• #Marseille privatopia : les #enclaves_résidentielles à Marseille : logiques spatiales, formes et représentations

    Marseille : privatopia ?

    La forte multiplication des « #résidences_fermées_sécurisées » est une tendance observée dans les #villes européennes et françaises, après celles d’Amérique latine, des USA, d’Afrique du sud etc. En #France, elle a surtout été repérée et analysée en contextes péri-urbains (Ile de France, Côte d’Azur, banlieues de Toulouse et Montpellier). Partout où elle se développe, cette tendance est souvent attribuée aux inquiétudes des habitants pour la #sûreté, ou leur #qualité_de_vie, ainsi qu’à des #replis_sociaux, thèmes récurrents dans les médias et discours politiques. Elle est aussi liée au rôle d’une « offre » portée par les majors de l’immobilier. Mais elle est aussi soutenue indirectement, dans le contexte néolibéral, par des pouvoirs publics qui se déchargent ainsi de l’aménagement et de la gestion d’#espaces_de_proximité.

    Nous observons et analysons depuis 2007 cette prolifération des #fermetures à Marseille. Après un premier état des lieux (Dorier et al, 2010), nous avons mené une second #inventaire exhaustif en 2013-2014. Et depuis lors, nous menons une veille ciblée sur certains secteurs. Démarrée au début des années 90, la diffusion des #enclosures atteint des sommets à Marseille où elle n’a quasiment pas été régulée : des #marges et des #enclaves se construisent ainsi dès qu’on s’éloigne du centre historique (Dorier, Dario, 2016). Au point que la #fermeture des #espaces_résidentiels, de leurs #rues et espaces de plein air semble en train de devenir la norme (Dorier, Dario, 2018)

    Depuis 25 ans, Marseille n’a cessé de se cloisonner de plus en plus et ce processus est venu aggraver les #inégalités d’#accès_aux_équipements et aux « #aménités » urbaines. Le #parc bâti du centre ville paupérisé s’est dégradé jusqu’à l’effondrement et au risque de péril imminent de centaines d’immeubles, qui ont du être évacués en urgence depuis novembre 2018, comme on le voit sur la carte de droite (voir aussi page dédiée). Pendant ce temps, les quartiers du sud et de l’est, ainsi que les zones en rénovation, se sont transformées en mosaïques résidentielles clôturées, sous le double effet de la #promotion_immobilière et de ré-aménagements voulus par les associations de #copropriétaires. Ils dessinent des espaces pour classes moyennes à aisées, sous forme de #lotissements et d’#ensembles_immobiliers majoritairement fermés et sécurisés, chacun doté de ses propres espaces « communs » privés : parkings, voirie privée, jardins.

    Cette « #Privatopia » tourne d’abord le dos au centre historique, à ses ilots anciens décrépis où l’action publique s’est illustrée par son inefficience pendant des décennies. La fermeture se diffuse d’abord dans les zones favorisées, puis dans les périphéries ouvertes à l’urbanisation, enfin dans les zones de rénovation urbaine : la création de nouvelles résidences fermées est devenue un moyen pour valoriser des opérations immobilières et y attirer des classes moyennes, face aux copropriétés dégradées et aux ensembles HLM appauvris. Lorqu’un bailleur rénove un ensemble de logements sociaux, celui-ci est également « résidentialisé », même si, avec des années de recul sur cette pratique, on sait désormais que clôturer ne résoud pas les problèmes socio-économiques des quartiers, ni même les problèmes de sécurité. Au contraire, la fragmentation physique pourrait bien alimenter les tendances aux séparatismes sociaux en tous genres.

    D’après nos enquêtes, en dehors des formes d’entresoi spécifique de quartiers particulièrement aisés, comme la colline Périer, et ses « gated communities » surplombant la mer, la fermeture est d’abord fortement associée au « tout voiture » qui caractérise encore Marseille et à la concurrence pour le stationnement résidentiel : les premiers espaces à être clôturés sont les parkings. Elle est également liée à 25 années de désengagement croissant de la municipalité dans la gestion de proximité (propreté, entretien des espaces verts, sécurisation publique des rues) ainsi qu’un encouragement de l’urbanisation privée par des ventes de parcelles publiques ou des zones d’aménagement favorisant la promotion immobilière. La fermeture résidentielle traduit l’affirmation d’une économie résidentielle, le rôle des promoteurs, syndics, copropriétés étant crucial : la « sécurisation » (privée) est supposée faire augmenter la valeur marchande des biens immobiliers… Enfin, la fermeture traduit une accentuation des replis sociaux : à Marseille la clôture « a posteriori » de rues qui étaient auparavant ouvertes au passage représente 55% des cas observés.

    Certains espaces du 8ème, 9ème, 12ème , nord du 13ème arrondissements (Les Olives), caractéristiques de cette urbanisation privée, deviennent un assemblage désordonné de copropriétés et d’enclaves de moins en moins accessibles et traversantes. La fermeture se diffuse par mimétisme, les ensembles résidentiels forment des « agrégats », qui bloquent les circulations : une véritable situation de thrombose dans certains quartiers, anciens comme récents (les Olives, Ste Marthe). Le comble, c’est que dans ces quartiers, les plus favorisés, au cadre de vie « a priori » le plus agréable, les déplacements à pied ou en vélo tiennent désormais de l’exploit. Les détours imposés par les barrières qui enserrent chaque rue ou jardin privé de résidence obligent à prendre la voiture pour accompagner un enfant à l’école du coin, acheter le pain… La ville perd de plus en plus en cohérence, et, avec cette juxtaposition de résidences sécurisées certains quartier ressemblent plus à une mosaïque de co-propriétés qu’à… une ville. Cela a été mis en évidence et modélisé par la toute récente thèse de Julien Dario (2019), réalisée dans le cadre de ce projet.

    A Marseille, depuis 2007, nous avons opté pour une étude empirique, directe, sur le terrain. Nous pu ainsi vérifier l’hypothèse qu’aux initiatives spontanées de fermeture de rues et de lotissements a posteriori, longtemps après leur construction, s’ajoutent des stratégies nouvelles. Elles associent promotion privée et action publique, et sont destinées à faire évoluer le peuplement de quartiers de la ville, à travers la production de logement « de qualité » attirant des classes moyennes et supérieures. Promoteurs et décideurs semblent juger utile de les rassurer à travers la livraison d’ensembles qui sont quasiment tous fermés dès la construction … En 12 ans, de 2008 à 2020 une série d’études, de masters et thèses ont permis de décrire et quantifier ce processus, d’observer la progression d’une fragmentation urbaine qui s’accroît aux échelles fines et d’évaluer ses impacts.

    Nos études se sont focalisées sur les fermetures massives des aires privilégiées (Colline Périer, Littoral Sud, Nord-Est avec la technopole de Chateau Gombert), et la transformation résidentielle de certains territoires périphériques en zones d’investissements immobiliers rentables, attirant des classes moyennes et supérieures (Littoral Nord, Sainte Marthe, grand centre ville/Euromed, franges du parc National des Calanques comme la ZAC de la Jarre). les résidences fermées deviennent ainsi un outil de plus value foncière… et de recompositions urbaines, valorisant toutes les zones ayant un attrait environnemental, tout en en restreignant l’accès.

    La diffusion d’un modèle

    Notre méthodologie a permis de prendre la mesure du phénomène à l’échelle d’une ville entière, et sur la durée, ce qui n’a pas été réalisé ailleurs en France. A deux reprises (2008-2009 et 2013-2014), la commune entière a été arpentée, chaque ensemble résidentiel fermé a été géolocalisé dans un SIG, inventorié, décrit, photographié, afin d’établir un corpus exhaustif : 1001 résidences ou lotissements étaient enclos en 2009, plus de 1550 en 2014. L’ensemble des clôtures ont été datées à partir d’enquête directe ou par photo-interprétation. Cette démarche est relatée dans deux rapports de recherche (Dorier et al., 2010 et 2014), 13 masters et une thèse (Dario, 2019).

    Le recours au SIG (Système d’information géographique) a permis de tracer leur histoire, en croisant les localisations avec des images aériennes anciennes, le cadastre, la chronologie des programmes immobiliers. En 2011 et 2012, la première étude du LPED est actualisée à travers plusieurs mémoires d’étudiants sous la direction d’E.Dorier et S.Bridier. Ceux-ci observent une accélération des dynamiques d’enclosures dans les quartiers sud (Dario J. 2010, Toth P.2012), leur multiplication et leur diffusion dans les quartiers nord (Balasc et Dolo 2011, Dolo 2012, Robillard 2012). La propagation se fait beaucoup par mimétisme : plus de la moitié des ensembles fermés sont collés les uns aux autres, par grappes, transformant la physionomie et les usages possibles de l’espace urbain et développant des « marges » urbaines cloisonnées. On peut le vérifier, à travers l’exemple d’une marge Nord-Est de Marseille, sur les franges ville-espaces péri-urbains Les Olives : une juxtaposition désordonnée de lotissements fermés.

    Nous avons aussi beaucoup observé, recueilli de nombreux témoignages auprès de résidents, de riverains, de syndics, d’agences, de techniciens de l’urbanisme… Nous avons séjourné dans plusieurs de ces résidences. Nous poursuivons la veille sur certains contextes sensibles à haut potentiel spéculatif immobilier, comme la frange du massif des calanques ou sainte Marthe, ou encore des espaces où les fermetures sont conflictuelles. Par des analyses d’archives, des enquêtes fines sur des contextes urbains, des entretiens avec acteurs et habitants, des analyses de périmètres de la politique de la ville, le suivi de conflits de voisinages nous avons ensuite analysé les facteurs historiques et les impacts associés à cette dynamique d’enclosures, les inégalités sociales, les impacts sur la circulation, les inégalités environnementale (D.Rouquier 2013, J.Dario, 2019 et la thèse en cours de P. Toth, consacrée aux 8ème et 9ème arrondissements).

    Au final, on met à jour une dynamique de transition libérale, individualiste et sécuritaire, associée au règne de la voiture dans la ville (beaucoup de clôtures ont au départ pour justification le seul parking), qui freine d’autres évolutions souhaitables (transition écologique, inclusion sociale). Si le phénomène se banalise, on constate aussi une complexité territoriale du processus et son épaisseur historique. Dans des contextes de fortes recompositions urbaines (spatiales, foncières, sociales, démographiques), et dans les périmètres de nouvellement urbain, la fermeture d’espaces résidentiels est utilisée comme outil de diversification de l’habitat et de mixité sociale. Le processus n’a pas partout les mêmes motifs ni les mêmes impacts socio-environnementaux. D’où l’intérêt d’approches qualitatives par observations sensibles, entretiens avec des acteurs et habitants, dépouillements d’archives historiques (histoires de rues).

    Les quartiers sud

    En observant le facteur de proximité dans la diffusion, ainsi que le potentiel de valorisation immobilière des terrains vacants ou susceptibles de l’être, plusieurs scénarios de prospective ont été mis au point par Julien Dario pour anticiper l’évolution des espaces susceptibles d’être fermés, transmis à la Ville dans le cadre d’un contrat, comme aide à la décision (Dario 2011, 2014 et 2019). Dans les quartiers sud, on est frappé par la perspective de 53% de taux d’évolution spontané probable de la fermeture dans les 8ème et 9ème arrondissements, si aucune intervention publique ne vient réguler la tendance. Les surfaces touchées par les enclosures (résidences et périmètres d’entreprises) déjà localement très importantes pourraient y atteindre le tiers de la surface totale urbanisée. Des études de cas à échelle fine ont permis d’anticiper plusieurs conflits liés à ces processus (progressifs ou brutaux) en lien avec des dynamiques sociale locales.

    Les cas des lotissements « Coin Joli » et « Barry » (analysés ici par J.Dario entre 2011 et 2019) montrent comment certains dispositifs informels préfigurant l’enclosure sont mis en place progressivement, informellement, parfois subrepticement : enrochements, systèmes physiques fixes contraignants (plots métalliques) permettant encore le passage prudent de deux roues et piétons ; panneaux de sens interdit « privés » et informels apposés à l’extrémité de certaines rues. On passe d’une délimitation par panneautage à une fermeture symbolique et partielle, avant d’évoluer vers l’enclosure, qui peut être conflictuelle en privant de passage les riverains, en réduisant les perméabilités urbaines.

    Les quartiers nord : diffusion des ensembles résidentiels fermés dans les contextes de rénovation urbaine

    Un fait remarquable est la diffusion des enclaves résidentielles fermées au cœur et en bordure des zones urbaines sensibles (ZUS) telles qu’elles ont été définies par l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU). Bénéficiant de la TVA réduite, les promoteurs sont incités à y produire une nouvelle offre de logement privée, afin de permettre une diversification et l’installation de classes moyennes. Mais les enclosures, supposées rassurer les candidats à l’accession à la propriété, et maintenir un niveau de prix élevé ne favorisent pas les relations sociales … et nos études montrent qu’en fait de « mixité », apparaissent de nouvelles formes de fragmentations et même de tensions résidentielles (Dorier et al, 2010, 2012), qui s’accompagnent, par ailleurs de formes d’évitement fonctionnel (Audren, 2015, Audren Baby-Collin, Dorier 2016 , Audren, Dorier, Rouquier, 2019). Le secteur du Plan d’Aou dans le 15ème arrondissement de Marseille, où la restructuration résidentielle est achevée a été analysé à l’aide d’étudiants (Balasc et Dolo 2011). Dans ce secteur cohabitent des zones de logements HLM en fin de réhabilitation, des lotissements anciens qui se sont fermés ou sont en cours de fermeture, des projets immobiliers récents, conçus sécurisés. La juxtaposition de ces différents types d’habitats aux profils sociaux différenciés engendre plus une fragmentation qu’une mixité Fonctionnelle, malgré la proximité. Les interrelations sont faibles entre les ensembles et les espaces. (Dorier, Berry-Chikahoui et Bridier, 2012)

    une crise des urbanités

    Tandis que cette transformation des espaces de copropriétés et rues privées de Marseille se poursuit, des pans entiers de vieux quartiers populaires se délabrent. En 2019, notre cartographie de ces ensembles résidentiels privés fermés ainsi que des HLM « résidentialisés » et enclos (dans les projets de rénovation urbaine) tranche avec la géographie des constructions déclarées en péril et brutalement évacuées de leurs habitants, suite à l’effondrement de deux immeubles vétustes du quartier Noailles, près du Vieux port de Marseille. Notre carte révèle des politiques de l’habitat à plusieurs vitesses, où des décennies de laisser-faire public face à la ville privée s’expriment d’un côté par la dégradation du bâti, et de l’autre par la multiplication de formes de repli et d’entre soi urbain ayant des impacts sur les circulations et sur l’accès aux équipements. A ce stade, des rééquilibrages publics sont indispensables. Quelques initiatives publiques pour maintenir des traverses piétonnières ont été lancées dans certains quartiers très touchés, elles sont compliques par les évolutions législatives (qui facilitent la clôture des espaces privés) ainsi que par la dévolution de la compétence en matière de voirie à la Métropole. Rétablir des accès et servitudes de passage pour les piétons est compliqué dans les espaces privés : il faut passer par une DUP, puis par l’achat d’une bande de terrain par la collectivité pour tracer un cheminement piétonnier. Des interventions seraient possibles dans certains cas où les clôtures ont été posées sur des rues non privées, ou hors de la légalité. Mais la collectovité ne s’auto-saisit pas des cas d’infraction. Les actions au cas par cas risquent de ne pas suffire à endiguer cette véritable crise d’urbanité.

    (observations menées conjointement à nos études sur le mal logement et des évacuations à Marseille).

    le projet ci-dessous a fait l’objet d’une exposition art-science, présentée à l’Espace Pouillon, campus centre Saint Charles de l’Université Marseille Privatopia 8-24 octobre 2020.

    Depuis 2014, une collaboration avec l’artiste peintre Anke Doberauer (photos et tableaux) a été rendue possible grâce à une résidence commune à la Fondation Camargo (2014). La jeune cinéaste Marie Noëlle Battaglia a également réalisé en 2020 un documentaire « En remontant les murs » inspiré par nos recherches, et en lien avec l’équipe (avant première le 18 octobre 2020, dans le cadre du festival Image de ville). Ces collaborations ont déjà donné lieu à des présentations croisées, comme celle du 3 avril 2019 organisée par le Goethe Institut à la Friche de la belle de mai, et pourraient déboucher sur une exposition et un ouvrage commun.

    Rapports de recherche-action :

    Dorier E. Dario J. Rouquier D. Bridier S. , (2014), Bilan scientifique de l’étude « Marseille, ville passante », Contrat de collaboration de recherche : « Développement urbain durable à Marseille » n°12/00718, 13 cartes, 18 croquis, 24 tableaux. juin 2014, 90 p.

    Dorier E. (dir), BERRY-CHIKHAOUI I., BRIDIER S., BABY-COLLIN V., AUDREN G., GARNIAUX J. (2010), La diffusion des ensembles résidentiels fermés à Marseille. Les urbanités d’une ville fragmentée, rapport de recherche au PUCA, Contrat de recherche D 0721 ( E.J. 07 00 905), 202 p, 35 cartes et croquis, 30 graphiques, 68 illustrations photographiques.

    Ces rapports ont donné lieu à de nombreuses restitutions publiques auprès des services de l’Urbanisme de la Ville, la Communauté urbaine, l’Agence d’Urbanisme (Agam), le département.

    Articles scientifiques :

    Dorier E. Dario J., 2018, « Gated communities in Marseille, urban fragmentation becoming the norm ? », L’Espace géographique, 2018/4 (Volume 47), p. 323-345. URL : https://www.cairn.info/journal-espace-geographique-2018-4-page-323.htm (traduction texte intégral ) texte intégral (ENG.) DORIER DARIO Espace geo anglais EG_474_0323

    Dorier E. Dario J., 2018, « Les espaces résidentiels fermés à Marseille, la fragmentation urbaine devient-elle une norme ? » l’Espace géographique, 2018-4 pp. 323-345.

    Dorier E., Dario J., 2016, « Des marges choisies et construites : les résidences fermées », in Grésillon E., Alexandre B., Sajaloli B. (cord.), 2016. La France des marges, Armand Colin, Paris, p. 213-224.

    Audren, G., Baby-Collin V. et Dorier, É. (2016) « Quelles mixités dans une ville fragmentée ? Dynamiques locales de l’espace scolaire marseillais. » in Lien social et politiques, n°77, Transformation sociale des quartiers urbains : mixité et nouveaux voisinages, p. 38-61 http://www.erudit.org/revue/lsp/2016/v/n77/1037901ar.pdf

    Audren, G., Dorier, É. et Rouquier, D., 2015, « Géographie de la fragmentation urbaine et territoire scolaire : effets des contextes locaux sur les pratiques scolaires à Marseille », Actes de colloque. Rennes, ESO, CREAD, Université de Rennes 2. Actes en ligne.

    Dorier E, Berry-Chickhaoui I, Bridier S ., 2012, Fermeture résidentielle et politiques urbaines, le cas marseillais. In Articulo– – Journal of Urban Research, n°8 (juillet 2012).

    Thèses

    Audren Gwenaelle (2015), Géographie de la fragmentation urbaine et territoires scolaires à Marseille, Université d’Aix Marseille, LPED. Sous la dir. d’Elisabeth Dorier et de V.Baby-Collin

    Dario Julien (2019) Géographie d’une ville fragmentée : morphogenèse, gouvernance des voies et impacts de la fermeture résidentielle à Marseille, Sous la dir. d’Elisabeth Dorier et de Sébastien Bridier. Telecharger ici la version complète. Cette thèse est lauréate du Grand prix de thèse sur la Ville 2020 PUCA/ APERAU/ Institut CDC pour la Recherche, Caisse des Dépôts

    Toth Palma (soutenance prévue 2021), Fragmentations versus urbanité(s) : vivre dans l’archipel des quartiers sud de Marseille Université d’Aix Marseille, LPED , Sous la direction de Elisabeth Dorier

    Posters scientifiques :

    Dario J. Rouquier D. et Dorier E., 2014, Les Ensembles résidentiels fermés à Marseille, in SIG 2014, Conférence francophone ESRI, 1-2 octobre 2014 – http://www.esrifrance.fr/iso_album/15_marseille.pdf

    Dario J. Rouquier D. et Dorier E, 2014, Marseille, fragmentation spatiale, fermeture résidentielle, LPED – Aix-Marseille Université, poster scientifique, Festival international de géographie de Saint Dié, oct 2014. https://www.reseau-canope.fr/fig-st-die/fileadmin/contenus/2014/conference_Elisabeth_Dorier_poster_LPED_1_Marseille.pdf

    Dario J. Rouquier D. et Dorier E., 2014, Marseille, Voies fermées, Ville passante, LPED – Aix-Marseille Université, poster. http://www.reseau-canope.fr/fig-st-die/fileadmin/contenus/2014/conference_Elisabeth_Dorier_poster_LPED_2_Marseille.pdf

    Contributions presse et médias

    Dorier E. Dario J. Audren G. aout 2017, collaboration avec le journal MARSACTU. 5 contributions à la série « Petites histoires de résidences fermées », collaboration journal MARSACTU / LPED, aout 2017. https://marsactu.fr/dossier/serie-petites-histoires-de-residences-fermees

    Dorier E. et Dario J. 23 aout 2017, interview par B.Gilles, [Petites histoires de résidences fermées] Les beaux quartiers fermés de la colline Périer, interview pr B.Gilles, MARSACTU, https://marsactu.fr/residences-fermees-dorier

    Dorier E. Dario J. 30 janv. 2017, interview par L.Castelly, MARSACTU : https://marsactu.fr/discussion-ouverte-residences-fermees

    Dorier E. , et Dario.J. 20 mars 2014, interview in MARSACTU , société : 29% de logements sont situes en residences fermees à Marseille

    Dorier E. Dario J., 4 oct 2013, « Hautes clôtures à Marseille », in Libération, le libé des géographes. (1 p, 1 carte) http://www.liberation.fr/societe/2013/10/03/hautes-clotures-a-marseille_936834
    Dorier E. , 7 avril 2013, « Le phénomène des résidences fermées est plus important à Marseille qu’ailleurs », Marsactu, talk quartiers, archi et urbanisme, http://www.marsactu.fr/archi-et-urbanisme/le-phenomene-des-residences-fermees-est-plus-important-a-marseille-quailleu

    Dorier E. Dario J., 10 fev 2013, « Fermetures éclair » in revue Esprit de Babel, Fermetures éclair

    télévision

    M6, Résidences fermées à Marseille – étude du LPED. Journal national, octobre 2013 : https://www.youtube.com/watch?v=hDM

    FR3, 19/20, Résidences fermées à Marseille – étude du LPED, 24 mai 2013, https://www.youtube.com/watch?v=o-O

    FR 5 (minutes 38 à 50) : « En toute sécurité », documentaire de B.Evenou, http://www.france5.fr/emission/en-t

    podcast radio

    Collaboration entre chercheurs et cinéaste, janvier 2021 : https://ecoleanthropocene.universite-lyon.fr/documenter-la-geographie-sociale-grand-entretien-a

    Collaboration entre chercheurs et artiste peintre, octobre 2020 : Sonographies marseillaises – Radio Grenouille et Manifesta 13 « Ce monde qui nous inspire #4 Marseille ville privée ? »

    https://urbanicites.hypotheses.org/688

    #sécurisation #privatisation #espace_public #classes_sociales #urban_matter #géographie_urbaine #TRUST #master_TRUST #immobilier #foncier #rénovation_urbaine #urbanisme #fragmentation_physique #inégalités #tout_voiture #voiture #automobile #stationnement_résidentiel #parkings #proximité #promotion_immobilière #urbanisation_privée #détours #barrières #mosaïque #
    #cartographie #visualisation

  • Les flux contrariés du Bengale
    http://www.laviedesidees.fr/Les-flux-contraries-du-Bengale.html

    La frontière entre le Bangladesh et l’Inde impose une fracture artificielle à un espace culturellement homogène. Plongés dans l’illégalité, les nombreux migrants qui continuent de circuler entre les deux États s’exposent à des risques accrus d’exploitation et à une marginalisation croissante.

    Essais & débats

    / #frontières, #islam, #identité_nationale

    #Essais_&_débats

  • #José_Manuel_Barroso cède à son tour aux sirènes de #Goldman_Sachs
    https://www.mediapart.fr/journal/international/080716/jose-manuel-barroso-cede-son-tour-aux-sirenes-de-goldman-sachs

    Le géant de la finance de Wall Street a annoncé vendredi qu’il embauchait José Manuel Barroso. Moins de deux ans après son départ de Bruxelles, l’ancien président de la commission va conseiller la banque sur l’après-Brexit. Un signal ravageur pour la crédibilité de l’UE.

    #International #Brexit #CEO #Commission_européenne #Conflit_d'intérêts #europe #Jean-Claude_Juncker #Martin_Pigeon #Sven_Giegold

  • De la féminisation des titres à la rédaction épicène : regards croisés sur la parité linguistique | Érudit | Recherches féministes v21 n1 2008, p. 171-182 |
    http://www.erudit.org/revue/RF/2008/v21/n1/018315ar.html

    « En français, les débats sur la façon de dénommer les femmes ne sont pas récents certes, mais les 30 dernières années ont été particulièrement fécondes à ce sujet. Qu’il soit question de féminisation des titres, de langage non sexiste, de textes au féminin, de langage inclusif, de rédaction non sexiste ou de rédaction épicène ou encore de parité linguistique, toutes ces appellations ont pour objet de mieux manifester la présence des femmes dans la langue, car seul le fait d’être nommées permet d’exister. »(Permalink)

    #feminisme

  • Une informatique humainement acceptable est-elle possible ? De l’aliénation à l’émancipation

    Résumé : Cet article traite de la question de l’aliénation de l’homme par la machine informatique. En montrant qu’il existe un tel phénomène, l’article cherche une source de dépassement de cette aliénation. La réponse donnée passe par l’utilisation du logiciel libre, offrant une voie d’émancipation, même si la seule utilisation de tels logiciels, nécessaire, n’est pas suffisante pour rendre l’informatique proprement humaine.

    http://www.erudit.org/revue/nps/2008/v21/n1/019358ar.html

    #free-software #logiciel-libre #emancipation #contrôle

    • bonjour @paperli,
      Ton journal « qu’est-ce que le sexisme ? » est interessant mais je m’interroge sur l’automatisme de la récupération du tag #sexisme.
      Ce matin sur ton site je tombe sur ceci
      http://bestofactus.blogspot.fr/2013/12/najat-belkacem-membre-de-la-faf-est.html
      qui me semble être de la pur propagande anti-féministe digne de la manif pour tous. Je me dit que ce lien doit avoir été tagué avec le mot clé #sexisme et du coup à été recupéré automatiquement par le paper.li
      Je ne sais pas trop comment faire pour éviter que des anti-féministes utilisent ce tag pour tout et n’importe quoi. J’ai peut être pas bien compris le fonctionnement de paper.li mais ca me fait bizzar de voire cet « article » au milieu des autres.

    • Voila une petite liste
      quelques tumblr sympas
      http://egalitariste.tumblr.com
      http://humour-feministe.tumblr.com
      http://uneheuredepeine.tumblr.com

      le site de Mar_lard dédié au sexisme geek
      http://www.mhfreq.org

      en anglais le site Feminist Frequency est excellent
      http://www.feministfrequency.com

      sur le racisme et le féminisme
      http://msdreydful.wordpress.com

      ici femmes et mathématiques
      http://www.femmes-et-maths.fr

      Je te ferai suivre quant je pense à d’autres.
       :)

    • Tu part surement d’une bonne intention @paperli @alanshore4 mais je ne comprend pas ton insistance pour me faire administrer cette page. Je ne t’ai rien demandé et je t’ai dit plusieurs fois que je ne voulais pas de compte tweeter et que je ne voulais pas non plus m’occuper d’un site paper.li, même si je n’ai rien contre paper.li. Fait ce site sur le sexisme en ton nom avec ton propre compte ou sous le pseudonyme qui te plait (en évitant quant même d’utiliser mon nom d’artiste si tu veux bien, même si je n’en ai pas la propriété) si le sujet te tiens à cœur et je serais ravie de le suivre et de te signaler si je voie passer des liens inapproprié comme je l’ai fait ce matin, et si j’ai de bons articles à te signalé je le ferais sur seenthis mais stp ne me force pas la main en ouvrant des comptes avec mon nom.
      J’espère que tu ne prendra pas mon refus trop mal, je n’ai rien contre toi et je voie bien que ton regard sur le féminisme et le sexisme a changé depuis nos échanges houleux d’il y a quelques mois et ca me fait plaisir. Oublie l’idée de me faire administré paper.li sur le sexisme, si jamais l’envie me démange de le faire, je serais venir vers toi ce jour là.
      Bonne soirée à toi et merci quant même pour le mal que tu t’es donné.

    • « Sans doute que le #sexisme n’est pas suffisamment important à tes yeux pour investir quelques minutes dans Twitter et dans paper.li. »
      C’est tout à fait ca. Tu sera gentil de m’oublier et de ne plus m’interpeller dans tes messages.
      Passe de joyeuses fêtes.

    • @aude_v, tu sais pourquoi j’ai « tenté » de forcer la main à @mad_meg ? C’est justement parce qu’un mec ne peut pas tenir un journal d’information sur le sexisme. Pourquoi ? Pour toutes les raisons que tu évoques et que je reconnais volontiers.

      On est que l’information que l’on contient, et même la meilleure éducation n’est jamais qu’un formatage. Suis-je le pire des hommes ? Non, mais je ne suis pas une femme.

      J’ai pensé arrêter le journal sur le sexisme, mais ce n’est pas cohérent avec la pensée humaniste qui est à la base de ce que je suis au plus profond de mon être. Cependant, je le redis, je ne suis pas une femme. On ne peut pas parler de la souffrance des autres sans faire partie de ces autres.

      Que ce soit @mad_meg où une autre qui reprenne le journal, je m’en fiche, mais ce n’est pas à moi de le tenir. Je ne fais qu’assumer l’intérim. Vous n’en voulez pas, tant pis, je me ferai une raison.

      Tu parles de mon enthousiasme de néophyte, ça peut y rassembler, mais vu de mon regard sur ce que je suis, ça ressemblerait plutôt aux hurlements d’un écorché vif. Je ne demande pas à être aimé. J’ai suffisamment d’expérience de la vie pour ne plus me faire d’illusions sur la nature humaine. La vie est faite d’escroqueries de toutes sortes et l’avortement devrait être la règle plutôt que la naissance.

    • @aude_v, tu ne sais pas plus de moi que je ne sais de toi. Tu m’interprètes comme tu veux. Après tout, quand on veut battre son chien, on trouve toujours un bâton.

      Qu’y a-t-il de plus à dire ? Sans doute rien qui puisse plaire à tes yeux et à ta compréhension.

      Faire mes plus plates excuses à @mad_meg ? Pourquoi pas, mais ce serait sans doute, à nouveau, interprété comme une marque de mon sexisme indécrottable.

      Au delà des rapports humains, il y en a qui sont marqués par l’incompatibilité. Les nôtres doivent être de ceux-là. Je le regrette, mais je ferai avec.

      Pourquoi ne demandes-tu pas mon exclusion de SeenThis pour propos outrageants ? Ça soulagerait peut-être ta rage inquisitrice.

      Tu veux que je le fasse moi-même ? Il ne faut même pas demander.

      @fil, tu peux fermer mes comptes en expiation de mes nombreux crimes et délits à l’encontre de l’intelligence humaine. Fais ce que tu veux de mes médiocres écrits. De mon côté, je fermerai ce journal sur le sexisme qui était un outrage odieux à toutes les femmes.

    • @aude_v, la seule chose qui m’ait tracassée, c’était l’imposture d’un homme parlant du sexisme. D’où mon empressement « à refiler le bébé » à quelqu’un de plus compétent et surtout de plus concerné, non pas que je ne sente aucune empathie envers toutes les femmes qui ont à subir le sexisme des hommes, mais de la même manière qu’il est indécent pour un hétéro de parler du combat des homosexuels, ou pour quelqu’un de la classe moyenne de parler de la vrai misère des autres, c’est un autre univers, et chacun cherche à survivre à sa propre souffrance perçue.

      Alors, on peut me faire un procès d’intention, mais on se trompe sur mes intentions, et ça c’est blessant. Je réagis de manière épidermique aux blessures que l’on me fait (l’écorché vif). Oui, j’ai eu des attentes élevées. Comme beaucoup de gens, je fonctionne à la reconnaissance des autres à ce que je fais. Je sais, c’est puéril, mais ça me permet de survivre.

      Dans la vie, on est seul, et la seule façon de changer le monde, c’est de se changer soi-même. Il n’y a pas d’autre façon. Pour changer les autres, on peut juste espérer de les convaincre de ses arguments. On peut amener le cheval à l’abreuvoir, mais on ne peut pas boire à sa place. J’avais préparé tout le travail, mais @mad_meg a refusé de boire pourtant j’étais certain qu’elle avait soif que moi. Je me suis trompé. Il n’y a rien d’autre à dire et les regrets n’y changeront rien.

    • Merci @Aude_v pour ton soutiens et tes explications, et aussi merci @fil et @touti
      @paperli - Par rapport à ton sentiment d’illégitimité pour tenir cette page. Ca dépend vraiment de la manière dont tu présente les choses. Si tu prétend expliquer ce qu’est le sexisme je comprend que ca puisse être délicat pour toi, mais si tu fait un paper.li pour t’aider (toi et d’autres) à comprendre ce qu’est le sexisme c’est une posture tout à fait acceptable pour un homme pro-féministe. Si tu dit « moi je sais ce qu’est le sexisme et je vais vous l’expliquer » c’est différent de si tu dit « Je me demande de qu’est le sexisme, ou on le trouve et comment il se manifeste, cherchons ensemble ». En plus ce n’est pas comme si tu écrivait des articles toi même, c’est juste une compilation de lien sur un sujets, des liens postés et choisis par des féministes donc si tu t’occupait de cette liste tu pourrait le faire tout en gardant une posture humble ou en retrait.

  • Suck my glock, le #magazine_féminin #viriliste (via @thibnton) http://smg.ouvaton.org/dl/smg1.pdf

    Suck My Glock !, le premier magazine féminin viriliste, est un zine écrit pour des filles, par des filles (qui assument d’aimer les trucs de gros gars). Il a pour objectifs :
    • d’alimenter les débats au sein des milieux féministes et transpédégouines en arborant un ton provocateur et décalé ;
    • de proposer des conseils pratiques sur le maquillage, la coiffure, les docs et les bagnoles ;
    • de pratiquer le paradigme de l’empowerment et de la réappropriation antiparastasique pour essayer de justifier qu’on aime les films bourrins.

    • à lire : « HOMME PROFEMINISTE : UN OXYMORE » ... page 17 jusqu’à cette conclusion :

      un homme qui se revendique #proféministe, non seulement
      c’est un oxymore, mais en général c’est aussi une façon de prétendre « déconstruire » certains de ses privilèges les plus évidents pour se doter d’autres outils afin de dominer les femmes

      /cc @mad_meg ;-)

    • intriguant ce magazine.
      Merci à vous @baroug & @james
      pour l’article sur les hommes proféministe. J’ai pas entendu souvent cette expression et je ne comprend pas ce que le prefixe pro- apporte au mot féministe à par une distanciation contradictoire. Je suis globalement d’accord avec ce que dit Lama, mais je tique sur l’idée de non-mixité permise aux unes et interdite aux uns. J’ai pas vécu personnellement ce type de trahisons auquel fait référence l’auteure de l’article, ca explique peut être que j’ai du mal à comprendre ce problème et cette suspicion. J’idéalise probablement mais je me dit qu’un groupe féministe féminin et un groupe féministe masculin peuvent communiquer et se faire passer les compte rendu des assemblées non-mixtes.
      Sinon pour les blagues du magazine j’ai pas compris grand chose !
      J’ai pas encore tout lu, mais le numéro précédent me fait bien envie.

    • @mad_meg ça part du principe que les hommes ne doivent pas prendre la place ou la parole des femmes, donc un homme ne peut se revendiquer féministe mais proféministe. Les proféministes sont donc des hommes qui souhaitent l’égalité et qui soutiennent les féministes dans leur démarche. Pour quelques explications, je crois qu’il y a toujours un seen sur #Francis_Dupuis_Dery dont voici le lien http://www.erudit.org/revue/rf/2008/v21/n1/018314ar.html

      En lisant l’article, c’est d’ailleurs peut-être de lui dont elle se moque, et effectivement de son point de vue de féministe radicale cela se défend.

    • Merci pour le lien @touti, j’ai commencer à le lire c’est très intéressant. Ca va me prendre un peu de temps pour le lire et le digérer, c’est un gros morceau ce texte de #Francis_Dupuis_Dery et c’est un point de vue auquel je ne suis pas habitué. Je rencontre des hommes qui se déclarent féministes ou proféministes depuis relativement peu de temps.
      Pour proféministe ca me fait bizarre cette dénomination car j’ai souvent réagit quant j’entends désigner les féministes uniquement au féminin, j’ai du mal à penser que seul les femmes puissent être féministes et qu’il faille un mot pour distinguer fondamentalement les femmes des hommes quant on parle des féministes.
      ca rejoint d’ailleurs ce que dit @odilon il me semble ici à propos de discrimination ;
      http://seenthis.net/messages/148615#message148678

    • @mad_meg :
      tout à fait d’accord avec toi. Je trouve ça absurde cette distinction.
      Inutile, discriminatoire et sexiste...
      J’aime bien l’idée d’un ton parodique, viriliste, pamphlétaire ou bien tout ce qu’on veut d’autre qui combatte les idées reçues, mais pour si c’est pour aboutir à un féminisme qui prône l’essentialisme, et que ce n’est pas du second degré, là faut arrêter un peu le mimétisme, sinon c’est Zemmour qui gagne à la fin...

    • Est-ce si absurde de pointer par un mot différent la distinction des dominés et de leur lutte avec le groupe dominant ? Ce rapport de force régit plus ou moins inconsciemment nos comportements individuels et sociaux et il reste heureusement les mots pour requestionner ces attributions sociales.

      Christine Delphy (2002a : 171), pour sa part, se rappelle la première grande manifestation pour l’avortement libre en France en 1971 : « Si un tiers des hommes était derrière, comme convenu, les autres deux tiers étaient devant, cachant les femmes […] Aucune exhortation ne pouvait les convaincre de se remettre, sinon derrière, au moins dans les rangs […] Il fallait que là encore ils soient, comme d’habitude, au premier rang de ce qui se passait. »

    • @touti : je comprends bien ce que dénonce Delphy. Mais le tiers des mecs qui reste derrière, c’est quoi alors ? Des proféministes réprimés ?

      Je suis d’accord pour utiliser le langage le plus précis possible pour communiquer et bien se comprendre, je suis d’accord pour établir des distinctions quand c’est pertinent, mais faire une distinction qui assimile abusivement un tiers des mecs aux deux autres tiers, j’appelle cela un amalgame.
      Oui c’est pas grave, ça changera pas la face du monde et ça ne va pas transformer ce tiers de mecs en opprimés niés et incompris pour autant, on est bien d’accord. Je trouve juste ça maladroit, dommage, pas très utile en tous cas, voire même contre-productif dans la mesure où les Zemmour guettent ce genre de raisonnement pour rebondir dessus et dérouler le leur.

    • Et donc les Blancs anti-esclavagistes, il eut fallu les appeler des pro-anti-esclavagistes pour ne pas les confondre avec les Noirs qui se battaient pour leur liberté ?

      Et les occidentaux anti-colonialistes, il faut les appeler des pro-anti-colonialistes pour ne pas les confondre avec les peuples qui se battent pour se libérer des colons ?

      Pourquoi pas, mais c’est souvent bien d’avoir des bannières communes aussi, quand on se bat pour une cause.

    • anti-patriarcal

      @bug_in : bien trouvé ! Je crois que ça ne peut que mettre tout le monde d’accord. Je crois que ce qui gêne Delphy et sans doute Touti, c’est le côté paternaliste des mecs qui viennent aider les femmes, qui se posent en sauveur (et donc en dominants) alors qu’on ne leur a rien demandé, sur un sujet où l’enjeu est justement de montrer qu’on doit et peut s’affranchir des dominants.
      Si les mecs qui se joignent à cette lutte ne le font pas pour aider les femmes, mais pour combattre une cause juste, les femmes ne pourront qu’applaudir. Et on se foutra qu’ils soient derrière ou devant, tant qu’ils ne font pas d’ombre à la cause des femmes...

    • Je précise, je suis antipatriarcal, et solidaire des anarcha-féministes (en particulier) ;)
      En fait c’est un débat très documenté :

      Pour s’en distancier et affirmer un positionnement favorable au féminisme, d’autres hommes ont créé au cours des années 1990 les termes antisexiste, proféministe puis anti-masculiniste." Anonyme. Un mouvement contre les femmes. Identifier et combattre le masculinisme. La brochure décrit bien les chemins de dérives : « tout proféministes qu’ils soient, ils n’en restent pas moins des dominants dans la structure patriarcale et dans leurs interactions avec les femmes, dotés de surcroît d’un savoir issu des recherches féministes. Ce qui n’est pas allé sans comportements méprisants et paternalistes, sans appropriation, occultation ou instrumentalisation des travaux féministes (sans citer systématiquement leurs sources), sans usage d’un pouvoir sur les femmes, sans violences lors de rencontres mixtes à propos du patriarcat, sans harcèlement sexuel, que ce soit dans des milieux aussi divers que les squats ou l’université. […] Malgré la bonne volonté qui peut être présente à l’origine de ces mouvements autonomes d’hommes, la distance prise par rapport aux théories féministes, l’absence de compte-rendus de ces rencontres à des femmes féministes qui le souhaiteraient les rendent propices à produire une dynamique masculiniste. […] Ils développent une approche principalement théorique du féminisme, cherchent perpétuellement à le reformuler. Leur discours (puisqu’il s’agit essentiellement de parler) sur le féminisme peut servir de tremplin dans le milieu militant ou universitaire, ce qui s’explique assez logiquement : au vu du peu d’hommes qui sont, de près ou de loin, compagnons de route du féminisme, il peut être tentant de chercher à se faire remarquer par ce biais, de se distinguer. »

      Dans le féminisme matérialiste radical, la place des personnes associés au genre homme est très bien problématisé. Il s’agit en effet inévitablement d’accepter la critique de son propre genre, en revendiquant l’abolition des genres. Il faut critiquer le masculin en soi, chercher des modes de relations non-oppressifs avec les autres.

      « Il s’agit aussi d’éviter de tirer de nouveaux bénéfices de notre engagement, ce qui implique de ne pas soutenir de façon ostentatoire les luttes féministes, mais plutôt de s’interroger sur nos pratiques individuelles et collectives. […] Il est évident que les actes oppressants que nous produisons ne se résorberont pas tous seuls, ni par l’effet magique d’une théorie, fusse-t-elle radicale.
      Dénoncer les comportements sexistes d’autres hommes est souvent plus facile, valorisant pour un homme que reconnaître ses propres pratiques d’oppression et d’exploitation des femmes. Il nous semble qu’une pratique réellement anti-masculiniste consiste à faire face à nos responsabilités lorsque des personnes subissant nos actes les critiquent, et plus généralement à leur rendre compte de nos pratiques masculinistes.
      Enfin, au niveau collectif, il nous paraît important de sortir du déni entourant nos pratiques de pouvoir, grandes ou petites. D’apprendre à les déceler dans un groupe, de créer des espaces de discussion pour parler du fonctionnement collectif, sans attendre qu’un acte particulièrement grave se produise. De quitter cette solidarité masculine qui entretient l’existence du patriarcat, qui en interdit la remise en cause.

      Dans cette perspective, la brochure Anonyme. Un mouvement contre les femmes. Identifier et combattre le masculinisme. Hivers 2010. propose : John Stoltenberg « Auteur de Refusing to be a man. Essays on sex and justice, Portland, Meridian, 1990. Metteur en scène étasunien, cofondateur de Men against pornography, il a développé ses réflexions sur les hommes et la masculinité - d’un point de vue d’homme homosexuel - en lien avec Andrea Dworkin, auteure et militante féministe radicale, qui s’est notamment impliquée contre la pornographie aux États-Unis. » C’est le livre dont j’ai rpoposé le lien plus haut.

    • @rastapopoulos, fais semblant de ne pas comprendre ce que je dis. Tu peux toujours devenir chrétien ou musulman, passer des années en usine pour comprendre au plus près la lutte ouvrière. Tu peux soutenir des causes d’émancipation sans être forcément du côté des opprimés (Edit : sans être forcément toi-même opprimé), autant tu ne sauras jamais ce qu’est d’être une femme ni un black-panthers.
      Ce n’est pas un reproche, c’est la réalité.

    • N’importe quoi, j’ai parfaitement compris et je parle donc bien du nommage de ces gens. Si on fait une distinction pour le féminisme, on doit le faire pour les autres luttes aussi, non ?

      Apparemment ya une typologie en trois temps :
      1) ceux qui sont opprimés : ici les « femmes »
      2) ceux qui sont opprimés ET qui se battent contre les oppresseurs : les « féministes »
      3) ceux qui ne sont PAS opprimés mais qui disent soutenir ceux qui sont opprimés et qui se battent : les « pro-féministes »

      C’est pas con comme distinction, mais dans ce cas elle doit être appliquées aux autres luttes de libération (esclavage, colonisation) non ?

      Mais ça ne m’empêche pas de dire que c’est souvent bien d’avoir une bannière commune quand on se bat pour ou contre une cause, et que du coup, là on a uniquement des groupes séparés quand on « parle de... ». Sauf à chaque fois à faire des phrases hyper-lourdes en disant « les féministes ET les pro-féministes », « les anti-colonialistes ET les pro-anti-colonialistes », etc. Ce qui n’est pas forcément très fédérateur.

    • Sauf que tes exemples sont pas bons : anti-colonialiste, c’est comme anti-patriarcat, et personne ne reprocherait à des mâles de s’en prévaloir. Féministe a un autre sens, et le fait est qu’opérer la distinction a pour objectif précis de marginaliser les mâles dans les mouvements féministes car sinon, ça a été maintes fois constaté, ils prennent toute la place. C’est un peu le même raisonnement qu’on trouve dans les groupes non-mixtes, ce qui a existé dans certains groupes noirs pendant les luttes pour les droits civiques si je ne m’abuse… (pour continuer dans cette comparaison).

    • Oui et non, on retrouve le problème avec « anti-raciste », et dans ces associations on sait qu’il y a essentiellement des blancs qui parlent pour ceux qui sont opprimés de racisme. Donc dans ces cas-là aussi il faudrait cette typologie en trois volets (ou quatre si on doit donc trouver aussi le quatrième terme qui fédère) pour marginaliser ceux qui « parlent à la place ».

    • Ah mais véritablement je dois mal m’exprimer ! Il n’y a aucune raison à qualifier de pro-anti-colonialiste ceux qui se battent contre le colonialisme. Ces luttes ont ceci de distinct qu’elles sont des luttes qui ne touchent pas aux fondements inconscients et physiologiques des constructions inégalitaires.

      Les communistes ont pris le pouvoir, les esclaves ont obtenu leur liberté, les colonisés chasseront les colonisateurs, mais les femmes continuent de subir l’oppression du à leur sexe.

      Quand tu es une femme, tu as de forte chance de le rester toute ta vie. Et ce que tu vivras en tant que femme n’aura souvent rien à voir avec un choix quelconque ou un pays, même si nous sommes d’accord que ton éducation sera genrée, ta condition humaine de femme échappera même en partie à ta culture. Par exemple, en tant que femme tu auras sur toi le poids de la reproduction de l’espèce, ou que tu sois née dans le monde, et de n’importe quel milieu. Ouvrière ou bourgeoise, noire ou blanche, toute ta vie le cycle de ton corps féminin te le rappellera, et la société s’attend à ce que tu produises d’autres êtres humains de ton ventre.
      Etre féministe c’est beaucoup de choses, mais c’est aussi demander à exister autrement que comme reproductrice. Sens-tu le poids d’être une reproductrice maintenant que je te l’ai montré ?
      Veux-tu que je te raconte comment je me suis battue contre mon employeur parce qu’il m’a viré lorsque j’étais enceinte, comme cela arrive à beaucoup d’autres femmes ? Veux-tu que je te raconte comment on a refusé de m’inclure dans le core d’un logiciel libre sur lequel je bosse depuis 10 ans ?

      Déjà en tant que femme, réussir à comprendre et à exprimer l’oppression que les femmes subissent est un long chemin de découverte et de réflexion ou les causes et les responsabilités s’enchevêtrent, et où les féminismes sont divers. Je suis d’accord que la lutte contre le patriarcat et contre les banquiers ou les banquières se fait en commun. Mais je vais être franche, je pense que les féministes n’ont pas besoin de féministes masculins, parce que depuis toujours le soutien masculin a enfermé les femmes dans la sphère enfantine et on sait également ce que veut dire un souteneur. Si les femmes souhaitent leur indépendance ce n’est pas pour vivre entre elles, c’est parce qu’elles sont en train d’étouffer.

      Quel problème y-a-t-il réellement pour que tu ne supportes pas, toi en tant qu’homme, que ce mot ’féministe’ ne te soit pas attribuable ?

    • Ah moi je m’en fiche, justement, je ne me suis jamais défini en tant que féministe. Ni pro-féministe d’ailleurs. L’article du zine dit d’ailleurs qu’un homme ne devrait s’attribuer ni le mot « féministe », ni non plus « pro-féministe » lorsque c’est lui-même qui s’auto-définit. En fait quand on est un homme, et qu’on soutient cette cause, vaut mieux ne pas trop parler.

      Et justement pour la comparaison avec les autres causes, là où c’est comparable c’est justement sur ce point qu’un groupe de personne « parle à la place » d’un autre. Donc je disais que la distinction aurait un sens aussi dans ces cas-là (mais que c’est bien d’avoir aussi un terme sous la main qui permet de fédérer l’ensemble).

    • Euh, tu confonds s’en fiche du sujet de cette distinction, et s’en fiche de pouvoir se définir comme féministe là.

      Clairement je m’en fiche pas du sujet de cette distinction, et justement depuis le début je dis que je suis d’accord avec cette distinction..
      (1. mais qu’il faudrait peut-être du coup la généraliser à d’autres cas où des gens « parlent à la place de », et 2. mais que c’est bien d’avoir AUSSI un « terme commun » pour fédérer ceux qui sont pour telle cause).

    • @baroug il me déconcentre ton lol :p

      @touti j’ai enfin lu le texte de #Francis_Dupuis_Dery que tu as mis en lien il est très interessant et bien pessimiste. En somme il ne faudrait pas que les hommes féministe ou pro-féministes ou anti-patriarcaux se réunissent en groupes. (Ce texte est d’ailleurs une critique assez franche du mouvement « zero machos » il me semble, mouvement qui prend en plus position sur un sujet que #Francis_Dupuis_Dery conseil d’éviter.)
      Pour ces hommes, il faudrait qu’ils restent atomisés et invisible au sein des luttes féministes et qu’ils se concentrent sur leur disempowerment individuel et collectif (mais sans faire de collectifs car ca leur redonnerait du pouvoir).
      En tout cas j’ai bien aimé la distinction des pouvoirs, « pouvoir de », « pouvoir sur » et « pouvoir avec », ca va m’aider a réfléchir sur par mal de choses. Merci bien @touti ^^

    • La non-mixité de dominants, c’est caca
      http://pink.reveries.info/post/2013/08/28/La-non-mixit%C3%A9-de-dominants%2C-c-est-caca

      Ce qui là encore peut partir de bonnes intentions, mais quand t’y réfléchis un peu ça revient à avoir un groupe qui prétend être actif sur la question du #féminisme et dont sont tout simplement exclues les meufs. Et comme en général ces gars n’ont pas à gérer ce que les meufs féministes ont à gérer au quotidien, comme gérer des agresseurs, essayer de soutenir les copines agressées, ne rien oser faire de peur de se faire agresser, bizarrement ça va être les groupes qui vont faire les trucs valorisants, les trucs les plus publics, etc. Sans compter qu’évidemment c’est plus facile d’avoir de la visibilité quand tu as des capacités de réseauter avec des gens ou simplement d’avoir toi-même une position sociale de ouf. Prenons l’exemple de #Zero-Macho, qui se revendiquent « des hommes contre la prostitution » ou « fiers de ne pas être clients ». En dehors des positions politiques qu’ils peuvent avoir, si tu regardes leurs positions sociales c’est assez hallucinant : y’a trois porte-paroles, dont Patric Jean, réalisateur de documentaires quand même bien diffusés (son film « la #domination masculine » est, je pense, le documentaire sur la question du #sexisme le plus diffusé ces dernières années), et Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo. Perso je connais peu de groupes non-mixtes meufs avec une documentariste renommée et une rédactrice en chef de journal, au mieux y’a une meuf qui mets des vidéos sur youtube et une qui fait un fanzine.

  •  » « Il ne faudrait pas que, dans le #féminisme aussi, les hommes prennent le #pouvoir » - Egalité
    http://www.egalite-infos.fr/2012/08/13/%c2%ab-il-ne-faudrait-pas-que-dans-le-feminisme-aussi-les-hommes-prenn

    D’un côté, je souhaite d’autant plus revendiquer mon féminisme que ce label reste illégitime : dès lors, pourquoi l’abandonner seulement aux femmes ? D’un autre côté, j’hésite toujours, en tant qu’homme, à m’autoriser de ce titre : il ne faudrait évidemment pas que, dans le féminisme aussi, les hommes prennent le pouvoir. C’est d’autant plus vrai que, si ce choix n’est pas le plus valorisé socialement, il n’en est pas moins vrai qu’aujourd’hui on en retire aussi quelques bénéfices.

    • Pour ses justes réflexions sur de nombreux points politiques, son travail sur le féminisme, et sa personne, j’affectionne Francis Dupuis-Déri : http://www.erudit.org/revue/rf/2008/v21/n1/018314ar.html

      L’objectif de l’auteur est de réfléchir à la position politique paradoxale et problématique qu’occupe l’homme proféministe dans son rapport aux femmes en général et aux féministes en particulier. Après avoir rappelé très brièvement quelques problèmes associés à l’engagement malheureux d’hommes proféministes à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, l’auteur montrera, dans une perspective féministe radicale matérialiste (Christine Delphy), que les hommes, même les mieux intentionnés, sont toujours privilégiés en tant que mâle.

  • Les hommes proféministes : compagnons de route ou faux amis ? | Érudit | Recherches féministes v21 n1 2008, p. 149-169 |
    http://www.erudit.org/revue/rf/2008/v21/n1/018314ar.html

    Toutes choses égales d’ailleurs, un homme a plus de chances qu’une femme d’atteindre les sommets des diverses structures hiérarchiques dans la sphère politique, économique, médiatique, culturelle, militaire et policière, scientifique et religieuse, ainsi que dans les puissants réseaux criminels. L’homme sera en général considéré comme plus compétent qu’une femme pour des emplois prestigieux et bien rémunérés. Un homme hétérosexuel vivra généralement en relation avec une femme qui dispose de moins d’argent que lui. Il aura donc plus d’autonomie dans le marché et plus de facilité qu’une femme à paraître crédible lorsqu’il sera question de brasser des affaires. La parole d’un homme sera considérée comme plus crédible que celle d’une femme. Il saura en général plus facilement imposer à des interlocutrices ses sujets de discussion. Ce sera généralement lui – quand il sera avec une ou des femmes – qui aura le privilège de conduire l’automobile ou de marcher à l’avant. S’il est accompagné par une ou des femmes, il saura que ce sera le plus souvent à lui que l’on s’adressera pour des choses « importantes » (sauf en ce qui concerne les enfants, la cuisine et les malades). L’homme pourra s’identifier aux acteurs principaux lorsqu’il verra des films, lira des romans, écoutera ou encore lira les actualités ou des livres d’histoire. Il saura plus facilement s’identifier aux plus prestigieuses figures mythiques de sa culture ainsi qu’aux figures religieuses les plus puissantes, que ce soit le pape, Dieu ou le diable. Un homme n’aura en général pas peur de marcher seul dans la rue ou de voyager seul dans divers pays et pourra profiter du rôle de protecteur à l’égard de femmes craignant de se déplacer dans l’espace public. Un homme hétérosexuel saura qu’il peut régler un différend avec sa conjointe en utilisant une violence terrorisante et ne craindra pas que cette conjointe ait recours contre lui à de la violence physique. Il pourra s’attendre que des femmes soient à sa disposition pour ses plaisirs sexuels (pornographie, prostitution salariée ou non) ou simplement pour s’occuper de lui et de ses enfants (écoute et soutien psychologique, tâches domestiques et parentales, premiers soins, etc.). L’homme pourra profiter du travail accompli gratuitement pour lui par des femmes pour se dégager du temps libre qu’il mettra à profit comme il le veut. Il saura que son orgasme marquera généralement la conclusion d’un rapport sexuel avec une femme. Il saura en général s’attendre à inspirer le respect et l’admiration s’il s’approprie sexuellement plusieurs corps de femmes. Un homme pourra s’attendre de la part des autres hommes à une solidarité implicite ou explicite s’il a des paroles ou des comportements ouvertement misogynes. Il saura discréditer une femme le confrontant en identifiant cette fronde à des déterminismes biologiques non politiques (« tu es hystérique ! », « tu vas bientôt être menstruée ? »). Etc. Et il saura compter sur un ressac antiféministe quand des femmes contesteront individuellement ou collectivement les privilèges masculins et il trouvera même sans doute des femmes prêtes à prendre sa défense contre les féministes s’en prenant à ses idées.

  • Les hommes proféministes : compagnons de route ou faux amis ? | Francis Dupuis-Déri (Recherches féministes)
    http://www.erudit.org/revue/rf/2008/v21/n1/018314ar.html

    L’objectif de l’auteur est de réfléchir à la position politique paradoxale et problématique qu’occupe l’homme proféministe dans son rapport aux femmes en général et aux féministes en particulier. Après avoir rappelé très brièvement quelques problèmes associés à l’engagement malheureux d’hommes proféministes à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, l’auteur montrera, dans une perspective féministe radicale matérialiste (Christine Delphy), que les hommes, même les mieux intentionnés, sont toujours privilégiés en tant que mâle. Il proposera conséquemment que les hommes proféministes s’engagent dans un processus de disempowerment. En reprenant la distinction entre le « pouvoir sur » (pouvoir de domination) et le « pouvoir de » (pouvoir d’agir), l’auteur clarifiera ce qu’il entend par disempowerment, soit un processus par lequel des hommes devraient travailler individuellement et collectivement à limiter le pouvoir qu’ils exercent sur les femmes et les féministes. Il rappellera enfin que, malgré leurs bonnes intentions, l’engagement des hommes proféministes recèle toujours un potentiel problématique pour des féministes et que c’est le rapport de force créé et entretenu par des féministes qui pousse des hommes à se dire proféministes et qui limite les effets négatifs de leur engagement. Source : Recherches (...)