• Caliban et la sorcière ou l’Histoire au bûcher (une brochure de Yann Kindo et Christophe Darmangeat)
    http://www.collectif-smolny.org/IMG/pdf/BrochureCaliban.pdf

    Depuis sa parution mi-décembre, notre texte a semble-t-il suscité peu de réactions polémiques. La plus fréquente, parmi les avocats de Federici, a consisté à expliquer en substance, et de manière assez étrange, que « le livre comporte certes de nombreuses erreurs, mais il n’en reste pas moins fondamental ». Comprenne qui pourra. Les seules tentatives de réfutation de notre analyse dont nous ayons eu connaissance ont été initiées par une essayiste relativement célèbre (https://seenthis.net/messages/659472), et illustrent hélas les ressorts du succès de Caliban... Chacun pourra juger de l’honnêteté de la lecture de notre texte ainsi que du registre d’un argumentaire situé le plus souvent, dans tous les sens du terme, au-dessous de la ceinture.
    On notera, entre autres, que le premier point de notre critique – le décuplement, sorti du chapeau pointu federicien, du nombre des victimes de la chasse aux sorcières, qui conditionne largement la « démonstration » – n’éveille pas le moindre intérêt chez ses laudatrices qui, à la dure réalité des faits, préfèrent manifestement les procès... en sorcellerie.


    Avant-propos :

    L’analyse critique de l’ouvrage de Sylvia Federici, Caliban et la sorcière, démontre le peu de sérieux avec lequel cette dernière traite d’une question pourtant importante : pourquoi la dernière phase (du XVIe au XVIIIe siècle) de la transition pluriséculaire du féodalisme au capitalisme s’est-elle accompagnée en Europe occidentale d’une dégradation de la situation des femmes, du haut en bas de l’échelle sociale ? Au fil de leur critique, Yann Kindo et Christophe Darmangeat mentionnent deux éléments de réponse importants, d’ailleurs en bonne partie liés entre eux : d’une part la (ré)introduction, au cours du Moyen Âge, du droit romain et, à travers lui, celui de la conception romaine de la propriété privée, à la fois pleine (impliquant à la fois l’usus, le fructus et l’abusus) et libre (transmissible et aliénable) ; et, d’autre part, le triomphe de la famille nucléaire sur les autres structures familiales (famille patriarcale et famille-souche), tous deux éléments et conditions de la formation des rapports capitalistes de production, valant à la femme un statut de mineur juridique l’excluant (en bonne part) de la transmission des biens et la plaçant sous la tutelle de mari après celle de son père.
    Quant à faire de cette dégradation un des moteurs principaux de la phase finale de la transformation du féodalisme en capitalisme, c’est omettre des aspects aussi importants de cette dernière que les effets de l’expansion commerciale et coloniale de l’Europe occidentale en direction des Amériques, de l’Afrique et de l’Asie sur sa dynamique protocapitaliste ; les prodromes de la « révolution agricole » et ceux de la révolution industrielle dans ses campagnes ; le processus d’élargissement et de concentration des marchés ; les politiques mercantilistes mises en œuvre par des États en guerre quasi permanente ; la transformation d’une structures d’ordres en une structure de classes ; les premières révolutions bourgeoises (dans les Provinces-Unies et l’Angleterre) ; les incidences de ces révolutions culturelles que furent la Renaissance, la Réforme, les Lumières ; etc.
    Alain Bihr, février 2018

    Complément : Un débat ensorcelant http://cdarmangeat.blogspot.com/2018/10/un-debat-ensorcelant.html

  • « Mémoires et Écrits » de #Nestor_Makhno


    En ces temps d’instabilité, le capitalisme, s’appuyant sur le nationalisme et le patriotisme, a montré sa sauvagerie avec ses guerres, ses infamies, ses actes ignobles et sa logique de monopolisation des richesses. La finance et les grands groupes industriels sont prêts à dévaster la terre entière au nom de la croissance. La place de l’Homme s’efface derrière consommation, coffre-forts, taux de rendements et de chômage, PIB, etc. L’avenir des générations futures et notre milieu naturel sont en péril.

    Pourtant, d’autres idées de vie en société existent, avec d’autres manières de vivre ensemble, sans concurrence, division, compétition ou écrasement du voisin. Il faut réfléchir et agir pour le bien commun, avec un système fondé sur l’entraide, la solidarité, la liberté. C’est pour tenter de bâtir un monde fondé sur ces valeurs que des anarchistes révolutionnaires ont sacrifié leur vie. Le mouvement des paysans et ouvriers dans l’Ukraine de 1917 en est un exemple. Nestor Makhno les décrit dans son ouvrage « Mémoires et écrits ».

    Il ne l’a pas fait pour rendre un hommage à octobre 1917 qui s’est hélas soldé par le pouvoir exclusif des bolcheviks, l’avènement de leur dictature contre le prolétariat et l’édification de toutes les structures nécessaires visant à renforcer le pouvoir d’un seul homme ; lequel deviendra par la suite un dictateur sanguinaire. Staline, avec son lot de massacres, a marqué l’histoire. Lénine et Trotsky (et d’autres bolcheviks) se sont ainsi détournés de la révolution et de tous ceux qui aspiraient cette société nouvelle. Reprenons ici une phrase lue on ne sait où : « Les staliniens sont des léninistes qui ont tous réussi, les trotskystes sont des staliniens qui ont tous échoué ».

    Dans ses mémoires, Makhno décrit sa vie, son engagement pour la révolution russe et ukrainienne, la place qu’il y occupa en tant que révolutionnaire, dans une période où le système tsariste avait été laminé par la révolution et où la classe laborieuse avait pris conscience de sa force, un processus pour un changement radical était en cours.

    Tout commença, pour lui, par une enfance difficile. Fils de paysan pauvre et orphelin de père, il connaît le servage qui soi-disant a été aboli mais qui, en fait, a pris une autre forme. Ce faisant, il vit l’injustice au quotidien. Une histoire de son enfance lui fit prendre conscience que, face à l’injustice, la crier ou la dénoncer pouvait déjà être une étape pour un changement. Ainsi, alors qu’un autre fils de paysan subissait des harcèlements de la part de la progéniture bourgeoise du propriétaire d’un koulag, les cris de Nestor alertèrent les ouvriers agricoles, ces esclaves modernes, qui laissèrent tous éclater leur colère face à de tels actes et le bourgeois propriétaire n’eut d’autre choix que de mettre au pas sa descendance insolente et mal éduquée. Ce fut un premier combat collectif victorieux car, à partir de ce jour-là, cet autre enfant ne fut plus humilié bien que toujours exploité.

    Adolescent, les événements de 1905 le font s’intéresser à la politique et il rejoint les anarcho-communistes. Son activité militante le fera passer par la case prison. Il approfondira ses connaissances et ses idées, il fera régulièrement des séjours au cachot, ses tentatives d’évasion ne seront que des échecs. En février 1917, les révolutionnaires le sortent de prison avec tous les autres prisonniers. Tout s’accélère, et de retour à Gouliaï-Polié, sa ville natale, il voit sa vie s’imprégner d’une intense histoire collective dans un monde en pleine ébullition. Il développe et pratique l’anarchisme dans les comités révolutionnaires, dans les unions de paysans, dans les soviets locaux, dans les assemblées, dans les meetings, dans les réunions des groupes anarcho-communistes, dans les échanges entre ouvriers et paysans, et avec toute cette population laborieuse qui s’organise en une société nouvelle qui se construit jour après jour. La parole, comme l’action commune, se libère et les chaînes se brisent. C’est avec entrain et espoir que Nestor le raconte. #A peine libéré, le gouvernement russe provisoire de Kérensky tente de museler les élans de solidarité et de prendre en main le destin de tous. Les socialistes révolutionnaires ont du pain sur la planche pour garder le pouvoir, et les critiques à leur égard fusent.

    L’histoire de Makhno, très entouré et bien occupé, continue et son parcours en croise d’autres qui nous sont totalement inconnus : des noms, des moments intenses, qui ne sont pas cités dans les livres d’histoire. Comme cet exemple dans lequel les paysans, suite à une décision collective, prennent des chariots, des fusils, des fourches ou des bâtons, et, chemin faisant, les bourgeois propriétaires prennent la clé des champs pendant que eux collectivisent les terres et adieu, ou plutôt au revoir, les bourgeois – et tout cela, la plupart du temps, sans effusion de sang, même si, parfois, bien sûr, des propriétaires récalcitrants s’opposent à la liberté des ouvriers et des paysans.

    Dans cette vie trépidante, vient le temps des critiques et des méfiances envers le parti bolchevique. Dès la chute de Kérensky, d’autres s’avancent pour prendre la place, et c’est là que « l’astucieux lénine », comme Makhno le nomme, fait son entrée en scène. Son mot d’ordre « Tout le pouvoir aux Soviets », déjà dans le cœur de la révolution, fait écho, mais dans les faits ça sera plutôt « Tout le pouvoir au parti bolchevique ». Si, partout en Russie, la sauce bolchevique a la cote ; en Ukraine, et notamment chez les paysans, elle aura un goût amer. Pendant ce temps, en Ukraine, les expériences d’autonomie font leurs preuves. Makhno confirme que la voie et la façon d’agir du groupe anarcho-communiste, qui est aux côtés de la classe laborieuse, est la bonne solution.

    « Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs et cherchez-y la vérité. Créez la vous-mêmes ! Vous ne la trouverez nulle part ailleurs ».

    En 1918, Nestor nous fait partager son désarroi quand Gouliaï-Polié tombe aux mains des Autrichiens et des Allemands. Mais son retour, il le prépare. Patience. Les départs vers le front, pour beaucoup de révolutionnaires ukrainiens, étaient probablement une des causes. L’entrée de traîtres au sein des comités révolutionnaires, et autres outils de l’organisation collective comme les Soviets, en sont la vraie raison. Avec d’autres révolutionnaires, Nestor se fixe une date de retour, mais sa destination à ce moment sera celle d’autres villes russes, afin d’observer et d’analyser où en sont les forces révolutionnaires et la contre-révolution, Moscou, Pétrograd et Kronstadt. Il nous fait part de son écœurement à propos de certains groupes anarchistes ayant rejoint les rangs des bolcheviks.

    Nestor continue a nous faire vivre ces événements et il nous raconte toutes ces rencontres constructives, ou pas, nous faisant rire ou bien pleurer. Si des anarchistes paraissent être sur la « bonne » voie, certains sont vraiment sur le bas-côté et regardent passer le train sans même chercher à s’accrocher au wagon, mais d’autres, plus lucides, sont bien présents. Pour leur action et leur dévouement à la révolution sociale, pour leur soif de liberté mais aussi pour leur courage, Nestor nous amène à avoir de la compassion pour ces hommes et ces femmes qui ne cherchent ni le pouvoir, ni la gloire, et sont prêts à prendre les armes pour s’opposer à la contre-révolution grandissante venant de partout. Ensuite, tous ceux qui s’opposeront à la direction du parti bolchévique seront déclarés contre-révolutionnaires. Les arrestations, les fusillades, les nombreuses disparitions d’anarchistes et la suppression de toute propagande anarchiste deviendront monnaie courante.

    Au fur et à mesure de la lecture, nous avons la sensation de l’accompagner dans sa quête, mais aussi dans ses émotions qu’il nous fait partager, dans ses espoirs, ses craintes, ses envies de vengeance après tant de traîtrises. Le traité de Brest-Litovsk, signé par les bolcheviks, donne l’Ukraine aux Allemands. C’est un mélange de guerre, de révolution et de contre-révolution. C’est entre la joie, la liberté, la tristesse et la souffrance. Il arrive à Moscou, la ville où se déroule, comme le narrateur l’appelle, « la révolution de papier ». Il y fait des rencontres ; celle avec Kropotkine – enrichissante – et celle avec Lénine – inutile. Ensuite, viendra l’heure de son retour, et de la Makhnovchtchina, et de tout ce que les paysans et ouvriers d’Ukraine ont mis en œuvre malgré d’énormes difficultés. Mais ceci sera raconté prochainement dans un autre article. D’ailleurs, pour en savoir plus sur l’Ukraine de 1918 à 1921, Voline, dans son livre « la révolution inconnue », dédie un chapitre à ce mouvement et conseille la lecture des livres de Piotr Archinov qui a croisé le chemin de Nestor Makhno à maintes reprises.

    Citons un texte de La Voie vers la Liberté, organe de la Makhnovchtchina :

    « La Makhnovchtchina n’est pas l’anarchisme. L’armée makhnoviste n’est pas une armée anarchiste, elle n’est pas formée par des anarchistes. L’idéal anarchiste de bonheur et d’égalité générale ne peut être atteint à travers l’effort d’une armée, quelle qu’elle soit, même si elle était formée exclusivement par des anarchistes. L’armée révolutionnaire, dans le meilleur des cas, pourrait servir à la destruction du vieux régime abhorré ; pour le travail constructif, l’édification et la création, n’importe quelle armée, qui, logiquement, ne peut s’appuyer que sur la force et le commandement, serait complètement impuissante et même néfaste. Pour que la société anarchiste devienne possible, il est nécessaire que les ouvriers eux-mêmes dans les usines et les entreprises, les paysans eux-mêmes, dans leurs pays et leurs villages, se mettent à la construction de la société anti-autoritaire, n’attendant de nulle part des décrets-lois. Ni les armées anarchistes, ni les héros isolés, ni les groupes, ni la Confédération anarchiste ne créeront une vie libre pour les ouvriers et les paysans. Seuls les travailleurs eux-mêmes, par des efforts conscients, pourront construire leur bien-être, sans État ni seigneurs. »

    @Anarchosyndicalisme ! n°158 / Mars - Avril 2018
    http://cntaittoulouse.lautre.netb

  • [SMOLNY...] #Jean-Pierre_GARNIER & #Louis_JANOVER : La Deuxième Droite
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1746

    « Le bilan de liquidation du socialisme par ceux-là mêmes qui s’en réclamaient est globalement positif : restauration du taux de profit, réhabilitation de l’entreprise, épousailles de la « France qui pense » et de la « France qui gagne »... de l’argent, fin du divorce Nation-Police-Armée, neutralisation des syndicats, marginalisation du PC, vassalisation de l’intelligentsia, consensus autour du nucléaire, consolidation de la présence française en Afrique... Est-ce à dire que tout clivage, toute opposition politique a disparu dans ce pays ? Aucunement. La ligne de partage passe désormais entre deux types de conservatisme, l’un obtus, l’autre éclairé, l’un frileux, l’autre fringant, l’un tourné vers le passé, l’autre ouvert vers l’avenir. Bref : l’un réactionnaire, l’autre progressiste. Le jeu politique met désormais aux prises deux droites. La première, traditionnelle, cherche à tout garder au risque de tout perdre. L’autre, moderniste, fait en sorte que tout bouge pour que rien ne change. »

    Le retour au pouvoir du PS avec François Hollande donne à cette analyse contemporaine du premier septennat de François Mitterrand une nouvelle actualité et une double fonction, celle d’un exercice de mémoire et d’une mise en garde pour l’avenir. En requalifiant le #parti_socialiste de « deuxième droite », ce livre montre comment, dès le milieu des années 1980, les socialistes ont accompli leur destin de parti réformateur en même temps que le programme de la première droite : adapter la société française au nouveau stade du #capitalisme.

  • Une édition rassemblant le chapitre des Histoires florentines de Machiavel consacré à la révolte des ouvriers de la laine (Ciompi) à Florence, en 1378, et le texte de la philosophe Simone Weil sur le sujet (qui voit dans ce soulèvement populaire « l’aîn [é] des insurrections prolétariennes » ), vient de paraître. Excellente initiative, qui fournit l’occasion de (re)découvrir cet événement majeur dans l’histoire de la cité toscane, et qui hante encore les esprits. On peut facilement trouver les deux textes sur le Net.

    La Révolte des Ciompi - Un soulèvement prolétarien à Florence au XIVe siècle. Textes de Simone Weil et Nicolas Machiavel (Smolny/CMDE Editions, février 2013).

    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1691

    Quatrième de couverture :

    En 1378, les Ciompi, les plus pauvres des ouvriers de l’industrie de la laine, ébranlèrent par leur révolte l’édifice social du capitalisme naissant à Florence. La bourgeoisie, incapable de savoir de quoi ce petit peuple débraillé était réellement capable, déploya rapidement sa violence répressive, montrant ainsi qu’elle estimait les Ciompi capables de tout, et qu’il fallait donc les réduire à rien.

    Par la simple chronique des faits, Machiavel atteste dans ses Histoires florentines que ce popolo minuto s’est dûment organisé, ce qui conduira Simone Weil à voir dans ces événements la première manifestation d’une révolution prolétarienne.

    La postface inédite d’Emmanuel Barot éclaire comment ces deux auteurs permettent d’alimenter une réflexion - qui reste incontournable - autour de la définition et de l’affirmation du sujet révolutionnaire.

    #Machiavel #Simone_Weil #Florence #Italie #histoire #Ciompi

  • [SMOLNY...] MÜHSAM Erich : Bohème et Révolution - Journaux intimes (1910-1924)
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1694

    Né le 6 avril 1878 à Berlin, pendu le 10 juillet 1934 par des SS au camp de concentration d’Oranienburg, le poète anarchiste #Erich_Mühsam a défendu sa vie durant le principe d’une société libérée des deux fardeaux pesant sur les épaules de l’humanité : l’État et le capital. Opposant lucide et irréductible à toute forme de nationalisme, il fut, au même titre que G. Landauer ou encore B. Traven, l’un des acteurs majeurs de la révolution bavaroise des conseils (1919), une révolution balayée par la social-démocratie allemande.

    Véritables « confessions d’un anarchiste », ces Journaux intimes constituent un témoignage irremplaçable sur la vie de la bohème avant 1914 - Mühsam fut une - figure du Schwabing, le Montmartre bavarois où il côtoyait le cabaretier Roda Roda et Franz Wedekind, la grande voix théâtrale de l’expressionnisme allemand -, et sur les conditions d’existence des révolutionnaires emprisonnés durant les premières années de la république de Weimar - il fut libéré en décembre 1924, à l’occasion d’une amnistie destinée à sortir Adolf Hitler de prison où il séjournait depuis son putsch raté de 1923.

  • [SMOLNY...] La Révolte des Ciompi - Un soulèvement prolétarien à Florence au XIVe siècle
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1691

    Textes de #Simone_Weil et #Nicolas_Machiavel, traduction revue par Laura Brignon
    Postface d’Emmanuel Barot

    Un projet en co-édition avec le #CMDE, collectif des métiers de l’édition

    Souscription ouverte jusqu’au 31 janvier 2013 (http://www.collectif-smolny.org/IMG/pdf/CMDE-Ciompi-souscription.pdf)

    Quatrième de couverture :

    En 1378, les Ciompi, les plus pauvres des ouvriers de l’industrie de la laine, ébranlèrent par leur révolte l’édifice social du capitalisme naissant à Florence. La bourgeoisie, incapable de savoir de quoi ce petit peuple débraillé était réellement capable, déploya rapidement sa violence répressive, montrant ainsi qu’elle estimait les Ciompi capables de tout, et qu’il fallait donc les réduire à rien.

    Par la simple chronique des faits, Machiavel atteste dans ses Histoires florentines que ce popolo minuto s’est dûment organisé, ce qui conduira Simone Weil à voir dans ces événements la première manifestation d’une révolution prolétarienne.

    La postface inédite d’Emmanuel Barot éclaire comment ces deux auteurs permettent d’alimenter une réflexion - qui reste incontournable - autour de la définition et de l’affirmation du sujet révolutionnaire.

  • [SMOLNY...] VAN DAAL Julius : La colère de Ludd
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1687

    Le mouvement luddite (1811-1817) tenta avec vigueur de résister à l’introduction des machines dans l’industrie textile et amena le pays au bord de l’insurrection. Le propos de l’auteur est, en outre, de démystifier le mouvement luddite et de souligner l’aspect révolutionnaire et social de ces premiers balbutiements d’un prolétariat révolté contre la société capitaliste en formation. Un appendice sur les poètes romantiques contemporains « engagés » éclaire les origines de ce mythe.

    Cette narration parfois picaresque est également l’occasion de décrire le contexte et les principaux acteurs tant du capitalisme industriel naissant que du rejet des nouveaux rapports sociaux qu’imposait celui-ci. On y voit ainsi agir les sociétés secrètes ouvrières ou radicales et la bourgeoisie manufacturière en pleine ascension, et se démener une aristocratie sur le déclin mais encore maîtresse des armes et des lois.

    On y voit aussi vaciller des institutions confiées à des politiciens déconcertés par les transformations économiques, sociales et culturelles, mais prompts à sévir... Dépassant les visions biaisées des briseurs de machines luddites - qu’ils soient vilipendés comme passéistes ou exaltés comme visionnaires -, souvent décrits comme en guerre contre le « progrès » technique, le récit dessine en filigrane l’universalité et l’actualité de cette révolte populaire fondatrice qui marquera pour longtemps les profonds antagonismes opposant la bourgeoise, rentière ou entrepreneuse, aux travailleurs, déqualifiés pour être mieux surexploités.

  • [SMOLNY...] NETTL John Peter : Rosa Luxemburg
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1636

    Par les différentes facettes de sa personnalité, énergique et sensible, penseur et femme d’action, plus encore peut-être par son rôle d’opposante à ceux qu’elle tenait pour responsables du ralliement en 1914 des socialistes à l’Union sacrée, par son assassinat enfin, précurseur des massacres à venir, #Rosa_Luxemburg a suscité au cours des dernières dizaines d’années nombre d’interprétations et de créations. Pourtant, il reste difficile de trouver en français une biographie qui rende compte non seulement de son existence, mais du contexte où elle s’est déroulée et de la signification des orientations politiques qu’elle a défendues, souvent déformées pour servir telle ou telle cause sans rapport avec les conditions dans lesquelles elle les a élaborées.

    Il y a 40 ans que François Maspero a publié l’édition française du Rosa Luxemburg de #John_Peter_Nettl. Dès sa parution en anglais en 1966, ce livre de plus de 900 pages s’est imposé comme une référence : il s’agissait en effet de la première biographie systématique consacrée à Rosa Luxemburg, fondée sur la recherche et l’utilisation du plus grand nombre de sources possibles. Le seul recensement des publications où l’on retrouve ses écrits et ses discours y occupe une cinquantaine de pages.

    En 1968, peu de temps avant sa mort accidentelle, John Peter Nettl a terminé une version abrégée de son livre pour le rendre accessible à un plus large public ; elle fut publiée l’année suivante en anglais et en allemand. Depuis, bien des livres ont été consacrés à Rosa Luxemburg ; pourtant, son ouvrage, y compris dans sa version abrégée qui, comme on le voit, reste substantielle, conserve un intérêt tout particulier car il rend compte des débats et des combats qui ont accompagné la naissance et la croissance des organisations de masse du mouvement ouvrier socialiste, contribuant ainsi à notre compréhension des succès relatifs et des défaites effroyables que celui-ci a connus au cours du XXe siècle.

    Dès les années 1930, mais surtout à partir de 1946, René Lefeuvre, le fondateur des Cahiers Spartacus, a tenu à faire connaître et à tenir disponibles, contre vents et marées, les principaux textes de Rosa Luxemburg. Notre catalogue n’a cessé de s’enrichir de textes écrits par Rosa Luxemburg ou se rapportant à elle. Il manquait cependant une biographie permettant de les relier entre eux, un rôle que le livre de John Peter Nettl nous semble remplir parfaitement.

    Rosa Luxemburg a appartenu à une époque où la révolution socialiste, à la fois désirable et inéluctable, semblait à portée de la main, et, comme d’autres fortes personnalités de l’époque, au caractère souvent solitaire, elle a consacré son existence à l’avènement d’un pouvoir collectif, d’une société où « le libre développement de chacun sera la condition du libre développement de tous » . De cette existence, de cette réflexion tournée vers l’action on ne tirera pas de recettes ; mais John Peter Nettl, en combinant récit et analyse, fournit d’amples matériaux à tous ceux qui pensent que des échecs mêmes du mouvement socialiste des leçons sont à tirer pour œuvrer à cet avènement.

  • [SMOLNY...] FISCHBACH Franck : La privation du monde
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1629

    À la source de ce livre il y a la conviction que certaines des évolutions les plus négatives des sociétés contemporaines confèrent une actualité nouvelle au concept d’aliénation selon la compréhension qu’en ont proposée des penseurs aussi apparemment éloignés l’un de l’autre que Marx et Heidegger : l’aliénation comprise comme privation de monde. Nos sociétés mondialisées sont paradoxalement celles où s’impose l’expérience d’une privation de monde sans précédent. Plusieurs dimensions de cette privation sont analysées ici, notamment l’expérience temporelle d’un présent éternel, l’épuisement de l’historicité et l’accélération frénétique des maintenant successifs. Quant au lieu où se joue originairement la privation de monde, #Franck_Fischbach soutient la thèse qu’il s’agit du #travail dans la forme salariale qui est la sienne sous le capital et dont le caractère mutilant n’a cessé d’être amplifié par les plus récentes évolutions. C’est donc aussi d’une transformation du travail que dépend la possibilité d’un advenir historique de l’être de l’homme dans le monde.

  • [SMOLNY...] MACDONALD Dwight : Le socialisme sans le progrès
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1619

    Dans cet essai, paru pour la première fois dans la revue Politics en 1946, Macdonald esquisse un bilan sans concession du projet marxiste d’émancipation, et plus généralement des idées révolutionnaires du XIXe siècle, au sortir des deux Guerres mondiales : que reste-t-il du socialisme, et même de la démocratie, après trente ans de guerre industrielle, de dictatures totalitaires, de centralisation étatique ? Peut-on encore croire que la science fasse progresser l’homme, après l’invention des gaz de combat, des camps d’extermination et de la bombe atomique ? Le diagnostic de Macdonald tranche avec l’atmosphère optimiste d’après guerre, alimentée par la victoire des Alliés sur le IIIe Reich, par l’euphorie qui gagne une partie de la gauche du fait du prestige acquis par l’URSS, et les succès électoraux de la social-démocratie à l’Ouest.

    Sur l’obsolescence du clivage droite-gauche, sur l’impérialisme de la méthode scientifique et de la technique moderne, sur la prolifération du phénomène bureaucratique au sein même du capitalisme dit libéral, cet auteur est d’une clairvoyance exemplaire.

  • [SMOLNY...] L’AMINOT Tanguy : Max Stirner, le philosophe qui s’en va tout seul
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1612

    #Max_Stirner (1806-1856) est l’auteur de L’Unique et sa propriété , paru en 1844. Il occupe une place singulière dans l’histoire de la pensée philosophique en ce qu’il pousse celle-ci dans ses derniers retranchements et oppose à tous les systèmes politiques et sociaux la réalité de l’individu unique. Chantre de l’égoïsme mais prônant l’association, il s’en prend radicalement à toutes les doctrines fondées sur le sacrifice ou l’oubli de soi.

    Les deux textes qui composent le présent volume visent à dégager la pensée de Stirner des contresens et légendes qu’a entrainés une lecture biaisée de son oeuvre. Le Philosophe qui s’en va tout seul en propose une interprétation destinée à rendre Stirner accessible au lecteur d’aujourd’hui. Celui-ci y trouvera les grandes étapes de la vie de Stirner ainsi que la genèse et l’évolution de sa philosophie.

    Il assistera à la vigoureuse attaque menée par Stirner contre les idéaux - religieux, politiques ou moraux, qui asservissent l’individu concret. Or loin d’être apocalyptique, L’Unique fonde de manière dynamique un nouveau type d’individu et de relations sociales, qui s’oppose à tous les totalitarismes. De ce fait et par la postérité qu’il a eue (de Nietzsche et des anarchistes aux situationnistes), Stirner reste un des philosophes les plus actuels.

    Stirner a choqué nombre de lecteurs, à commencer par #Karl_Marx qui écrivit avec Engels L’Idéologie allemande pour le combattre : c’est cet éreintage « matérialiste » que dissèque Daniel Joubert dans Marx versus Stirner . Il éclaire l’antagonisme entre ces deux émules de Hegel, qui traça pour longtemps une fracture dans les rangs de la révolte et de la critique du monde marchand. Ces considérations, souvent malicieuses, ébauchent en outre la perspective d’un dépassement de l’opposition entre « l’Unique » stirnérien et « l’être générique » marxien.

  • [SMOLNY...] CASAMAR PORTALES Suceso ( 1904 - 1999 )
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1608

    Sœur de Juan et de Luis, également militants, puis compagne d’Acracio Ruiz, #Suceso_Portales_Casamar milite au début des années 1930 à la CNT et à la FIJL de Madrid.

    Pendant la guerre civile, elle est très active dans le développement des écoles et institutions organisées par les #Mujeres_Libres : elle participe notamment à l’organisation des paysannes de Guadalajara et à la fondation de la ferme école de San Gervasio. En 1938, elle est la secrétaire du sous-comité national de Mujeres Libres à Valence et participe en octobre comme déléguée de cette organisation à l’assemblée plénière tenue à Barcelone par le mouvement libertaire.

    Le dernier jour de la guerre, elle fait partie des 184 Espagnols qui parviennent à s’embarquer à Gandia sur le Galatea qui gagne Londres où elle va s’installer et être l’une des animatrices du bulletin España fuera de España (1962-1965). Alors qu’un de ses frères, Juan, est emprisonné en Espagne, elle participe dans les années 1950-60 à toutes les manifestations organisées à Londres en solidarité avec les emprisonnés en Espagne (campagne pour Delgado et Granados, campagne pour F. Abarca, Stuart Christie et F. Carballo, etc.).

    Lors du congrès tenu par la CNT en exil en 1961 à Limoges, elle est l’une des déléguées du noyau britannique. Dans les années 1960, elle participe à la reconstitution de Mujeres Libres, dont elle va être la secrétaire (1963) et l’animatrice de la revue Mujeres Libres (Londres, puis Montady 1964-1976, 47 numéros). Suceso Portales collabore également à plusieurs titres de la presse en exil dont Espoir (Toulouse) et Frente Libertario (Paris).

    Après la mort de Franco [1], elle rentre en Espagne où, dans les années quatre-vingts, elle réside à Novelda (Alicante). En mai 1997, elle participe à Madrid à la célébration du 60e anniversaire de Mujeres Libres.

    Cette notice provient de l’excellent livre « La vie sera mille fois plus belle » de Martha Ackelsberg, Atelier de création libertaire 2010.

  • [SMOLNY...] BERENGUER LAOSA Sara - GUILLEN ( 1919 - 2010 )
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1597

    Membre des Mujeres Libres

    À treize ans, #Sara_Berenguer_Laosa commence à travailler dans une boucherie, mais révoltée par l’exploitation et le machisme, elle quitte plusieurs emplois.

    En juillet 1936, alors que son père part se battre au front, elle s’investit dans la lutte et se retrouve responsable de la distribution des armes. Le soir, elle milite au sein des Jeunesses libertaires et donne des cours aux enfants des rues. Elle s’engage aussi dans une section de Solidarité internationale antifasciste. En octobre 1938, elle rejoint le mouvement Mujeres Libres puis s’occupe du secrétariat régional.

    En janvier 1939, c’est l’exode vers la France, où elle poursuit son travail pour SIA à Perpignan puis à Béziers, où elle tente de secourir les internés des camps dont son compagnon #Jesus_Guillén.

    Après la Libération, avec Jesus, elle poursuit son action au sein de la CNT en exil. Elle reprend plus tard avec #Suceso_Portales la rédaction de la revue Mujeres Libres (Londres & Montady, 47 numéros, de 1964 à 1976). Sa maison, près de Béziers, reste un lieu de rendez-vous des anarchistes. C’est là qu’à été tourné en grande partie le film De toda la vida (Toutes nos vies) en 1986, avec #Pepita_Carpena, #Dolores_Prat, #Federica_Montseny, #Suceso_Portales, #Mercedes_Comaposada, #Conxa_Perez. Sara se consacre à la poésie et à la mémoire des femmes libres.

    Cette notice provient de l’excellent livre « La vie sera mille fois plus belle » de Martha Ackelsberg, Atelier de création libertaire 2010.

  • [SMOLNY...] ARCOS PEREZ Pura ( 1919 - 1995 )
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1598

    Membre des #Mujeres_Libres

    #Purification_Pérez_Benavent naît à Valence mais grandit à Barcelone. Mise au travail à treize ans, elle suit les cours du soir de l’Escuela Moderna et est très impliquée dans la CNT et les Jeunesses libertaires. C’est là qu’elle rencontre son compagnon, #Federico_Arcos, en 1936. Elle est active aux Mujeres Libres dès leur constitution.

    À la révolution, elle apprend à conduire les trams mais préfère s’engager comme institutrice dans la collectivité de Tabernes de Valldigna. « La vie dans les collectivités, c’était comme une grande vie de famille, raconte Federico. Chacun était dévoué à autrui et à l’idéal. »

    Lors de la défaite, Pura choisit la clandestinité, rentrant à Barcelone avec sa famille, soutenant les prisonniers libertaires.

    Elle émigre au Canada dans les années 1950, avec sa fillette, pour y rejoindre Federico. Elle apprend l’anglais, travaille comme infirmière et reprend la correspondance avec la presse libertaire, en particulier le Boletín de Mujeres Libres (Londres, 1963-1977) et la revue Mujeres Libertarias en Espagne, jusqu’à sa cessation en 1993. Au Canada, elle participe à des groupes pacifistes et féministes.

    Cette notice provient de l’excellent livre « La vie sera mille fois plus belle » de Martha Ackelsberg, Atelier de création libertaire 2010.

  • [SMOLNY...] STEIN Sygmunt : Ma guerre d’Espagne - Brigades internationales : la fin d’un mythe
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1601

    Pour beaucoup, le mythe des Brigades internationales reste aujourd’hui encore intact. Et pourtant, derrière l’aventure héroïque de milliers de volontaires venus de tous les pays au secours de la République espagnole, se cache une autre vérité, déconcertante et douloureuse, que révèle ce témoignage sauvé de l’oubli. Sygmunt Stein, militant communiste juif en Tchécoslovaquie, bouleversé par les procès de Moscou qui ébranlent sa foi révolutionnaire, va chercher en Espagne l’étincelle qui ranimera ses idéaux.

    Mais arrivé à Albacete, siège des Brigades internationales, il se voit nommé commissaire de la propagande, poste où il découvre jour après jour l’étendue de l’imposture stalinienne. Très vite, la réalité s’impose à lui : « La Russie craignait d’avoir une république démocratique victorieuse en Europe occidentale, et sabotait pour cette raison le duel sanglant entre les forces démocratiques et le fascisme. » Tout ce qu’il croyait combattre dans le franquisme, à commencer par l’antisémitisme, il le retrouve dans son propre camp.

    La déception est à la mesure de l’espoir qui l’avait mené en Espagne : immense. Affecté par la suite à la compagnie juive Botwin, il sera envoyé au front pour servir de chair à canon. Des exécutions arbitraires du « boucher d’Albacete », André Marty, aux banquets orgiaques des commissaires politiques, en passant par les mensonges meurtriers de la propagande soviétique, Sygmunt Stein dénonce violemment dans son livre, écrit en yiddish dans les années 1950, et resté inédit en français, la légende dorée des Brigades internationales

  • [SMOLNY...] FERRIER Michaël : Fukushima - Récit d’un désastre
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1559

    « De retour à Tokyo. [...] De nouveaux mots ont fait leur apparition, ils se répandent dans les airs et sont sur toutes les lèvres comme des molécules tueuses. Au menu, une orgie de particules, aux noms poétiques et grotesques à la fois : césium, trinitium, stontium ... Des produits de fission (iode, zirconium, molybdène), des produits gazeux (tritium, xénon, krypton), des isotopes variés et des émetteurs radiotoxiques. [...]

    Mon préféré : le niobium 95. C’est un métal brillant gris et ductile qui prend une couleur bleutée lorsqu’il est exposé à l’air, m’apprend le dictionnaire. Le niobium 95 est utilisé en alliage avec le zirconium pour les enveloppes de barres de combustible utilisées dans les réacteurs nucléaires. Hautement toxique, évidemment. [...]

    Encore plus drôle : on annonce que les trente-quatre-mille enfants de Fukushima vont tous être équipés de dosimètres à la rentrée, pour vérifier que, même si tout va bien comme ils disent, ils ne recevraient pas quelques doses de vitamine un peu excessives. Ceux de la préfecture de Chiba - un peu plus au sud, et qui touche celle de Tokyo - doivent porter des chapeaux, se laver les mains et faire des gargarismes régulièrement ! Et pendant ce temps, un peu partout dans le monde, de savants experts appointés discutent pour savoir s’il faut ou non sortir du nucléaire. [...]

    Travaillez, braves gens ! Rentrez dans le rang. Laissez-nous faire, on s’occupe de tout. Et puis le soir, rentrez chez vous. Confinez-vous ! [...] Il ne faut pas croire qu’on ne nous dit rien pourtant. Bien au contraire : à la télévision, dans la presse écrite, sur les ondes et sur internet, on est abreuvés d’informations. C’est un flot de données aussi déferlantes que le tsunami : pour le commun des mortels, elles ne veulent évidemment rien dire mais même les spécialistes peinent à leur donner un sens. [...]

    Microsieverts, millisieverts, becquerels, rads et rems, röntgens, on jongle avec les unités de mesure et on n’y comprend plus rien. Un jour, le taux d’iode radioactif dans la mer est 3355 fois la limite légale. Le lendemain, 4835 fois. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? [...] Comme l’écrit un titre délicieux du Nouvel Observateur : « La situation est préoccupante pour les poissons. » [...]

    Mais le plus sûr moyen d’escamoter l’information n’est pas de la taire : c’est de la rendre publique en même temps qu’un millier d’autres ... »

    (Cf. pages 189/ 191, 196/ 197, 201)

  • [SMOLNY...] WRIGHT MILLS Charles : L’élite au pouvoir
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1550

    Présentation de l’éditeur :

    Nouvelle édition revue et actualisée ; notamment complétée par une annexe qui rassemble les réponses de l’auteur aux critiques de tous ordres suscitées par son ouvrage.

    L’élite au pouvoir est composée d’hommes dont la position leur permet de transcender l’univers quotidien des hommes et des femmes ordinaires ; ils sont en position de prendre des décisions aux conséquences capitales. Ils commandent les principales hiérarchies et organisations de la société moderne. Ils font marcher la machine de l’État et défendent ses prérogatives. Ils dirigent l’appareil militaire. Ils détiennent les postes de commandement stratégiques de la structure sociale, où se trouvent centralisés les moyens efficaces d’exercer le pouvoir et de devenir riche et célèbre.

    Ce livre offre des outils pour penser les catégories dirigeantes : différenciées à leur base, elles s’imbriquent à leur sommet et dépossèdent le grand public de son pouvoir sur la vie démocratique. Cette élite est clientéliste, clanique et corrompue. Le livre détaille les conditions qui permettent à une telle situation de perdurer et entend expliquer comment le débat public se restreint souvent à un débat entre prescripteurs d’opinions.

    L’auteur :

    Charles Wright Mills, universitaire américain atypique, souvent dépeint comme une force de la nature, fut une icône de la gauche intellectuelle des années 1960. Motard, excessif, mort à 45 ans d’une crise cardiaque, il ne dépareillait pas d’un James Dean (1931-1955) ou d’un Jack Kerouac (1922-1969). Peu de chose inclinait pourtant ce fils d’un agent d’assurances à se muer en une égérie de la sociologie critique.

    Membre du Centre de sociologie européenne, François Denord, qui a préfacé et actualisé ce livre, travaille sur les idéologies économiques et la structure des élites dirigeantes en France.

  • [SMOLNY...] TWAIN Mark : La prodigieuse procession & autres charges
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1555

    Apporter les bienfaits de la civilisation à notre frère assis dans les ténèbres a été une bonne affaire et nous a beaucoup rapporté. Mais les peuples assis dans les ténèbres commencent à se faire trop rares et trop timides. La plupart ont eu droit à plus de lumières qu’ils n’en avaient besoin. Nous avons été peu judicieux. Le trust Bienfaits-de-la-civilisation, s’il est administré avec sagesse et précaution, est une véritable perle. Il y a là plus d’argent et plus de territoires que dans tout autre jeu dans lequel on puisse se lancer. Mais les peuples assis dans les ténèbres sont maintenant suspicieux des bienfaits de la civilisation. Plus encore - ils ont commencé à les examiner. Ce n’est pas une bonne chose. Les bienfaits de la civilisation sont une bonne chose, et commercialement forts profitables. Tant qu’il n’y a pas trop de lumière.

    #Mark_Twain (1835-1910) est entré au panthéon de la littérature américaine avec Les Aventures de Tom Sawyer et Huckleberry Finn . Mais les textes de La Prodigieuse procession , pour la plupart inédits, montrent une facette moins connue, du moins en France, de cet auteur, qui retourne ici sa verve satirique contre le patriotisme, le racisme, l’hypocrisie religieuse et le cynisme des nations occidentales se partageant le monde.

  • [SMOLNY...] MUMFORD Lewis : Les transformations de l’homme (1956)
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1554

    Présentation de l’éditeur :

    L’homme moderne s’est déjà dépersonnalisé si profondément qu’il n’est plus assez homme pour tenir tête à ses machines. L’homme primitif, faisant fond sur la puissance de la magie, avait confiance en sa capacité de diriger les forces naturelles et de les maîtriser. L’homme posthistorique, disposant des immenses ressources de la science, a si peu confiance en lui qu’il est prêt à accepter son propre remplacement, sa propre extinction, plutôt que d’avoir à arrêter les machines ou même simplement à les faire tourner à moindre régime. En érigeant en absolus les connaissances scientifiques et les inventions techniques, il a transformé la puissance matérielle en impuissance humaine : il préfèrera commettre un suicide universel en accélérant le cours de l’investigation scientifique plutôt que de sauver l’espèce humaine en le ralentissant, ne serait-ce que temporairement.

    Jamais auparavant l’homme n’a été aussi affranchi des contraintes imposées par la nature, mais jamais non plus il n’a été davantage victime de sa propre incapacité à développer dans leur plénitude ses traits spécifiquement humains ; dans une certaine mesure, comme je l’ai déjà suggéré, il a perdu le secret de son humanisation. Le stade extrême du rationalisme posthistorique, nous pouvons le prédire avec certitude, poussera plus loin un paradoxe déjà visible : non seulement la vie elle-même échappe d’autant plus à la maîtrise de l’homme que les moyens de vivre deviennent automatiques, mais encore le produit ultime - l’homme lui-même - deviendra d’autant plus irrationnel que les méthodes de production se rationaliseront.

    En bref, le pouvoir et l’ordre, poussés à leur comble, se renversent en leur contraire : désorganisation, violence, aberration mentale, chaos subjectif.

    « L’homme posthistorique »

  • [SMOLNY...] RUBEL Maximilien : Marx et les nouveaux phagocytes
    http://www.collectif-smolny.org/article.php3?id_article=1547

    Marx est mort ! Qui n’a pas entendu l’annonce du décès du temps où l’affrontement entre « l’empire du mal » et « le monde libre » battait son plein et donnait à ce genre de faire-part valeur de communiqué de victoire. Marx, le retour ! Marx, le renouveau ! Depuis l’effondrement du Mur et de l’URSS, changement de décor : c’est sur le mode de la résurrection d’un penseur transformé hier par leurs soins en caution des régimes totalitaires baptisés « socialistes » que les « ex » de tous les « ismes » disparus et leurs héritiers, rassemblés en une sainte-alliance pour se sauver de leur passé « marxiste », programment leur propre retour. Mais de l’existence de Marx tel qu’en lui-même, d’un penseur de l’émancipation humaine dont chaque ligne n’a jamais cessé de dénoncer les « marxismes » de l’Est ou de l’Ouest, qui en parlait hier, qui en parle aujourd’hui encore ?

    C’est vers les écrits de Maximilien Rubel, vers son travail d’édition unique, qu’il faut revenir pour comprendre quel fut le sort de Marx, et à bien des égards le destin tragique de son œuvre. Sont pour la première fois rassemblés les textes qui mettent en lumière la finalité de cette recherche, le sens de ce combat pour Marx, les obstacles qu’il lui fallut surmonter. Une postface de Louis Janover, son proche collaborateur, explique pourquoi, loin de disparaître, les attaques dont Rubel fut la victime ont repris force et vigueur : Rubel demeure plus encore que par le passé le témoin irréfutable d’une histoire refoulée, stigmatisée, qui proteste à travers son œuvre, et demande des comptes aux responsables intellectuels de ce détournement sans exemple dans le temps.