• Le paradoxe, c’est que bien que Benoît Hamon soit le candidat du Parti Socialiste, il n’a rien derrière lui pour porter son projet au parlement, excepté une part minoritaire de l’organisation à laquelle il appartient. Il n’a pas non plus le pouvoir de retirer les candidats déjà investis. Les candidats les plus porteurs d’un projet commun seront donc ceux qui s’opposeront aux sociaux-libéraux du PS en Juin : les candidats de la FI (en discussion actuellement avec le PCF) ou de EELV, partis ou mouvements avec lesquels il a affirmé une proximité idéologique.

      Benoît Hamon est donc soit obligé de quitter son parti pour former un mouvement porteur de ses idées et présenter des candidats aux législatives qui pourraient les porter au parlement et les rendre applicables, soit obligé d’appeler à voter pour des étiquettes concurrentes aux élections de Juin, ce qui ne serait plus cohérent avec son investiture aux élections présidentielles par le parti socialiste. En un mot, la candidature de Benoît Hamon est incompatible depuis le début avec le projet pour lequel il a été désigné candidat par les électeurs de la primaire ouverte. Si les électeurs potentiels de Benoît Hamon veulent voir le programme légitimé par la primaire se réaliser, ils ne doivent ni voter pour lui, ni soutenir sa candidature aux élections présidentielles, puisqu’elle portera, par nécessité, au pouvoir les idées auxquelles ils s’opposent manifestement.

      Cette contradiction a déjà commencé à se manifester, avant même qu’il fut, dans les règles, investi candidat. Durant la campagne de la primaire, Hamon était déterminé à abroger la loi travail. Jean-Luc Mélenchon a récemment, dans une vidéo qui lui était adressé, déclaré le non-sens de l’investiture de Myriam El Khomri par le parti socialiste. Le candidat socialiste lui a clairement exprimé son refus de remettre en cause cette investiture, tout comme celle de Manuel Valls ou de Bruno Le Roux. C’est ainsi que, petit à petit, ou brutalement, le projet de Benoît Hamon se sera transformé... en celui du gouvernement sortant. Car « l’unité de la gauche » qu’il entend incarner, c’est celle des deux gauches en rupture, rupture qu’il a clairement exprimé un mois durant. Dorénavant, il s’affichera comme un tenant du « rassemblement pour le rassemblement ». Cette unité, il la réalise déjà, à coup de compromis qui iront dans le sens de sa propre majorité... qui est sociale-libérale. Il n’abrogera jamais la loi travail. Ni avec Myriam El Khomri, ni avec les députés déjà investis. Car il n’y a que 577 circonscriptions, en France. Cela veut dire que, par rapport au 20 janvier, il reste 179 candidats à investir. En imaginant même que tous seraient élus, il faudrait que toutes les nouvelles investitures soient sur la ligne Hamon, et que plus de la moitié des candidats dont le positionnement nous est inconnu soit également sur la même ligne pour qu’il ait une majorité. Autant dire que pour le programme socialiste de Benoît Hamon porté par Benoît Hamon, c’est déjà trop tard. À ce titre, les appels aux rassemblements derrière l’impérative candidature Hamon sont soit mal intentionnés, soit complètement contradictoires.

  • « En attendant les hordes de grands buveurs de bière... »
    (Grèce / revue de presse du 31 mai 2015)

    Mais à présent, qu’allons-nous devenir sans barbares ? / Ces gens-là, écrivait en substance le grand poète grec Constantin Cavafis, c’était quand même une solution...
    Non sans ironie, l’économiste Paul Krugman associe le salut des Grecs en cas de #sortie_de_l'euro et de dévaluation externe au déferlement de hordes de « grands buveurs de bières britanniques » :
    http://mobile.agoravox.fr/actualites/europe/article/paul-krugman-le-vrai-risque-pour-167882

    Rappel à la discipline de parti sur fond d’accord en vue (et de « concessions douloureuses » et/ou de « compromis honorable ») avec les #créanciers : Nikos Pappas (ministre en charge de l’audiovisuel et bras-droit d’Alexis #Tsipras) accentue ses critiques contre la présidente de l’Assemblée nationale, Zoe #Konstantopoulou, trop indépendante selon la fraction majoritaire/gouvernementale du parti au pouvoir et sans doute trop soucieuse aux yeux de ces derniers de défendre (depuis un « perchoir » hautement politisé après son entrée en fonction) le respect des engagements initiaux du #gouvernement_grec (la charge contre Z. K. alimente depuis quelques semaines plusieurs articles de la presse de gauche proche de N. Pappas) : http://www.thepressproject.gr/article/77577/Austiro-minuma-tou-Nikou-Pappa-pros-diafonountes

    A Bruxelles, les pourparlers sur l’économie grecque semblent s’accélérer dans le cadre du Brussels Group. Questions sur la table : système fiscal, régimes de retraites, fonctionnement de la Justice, des marchés, du système bancaire – entre autres. Un accord au niveau des « équipes techniques » du Groupe de Bruxelles paraît « possible », selon des sources proches des négociateurs grecs. Les entretiens se poursuivront vraisemblablement ce lundi, tant au niveau des équipes techniques qu’à celui des responsables politiques.
    http://tvxs.gr/news/eyropi-eop/epitaxynontai-oi-diaboyleyseis-sto-brussels-group

    Après l’entretien de jeudi dernier (en marge de la rencontre au sommet de Riga), une vidéoconférence est prévue ce soir (dimanche 31 mai) entre A. Tsipras, A. #Merkel et F. #Hollande :
    http://tvxs.gr/news/ellada/tilediaskepsi-tsipra-me-merkel-kai-olant-simera-brady
    Cf. aussi :
    http://itgenial.it/articoli/2015/04/01/1386853-crisi-grecia-stathakis-accordo-entro-settimana-prossima-tv

    Le ministre des Finances grec, Yanis #Varoufakis, est vertement critiqué par plusieurs des responsables de Syriza (dont Dimitris #Papadimoulis, député européen et l’une des voix les plus écoutées du parti de gauche radicale) pour avoir nommé Elena Panariti (ancienne membre du #PASOK, ayant travaillé avec l’ancien Premier ministre Giorgos Papandréou) au poste de représentante de la Grèce au #FMI :
    http://en.enikos.gr/politics/29799,Syriza-upheaval-intensifies-over-Greeces-new-IMF-representative.html
    http://tvxs.gr/news/ellada/skies-metaksy-maksimoy-%E2%80%93-baroyfaki-logo-panariti

    Yanis Varoufakis dément les rumeurs concernant sa démission imminente – sans exclure le fait qu’elle pourrait intervenir à un stade ultérieur :
    http://tvxs.gr/news/ellada/ti-apanta-o-baroyfakis-sta-peri-paraitisis-toy

    « La question des #privatisations en cours constitue un objet de négociation pour le gouvernement, qui s’efforce de promouvoir des changements importants dans les clauses de l’accord, changements susceptibles de garantir l’intérêt public », a déclaré depuis Chania (île de Crète) le ministre grec de l’Économie Giorgos Stathakis, qui a rencontré des représentants de l’administration et du personnel de l’aéroport local. Le président du syndicat des employés s’est déclaré opposé au programme de privatisation des aéroports régionaux.
    A propos de la privatisation du port de #Pirée comme de celle des 14 aéroports régionaux, projets lancés lors de la législature précédente, G. Stathakis a indiqué que le gouvernement s’efforçait d’obtenir de meilleures conditions (plus favorables à l’intérêt public) que celles qu’avait obtenues le gouvernement précédent.
    Le même déclare au « Corriere Della Serra » que la signature de l’accord avec les créanciers n’est plus qu’une question de jours.
    (A ce sujet lire aussi :
    http://www.reuters.com/article/2015/05/30/eurozone-greece-voutsis-idUSL5N0YL02S20150530

    Pour une lecture de la philosophie qui semble guider en l’occurrence le gouvernement grec, cf. mon billet du 19 mai : « L’une des questions posées par cette réorientation est de savoir si cette « mutualisation » hypothétique des bénéfices est une pure vue de l’esprit, un artifice idéologique ou une réalité possible — et, dans ce dernier cas, s’il ne s’agirait pas simplement, dans le contexte spécifique de la faillite achevée de l’État grec et de la reconnaissance d’une #dette insoutenable, de la poursuite, par des moyens assez peu différents, des politiques néolibérales. »
    https://oulaviesauvage.wordpress.com/2015/05/19/grece-soyons-pessimistes-demandons-limpossible