Un blogueur en sécurité informatique condamné à 750 euros d’amende

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    Scandale dans le monde de la sécurité informatique : l’auteur du blog spécialisé Krach.in a été condamné fin avril à 750 euros d’amende. En cause, trois articles dans lesquels il détaille par exemple des procédures comme le piratage d’un réseau Wifi, pour mieux expliquer comment le sécuriser. Une condamnation un peu particulière puisqu’il n’y a eu ni procès… ni plainte.

    « Quand j’ai vu le devis, j’ai préféré aller en CRPC »

    « Mon avocat m’a conseillé de refuser la CRPC et d’aller au pénal, il m’a bien expliqué que c’est un ’plaider coupable’ à la française et que c’est comme si je reconnaissais ce qui m’était reproché, mais quand j’ai vu le montant du devis [pour le procès], j’ai préféré aller à la CRPC [400€ de frais d’avocat] et voir ce que j’allais prendre. Honnêtement je me voyais repartir avec une sorte de rappel à la loi », détaille l’auteur des articles dans un long document PDF.

    Un calcul risqué puisque le procureur proposait dans un premier temps « une amende et du sursis » et a comparé le comportement du blogueur « au fait de conduire une voiture à 250km/h alors que c’est interdit, juste pour montrer que cette vitesse peut être atteinte ». « Mon avocat a tout de même pu m’éviter le sursis ainsi que l’inscription au casier judiciaire. Mais j’ai quand même pris 750 euros d’amende ! »

    Une plainte déposée... par un robot ?

    Reste à savoir d’où venait la plainte, puisqu’aucune société ni aucun particulier n’étaient visés par les articles. « [Lors de la perquisition], le gendarme n’est pas agressif, il est même plutôt impressionné par les compétences et m’explique qu’ils sont obligés de traiter cette plainte car elle vient d’une sorte de bot [robot ndlr] qui scanne le WEB FR et [relève] des infractions » explique le blogueur.

    Un scan automatique à la recherche d’infractions ? Contactée par @si, la gendarmerie de Saint-Brieuc qui aurait pu être en charge du dossier indique n’avoir pas eu connaissance du cas du blogueur. Elle confirme toutefois que la division de lutte contre la cybercriminalité de la gendarmerie nationale basée à Rosny-sous-Bois procède bien à une « surveillance sur Internet » automatisée et peut saisir directement le parquet de Saint-Brieuc si elle constate une infraction. Le parquet peut ensuite confier l’enquête à une brigade locale ou la laisser dans les mains de la brigade de Rosny. Les dossiers qui suivent cette procédure, et dont les gendarmes de Saint-Brieuc ont connaissance, concernent cependant « en grande majorité » des cas d’échanges d’images pédopornographiques.

    Suite à la plainte, le domicile du blogueur a été perquisitionné (le domaine du site étant alors enregistré sous son vrai nom) et son matériel informatique saisi (avant d’être restitué). Mais ce n’est pas aux gendarmes que le blogueur en veut le plus, mais plutôt à la justice : « On est jugé par des gens ne comprenant rien à ce qu’ils jugent ».