Corona Chroniques, #Jour50 - davduf.net
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Se réveiller et se dire qu’il reste une semaine à tirer ; sans trop savoir si c’est long ou court, une semaine ; se lever et se demander comment on se lèvera, justement, et quel sera le réveil, exactement. Sur France Inter, le désir d’amnésie sonne déjà. Augustin Trapenard lit une lettre de Michel Houellebecq. On monte le son, sans trop y croire, mais on se raccroche à tout ce qu’on trouve, la moindre lueur, le premier os à ronger venu, le plus infime soupçon de déconfinitude — pure déconvenue. Selon l’écrivain, tout ce que nous vivons serait un « non-événement » et le monde après le coronavirus sera « le même, en un peu pire ». Trapenard se donne du mal, et beaucoup d’énergie ; il lit avec entrain, et c’est beau à entendre ; l’animateur tente de sauver par respirateur artificiel ce qui n’est que défaitisme existentiel. Au passage, Houellebecq égratigne les réseaux sociaux — en toute banalité — et balance les résidences secondaires de ses estimables confrères (c’est ainsi qu’il désigne Beigbeder, entre autres, c’est dire le prix de l’estime) — en toute bassesse. Il ajoute : « Je ne crois pas aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant » ». Et l’on comprend qu’il n’y aura pas de lumière de ce côté-là et qu’il existe plus de conscience au coin de la rue harassée qu’au bout de certaines plûmes fatiguées : que les poètes s’éloignent du monde, et de ses fracas, pour mieux les saisir, on sait, on connait, on apprécie ; mais que les mêmes décrètent, en s’extirpant du tumulte, qu’il s’agirait de croire et non de construire, et que ce que l’on vit est un non-événement, sont pure indécence. Une semaine, et l’on sait bien que ce sera bien plus, que l’Après viendra après beaucoup d’Après.