à l’école, une laïcité qui sent la caserne

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  • Tous en uniforme : à l’école, une laïcité qui sent la caserne | Journal d’un prof d’histoire (Journal d’un prof d’histoire)
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    Comme la référence à l’égalité et aux différences sociales entre les parents n’est guère crédible venant d’un parti politique dont le projet éducatif prévoit explicitement la sélection précoce des élèves sur des bases sociales (et ethniques, quoi qu’on en dise) et comme on ne voit pas en quoi des « manifestations communautaires », de toutes façons limitées, pourraient conduire à mettre 13 millions d’élèves en uniforme, une extravagance qui n’existe nulle part en Europe, à l’exception de la Grande-Bretagne, il faut alors convenir que cette revendication cache d’autres motivations.

    Et ces motivations, il faut les chercher dans la dénaturation rapide de l’idée laïque et de tout un vocabulaire politique, vidés des contenus qui faisaient leur légitimité : ces dernières années, et plus spécialement depuis les attentats de janvier, les notions de laïcité, de république, de citoyenneté, voire de communauté sont défigurées, rancies, au profit de considérations nationales/autoritaires qui dessinent un projet éducatif au sinistre visage.

    A l’école, il ne s’agit plus de faire grandir, d’éduquer les élèves à la liberté, à l’esprit critique, dans le respect des autres et du monde qui les entoure mais d’enfermer chacun dans une identité étriquée fondée sur l’obéissance. Que ce projet soit partagé par une large fraction de l’opinion publique allant de l’extrême gauche à l’extrême droite n’est pas une circonstance atténuante.

    #éducation #laïcité #réforme #autoritarisme

    • Perso je me demande si l’uniforme ne serait pas une bonne chose pour contrer la violence de la mode et des marques de fringues qui assoit de facto la hiérarchie de classe entre les élèves. Mais bon, j’ai pas réfléchis plus que ça à tout ce que ça pourrait impliquer.

    • Pour avoir enseigné en collège en Martinique, où l’uniforme est obligatoire, j’ai pu constater :

      1) que ça ne contribue en rien à limiter la « hiérarchie de classe » entre élèves, qui est tout aussi marquée du fait des affaires scolaires (marque du cartable, de la trousse...), des chaussures, des bijoux. Que l’uniforme est souvent vendu beaucoup plus cher que des vêtements « classiques », par des boutiques spécialisées.

      2) que ça n’est pas forcément sexiste, quoique : en Martinique, le polo est commun aux filles et aux garçons, et pour le bas, c’est soit jean de la couleur du collège (filles comme garçons avaient donc le droit de crever de chaud...), soit jupe à carreaux « d’une longueur décente » (je vous laisse réfléchir là-dessus).

      3) que ça laisse complètement en dehors de l’école, à un moment où ça peut être important d’en parler dans ce cadre-là, la question des vêtements et de ce qu’ils disent de nous.
      Je ne dis pas que c’est forcément lié, mais beaucoup de mes très jeunes élèves de sixième étaient dans un modèle vestimentaire hypersexualisé en dehors du collège (filles comme garçons), et ouvrir la discussion là-dessus quand ils sont tous en uniforme, c’est compliqué. Quand on devinait ma culotte sous un pantalon, mes élèves étaient morts de rire en m’expliquant que je portais une culotte de grand-mère, un « parachute » (une fille qui n’est pas en string, c’est une vieille).