Diyarbakır « l’Arménienne ». Retour sur la (re)construction d’une ville multiculturelle

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    En 1999, le parti pro-kurde HADEP remporte la mairie de Diyarbakır, alors que la région est encore sous état d’exception. La ville – aussi considérée comme la capitale du Kurdistan, au moins du Kurdistan turc – sortait de 15 ans de guerre et est alors progressivement reconstruite, d’abord de manière discursive, comme une ville multiculturelle.

    Le multiculturalisme a été embrassé en partie, au début au moins, comme un euphémisme pour parler de la culture et de l’identité kurde. Mais dès le premier mandat du parti pro-kurde, quand on parle de « multiculturalisme » ou de « fraternité entre les peuples », c’est aussi en référence aux populations de la ville, désormais quasiment disparues, par vagues successives, depuis la Première Guerre mondiale : Assyriens, Chaldéens, Juifs, Arméniens.

    Le retour sur ce passé que l’on dit multiculturel, quasiment éteint, c’est d’abord se redécouvrir, et redécouvrir la ville et son histoire, marquées par les violentes années de guerre à la fin du 20e siècle, et les souvenirs des débuts tragiques du même siècle. Dans les mémoires collectives, les violences qui secouent le Kurdistan notamment au cours des années 1990 sont associées aux massacres et au génocide arméniens de la fin de l’Empire ottoman, elles y font écho ; elles sont même parfois perçues comme la conséquence voire la punition de ces derniers. Quand on commence à briser le silence et le tabou sur l’histoire et le génocide arméniens en Turquie, on le fait aussi depuis Diyarbakır ; le mouvement kurde reconnaît alors progressivement la responsabilité des populations kurdes dans le génocide arménien.

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