Jacques Tassin : « Le vivant est merveilleux, il est capable de réagir et d’absorber les changements »

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    Voir une espèce qui n’est pas « à sa place », ça choque. Ces intrusions, inattendues, sont aussi mal perçues de la part de Monsieur Tout-le-Monde que de celle des scientifiques. Et ce pour des raisons purement culturelles. Les discours qui sont utilisés pour parler des espèces invasives en témoignent. Ils ont été façonnés en Angleterre au XIXe siècle. En 1856, Charles Elton, qui a inventé la notion d’invasion biologique, compare déjà ces espèces à des bombes. Ce botaniste a imprimé une manière très négative de se représenter les choses. Aujourd’hui encore, les métaphores sont guerrières : on parle de « lutte », de « guerre », de « système préventif », de « contrôle aux frontières ». Ou médicales : on parle de l’écrevisse de Louisiane comme de la peste rouge ; du miconia, à Tahiti, comme du cancer vert. C’est faire ici référence à une vision organiste de la nature, confondant les habitats avec des êtres vivants. Parler de leur santé n’a aucune valeur scientifique.

    Que nous apprend le passé sur ces phénomènes d’invasions biologiques ?

    Dans l’histoire du monde, les espèces n’ont pas cessé de se mouvoir. C’est même l’aspiration première des êtres vivants que de se déplacer, y compris les plantes, via leurs graines. C’est pourquoi la notion d’intrus est absurde. Heureusement que des migrations ont eu lieu lors des précédentes glaciations ou lors de changements radicaux du milieu ! Pour raisonner purement en écologue scientifique, il faudrait se dire : ces espèces sont intéressantes parce que, dans un contexte de changement climatique et de changement d’utilisation des terres, elles sont une réponse du vivant. Certes, c’est l’homme qui a mis la main à la pâte en les introduisant, mais c’est aussi lui qui modifie les milieux.

    Justement, quelle est la part de responsabilité des humains dans l’arrivée et le développement des espèces invasives sur un territoire ?

    Les introductions, pour la majorité volontaires, sont liées à l’explosion des moyens de transport depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais la responsabilité de l’homme tient surtout à la manière dont il a tracé par avance le devenir de ces espèces. En modifiant les milieux, en terrassant, en labourant, en polluant, il a changé la donne.

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