• Dans ce cas je trouve que ça a un sens d’employer des mots comme retourné ou renvoyé. Je trouve l’idée de retourner le mirroir vers l’observateur tout à fait intéressante. Mais sinon tu dois avoir raison, c’est une toute autre anthropologie, pas la même en tout cas, ne poursuivant pas les mêmes buts je suppose aussi.

    • Dans un autre documentaire, des papous s’étaient lancés (année 2009) dans une expérimentation similaire, le film avait comme titre L’exploration inversée par deux papous, avec cette même idée d’inversion ou de renvoi de jeux de mirroirs. Le film est archivée ici :

      https://archive.org/details/Exploration_inversee_par_deux_Papous

      http://fr.marcdozier.com/interviews

      Dans leur tribu des hautes plaines de Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’un est « chef de Guerre » drôle et curieux ; l’autre « chef de Paix » sage et observateur. Invités par leur ami photographe Marc Dozier, Polobi et Mudeya se lancent dans une expédition au cour d’une civilisation étrange : la France. Depuis les profondeurs du métro parisien, jusqu’aux sommets enneigés des Alpes, ces voyageurs du bout du monde se retrouvent confrontés à d’autres réalités : le pouvoir, le travail, les femmes, les cochons ; décidemment chez les Français, ça ne tourne pas rond !
      À la fois voyageurs émerveillés et vedettes malgré eux, découvreurs boulimiques et philosophes, ils veulent tout voir, tout essayer, tout goûter.

      Un marathon absurde et merveilleux à la découverte de notre pays.

      PS : je me demande si archive.org permet utilise la norme oEmbed @homlett

    • Marrant, apparemment le scénario, la narration de ce documentaire est construite sur celle de l’exploration inversée des papous en France, pour ne pas dire qu’elle est tout à fait identique, et que ce 1er volet a l’air de de suivre les mêmes fils conducteurs.

      Je suppose que le droit d’exploiter le concept de l’exploration inversée a été vendu et qu’on retrouve ainsi la même idée, et le même scénario.

    • A la sortie du film, avec @jacotte nous avons assisté à une conférence de Mundiya Kepanga dans une MJC de quartier au Mans.
      Le procédé « miroir retourné » est salutaire car quelle que soit notre ouverture à l’autre, il subsiste des taches aveugles que la distanciation qu’il apporte permet de gommer.
      Illustration anecdotique :
      Pendant la conférence une femme dans le public demande : « pourquoi avez-vous un bâton en travers du nez ? »
      La réponse de Mundiya Kepanga par retour de la question :"Et les anneaux qui pendent à vos oreilles ?"
      Le public a rit, la dame s’est trouvée confuse...

      Sur le plan politique, j’ai retenu cette scène du film :
      Quand Mundiya Kepanga invité dans un palais de la république découvrant les dorures du sol au plafond dans salle d’apparat s’exclame : « C’est donc ici que fini l’or que les occidentaux viennent piller sur nos terres ! »
      L’effet miroir ne renvoie pas qu’une image de surface il peut aussi questionner en profondeur nos pratiques.

      #colonialisme

    • @vazi merci pour tes illustrations sur les « tâches aveugles » de nous mêmes que permettent de retourner des miroirs.
      Ce que je comprends, d’après un autre documentaire que j’ai vu récemment, c’est que notre civilisation a laissé et laisse des traces bien plus profondes dans l’âme et le coeur des autochtones, que ne pourront laisser les autochtones par leur exploration inversée. Les études anthropologiques ont eu un impact important sur la vie des autochtones. Au point que certains peuples qui ont fait l’objet d’études, s’adressent aujourd’hui aux anthropologues devant des caméras en leur disant de ne plus revenir et de rester chez eux. Ces peuples semblent avoir tiré un certain enseignement. A l’inverse, notre civilisation que tire t-elle comme enseignement ?

      Le documentaire en question qui était passé sur Arte est celui-là, je ne sais pas si tu l’as déjà vu :

      http://www.arte.tv/guide/fr/031889-000/yanomami

      « Yanomami : Une guerre d’anthropologues »
      Origine : ARTE F
      Pays : France
      Année : 2010

      Dans les années 1960, les anthropologues occidentaux fraîchement diplômés partent à la recherche des tribus les plus éloignées. Trente ans plus tard, la révélation des détails de cette rencontre entre deux mondes jette l’opprobre sur les institutions scientifiques...

      Dans les années 1960, les anthropologues occidentaux fraîchement diplômés partent à la recherche des tribus les plus éloignées. Le bassin amazonien, qui était privé de tout contact avec la modernité, est alors envahi par un flot incessant de chercheurs et de journalistes. Les Indiens yanomami, qui restent aujourd’hui encore la tribu la plus étudiée au monde, ne voient pas leur arrivée d’un bon œil. Trente ans plus tard, la révélation des détails de cette rencontre entre deux mondes jette l’opprobre sur les institutions scientifiques, particulièrement en France et aux États-Unis : les intrusions en hélicoptères ont détruit de nombreux habitats ; certains chercheurs ont acheté la confiance des indigènes en leur fournissant des armes en tout genre ; leur présence a créé un désordre social et l’émergence de nouvelles maladies…

      Le réalisateur brésilien José Padilha tente de faire toute la lumière sur cette sombre histoire en s’appuyant sur de nombreux extraits de films anthropologiques des années 1960, mais aussi sur des entretiens avec les témoins clés. Il a ainsi offert aux chercheurs accusés l’opportunité de se défendre, et a donné la parole aux Yanomami, restés silencieux jusque-là, pour leur permettre de livrer leur propre version. De cette confrontation naît un regard nouveau sur les interactions qui ont eu lieu entre le monde moderne et la culture traditionnelle, et une réflexion sur les limites de la recherche anthropologique.

      PS : j’envisage de mettre une copie de ce documentaire sur archive.org ; je pense que c’est légal.