• http://www.jeudepaume.org/?page=article&idArt=3001

    Je ne saurais trop recommander l’exposition de Bouchra Khalili que j’ai découverte ce dimanche au Jeu de Paume à Paris, en allant voir l’exposition de Gordon Matta-Clark, par ailleurs somptueuse, mais c’est une autre histoire. Il y a notamment ces vidéos remarquables où l’on voit la main d’une personne réfugiée dessiner sur une carte le parcours souvent remarquable de complexité et de longueur (il peut falloir cinq ans pour aller du Bangladesh à Rome, surtout en passant par le Mali) et les récits des personnes qui commentent leur propre odyssée sont d’une incroyable puissance (surtout dans un Italien parfait quand on est né à Dhaka).

    Quant au film Twenty-Two Hours c’est peu dire qu’il est à la fois émouvant et édifiant.

    cc @cdb_77

    Naturellement l’exposition de Gordon Matta-Clark, elle vaut aussi largement la peine d’être vue

    Incidemment, quand on voit les images pour le moins fragiles et pas toutes faciles à regarder tellement elles sont médiocres des performances de Gordon Matta-Clark, on peut se poser la question aujourd’hui du rapport entre le nombre et la fréquence des captations versus la qualité des interventions, il doit être l’exact inverse que pour Matta-Clark. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

  • J’hérite de la gestion
    D’une société de production
    D’eau minérale ? je sais tout faire

    Mais c’est la guerre qu’est partout
    Un bombardement est annoncé
    C’est autre chose que de se faire frôler par des V1

    Zoé, une fois de plus en retard
    Zoé une fois de plus
    Qui se rachète en me faisant rire

    Retour en open space
    Après spectacle
    Sentiment de poussière, pire, d’ordre

    Le précédent carré permettait de jour aux échecs
    Le suivant permettra de jouer aux dames
    Bon anniversaire Papa

    Désertion
    Et école buissonnière
    J’ai rancard avec Sarah

    http://www.desordre.net/musique/beatles.mp3

    Dans un café du haut de la rue de Belleville
    J’entre et commande un café
    Honey pie des Beatles

    Et après Honey pie, Revolution nine
    En 2018, dans un café de Belleville
    Les archéologues sonores se confondront

    Remontant la rue de Belleville
    Une immense contrebassiste
    Fend les flocons dans un nuage de fumée

    Dans une petite cantine chinoise
    Nous sommes priés trois fois de commander
    Nous n’avons pas encore ouvert les menus, bavards

    Sarah-Caroline commande pour dix
    Anguilles et nouilles sautées
    Pour le gros célibataire

    Sarah-Caroline et moi
    Créons un personnage, Machinette
    Sarah-Caroline doit deviner qui est Machinette

    Machinette
    Cela lui va très bien
    N’est pas celle que Sarah-Caroline pense

    Un indice malgré tout
    Elle ne joue pas
    Du Soubassophone

    Mais assez parler de Machinette
    Sarah-Caroline me fait rire, mais rire
    Elle n’a pas peur des hommes de 130 kgs

    Finalement
    Les anguilles
    Ça passe crème

    Ce n’est pas comme les couleuvres de mon travail
    La curiosité pour mon travail d’ingénieur
    D’une informaticienne qui s’ignore

    Je crois qu’il faut que je te fasse lire
    Élever des chèvres en open space
    Je crois que je l’ai écrit pour que ce soit clair

    On reparle de mes aptitudes à la guitare
    Tu sais je ne fais aucune différence entre un si et un mi
    Elle chante un si et un mi, « la-la »

    Non là
    T’as fait deux fois
    La !

    Je savais bien que ce n’était pas normal
    Ce Revolution Nine dans un café de Belleville
    Déjeuner avec Sarah-Caroline, ce soir JLG !

    Retour en open space
    Un peu déboussolé tout de même
    On ne me demande pas les mêmes choses

    La livraison de la semaine dernière
    Est conforme aux attentes de l’analyse
    Validation de la requête

    Sanctuarisation de la requête
    Et hebdomarisation par script
    Ordonnancé sous ControlM

    Dépôt du fichier plat sur serveur
    Par FTP tous les lundis à 10.00
    L’analyse accepte les données au format .csv

    Charge à l’analyse d’extraire les données csv
    Et de les reporter dans un nouveau fichier
    Pour obtenir le TCD par script EXL

    Je préférais la conversation
    Avec mon amie informaticienne
    Qui s’ignore (et qui joue de la contrebasse)

    Retour home
    Ferait bien la grève
    Des pâtes moi ch’soir !

    Je file au Petit Balcon
    Écouter Jean-Luc Guionnet
    Et Daichi Yoshikawa

    Deux sets
    Deux aventures
    Deux voyages

    Premier set
    Daichi Yoshikawa
    Percussionniste du XXIIIème siècle

    Donnez un percussionniste du XXIIIème siècle
    À Jean-Luc Guionnet
    Et il s’adapte. Il s’adapte à tout

    Je suis à moins d’un mètre
    Du pavillon du saxophone
    De Jean-Luc, sur les lèvres du volcan

    Je sais déjà
    Qu’en sortant
    Je serais différent

    Trois saxophonistes
    M’ont soufflé aux oreilles
    D’aussi près

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140126_partis_001.mp3

    John Tchicai
    Stéphane Rives
    Et donc Jean-Luc

    Il y a quelque chose
    De quasi autistique
    Chez Daichi Yoshikawa

    On pourrait croire à une limite
    Le deuxième set a été composé
    Dans une autre galaxie

    Je croise trop brièvement
    Jean-Luc et Lotus
    Pour échanger vraiment

    Jean-Luc
    S’amuse à me présenter
    Comme guitariste ! Grrr !

    Autoradio
    Johann Chapoutot
    Spécialiste du nazisme

    #mon_oiseau_bleu

  • Pieds nus
    Dans la salle de cours du lycée
    Jérôme m’annonce qu’il publiera Raffut

    Je n’ai plus un cent dans les poches
    Je ne peux même pas acheter une baguette
    Nous mangerons des biscottes

    On se dispute le couteau du beurre
    Zoé ne se lève pas
    Émile colle aux draps

    Honte : les intérimaires
    Ont rapporté de la galette
    Pour toutes et tous

    Café dans l’ombre
    De l’open space
    Sans fleurs

    Ombres sombres
    Je sombre, sombre
    Assombri par les nombres

    Plaisanteries sexistes en open space
    Et dire que la semaine dernière
    Je soutenais à Sophie que

    Je perds toute mesure
    Et envoie un mail facétieux
    Retour de bâton, on ne rit pas

    J’emporte quelques pages
    De Frôlé par un V1 au BDP
    Mais je ne fais rien de bien

    «  - Vous auriez un dictionnaire des synonymes ?
    – Tenez ! » Tête du primo-romancier
    Qui pousse du col en écrivant au café

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que je vois
    La bedaine obscène d’un grand chef

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que j’entends
    Blagues de caserne

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que je sens
    Livraison de fuel dans le parking

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que je lis
    Commentaires anti-zadistes primaires

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas le menu de la cantine
    Endives braisées, dégoulinantes de béchamel

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que je fais
    Coups de téléphone à des administrations

    Aujourd’hui
    Je voudrais refermer cette journée
    Comme on ferme une parenthèse (non lue)

    Le débat du jour dans l’open space
    Où acheter son lit en mémoire de formes
    Et comment le tester (imaginez les blagues)

    Il est urgent je crois
    Que je téléporte
    Mon mauvais poil

    Émile qui voudrait sortir
    Sarah qui voudrait sortir tous les soirs
    Zoé qui veut dormir

    Je préfère ça
    Oui, j’aime encore mieux ça
    C’est vraiment eux !

    Je travaille aux derniers calques
    De l’affiche de l’Étreinte à Beaubourg
    Quoi encore ? Adrien trouve à redire

    Échange avec Sarah
    Quoi encore ?
    Elle a perdu son identifiant

    Partie d’échecs avec Emile
    Quoi encore ?
    Il m’attaque et gagne

    https://www.youtube.com/watch?v=ZtJF0xQXEms

    Concert
    De la soustraction des fleurs
    Au théâtre Thénardier à Montreuil

    Jean-François Vrod
    Frédéric Aurier
    Sylvain Lemêtre

    Première partie, Dramane Dembélé
    Jamais musicien n’a joué aussi peu fort
    A aussi bas volume

    Il faut tendre l’oreille
    Chaleur de l’endroit sombre
    Banquettes basses

    Dramane Dembélé
    Musicien surdoué
    Flûtes diverses et n’goni

    Sourire admirable
    Musicien
    Au plaisir communicatif

    Puis c’est la Soustraction des fleurs
    Dans tout ce qu’elle a
    D’invraisemblablement singulier

    Mélange parfait
    De recherche musicale
    Et d’humour décalé

    Jean-François Vrod
    Conteur talentueux comme au coin du feu
    Mais alors quelles histoires, quelles salades !

    Histoire polyphonique
    Du demi-poulet
    À fond dans la folie douce

    La soustraction des fleurs
    Réhabilite la veillée auvergnate
    En passant par les Flandres

    Musiciens qui ne s’interdisent rien
    Surtout pas de sourire
    Ou d’accueillir un Malien à leur table

    Quand on est intelligent (Jean-François Vrod)
    On l’est en toutes choses
    Et on trouve un chemin qui relie l’Auvergne au Mali

    Je me garde le plaisir
    De lui écrire
    Plus tard

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/aec_vieux_disque.mp3

    Maison et enfants endormis
    Envie d’un peu de musique (encore !) au casque
    L’Art Ensemble of Chicago me joue une berceuse

    L’Art Ensemble of Chicago
    Me joue une berceuse
    Celle que j’écoutais au labo à Portsmouth

    #mon_oiseau_bleu

  • Mon inconscient
    Serait-il en grève
    Un matin sur deux ?

    Mon inconscient
    Serait-il
    Suspicieux ?

    Mon inconscient
    Flaire-t-il chez moi
    Le plagiaire éhonté ?

    Un café et ses trois tartines
    Mon prochain grille-pain
    Aura trois fentes

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/bowie.mp3

    Un peu de Lester Bowie
    Un petit tour sur seenthis
    Et hop au travail !

    Dans Frôlé par un V1
    J’ai le sentiment de fluidité
    Quand soudain, une digression possible

    La liste des auteurs
    Dont je ne connais pas du tout
    Le visage, et pourtant

    Frôlé par un V1
    Je me demande si ce n’est pas
    Ma tentative d’approcher l’invisible

    Décrire l’invisible
    L’immensément grand
    Ce qui existe sans exister, la vie

    De temps en temps
    La guitare électrique donne un répit
    Au jeune auteur en manque d’inspiration

    Tentative infructueuse
    De s’y remettre
    Sortir aller flâner

    Chez un bouquiniste
    Chance insigne
    Une monographie de Velázquez

    A Beaubourg en quête d’un renseignement
    L’exposition de photogrammes
    De Klein, Ifert, Zamecznik

    On peut étudier la photographie
    Et découvrir à 53 ans le travail de Gérard Ifert
    Et le replonger dans l’oubli en sortant de l’expo

    On peut étudier le graphisme
    Et comprendre à 53 ans que Wojciech Zamecznik
    Travaillait son graphisme en photographie !

    On peut connaître le travail de William Klein
    Et avoir, à 53 ans, encore des occasions
    De s’émerveiller de sa prétention

    Et je finis par rejoindre
    La Maison de la Poésie
    Soirée du souvenir pour Phil

    Sébastien en chef d’orchestre
    À l’immense justesse
    Fil du rasoir, les émotions jamais loin

    Assis entre Sereine et Jean Richard
    Je me laisse aller en confiance
    Aux larmes quand elles viennent

    Ma cassette fait (un peu) rire
    C’est déjà ça. Je n’aurais pas voulu
    Que tout soit pleurs à propos de Phil

    La très grande réussite de cette soirée
    Rendre l’absence de Phil impossible
    Jusqu’à l’absurde. Dans tes dents la mort !

    Au foyer, vidés de nos émotions
    Nous buvons un verre
    Nos verres s’entrechoquent sans cesse : à Phil !

    Je croise Lucie
    « J’ai tellement aimé ton poème »
    Sa modestie, elle paraît surprise

    Le restaurant corse
    N’a pas de table assez grande
    Pour tous nous accueillir

    Tête à tête avec Fred
    Depuis le temps
    Et la conversation reprend

    On parle de Godard
    Avec Sébastien
    On a vaincu rien moins que la mort

    Je raccompagne
    J. et Tanya
    Rires et rire encore

    La Mort, mets-toi ça dans la caboche
    Tu ne nous as pas pris Phil
    Il nous suffit de dire son nom et il est là

    #mon_oiseau_bleu

  • Je dois retrouver Lola
    Au fait d’une falaise et d’un palais
    Vertigineux

    Au réveil
    L’eau commence
    À refluer, un peu

    En confiance
    Nous redescendons les meubles
    Le sentiment de vivre dans un bateau

    Je vais faire provision
    De poisson avec Isa
    Et des bulots pour son plaisir

    Dos de cabillaud au four
    Pommes de terre et fenouil vapeur
    Chaource

    Je prends la route
    Vers Bibracte
    Rendre visite à Oana

    http://www.desordre.net/musique/zappa.mp3

    Route de l’aller
    Pleine de lacets
    Frank Zappa, One size fits all

    Nous faisons mieux connaissance
    Dans leur maison chaleureuse
    Café sur une table à l’aimable désordre

    Son atelier encore vide
    Est presque prêt
    Lumière du Nord et un arbre

    Je découvre en vrai
    Quelques-unes de ses œuvres
    Rapport d’échelle faussé. Amusant

    Je visite une maison
    Tellement chaleureuse et belle
    Comme une île perchée

    On discute on parle on argumente
    De peinture, de musique (de Sarah)
    De littérature, de cinéma (Tarkovski)

    Oana apprend à jouer aux échecs
    Je lui explique le début de Capablanca :
    Les finales simples

    Elle me retient à dîner
    Nous préparons des nouilles sautées
    On s’entend très bien en cuisine

    Il reste une demi-douzaine d’huîtres
    Des nouilles sautées (aux crevettes)
    Du vin d’Alsace et même un Gewurztraminer

    On discute encore
    Oana me raconte l’histoire
    Du dernier roi de Roumanie

    Expatriée
    La dernière reine de Roumanie
    A été vendeuse

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/lou_reed_there_is_no_time.mp3

    Ruoter ud etuor
    Stecal ed enielp
    Lou Reed, New York

    Je tombe de fatigue
    Une demi-page
    De Churchill, Manitoba

    #mon_oiseau_bleu

  • http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140126_partis_002.mp3

    Jean-Luc et Stéphane
    Fabriquent des trucs
    Dans une cave inaccessible

    Petit déjeuner
    Avec Bertrand
    Complicité désormais

    Dernier café
    Avec Adrien
    À la gare

    Comme
    Dans _Matrix

    Tu vois ?

    Longue absence
    Dans le train
    Paysage qui file

    Je m’astreins à un peu de lecture
    _Deux fois né
    de Constantin Alexandrakis
    Ça me reconnecte un peu, pourtant

    Dans le métropolitain, dans la rame
    Un mendiant joue la Chanson du petit lapin
    Dans les quatre langues : tu vas te faire pincer très fort !

    Il fait un froid mordant
    Il n’y a pas grand-chose à manger
    Longue discussion avec Sarah

    Je remets de l’ordre
    Dans une valise comble
    Je rebranche les ordinateurs : au travail !

    Au travail !
    Mais rien ne vient vraiment
    Pas facile de redescendre sur Terre

    Le soir je ressors, froid mordant
    Lotissement compagnie Man Haast au 104
    J’ai le trac pour eux, contagieux ?

    La fragilité du spectacle
    Les risques que l’on prend devant
    Des personnes seulement avides de plaisir

    Des personnes qui pour leur plaisir
    Regardent de biais les imperfections
    Et, ont, en fait, envie d’être émerveillées

    Et, avec Lotissement
    Possiblement
    Ont envie d’être violentés

    Le spectacle a gagné
    Tant d’épaisseur
    Et creuse désormais de tels sillons !

    Je retrouve Sarah
    On échange brièvement
    Grande table chaleureuse

    Est-ce seulement
    Quinquagénaire
    Que je découvre…

    … Que je découvre
    Mon bon plaisir
    Et mon désir : la scène !

    http://www.desordre.net/musique/eels.mp3

    Les Eels me raccompagnent
    Rompu de fatigue
    Anormalement libre en pensée

    #mon_oiseau_bleu

  • Je dois remettre, comme tous les matins
    Le récit de mon rêve manuscrit
    A un organisme de certification d’authenticité

    Je suis cramoisi de honte
    En le donnant à la guichetière
    Je l’ai écrit sur le verso d’une pub porno

    «  ? Je n’ai pas très envie d’aller au collège
     ? Je n’ai pas très envie d’aller en open space
     ? On sèche ? » Zoé au petit-déjeuner !

    Nous traversons un bois de Vincennes
    Stéréotypé : feuilles automnales
    Et brouillard de novembre. Froid humide

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140110_circulation_sclavis.mp3

    Nouvelles louanges matinales
    Pour le président-gamin, je zappe
    Ça commence aujourd’hui de Sclavis

    Dernier matin dans cet open space
    Lundi je change d’open space
    Mais je ne change pas d’air

    https://vimeo.com/85104995

    Vendredi, fridaywear
    Et écoute de musique au casque
    Les Caroline. I do acid with Sarah

    Une contrebassiste ? J.?
    Lit Une Fuite en Égypte
    Dans le train

    Dans l’open space
    Un collègue éclate de colère :
    « Je te rappelle que je suis le père de ton fils »

    In extremis je parviens
    A reporter toutes mes corrections
    Dans Frôlé par un V1, j’imprime pour le week-end

    Poèmes, en direct
    Depuis le temple
    De consommation

    Jus d’orange
    Eau de javel
    Riz

    Saumon fumé
    Pâte feuilletée
    Camembert

    Poires
    Jambon de Bayonne
    Filets de merlan

    Mozzarelle
    Epinards
    Pain de campagne

    Cantal
    Emmental
    Fourme d’Ambert

    Morbier
    Oignons
    Lentilles vertes

    Gnocchis
    Œufs
    Boursin

    Orecchi
    Acras de morue
    Parmesan

    Saint-Paulin
    Beurre salé
    Gorgonzola

    Crème fraîche
    Sauce tomate au basilic
    Lessive

    Je range mes courses
    Je lance une cassolette de poisson
    Et un crumble aux poires

    Avec Adrien, nous faisons
    Un filage devant une Sarah
    Bienveillante et pleine de ressources

    Ca va, je crois
    Que nous ne sommes pas
    Complètement à côté de la plaque

    Mais il reste du travail
    Nous dînons et discutons
    Les bouches pleines

    Je dépose Adrien au métropolitain
    Je raccompagne Sarah
    Je lui parle de ma dernière passion : les Sex Pistols

    Une bise
    Les restes du crumble
    Et un pot de miel

    Sur le ruban périphérique
    L’autoradio
    Et mon sourire dans le rétro

    #mon_oiseau_bleu

  • Les Cévennes sont devenues une île
    Montagneuse ravitaillée
    Par des fourgonnettes volantes

    La communauté stocke le grain
    Dans des silos souterrains
    Nous sommes parfois survolés par des T6G

    Matin calme
    Café et musique
    Mon poème du soir sera une setlist

    Je mets la dernière main
    A une fausse chronique
    Pour Sarah M.. Un conte. Oriental

    Un conte
    Oriental
    Non, pas si loin

    J’ai battu mon tapis hier soir
    Il a passé la nuit dehors par erreur
    Je marche, pieds nus, sur un tapis froid

    Sarah
    Aime bien
    Mon conte

    Mon conte
    Est
    Bon

    Je travaille
    J’ai du travail
    J’avance dans mon travail

    Laurent
    M’encourage
    Aux Moindres gestes

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/dans_les_arbres.mp3

    Mettant le disque de Dans les arbres
    Je m’amuse que le choix de disque
    Devient un vers de mon poème du soir

    http://www.desordre.net/musique/monk_midnight.mp3

    Vers midi
    Comme autour de Minuit
    L’attention décroit

    Pâtes
    Sieste
    Café

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/velvet_underground.mp3

    Rêve d’un détournement
    D’une pochette de disque du Velvet
    Une banane devenue noire, pourrie

    http://www.desordre.net/musique/stones.mp3

    Rêve d’un détournement
    D’une pochette de disque des Stones
    Derrière une braguette : une petite bite

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/sex_pistols.mp3

    Rêve d’un détournement
    D’une pochette de disque des Pistols
    Le visage de la Reine, aujourd’hui, vieille

    Trois petites
    Anguilles
    De sieste

    Émile passe
    Apporte un peu de désordre
    Émile repart

    http://www.desordre.net/musique/brahma.mp3

    Nicolas Nageotte
    Jacques Di Donato
    Commun leurre

    Ça part un peu vite
    Mais je m’accroche
    Qu’écrivais-je, déjà ?

    Je pose vraiment la question
    C’est quoi ce Céalis
    Qu’on veut à ce point me vendre ?

    Le facteur est passé
    Dans mon dos
    Les Sex Pistols dans ma boîte

    https://www.youtube.com/watch?v=W-7LEa_S_rw

    To be played loud me fait rire
    Moi, obéissant. J’ai 13 ans
    Et je joue de l’air-double-bass

    Je profite de la fin du jour
    Pour aller cueillir
    Des marque-pages jaunes

    Je passe devant des jeunes gens
    Qui écoutent du rap sur leur boom-box
    J’ai les Pistols en tête, presque je leur taperais une taffe

    Je sifflote
    Anarchy In The UK
    Ma baguette sous le bras

    Je chantonne God Save The Queen
    Je croise une amie en plein combat
    Je change de disque

    Thé vert
    Pensées noires
    Le vrai courage je l’ai en face de moi

    Je pars chercher Zoé à son atelier de céramique
    Je ris de passer le CD de Never mind the future
    Dans une voiture qui a conduit son guitariste avant-hier

    Je dépose Zoé chez la docteure
    A la pharmacie j’imagine des trucs incroyables
    Zoé doit croire que je prends des produits

    On dîne en tête-à-tête au restaurant japonais
    On rentre, on regarde Camille redouble
    « C’est l’enfance maltraitée », lâche Zoé

    Aujourd’hui, j’ai eu treize ans avec les Caroline
    Et seize ans avec Camille
    Malgré tout ce soir je fais mon âge, épuisé

    Larry Coryell
    Garth Knox
    ADADA

    Roger Turner / Omoto Yoshihide
    Dans les arbres
    Nicolas Nagetotte / Jacques Di Donato

    Pascal Comelade joue Under my thumb
    Sarah Murcia joue les Pistols
    Tom Waits joue Rod Stewart

    En décalant l’heure du réveil
    Quel coup coup de dé
    Je joue dans l’univers de mes rêves ?

    #mon_oiseau_bleu

  • http://www.desordre.net/musique/beatles.mp3

    Deux rêves curieux, l’un l’absolue frustration
    Attente d’un train qui ne vient pas, l’autre
    Le rêve parfait, les Beatles jouent pour moi seul

    Levé le premier
    Je bois mon café dans le jardin
    Comme sur la margelle au Bouchet

    L’atmosphère a tiédi
    Le ciel s’est assombri
    Mais je ne suis pas triste

    Elle n’est pas venue
    Elle n’avait jamais dit qu’elle viendrait
    Je serais guéri quand je ne raconterais plus de fables

    Deux kilogrammes
    De sardines
    A évider

    En chantonnant It’s all right
    To eat fish because
    Fish don’t have feelings

    Mes sardines
    Ont fière allure
    Le ventre ouvert

    Mon café
    A goût
    De poisson

    Poème tapé
    Avec les doigts
    Qui sentent la sardine

    Dimanche matin laborieux
    Chacun trouve rapidement
    Quelque chose à faire, lendemain

    Isa nettoie ses chaudrons
    Dans la chaleur accrue
    D’un gigantesque feu

    C’est à Autun
    Qu’ont lieu
    Les plus belles fêtes

    Et c’est souvent le dimanche
    En nettoyant et rangeant
    Qu’éclatent les plus gros rires

    Où il est souvent question
    D’un lait de poule
    Et de quelques autres moqueries

    Les filles ne sont pas en reste
    Pour reconduire moqueries
    Et anecdotes. La vie

    Sardines à la braise
    Ratatouille et haricots plats
    Restes des desserts, café

    Sieste dans une chaleur pesante
    Rêves-reptiles, immédiatement
    Evaporés, anguilles et lézards

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/pink_floyd.mp3

    Départ longtemps différé
    Pour les gorges de la Canche
    Pink Floyd passe sur l’autoradio

    Soudain au milieu de la forêt
    Une installation hydraulique
    Et son immense tuyau d’adduction

    Chemin qui confine parfois
    À l’escalade, je sue sang et eau
    Heureusement que j’ai maigri !

    Lumière orgiaque
    Chaleur tropicale
    Chaleur de l’amitié aussi

    Soif inextinguible
    Le long d’un petit
    Cours d’eau

    À la sortie du bois
    Mon téléphone sonne
    Légère détresse de Sarah

    Tu me manques
    Texte-je pour
    Arrondir les angles

    Chemin du retour avec Isa
    Elle me parle de son installation
    Et de sa performance à New York !

    Je lui parle de mon projet
    De livre tête bêche
    et aussi de celui de récit croisé

    Je suis choyé
    Avant de repartir
    On me sert une soupe

    Sur la route du retour
    A travers bois, fenêtre ouverte
    Je respire goulument l’air des futaies

    Je mène ma barque
    A travers une circulation dense
    En rêvassant les yeux ouverts

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/rem.mp3

    Dans un embouteillage
    Je mets la radio et tombe
    Sur une veille chanson de REM

    En vieil homme seul
    J’avale mes médicaments
    Et je branche mon respirateur

    #mon_oiseau_bleu

  • Un récit dont les seuls éléments
    Avérés seraient
    Le récit des rêves

    Avec Macron,
    Fini l’émotion ou le repli,
    Voici le retour de la realpolitik

    Lourdes, la fille de Madonna
    Fait la grève
    De l’épilation

    Tu te jettes sur du spam
    Espérant
    Y trouver un poème

    C’est quand tu menaces
    Sans cesse d’être interrompu, dérangé
    Que tu écris le mieux.

    Ecrire
    Des poèmes
    En open space

    Spam
    Spam
    Spam

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/counting_crows.mp3

    Sur l’autoradio
    Ce matin
    Les Counting Crows

    Les Counting Crows sur l’autoradio
    Nous sommes de nouveau
    En nonante-six

    Tu vas aux toilettes
    Tu pisses
    Tu reviens, pas plus inspiré

    Déjeuner
    Entre collègues
    Avec Joachim Séné

    Après un café bu avec Joachim
    Dans un repère d’anarchistes
    Je retourne dans mon open space

    Dans une devanture de magasin
    Le reflet de Joachim et moi,
    Qu’est-ce que je fais vieux !

    Je remonte toute une rame
    De métropolitain
    À la poursuite de son fantôme

    Est-ce bien normal
    Pour un grand-père
    D’avoir un (tel) chagrin d’amour ?

    Viens danser au club
    Ou sur la terrasse
    Avec les fantômes de l’Opéra

    Tante
    Moineau
    Est partie

    Retrouvée
    Sans vie
    Dans son canapé

    Retrouvée sans vie dans son canapé
    Comme le personnage de Tanya
    À la fin de Sayonara

    J’ai vu, au cinéma, les images, tellement belles,
    De la mort de Tanya, dans son canapé,
    Au même moment où

    Tante Moineau me racontant
    Le retour des déportés
    À la gare de Lille en 1945

    Pharmacien,
    Elle avait été recrutée
    Pour leur tendre un verre d’eau

    Déjeuner avec Joachim
    Disparition de Tante Moineau

    #mon_oiseau_bleu

  • http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/coleman_beauty.mp3

    C’était, je crois, le plus beau concert de ma vie. Une première partie avec le Brass Fantasy de Lester Bowie avait galvanisé la salle du Grand Rex à Paris, énergie folle et festive, du cuivre, encore du cuivre toujours du cuivre et quels cuivres !, au milieu d’eux, Lester Bowie dans son habituelle tenue de laborantin, blouse blanche, petites lunettes, trompette, qui allait bien pouvoir jouer après pareil déluge d’énergie joyeuse et somme toute mélodique après que la douzaine de musiciens se retirent d’une scène archicomble de matériel, de percussions, de pupitres et de perches à microphones ? Oui, qui ?

    Un entracte de très courte durée si l’on juge de la nécessité de ranger tout le foutoir laissé derrière par le Brass Fantasy , et l’installation sur un petit tapis au centre de la scène, les grands rideaux de scène entièrement retirés, une batterie, mais une batterie de peu de choses, la grosse caisse, le charleston, la caisse claire, un petit fût médium, un gros tome et une cymbale crash et c’était bien tout, il y avait déjà un contraste saisissant d’avec la cohue qui avait précédé et dont le souvenir visuel finalement s’estompait dans ce retour à la simplicité.

    Ils sont arrivés, ils étaient quatre, des hommes déjà un peu âgés, pas le grand âge, mais déjà une certaine prestance dans des costumes aux coupes discutables, mais tout à fait le genre d’habits que l’on voit sur les hommes dans les quartiers noirs des grandes villes américains le dimanche matin sur le chemin de la messe. L’un des quatre avait une allure plus juvénile, et portait lui au contraires des vêtements amples et une écharpe, les bras croisés il tenait une manière de trompette de poche, comme d’aucuns tiennent leur cigarette. Le contrebassiste était une homme blanc au physique assez quelconque et était habillé comme n’importe quel informaticien qui sortait du boulot et qui le soir jouait du jazz pour se détendre, il ramassa sa contrebasse couchée sur le petit tapis qu’il partageait avec le batteur, donna deux ou trois tours de clefs plus précis pour l’accord de cette contrebasse, qui droite et debout désormais le rendait, lui, le contrebassiste, petit, presque. Le batteur donnait l’apparence d’un homme assez commun quoique plus souriant que les trois autres, il s’est assis derrière ses fûts comme d’autres se plantent devant leur ordinateur en arrivant au travail le matin, encore qu’à l’époque nous n’étions pas nécessairement très nombreux à nous planter devant un ordinateur en arrivant au bureau. Le patron, parce que qu’on voyait tout de suite que c’était le patron a murmuré deux ou trois instructions à ses coéquipiers, a planté ses deux pieds dans des marques presque, devant le microphone, il a ajusté la bretelle de son saxophone alto à l’apparence matte, pour être, de fait, un saxophone en plastique. Et tout d’un coup, sans crier gare, les quatre dans une simultanéité qui force un peu le respect tout de même, pas des rigolos, ils sont partis plein pot, et ont, deux heures durant, dans cette immobilité des corps, peut-être pas, des pieds en tout cas, joué le plus débridé des jazz.

    Un jazz déconstruit, dont on voyait bien qu’aucun des quatre ignorait les habituels sillons, mais bien au contraire tous les quatre étaient lancés dans un effort collectif de déconstruire tout ce qui aurait pu ressembler, même de très loin, à de l’habitude. Parce que le jazz, ce que l’on appelle le jazz à la papa, et qui représente la quasi entièreté de la production de cette musique, est une affaire terriblement ennuyeuse dans laquelle le plan justement consiste à exposer tutti le thème, puis les solistes se succèdent soutenus dans leurs plus ou moins grandes tentatives d’écart, par la section rythmique, la contrebasse, la poutre, la batterie, les solives annexes et quand il y en a un, le piano, la déco. Une fois sur quatre on laissera une huitaine de mesures au contrebassiste, parfois seulement quatre, pour, au choix, continuer ce qu’il faisait depuis le début, mais cette fois seul, solo, ou, plus audacieux, pas toujours heureux, tout un chacun n’est pas Charlie Haden, justement le type habillé en informaticien qui sort du boulot, étoffer ce qu’il faisait jusqu’à présent dans le but que les autres brillent. Et pour vous dire à quel point tout ceci est convenu, il est attendu que le public montre sa compréhension, de ce qui n’est pourtant pas très mystérieux, en applaudissant quand le témoin passe d’un musicien à l’autre, ce qui, invariablement recouvre entièrement ce qui pourrait être sauvé de cette routine, le passage du thème d’un musicien à l’autre. A vrai dire cette forme a été produite et déclinée, avec une maestria inégalée depuis, par le sextet de Miles Davis dans Kind of blue et dispense d’écouter tout ce qui procède du même mouvement et qui n’a pas, loin s’en faut, la même grâce que cet album admirable. D’ailleurs pour montrer à quel point ces quatre-là d’une part n’ignoraient pas ces us-là, mais avaient surtout décidé de les bousculer, après avoir exposé le thème de The face of the bass , ils se turent tous les trois pour laisser la place au solo de contrebasse habituellement relayé au xième rang d’un concert. On commencerait donc par la contrebasse.

    Et tout dans ce concert était de ce bois-là, une entreprise à la fois savante de déconstruction et à la fois une recensement appliqué des possibles une fois que cette base a été nivelée. Le contrebassiste, informaticien de jour, ne coupait pas ses notes, comme font généralement ses collègues pour donner cet élément qui porte le joli mot de swing, mais qu peut rapidement devenir une dictature, mais, au contraire, ne manquait jamais une occasion de laisser les notes de cordes à vide sonner dans une rondeur tout à fait voluptueuse, un certain Charlie Haden donc. Avec une économie gestuelle très curieuse à voir tant elle était peu synchrone de la musique effectivement jouée, le batteur créait une féerie de rythme, de contre-rythme et surtout une palette remarquable de couleurs, atteignant de ce fait une musicalité souvent étrangère aux batteurs de jazz, un type appelé Billy Higgins, un type qui avait surtout l’air d’être charmant, le trompettiste aux allures de joueur de basket à la ville, à la différence des trois autres arpentait nonchalamment la scène et ponctuait cette promenade de phrases à la fois rapides mais aux notes parfaitement détachées, un chat à la cool répondant au nom de Don Cherry, quant au saxophoniste à l’instrument en plastique et à la sonorité de ce fait sans grande longueur, il compensait remarquablement cette absence de couleurs, manifestement refusée par fuite de la facilité, et compensait donc par une gamme très riche, une manière de système à lui qui s’interdisait de jouer une note si les onze autres de la même gamme n’avaient pas toutes été jouées elles aussi une fois : Ornette Coleman, les deux pieds collés au sol, droit comme un i et d’une folie à la Burroughs, une vraie folie déguisée en absolue normalité.

    Ce sont des années et des années plus tard que retombant sur des galettes de Lester Bowie j’avais ce sentiment étrange de déjà entendu — I have this strange feeling of déjà entendu — pour finalement me souvenir que cela avait été le concert qui précédait le quartet mythique d’Ornette Coleman, lequel avait tout de même réussi à effacer de ma mémoire une aventure de Lester Bowie.

    Et aujourd’hui dans l’espace ouvert pas très ouvert, j’ai appris la mort d’Ornette Coleman, à mon travail, et j’ai dit, soudain fort triste, Oh Ornette Coleman est mort, et mes collègues informaticiens se sont retournés vers moi pour me répondre qui ça ?.

    J’ai répondu l’inventeur du free jazz pour faire court, binaire presque. J’ai attendu d’être seul dans mon garage ce soir pour sortir le vieux Beauty is a rare thing de son coffret, ce morceau qui, déjà du vivant d’Ornette Coleman, me tirait des larmes. Les artistes, les vrais, sont également très rares. Nous venons d’en perdre un.