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    En célébrant le « Jour de la victoire », Moscou dessine une nouvelle carte géopolitique

    08 mai 2015 | Par Amélie Poinssot

    Ce sera la commémoration la plus spectaculaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a annoncé le Kremlin. Vladimir Poutine n’a de cesse, depuis l’an dernier, d’utiliser la « Grande Guerre patriotique » pour asseoir sa politique étrangère. Après quelques tergiversations, les chefs d’État européens ont quasi unanimement décliné l’invitation du président russe à ce 70e anniversaire.

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    • En célébrant le « Jour de la victoire », Moscou dessine une nouvelle carte géopolitique

      08 mai 2015 | Par Amélie Poinssot

      Ce sera la commémoration la plus spectaculaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a annoncé le Kremlin. Vladimir Poutine n’a de cesse, depuis l’an dernier, d’utiliser la « Grande Guerre patriotique » pour asseoir sa politique étrangère. Après quelques tergiversations, les chefs d’État européens ont quasi unanimement décliné l’invitation du président russe à ce 70e anniversaire.

      Ici c’est la fin de la « Seconde Guerre mondiale », là-bas c’est le « Jour de la Victoire » qui a mis fin à la « Grande Guerre patriotique »… Ici, les commémorations ont lieu le 8 mai ; à Moscou, les commémorations se tiennent le 9 mai – l’acte définitif de capitulation de l’Allemagne nazie ayant été signé le 8 mai à Berlin à 23 heures passées, soit un jour plus tard pour le fuseau horaire moscovite.

      Les divergences d’interprétation entre Moscou et les pays européens ne sont pas que symboliques. Pour ce 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre, elles semblent même poussées à leur paroxysme. À une exception près, aucun chef d’État européen ne se rendra à Moscou, alors que Vladimir Poutine s’était rendu, lui, aux 70 ans du débarquement en Normandie, en juin de l’année dernière.

      Assister ou non aux commémorations organisées sur la place Rouge : la question en a embarrassé plus d’un sur le continent. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, où est intervenue directement l’armée russe, de la politique européenne de sanctions et de l’embargo russe sur l’agroalimentaire européen, le dialogue semble aujourd’hui rompu entre Moscou et les membres de l’UE. Dans l’est de l’Ukraine, les combats continuent malgré l’accord de Minsk signé en février. Preuve de cet embarras : les annonces contradictoires sur les représentants qui feront le déplacement, les indécisions et les échanges entre les chancelleries jusqu’à trois jours avant la cérémonie – tout cela sur fond d’intox du côté du Kremlin. Ainsi d’après l’agence russe Tass, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, assurait le 17 mars dernier : « Nous attendons le président tchèque, le chef du gouvernement slovaque, le premier ministre grec, le président chypriote. »
      70e anniversaire de la Victoire !70e anniversaire de la Victoire ! © CB

      Des quatre cités, seul le dernier assistera à l’ensemble des cérémonies. « C’est une commémoration qui a toujours existé et qui n’a aucun rapport avec le conflit en Ukraine », nous assure un de ses conseillers pour justifier la position chypriote. « Nous rendons hommage à tous ceux qui se sont sacrifiés pour lutter contre le nazisme, et nous serons présents également aux commémorations du 8 mai organisées à Gdansk, en Pologne. » Mais la décision du président Nikos Anastasiadis de défiler aux côtés de Poutine, à rebours de ses homologues européens, ne doit rien au hasard. Nicosie, où se nichent de gros intérêts économiques russes, a joué ces derniers mois le rapprochement avec Moscou. Le chef d’État chypriote s’y est rendu début mars pour signer un certain nombre d’accords, autorisant notamment aux navires de guerre russes l’accès aux ports chypriotes de Limassol et de Larnaca.

      Deux autres pays envoient leur ministre des affaires étrangères : la Slovénie et la France, qui doit encore trouver une issue après la suspension de la vente des porte-hélicoptères Mistral à la Russie. Mais ni l’un ni l’autre n’assisteront au défilé militaire. La République tchèque envoie son président Milos Zeman, lequel n’assistera pas non plus au défilé comme il l’avait annoncé initialement, en raison de la levée de boucliers que cette perspective a suscitée à Prague. Angela Merkel de son côté évite soigneusement le protocole : la chancelière allemande se rend à Moscou au lendemain des célébrations, le 10 mai, pour rencontrer Vladimir Poutine. Elle déposera à cette occasion une gerbe de fleurs devant le mémorial dédié à la guerre… ce qui n’a pas empêché le service de presse de la présidence russe d’annoncer, hier, la présence au plus haut niveau de l’Allemagne pour les cérémonies du 9 mai, alors que Berlin n’y envoie en réalité que son ambassadeur.

      Au bout du compte, la plupart des Vingt-Huit seront représentés dans le défilé militaire par l’échelon minimal : leur ambassadeur à Moscou. Idem pour l’Union européenne : c’est son délégué permanent dans la Fédération de Russie, Vygaudas Ušackas, qui participera au défilé, un Lituanien qui jouera là son rôle de représentation tandis que son pays est plutôt partisan, avec les deux autres pays baltes et la Pologne, de la ligne dure face à Moscou.

      Pour expliquer cette absence d’officiels de haut rang de la cérémonie russe, la plupart des chancelleries européennes, les plus hostiles comme les plus favorables au Kremlin, évoquent des agendas chargés et la volonté de suivre une approche commune. À Athènes, l’entourage d’Alexis Tsipras rappelle que le premier ministre grec était déjà à Moscou il y a un mois, et que le gouvernement grec a « des dossiers urgents à traiter ». À Varsovie, on précise au ministère des affaires étrangères que l’on suit « la position de la majorité des pays européens ».
      23 chefs d’État au défilé militaire

      À Riga, un proche du chef de la diplomatie lettone ne mâche pas ses mots : « Même s’il n’y avait pas de position commune européenne à ce sujet, la Lettonie n’aurait pas envoyé d’officiel de haut rang. Il est inconcevable pour nous de prendre part à des commémorations où défileront des troupes qui ont participé à l’occupation de la Crimée ou à la guerre dans l’est de l’Ukraine. D’autre part, nous ne voulons pas participer à ce genre de défilé, c’est une démonstration de militarisme qui date d’un autre siècle. »

      Il y a dix ans pourtant, la présidente lettone avait pris part à ces commémorations. Tout comme la plupart des dirigeants européens : Moscou avait alors accueilli Gerhard Schröder pour l’Allemagne, Jacques Chirac pour la France, Alexandr Kwaśniewski pour la Pologne… sans compter George Bush pour les États-Unis. La photo de famille du 70e anniversaire aura une tout autre allure que celle du 60e, confirmant une nouvelle carte géopolitique et la stratégie du Kremlin de recherche de nouvelles alliances, hors continent européen.
      Défilé de 2005 : le premier ministre japonais, Gerhard Schröder et George Bush avaient répondu à l'invitation de PoutineDéfilé de 2005 : le premier ministre japonais, Gerhard Schröder et George Bush avaient répondu à l’invitation de Poutine © Reuters

      Défileront ainsi aux côtés de Vladimir Poutine le président chinois, son homologue indien, Raul Castro pour Cuba, quelques autocrates d’Asie centrale comme le président ouzbek et le chef d’État turkmène... La liste complète a été diffusée par le service de presse de la présidence mercredi 6 mai. On y retrouve également les chefs d’État de pays non reconnus par la scène internationale, comme l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.

      Au total, 68 chefs d’État ou de gouvernement ont été officiellement invités, mais seulement 23 assisteront au défilé militaire. « Jusqu’à présent il y avait un consensus international a minima au sujet de la victoire sur le nazisme, explique Anne Le Huérou, sociologue spécialiste de la Russie contemporaine. Le fait que, cette fois-ci, les dirigeants européens ne soient pas là est une vraie rupture géopolitique et fait apparaître cette commémoration comme une opération géopolitique où chacun va compter ses amis et ses ennemis. »

      Le défilé, a promis le pouvoir russe, sera le plus grand jamais organisé depuis la fin de la guerre. D’après le ministre de la défense Sergueï Shoigu cité par l’agence Tass, 78 500 militaires et près de 2 000 pièces d’artillerie vont défiler à Moscou et dans 27 autres villes du pays. Sur la place Rouge, 150 000 personnes sont attendues, a précisé le directeur de l’administration présidentielle, Sergueï Ivanov. Ce dernier a en outre annoncé lors de la présentation de l’événement que 1 500 médailles commémoratives seraient remises par le « Comité d’organisation de la Victoire russe » à des figures de la société qui contribuent d’une manière ou d’une autre à « l’éducation patriotique des citoyens » ou au soutien des vétérans.

      Comptant plus de 2,5 millions de personnes dans le pays, ces vétérans des différentes guerres menées par l’Union soviétique puis la Fédération de Russie (Seconde Guerre mondiale, Afghanistan, Tchétchénie...) sont revenus au centre de l’attention politique depuis le début du conflit en Ukraine. Ainsi l’an dernier, ils étaient déjà à l’honneur des commémorations du 69e anniversaire qui s’étaient tenues à Sebastopol, dans la Crimée fraîchement annexée. « Vétérans, vous nous avez montré l’exemple à nous tous, et vous avez apporté une contribution morale énorme au retour de la Crimée et de Sebastopol dans leur patrie. Vous nous avez ramené les superbes valeurs d’unité, de justice, de vivre-ensemble, et vous nous avez appris à agir suivant notre conscience », avait alors déclaré le président russe dans le port de la mer Noire.

      Depuis le début de l’intervention russe en Ukraine, au lendemain de la chute de Viktor Ianoukovitch, en février 2014, accents militaristes et parallèles entre la Seconde Guerre mondiale et le conflit actuel n’ont cessé en réalité d’alimenter le discours russe. Le nouveau pouvoir à Kiev est systématiquement taxé de « nazi » et de « fasciste » dans les médias russes. Les Ukrainiens sont assimilés à des partisans de Bandera, figure du nationalisme ukrainien, personnage controversé pour avoir pactisé avec les nazis afin d’échapper aux Soviétiques. Quant aux séparatistes pro-russes, ils se sont attribué le ruban de Saint-Georges, une distinction autrefois accordée aux officiers ayant combattu pendant la guerre.
      Instrumentalisation du passé

      Pourtant, l’importance pour les Russes de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale n’est pas nouvelle. « La réalité de cette commémoration a toujours été un élément important de l’année soviétique, puis russe, précise Anne Le Huérou. Cela commence en réalité sous Brejnev. C’est à partir de là que la mémoire des vétérans est mise en avant, que le 9 mai s’inscrit dans les programmes scolaires, que les écoles se mettent à préparer cette célébration… Et c’est aussi, encore aujourd’hui, quelque chose qui est vécu individuellement par des millions de gens. Il y a une connaissance intime de cette guerre, des choses qui se sont transmises de génération en génération, des gens qui publient des photos sur Facebook par exemple, tout en étant opposés au militarisme. Le patriotisme de Poutine n’a par ailleurs rien de nouveau : ce discours apparaît dès son arrivée au pouvoir, en 2000. Le 60e anniversaire, en 2005, était déjà quelque chose d’extrêmement martial, d’extrêmement patriotique, voire quelque peu menaçant… Ce qui change aujourd’hui avec la guerre en Ukraine, c’est que le passé de la Seconde Guerre resurgit à travers la lutte contre le soi-disant fascisme ukrainien. »
      La commémoration de la fin de la "Grande Guerre patriotique" le 9 mai 2014, à Sebastopol, en CriméeLa commémoration de la fin de la "Grande Guerre patriotique" le 9 mai 2014, à Sebastopol, en Crimée © Reuters

      Pour cette chercheuse de Paris X-Nanterre, ce rapprochement relève d’une construction : « Poser l’Ukrainien comme un ennemi n’avait rien d’évident pour les Russes, les deux pays sont culturellement très proches et comptent d’innombrables mariages mixtes… ! C’était différent dans le cas des guerres de Tchétchénie : les Tchétchènes apparaissaient déjà, dans la littérature russe, comme des ennemis. Pour les Ukrainiens, il fallait donc construire une fable. Raconter que les Ukrainiens sont des fascistes, c’est l’argument d’autorité : on ne peut rien dire face à cela. »

      Pourquoi, cette année plus que les autres, ce 70e anniversaire est-il important pour les autorités russes ? Joint par Mediapart, le ministère russe des affaires étrangères feint de s’étonner de l’intérêt d’une journaliste française pour cette question. « Si vous ne comprenez pas l’importance de cette commémoration, c’est que vous ne connaissez pas votre histoire. Comptez le nombre de morts par pays, et vous comprendrez. » Déclaration sèche et sans appel de la directrice adjointe du département d’information du ministère, argument macabre du nombre de morts, ton autoritaire du donneur de leçons : la réponse illustre bien l’incapacité pour les autorités russes aujourd’hui d’avoir une discussion ouverte sur un passé jamais questionné, glorifié à l’époque soviétique, instrumentalisé aujourd’hui.
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      Ce qui était alors l’URSS a certes payé le plus lourd tribut au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle a perdu près de 27 millions d’hommes. Mais la Russie n’est pas l’Union soviétique : l’armée rouge comptait notamment 6 millions d’Ukrainiens, et la moitié d’entre eux ont été tués. « La Russie a le monopole sur la mémoire et la commémoration de cette guerre, explique Anne Le Huérou. Or tous les morts n’étaient pas russes. Beaucoup étaient des civils, beaucoup sont morts à cause de Staline lui-même, beaucoup ont été victimes de l’impréparation de l’armée russe entre 1939 et 1941... »

      Au-delà de la nouvelle carte géopolitique dessinée par ce 9 mai 2015, ce sont donc bien deux lectures de l’Histoire qui s’affrontent aujourd’hui entre l’Atlantique et l’Oural. Le 27 janvier dernier, pour le 70e anniversaire de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz, pourtant libéré par les troupes soviétiques, les autorités polonaises n’avaient pas invité le président russe. En avril, Kiev a suscité l’inquiétude des historiens en votant une série de lois mémorielles qui interdisent la négation du « caractère criminel » des régimes nazi et soviétique et l’utilisation publique de leurs symboles, mais obligent également à rebaptiser tous les noms de rue du pays qui font référence à la défunte URSS. Le conflit en Ukraine n’a pas seulement redéfini la géopolitique du continent, il a aussi complètement rebattu les cartes mémorielles.

    • Le chef d’État chypriote s’y est rendu début mars pour signer un certain nombre d’accords, autorisant notamment aux navires de guerre russes l’accès aux ports chypriotes de Limassol et de Larnaca.

      Tiens, j’avais loupé les facilités navales à Chypre. Ça va compléter le mouillage forain traditionnel de la baie de la Sude en Crète. Pallier un éventuel problème à Tartous, en Syrie.

      Et faire moyennement plaisir aux britanniques d’Akrotiri et Dhekelia (autrefois connues bases de Limassol et de Larnaca…)
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Akrotiri_et_Dhekelia