• Nutella : Royal, Fabius, et quelques noisettes - Arrêt sur images
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    Le Nutella aura été son Waterloo. Quelques heures à peine après avoir appelé à boycotter la pâte à tartiner, pour cause de présence d’huile de palme dans sa composition, Ségolène Royal capitulait piteusement, sa défense puissamment enfoncée par les troupes nutellistes. Il est exceptionnel de voir un ministre français s’excuser en rase campagne. Le ministre français, infaillible par définition puisqu’il est passé par Sciences Po et l’ENA, meurt volontiers, mais ne se rend pas.

    Depuis hier, mes confrères s’interrogent. Est-ce la « colère de Rome », en défense de Ferrero, fabricant du Nutella, qui a eu raison de Royal ? En allant déguster avec sa fille une crêpe au Nutella, l’épouse de Matteo Renzi a-t-elle fait plier la Française ? Ou bien la ministre a-t-elle été vraiment convaincue par les efforts allégués par Ferrero, expliquant qu’elle produit sa pâte avec de « l’huile de palme durable » (défense de rire) ?

    Plus vraisemblablement, avant de partir en campagne contre les noisettes à l’huile, Royal aurait dû regarder attentivement une carte de France. Où est produit le Nutella consommé en France ? Dans l’usine de Villers-Ecalles, à l’Ouest de Rouen, en Seine-Maritime, qui emploie 350 personnes. La Seine-Maritime ? Attendez. Ne serait-ce pas le département d’élection d’un ministre influent, nommé Laurent Fabius ? Tout juste. Lequel Fabius est en si bons termes avec Ferrero que le palais des sports de Rouen, en 2011, a été baptisé le « Kindarena », du nom d’une autre friandise Ferrero (cherchez bien), en échange d’une redevance de 4,6 millions d’euros pour un partenariat de 10 ans. Cela s’appelle le « naming », variante du sponsoring (aucun rapport avec le swating, dont je vous parlais hier, et qui a encore sévi cette nuit).

    Rien de neuf : les fabricants de produits gras ont toujours fait l’impossible pour contourner toutes les lois, et associer leur nom, par tous les moyens possibles, à des activités sportives. Comme l’écrivait alors avec humour La Tribune, Rouen a échappé au Nutellarena, ou au Mon Chéri Stadium. Ferrero sponsorise aussi d’ailleurs le club local de basket, le SPO Rouen. On apprendrait, dans les prochains jours, qu’on s’est balancé quelques noisettes en coulisses entre Fabius, Hollande et Royal, qu’on n’en serait pas autrement étonnés