Vendredi 24 avril l’Insee a publié sa mise à jour hebdomadaire du nombre de décès quotidiens par département :
►https://www.insee.fr/fr/information/4470857
Et les surmortalités provoquées par Covid-19 commencent à sérieusement se voir, puisqu’on a enfin des chiffres portant sur la pire période de mortalité (première moitié d’avril).
Dans les tableaux de l’Insee, pour chaque département, il y a un graphique comparant les décès quotidiens cumulés des années 2020, 2019 et 2018 pour chaque département.
Pour un département faiblement touché par Covid-19, par exemple la Gironde, on obtient ceci : la courbe bleue (2020) est quasiment identique aux années précédentes (en fait, inférieure à l’année 2018…) :
Pour des départements lourdement touchés par l’épidémies c’est une autre histoire, la différence devient spectaculaire :
Pour la Seine-Saint-Denis, l’Insee indique 2342 décès entre le 1er mars et le 17 avril 2020. Alors que, sur la même période, il y a eu 1008 décès en 2019 et 1125 en 2018. On a donc plus du double de décès sur cette période.
Attention, si on restreint à la période du pic (espérons…) de l’épidémie,
disons du 1er au 17 avril, on obtient 1118 morts en 2020, contre 315 en 2019 et 359 en 2018. C’est-à-dire plus du triple.
Enfin, le tableau qui rapporte le nombre de décès à la population de plus de 75 ans dans chaque département :
Rappel : ce tableau est né pour répondre à l’affirmation selon laquelle il n’y avait pas réellement de surmortalité en Seine-Saint-Denis, et qu’il s’agit d’un montage pour stigmatiser ces habitants, puisque si on rapporte le nombre de nombre de morts au nombre d’habitants, on aurait tendance à moins y mourir que dans le 92, le 94 et le 75. Ce que la mise à jour du tableau confirme. Mais…
– Le 93 est un département particulièrement plus jeune que ses voisins, la proportion de plus de 75 ans y est de 5%, contre 7 à 9% ailleurs. Donc ce tableau rapporte le nombre de décès à la population âgée de plus de 75 ans pour chaque département (attention : ce n’est pas la proportion de décès dans cette classe d’âge : c’est juste une façon de minorer l’effet déformant de la relativement jeunesse de la population du 93).
Et avec les derniers chiffres, la différence de mortalité devient de plus en plus marquée : 35% plus importants dans le 93 que sur Paris.
– L’autre biais de cette affirmation consiste à comparer le 93 uniquement à des départements eux-mêmes très marqués par la surmortalité de Covid-19. Si on compare à un département faiblement marqué (Gironde), on voit que les chiffres sont spectaculairement supérieures dans les 4 départements de la région parisienne.
Sinon, un aspect intéressant du premier tableau, c’et qu’on a tout de même une surmortalité très impressionnante dans les Hauts-de-Seine, qui est le deuxième département le plus riche de France, alors que la Seine-Saint-Denis est le deuxième département le plus pauvre de la métropole. Même s’il y a une différence, on reste dans des proportions tout de même très proches.