Bonapartisme ou Constituante, par André Bellon (Le Monde diplomatique, avril 2014)

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  • Bonapartisme ou Constituante, par André Bellon (avril 2014)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/04/BELLON/50294 #st

    Le rejet du traité constitutionnel européen (TCE), le 29 mai 2005, restera un tournant dans l’histoire de France. Une légitimité démocratique a tenté de s’affirmer. Elle a été bafouée. Depuis, et de façon sporadique, des révoltes émergent sans cohérence apparente, mais dans une volonté commune de rejet des pouvoirs en place (grandes manifestations, « bonnets rouges »...). Sont-elles les signes avant-coureurs d’une violence plus générale, d’une profonde crise de régime ?

    Paradoxe apparent : au moment où les principaux dirigeants politiques ne souhaitent pas remettre en cause la légitimité des institutions sur lesquelles repose leur pouvoir, tous sont contraints de reconnaître que les citoyens se sentent de moins en moins représentés.

    Le mot d’illégitimité était jusqu’alors tabou. Mais, le 11 novembre 2013, le président de la République se faisait huer lors de sa visite à Oyonnax, ville symbole de la Résistance. Le lendemain, le premier ministre Jean-Marc Ayrault, s’affrontant à M. Christian Jacob, chef de file de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) lors des questions d’actualité à l’Assemblée nationale, l’accusa en ces termes : « Vous êtes en train de faire croire qu’il y a une crise institutionnelle. Mais de quoi parlez-vous ? Remettez-vous en cause la légitimité de l’élection présidentielle au suffrage universel ? » Accusation ferme, certes. Il n’empêche : la question de la légitimité avait été posée.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/524 via Le Monde diplomatique