Au Yémen, les frappes aériennes saoudiennes endommagent un patrimoine millénaire

/au-yemen-les-frappes-aeriennes-saoudien

  • Au Yémen, les frappes aériennes saoudiennes endommagent un patrimoine millénaire
    http://www.lemonde.fr/culture/article/2015/06/11/au-yemen-les-frappes-aeriennes-saoudiennes-endommagent-un-patrimoine-millena

    Alors que tous les regards sont tournés vers l’Irak et la Syrie, portés sur les destructions barbares, par l’organisation Etat Islamique (EI), du patrimoine millénaire mésopotamien – Nimroud, Hatra, le Musée de Mossoul – et sur le danger qu’elle fait peser sur la cité antique de Palmyre, les récents bombardements saoudiens des sites historiques yéménites sont passés inaperçus.
    […]
    A Marib, capitale de la légendaire reine de Saba – qui aurait, dit la Bible, rendu visite au roi Salomon à Jérusalem –, le grand barrage, datant du premier millénaire avant notre ère, a été touché. Les photos d’Hussain Albukhaiti, postées sur le Web, le 31 mai, montrent la paroi de pierre monumentale éventrée. Information confirmée par Iris Gerlach, directrice de l’Institut archéologique allemand, à Sanaa, la capitale du Yémen. Destruction condamnée par la direction yéménite des antiquités et des musées.
    […]
    La frappe aérienne sur Marib a suivi celle, le 23 mai, du Musée de Dhamar, une des capitales des gouvernorats située au sud de Sanaa. 12 500 objets archéologiques ont été anéantis dans l’explosion, « des centaines d’inscriptions en sabatéen – langue du royaume de Saba [800 av. J.-C. – 300 ap.J.-C.]– sur des stèles, des brûle-encens, des éléments d’architecture… », indique l’archéologue français, qui précise que les pièces avaient été documentées par les scientifiques de l’université de Pise ; un travail d’archives réalisé par les Italiens sur l’ensemble des musées yéménites.

    Deux autres sites ont été visés. Le 5 juin, la forteresse médiévale d’Al-Qahira qui, sur une colline, domine Taez ; un site stratégique surplombant la troisième ville du Yémen. Et le palais Wadi Dhar, résidence d’été de l’imam Yahya, construit dans les années 1920 en nid d’aigle, au sommet d’un piton rocheux de cinquante mètres. Parfait exemple de l’architecture yéménite, maison-tour de brique crue, dont les façades sont animées de frises géométriques en blanc de chaux.