La souffrance individuelle (et collective) est-elle un critère politique ?

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    Avec la division des identités et la destruction du fond politique d’émancipation, les fondations pour s’unir collectivement n’existent plus. Le partage des traumas permet de mettre les individus au même niveau et de s’associer sur la base de la souffrance. Se poser en victime rejette alors la responsabilité individuelle liée à leur oppression. Mais cette souffrance empêche d’imaginer une société différente, et la recherche de reconnaissance peut être vu comme moyen de pallier le manque d’organisation collective. Pensée collective devient alors une alliance de différentes positions d’individus.
    Confondre identité et oppression conduit la souffrance à être une part entière de l’identité. Puis revendiquer l’impuissance marque le refus des dominés à pouvoir influencer et se défendre face à l’oppression. En se pensant comme une force indépendante du pouvoir et doté d’une vision pure des réalités, on perd toute probabilité de bouleversement radical et systémique. Reléguer les rapports de domination à des réflexions individuelles et échanges interpersonnels rend les dominants et leur domination économique, sociale et politique à l’abri de toute contestation. Sans étude historique et politique des dominations structurelles, celles-ci ne peuvent qu’être prises pour des symptômes individuels. On arrive alors à un discours de culpabilisation, réduisant ces problèmes à la moralité qui ne peuvent être résolus qu’avec une déconstruction personnelle, rendant le combat systémique vain.
    La focalisation sur les pratiques individuelles est le résultat de la doctrine néo-libérale. Les constats politiques sont relégués à des anomalies personnelles. Les actions collectives écartées par l’absence d’impact des comportements individuels. Responsabiliser les dominants plutôt que les dominés équivaut alors à leur laisser le pouvoir. Comptant sur leur reconnaissance pour se libérer.