie déchue. Une contre-histoire d’Internet", le sociologue et hacktiviste Félix Tréguer tire les conséquences de l’échec des mouvements nés des contre-cultures numériques et propose de renouveler la technocritique. « Ce qu’il nous faut d’abord et avant tout, c’est débrancher la machine », affirme-t-il.

    #LIBERTÉS_PUBLIQUES #société_de_contrôle,_informatique,_vie_privée,_Internet,_Numérique,_Surveillance

  • György Konrád : « La censure peut même se lire sur les visages »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/140919/gyoergy-konrad-la-censure-peut-meme-se-lire-sur-les-visages

    Alors que l’on vient d’apprendre le décès de l’écrivain hongrois György Konrád, grande figure de la dissidence, longtemps interdit de publication officielle dans son pays, Mediapart republie un entretien réalisé en mai 2015 à Budapest avec lui et avec son fils, l’historien Miklós Konrád.

    #EUROPE #Slovaquie,_Miklós_Konrád,_europe,_République_tchèque,_Visegrad,_Pologne,_György_Konrád,_Hongrie,_Viktor_Orban

  • Autobiographie d’un auteur réduit à ses données
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/140919/autobiographie-d-un-auteur-reduit-ses-donnees

    Le nouveau livre de Charly Delwart est assurément l’un des plus originaux du moment. Au-delà du jeu ludique, sa « Databiographie » invente une manière de se raconter inédite. En se libérant de lui, l’auteur déplace et reconfigure les enjeux mêmes de l’autobiographie.

    #La_rentrée_littéraire_de_septembre_2019 #En_attendant_Nadeau,_roman,_Charly_Delwart

  • « Capital et idéologie » de Thomas Piketty : la propriété, c’est le mal
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110919/capital-et-ideologie-de-thomas-piketty-la-propriete-c-est-le-mal

    Du haut des 1 200 pages de son dernier ouvrage, Piketty fracasse le débat public et politique, en explorant des voies pour, concrètement, « dépasser le capitalisme ». Mais comment mettre en œuvre ces propositions radicales visant à redéfinir la notion même de propriété ? Et suffiraient-elles à détruire les piliers de l’hyper-capitalisme contemporain ?

    #ESSAIS #inégalités,_Propriété,_Thomas_Piketty,_Marx,_patrimoine,_idéologie,_Capital,_impôt,_Capitalisme,_A_la_Une

  • Piketty, l’économiste qui murmure à l’oreille de la gauche
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110919/piketty-l-economiste-qui-murmure-l-oreille-de-la-gauche

    Formé au sein des courants dominants de la science économique internationale, Thomas Piketty en appelle aujourd’hui au dépassement du capitalisme. À gauche, on reconnaît à ce modéré le mérite de « briser le tabou » de la propriété, tout en regrettant parfois un imaginaire social-démocrate « daté ».

    #POLITIQUE #Thomas_Piketty,_Capital,_Guillaume_Balas,_David_Coronad,_science_économique,_inégalités,_Frédéric_Boccara,_A_la_Une

  • « Capital et idéologie » de Thomas Piketty : la propriété, c’est le mal
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110919/capital-et-ideologie-de-thomas-piketty-la-propriete-cest-le-mal

    Du haut des 1 200 pages de son dernier ouvrage, Piketty fracasse le débat public et politique, en explorant des voies pour, concrètement, « dépasser le capitalisme ». Mais comment mettre en oeuvre ces propositions radicales visant à redéfinir la notion même de propriété ? Et suffiraient-elles à détruire les piliers de l’hyper-capitalisme contemporain ?

    #ESSAIS #Propriété,_patrimoine,_Thomas_Piketty,_impôt,_idéologie,_Capitalisme,_Marx,_Capital,_inégalités

  • Prendre une « année de repos et de détente » avec Ottessa Moshfegh
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110919/prendre-une-annee-de-repos-et-de-detente-avec-ottessa-moshfegh

    Ottessa Moshfegh est une écrivaine à la réputation sulfureuse aux États-Unis et son nouveau roman, « Mon année de repos et de détente », n’est pas près d’arranger son cas. Tant mieux pour nous, car ce drôle de récit aux allures punk est aussi un très beau livre de deuil, qui bute sur le 11-Septembre.

    #La_rentrée_littéraire_de_septembre_2019 #11_Septembre,_Rentrée_littéraire_2019,_littérature_américaine,_Ottessa_Moshfegh

  • Relaxation extrême : « Mon année de repos et de détente »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110919/relaxation-extreme-mon-annee-de-repos-et-de-detente

    Ottessa Moshfegh est une écrivaine à la réputation sulfureuse aux États-Unis et son nouveau roman, « Mon année de repos et de détente », n’est pas près d’arranger son cas. Tant mieux pour nous, car ce drôle de récit aux allures punk est aussi un très beau livre de deuil, qui bute sur le 11-Septembre.

    #La_rentrée_littéraire_de_septembre_2019 #Rentrée_littéraire_2019,_Ottessa_Moshfegh,_littérature_américaine,_11_Septembre

  • Les « mauvaises filles » de l’après-guerre, symboles d’une justice genrée | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/060919/les-mauvaises-filles-de-l-apres-guerre-symboles-d-une-justice-genree?ongle

    Qui sont les « mauvaises filles » de l’après-guerre, placées ou enfermées par les juges des enfants ? Que nous disent-elles des normes sociales qui pèsent encore aujourd’hui sur les femmes ? Entretien avec l’historienne Véronique Blanchard, qui fait entendre la voix de ces adolescentes dans un livre sorti cette semaine.


    #sexisme #injustice #catholicisme #domination_masculine #déni

  • Les « mauvaises filles » de l’après-guerre, symboles d’une justice genrée
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/060919/les-mauvaises-filles-de-l-apres-guerre-symboles-d-une-justice-genree

    Qui sont les « mauvaises filles » de l’après-guerre, placées ou enfermées par les juges des enfants ? Que nous disent-elles des normes sociales qui pèsent encore aujourd’hui sur les femmes ? Entretien avec l’historienne Véronique Blanchard, qui fait entendre la voix de ces adolescentes dans un livre sorti cette semaine.

    #GENRE #juge_des_enfants,_Littérature,_violence_féminine,_justice_des_enfants

  • Dans son dernier roman, Siri Hustvedt accuse Marcel Duchamp de vol
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/040919/dans-son-dernier-roman-siri-hustvedt-accuse-marcel-duchamp-de-vol

    Dans « Souvenirs de l’avenir », qui paraît cette semaine, Siri Hustvedt accuse Marcel Duchamp d’avoir volé son célèbre ready-made en forme d’urinoir à une baronne allemande. Cette pseudo-révélation a tous les airs d’une théorie fumeuse : elle mérite une enquête, car même un roman doit se soucier de la vérité.

    #La_rentrée_littéraire_de_septembre_2019 #Marcel_Duchamp,_Agnès_Thurnauer,_Fontaine,_Elsa_von_Freytag-Loringhoven,_siri_hustvedt,_Rentrée_littéraire_2019,_littérature_américaine