Une autre histoire des « Trente Glorieuses  » - Céline PESSIS, Sezin TOPÇU, Christophe BONNEUIL

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  • Cet article est intéressant mais son analyse est radicale (le Comité international de la Quatrième Internationale se donne une mission révolutionnaire ). La politique américaine serait volontairement catastrophique et non du seul fait de l’incompétence des experts et des responsables américains et de leur crasse ignorance des autres pays et des autres cultures.

    https://www.wsws.org/fr/articles/2015/mai2015/pers-m14.shtml

    Le lire me donne envie d’en discuter. (Je ne suis pas opposée à toutes les formes d’économies marchandes et de capitalismes). Pour faire court, pour moi la question est le contrôle du profit ou du surplus, pas sa genèse. La mondialisation financière a considérablement limité ce contrôle. Mais, malgré cela, j’ai du mal à concevoir que le pouvoir politique d’une société où l’on vote (Etats-Unis comme Iran) soit devenu totalement cynique, et « hors-sol » par rapport aux intérêts de ceux qui l’élisent. Il y a un côté trop manichéen dans cet article de Patrick Martin, qui pose pourtant de très réelles questions, pour ne pas avoir envie d’échanger dessus. Maintenant je ne sais pas si Seenthis est le lieu pour ça ...

    Extrait de l’un des passages qui m’interroge le plus :

    Depuis les attaques terroristes de 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone, la politique étrangère et intérieure américaine est fondée sur le mensonge de la « guerre contre le terrorisme ». Selon ce scénario, des terroristes brutaux ont attaqué l’Amérique de manière totalement imprévisible, tuant près de 3000 personnes, ce qui a obligé le gouvernement américain à réagir en leur déclarant la guerre.

    Ce mensonge a été nécessaire pour cacher les véritables origines des attaques du 11 septembre, dans le recrutement et la formation par la CIA de terroristes fondamentalistes – y compris Oussama ben Laden – pour la guerre en Afghanistan contre l’occupation militaire soviétique. Il a fallu dissimuler les connexions en cours entre les agences de renseignement américaines et Al-Qaïda, qui ont refait surface en Libye et en Syrie, où les forces d’Al-Qaïda sont un élément clé dans les opérations soutenues par les É.-U. pour des « changements de régime ».

    Les attaques du 11 septembre ont fourni le prétexte non seulement pour les guerres américaines à l’étranger, mais pour l’énorme accumulation de pouvoirs d’État policier aux États-Unis : la création du département de la Sécurité intérieure ; du Northern Command du Pentagone ; la vaste expansion d’espionnage sur les télécommunications et l’Internet ; et les répétitions générales pour la dictature militaro-policière comme la répression qui a suivi l’attentat du marathon de Boston.

    Toutes ces actions sont entraînées par la crise sociale, économique et politique grandissante du capitalisme américain et mondial. Il est impossible de maintenir des formes démocratiques de gouvernement dans une société où une fraction infime de la population monopolise pratiquement toute la richesse. Mais la poussée constante vers une dictature de l’oligarchie financière, dirigée contre les droits démocratiques du peuple américain, est présentée comme un effort pour protéger les Américains ordinaires de la menace du terrorisme.

    • Personnellement je suis étonné par la sobriété du ton de la part de wsws.
      Je vais essayer de retrouver un article référencé sur seenthis sur le capitalisme de prédation.
      Peut être chez contretemps.
      Le capitalisme ne peut survivre qu’au dessus d’un certain taux de croissance annuel, la croissance est limitée, les états trouvent leur croissance dans le vol.
      C’est la survie d’un système qui est jeu et qui permet de porter la guerre hors de ses frontières mais aussi sur sa propre population.
      Pour le cynisme CDB-77 a crée un fil contenant une liste de films sur la mondialisation.

      https://www.youtube.com/watch?v=ReszLQIUYv0

    • Merci de ces articles. Je connais déjà bien la pensée de Marx, et pas mal les pensées marxistes.

      Pour moi, le capitalisme, bien régulé, n’a pas apporté la pauvreté partout : voir la période des 30 glorieuses en France. Et voir la croissance tout de même très significative du revenu moyen dans bien des pays quand le capitalisme économique s’y développe. Qu’on regarde les différents pays asiatiques, la Chine, la Turquie : les décollages économiques se traduisent par des élévations des niveaux de vie d’une fraction importante des populations. C’est inégal, c’est vrai, cela laisse des zones de pauvreté très fortes, c’est vrai, mais on ne peut pas ignorer purement et simplement l’émergence de classes moyennes importantes dans ces pays.

      Pour moi c’est le nationalisme de ces pays qui leur a évité de se faire piller le produit de la dynamique de croissance capitaliste par les multinationales. La Chine a été très critiquée pour son nationalisme.

      Et on n’a pas des masses d’exemples où, sans croissance capitaliste (régulée, encadrée, j’insiste), ça se passe mieux...

      Si d’autres ont d’autres points de vue, qu’ils n’hésitent pas.

    • WP :
      Critiques des Trente Glorieuses

      Sur le plan économique, en 1972, le premier rapport du Club de Rome, The Limits to Growth, critique la volonté d’une croissance économique perpétuelle puisque celle-ci ne saurait être illimitée dans un monde qui n’est pas infini.

      Sur le plan social, on assiste à un affaiblissement de la solidarité familiale, du lien social.

      Sur le plan culturel, Les Choses de Georges Perec (1965), La Grande Bouffe de Marco Ferreri (1973) sont d’évidentes critiques de la société de consommation. Le situationnisme sera quant à lui une critique de la société des spectacles émergente.

      La condition ouvrière reste marquée par la pénibilité du travail et l’infériorité sociale.

      Réinscrire les Trente Glorieuses dans les combats contemporains
      http://www.contretemps.eu/interventions/r%C3%A9inscrire-trente-glorieuses-dans-combats-contemporains

      "Comme était doux le temps des « Trente Glorieuses » ! La démocratisation de la voiture et de la viande ! L’électroménager libérant la femme ! La mécanisation agricole éradiquant la famine ! La Troisième Guerre mondiale évitée et la grandeur nationale restaurée grâce à la dissuasion nucléaire ! Etc. Telle est aujourd’hui la vision dominante de cette période d’« expansion », objet d’une profonde nostalgie passéiste… au risque de l’aveuglement sur les racines de la crise contemporaine.
      À rebours d’une histoire consensuelle de la modernisation, cet ouvrage dévoile l’autre face, noire, du rouleau compresseur de la « modernité » et du « progrès », qui tout à la fois créa et rendit invisibles ses victimes : les irradié.e.s des essais nucléaires en Algérie et en Polynésie, les ouvrier.ère.s de l’amiante ou des mines d’uranium contaminé.e.s, les rivières irrémédiablement polluées, les cerveaux colonisés par les mots d’ordre de la « croissance » et de la publicité…
      Les conséquences sociales et environnementales des prétendues « Trente Glorieuses », de leur mythologie savamment construite par les « modernisateurs » eux-mêmes, de leurs choix technico-économiques et de leurs modes de vie, se révèlent aujourd’hui très lourdes. Il nous faut donc réévaluer la période et faire resurgir la voix des vaincu.e.s et des critiques du « progrès » (de l’atome, des pollutions, du productivisme et du consumérisme) antérieures à 1968. L’enjeu est non seulement de démonter les stratégies qui permirent alors de les contourner, mais aussi de les réinscrire dans les combats politiques et écologiques contemporains."
      http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Une_autre_histoire_des___Trente_Glorieuses__-978270717547

      "Une autre histoire des Trente Glorieuses
      The "Trente Glorieuses" from a Fresh Perspective

      Modernisation, alertes environnementales et contestations du « progrès » dans la France d’après-guerre, 1945-1968
      " http://calenda.org/204896

    • Ouais ...
      N’empêche qu’il n’est pas souhaité, et par personne, de revenir à la France des années 1950 ou bien aux Etats-Unis des années 30.
      Le nier n’aide pas à réfléchir.

      Les trente glorieuses n’existent qu’en France parce qu’elles ont été une période de rattrapage par rapport à l’Angleterre et aux Etats-Unis où la croissance a commencé plus tôt et a été plus régulière mais moins forte.