Je suis moi aussi super en colère concernant la gestion de cette pandémie, sur le mensonge qui est supposé cacher l’incurie, sur la stratégie du choc pour des intérêts économiques partisans et impopulaires... Mais tous les jours des politiques reçoivent des lanceurs d’alerte le nez sur leur sujet qui leur disent qu’il y a un truc super grave qui se passe. Savoir qu’un virus a éclaté en Chine (après H1N1, la grippe aviaire, etc.) c’est pas savoir qu’il va se répandre aussi largement, notamment à cause de sa longue période d’incubation.
J’ai une amie qui m’a raconté ses quelques années d’assistante parlementaire EELV. Tous les jours un lanceur d’alerte, exclusivement des mecs, dont la plupart semble avoir pété des câbles, l’appelait ou entrait dans son bureau avec son alerte plus ou moins fantaisiste. Rétrospectivement, elle regrette de ne pas en avoir écouté eux d’entre eux. Deux. Sur des centaines. (Multipliez par le nombre de député·es !) Mais elle se rappelle qu’elle est pas spécialiste des trucs qu’on lui mettait sous le nez.
Ce qui est grave, ce n’est pas que Macron et ses conseillers n’aient pas réagi à cette alerte parmi des centaines (le monde est vaste), c’était tout à fait possible de ne pas arriver à la hiérarchiser proprement. Ce qui est grave, c’est les stocks stratégiques de masques inexistants, la casse de l’hôpital, c’est la conseillère santé qui se casse fin janvier, le conseil des ministres spécial qui finit en 49-3, c’est les élections, c’est les mensonges, c’est le mépris... et le fait de vouloir ensuite se déresponsabiliser de tout ça. C’est gravissime, la responsabilité pénale de ces gens-là devraient être engagée mais pas avec des raisonnements comme ça. Franchement, que personne à l’Élysée ne se soit inquiété en décembre, c’est une erreur qui me semble tout à fait humaine (alors que le reste de leur comportement est bestial).