Isabelle Huppert et Sylvie Pialat à “Women in motion” : le sexisme, quel sexisme ? - Festival de Cannes 2015

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    A moins que... Miracle du sujet, décidément toujours aussi explosif, plus la discussion avance, exemples et partage d’expériences à l’appui, plus elle vient contredire la position de principe des deux invitées. Démonstration : pour montrer qu’elle n’est en rien victime de discrimination dans son métier mais l’exerce simplement autrement que les hommes, Sylvie Pialat explique : « Dans les négociations d’argent, je m’arrête là où les hommes continuent. Pas pressée de passer pour l’hystérique de service. » « Ah oui, renchérit Isabelle Huppert. Car une femme exigeante est forcément une hystérique alors qu’un homme exigeant est qualifié... d’exigeant. »

    A propos des personnages féminins dans les films, l’actrice commence par rejeter l’idée selon laquelle ils seraient moins nombreux et moins complexes que leurs homologues masculins. « Dans le cinéma d’auteur en tout cas, les acteurs ont même de quoi nous envier certains rôles... Et je ne vois vraiment pas comment je serais discriminée en tant qu’actrice : les hommes ne risquent pas de me piquer mon travail ! » La salle rit mais Huppert réfléchit et ajoute : « Les cinéastes ont peut-être tendance, c’est vrai, à faire des plans plus longs sur les acteurs que sur les actrices. Il m’arrive de prendre mon chronomètre et de faire ce constat... » A propos de la parité : « Je déteste ce mot ! », s’emporte la productrice, qui se déclare d’abord parfaitement à l’aise dans un milieu professionnel « testostéronné » (« J’adore les blagues de cul, rigoler et bien manger ! », dit-elle, apparemment convaincue qu’il s’agit là d’un comportement typiquement masculin). Mais elle admet toutefois que les postes de commande dans le secteur de la production audiovisuelle sont occupés par des hommes « à 80 % ». Quant à l’inégalité de salaires entre hommes et femmes dans le cinéma, Isabelle Huppert comme Sylvie Pialat reconnaissent qu’il reste une sacrée marge de progression.

    Il aura donc fallu une heure, pas plus, pour confirmer tout l’intérêt du débat sur la sous-représentation des femmes devant et derrière la caméra. Mais chut ! Ça ne se dit pas. Il faut maintenant regagner la Croisette et ses jolies filles sur talons hauts. Chacune repart avec son petit sac de goodies offert par Kering : des produits cosmétiques capillaires. Histoire de rappeler les femmes à leur devoir élémentaire : un poil soyeux, en toutes circonstances.

    #cannes #cinéma #sexisme