« La "croissance verte" est une mystification absolue »

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  • « La “#croissance_verte” est une mystification absolue »
    https://reporterre.net/La-croissance-verte-est-une-mystification-absolue

    L’#économie_circulaire a le vent en poupe. Qu’en pensez-vous ?

    L’économie circulaire me rappelle furieusement le développement durable. Comme lui, ça va faire « pschitt ! ». L’économie circulaire est un concept très vague, tellement vague que tout le monde s’y retrouve, à la fois les citoyens, les associations, les industriels, les multinationales, les politiques, etc. C’est pour cela que l’économie circulaire est à la mode : il n’y a pas de définition stabilisée, chacun y met ce qu’il y veut et on peut même y « recycler » quelques bon vieux concepts : écologie industrielle, économie de la fonctionnalité, économie du partage...

    Selon la définition de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), l’économie circulaire est un système économique qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources à tous les stades du cycle de vie des produits. Il s’agit de « faire plus avec moins ». C’est beau, mais utopique, car on ne sait pas découpler de manière absolue croissance du PIB et décroissance de la consommation matérielle et pollution.

    • Et aussi :

      Si la fuite en avant énergético-minière se poursuit, quelles pourraient en être les conséquences géopolitiques et socio-politiques ?

      Il faut regarder les choses en face, la situation va s’aggraver. Nos dirigeants font semblant d’appuyer sur le frein avec un discours lénifiant sur le #développement_durable, alors qu’ils appuient à fond sur l’accélérateur ! Il n’y a qu’à voir les appels à l’innovation, les subventions accordées, tous les projets qui sortent concernant les #nanotechnologies, la biologie de synthèse, le numérique, les #objets_connectés, la robotique, etc. Tout le monde s’émerveille face à ces nouveautés, mais la voie que nous poursuivons est en réalité mortifère, tant du point de vue de la #consommation_de_ressources et d’#énergie que de la génération de #déchets électroniques ingérables.

  • « La "#croissance verte" est une mystification absolue »
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    Cette expression est avant tout un pied-de-nez à la « high tech », au mirage des technologies salvatrices. Dans ce livre, je pose les questions fondamentales suivantes : pourquoi produit-on ? Que produit-on ? Et comment produit-on ? Mon propos est de dire que l’on pourrait d’ores et déjà produire moins sans que notre qualité de vie en pâtisse, bien au contraire. Par exemple, on pourrait supprimer le million de tonnes de prospectus publicitaires qui sont distribués chaque année. On pourrait étendre le rechapage des pneus à tous les véhicules, comme cela se fait déjà pour les avions et les camions. On pourrait rétablir la consigne pour les emballages et favoriser la vente en vrac. On pourrait progressivement limiter la vitesse maximale, brider les moteurs, interdire les voitures trop puissantes. La voiture « propre » n’existe pas, mais en attendant de tous enfourcher un vélo, la voiture à 1 litre au 100 km est à portée de main. Simplement, elle fait 500 kg et ne dépasse pas les 80 km/h, ce qui suffirait pour une large part des besoins de déplacement.

    En même temps, il faut pousser l’éco-conception au maximum. Il faut que les produits que l’on utilise tous les jours soient plus facilement réparables, réutilisables, modulaires, à plus longue durée de vie, constitués d’un seul matériau plutôt que de matériaux composites, etc. Il faut accepter d’avoir des produits un peu moins performants, légers, esthétiques.

    Enfin, la façon dont on produit ces biens est également cruciale. Aujourd’hui, l’organisation industrielle mondiale est telle que quelques usines fabriquent des quantités phénoménales de produits. La part du travail humain se réduit toujours plus, au profit de la mécanisation, des robots et bientôt des drones. Au contraire, il faut relocaliser une partie de cette production, retrouver l’échelle du territoire, des petites entreprises, des ateliers, de l’artisanat, d’un tissu industriel et commercial à l’échelle de l’Homme.

    Se pose alors inévitablement la question – épineuse mais inévitable – du protectionnisme et de l’échelle des territoires à protéger. Soyons là aussi réalistes : comment une industrie chimique locale, nationale ou même européenne, aux normes environnementales élevées et intégrant pleinement un coût du carbone, pourrait-elle résister à l’industrie des gaz de schiste américains, ou au gaz « gratuit » du Qatar ? Comment des élevages de taille moyenne pourraient-ils concurrencer la production brésilienne et les poulets trempés dans le chlore ? La logique du « consomm’acteur » ne suffira pas, il faut se donner les moyens réglementaires et normatifs de faire émerger et prospérer des solutions plus vertueuses.