Pénalisation des clients... : Péripéties judiciaires
▻http://peripetiesjudiciaires.nordblogs.com/archive/2015/06/13/penalisation-des-clients-468194.html
Vous devinez, chers lecteurs, que, à quelques années de distance, j’ai vu parfois les mêmes experts psychiatres, un peu vieillis mais toujours écoutés poliment par les magistrats et les jurés des assises, tenir des propos parfaitement contradictoires avec ceux qu’ils tenaient dans le passé... Mais toujours de façon aussi péremptoire !
Inutile de dire qu’à l’époque, il était certes difficile de prévoir qu’un jour les homosexuels pourraient se marier comme les autres couples et, par exemple, adopter un enfant.
Sur les prostituées, j’ai la même impression aujourd’hui. Les esprits les plus doctes nous expliquent qu’une prostituée (ou un prostitué) ne peut être heureuse, normale, intelligente, indépendante. Forcément, c’est un drame d’être une prostituée et il faut remettre dans le droit chemin la jeune femme qui serait tentée de vivre de ses charmes. Et, surtout, il faut passer sous silence les prostituées qui ne se plaindraient pas de leur situation. On l’a encore vu dans l’affaire dite du Carlton.
Les quatre prostituées qui racontent leur drame sont seules dignes d’écoutes. On n’évoque pas les autres prostituées qui, dans le dossier dit du Carlton, disent qu’elles ne se plaignent de rien. On ne les interroge pas, on ne les entend pas à l’audience, elles n’existent pas. Et, bien entendu, les magistrats évoquent avec beaucoup de prudence à l’audience le fait que certaines de ces quatre jeunes femmes vivent de la prostitution depuis un certain temps et, le lendemain des rencontres avec DSK et ses amis, se promenaient parfois avec eux dans les musées et les parcs de Washington. On dînait avec eux, on visitait les locaux du FMI et on prenait en photo les petits écureuils familiers des jardins publics. D’ailleurs, les quatre, à la fin de l’audience, on annoncé qu’elles retiraient leur constitution de parties civiles et leurs demandes financières à l’égard de DSK. « Détail » passé presque inaperçu.
Peut-on prétendre que ces jeunes femmes n’ont pas vécu de drames, de contraintes, de malheurs dans leur vie de prostituées ? Certainement pas. On prétend ici simplement que les choses de la vie sont parfois un peu plus complexes que les simplifications à outrance.
Les députés s’apprêtent donc à voter la pénalisation des clients et, avec une certaine naïveté, assurent oeuvrer pour l’abolition de la prostitution (on doit dire désormais « système prostitueur » pour faire plus chic et scientifique).