• Que pense #Podemos ? (2/4) ~ Revue Ballast
    http://www.revue-ballast.fr/que-pense-podemos-24

    Les commentateurs officiels peinent encore à définir Podemos, que l’on dit pourtant aux portes du pouvoir. Cet objet politique non identifié bouscule les petites cases de la clique médiatique : populistes, eurosceptiques, alter-mondialistes ? Et chacun d’y aller de son étiquette ou d’agiter le traditionnel chiffon rouge : communistes, marxistes-léninistes, chavistes, bolivariens, castristes, etc. Que pensent, au fond, ses fondateurs ? Quels sont leurs stratégies, leurs références, leurs leviers théoriques ? Qui est à la barre de ce mouvement qui ne cesse d’appeler à couper la société en deux : non plus entre la gauche et la droite, mais entre le peuple et les puissants. Nous les avons lus, et écoutés, en langue espagnole. Itinéraire d’un mouvement qui perturbe échiquiers et agendas politiques.

    #stratégie #politique #Espagne

    • Il questionne la stratégie classique de la gauche critique : se revendiquer d’une information alternative ou d’une contre-information reviendrait, selon lui, à se placer d’emblée comme minoritaire ou marginal.

      Ses initiateurs établissent que les discours de haine sociale des médias audiovisuels ont besoin d’un ensemble de conditions d’énonciation pour avoir un effet sur la pensée et le comportement des gens. Ils respectent un certains nombre de rites et de pratiques qui légitiment leur parole. Ainsi, les messages libéraux n’ont pas une efficacité supérieure à ceux des contestataires du fait de leur parfaite logique, mais parce qu’ils s’inscrivent dans une machinerie discursive bien huilée. Pour en donner un exemple simple, si le message « le privé est plus efficace que le public » est énoncé sur un plateau de télé d’une grande chaîne, à une heure à forte audience, juste après un magnéto sur un service public déficient, par un homme âgé, diplômé, en costard-cravate, avec une intonation assurée et qui reçoit l’assentiment des autres invités, il aura une dimension performative immensément supérieure aux envolées anticapitalistes d’un salarié dans un mégaphone, à la fin d’une manifestation.

    • Vraiment intéressant.

      Pablo Iglesias décèle une caractéristique commune à la droite conservatrice et aux militants et intellectuels critiques : ils partagent une forme d’élitisme face à ces nouveaux espaces de bataille idéologique, qui seraient illégitimes, propices au fast-thinking, à la « pensée-minute » (Gilles Deleuze), aux « penseurs pour caméras » (Pierre Bourdieu). Les formes de création de consciences politiques contre l’ordre dominant seraient incompatibles avec ces outils d’abrutissement généralisé, devant lesquels l’intelligence ne pourrait s’abaisser sans perdre la profondeur de l’analyse révolutionnaire.

      Ça me rappelle aussi certaines des critiques qui ont été formulées contre #Alternatiba

      En méconnaissant le fait que « les gens, les travailleurs préfèrent l’ennemi, ils le croient, ils comprennent ce qu’il dit », la critique se rendrait autant inaudible qu’impuissante. Puisque l’ennemi agrège des forces et obtient le consentement par un discours attractif, qui touche, séduit et se présente comme la norme, il est nécessaire de lui disputer cette hégémonie sur son terrain. À ses détracteurs, il répond : « Nous ne définissons pas les conditions de la bataille. »

      C’est vrai je trouve, et c’est rare de l’entendre.