La souffrance individuelle (et collective) est-elle un critère politique ?

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  • War, History and Memory - Chiao Tung UniversityTaiwan - War, History and Memory, June 2007
    http://www.srcs.nctu.edu.tw/chst/conference20070630/article/War,%20History%20and%20Memory--(V4%20FINAL)--Chiao%20Tung%20U%20(Taiwa

    Du même auteur : https://seenthis.net/messages/852030

    Mike Shi-chi Lan Nanyang Technological University, Singapore Email: sclan@ntu.edu.sg , 2007 - This paper studies the history and historiography of Taiwanese World War Two veterans (commonly known as Taiji Riben bing or Taiwanese-native Japanese soldiers), who served as Japanese paramilitary fighting against the Chinese and Allied forces during the Second World War.

    Hundreds of thousand of Taiwanese were recruited to serve in the Japanese forces during the war, serving in Taiwan, mainland China, the Pacific islands, and across Southeast Asia. After the war, however, the experiences of Taiwanese fighting against the Chinese (and the Allied)—and vice versa the experience of the Chinese (and the Allied) fighting against the Taiwanese were largely repressed and ignored in official and scholarly accounts of the war. Consequently, the Taiwanese veterans was absent in postwar discourse of veterans and public memory of the war. This politically imposed amnesia in public memory served as an amnesty on the Taiwanese veterans—its former enemies on the one hand, and on the other hand allowed the KMT government to redeem the Taiwanese veterans and re-represent the latter as a force in its anti-communist campaign since 1949. Overall, forgetting the history of Taiwanese-native Japanese soldiers helped to create and maintain national and social unity in postwar Taiwan under the KMT rule. As a result of this amnesia, the Taiwanese veterans have been rather insignificant, if not completely absent, in the postwar discussion of war-related issues such as Jus post Bellum (war crimes, compensation to the civilians and veterans) and commemoration of the war till 1990.

    In the 1990s, with the publication of oral history projects and autobiographical works, history of the Taiwanese veterans gradually emerges out of the private domain and begins to draw more attention in the public discourse of the Second World War. This paper will argue that the emergence of a new discourse of Taiwanese veterans since 1990s has served as a (long-overdue) redemption for the Taiwanese veterans and the beginning of recovering (and re-constructing) the long-neglected general wartime history of Taiwan.

    At the same time, however, this new discourse of Taiwanese veterans (and recovered memory of the war) becomes a challenge to the national and social unity created by political amnesia in postwar Taiwan. Issues related to the historiography of the Taiwanese veteran such as the recent controversy over Lee Tang-hui’s visit to the Yasukuni Shrine continue to stir debate over the legacy of the Second World War in Taiwan and to generate conflict over the already divisive national identity in Taiwan.

    #Chine #Taiwan #histoire #guerre

  • La souffrance individuelle (et collective) est-elle un critère politique ? – Chi-Chi Shi
    http://revueperiode.net/definir-ma-propre-oppression-le-neoliberalisme-et-la-revendication-de-

    De bien des manières, le défi radical que constituaient les politiques de l’identité a été désarmé et subsumé sous la valorisation néolibéraliste de la différence individuelle. Sans théorie explicative de l’identité, les identités apparaissent comme déjà constituées, des fac-similés cristallisés de la lutte sociale. Séparées de l’histoire matérielle de l’identité, les politiques de l’identité deviennent complices de la diversification du capitalisme.

    C’est ce que montre l’injonction à en finir avec le « classisme » en tant que discrimination contre les membres de la classe ouvrière, une tentative erronée de saisir la manière dont les rapports de domination fonctionnent au travers de la classe. Le « classisme » est un symptôme d’une société capitaliste fondée sur l’exploitation de classe. Se focaliser sur les effets culturels de l’identité mène à une analyse dématérialisée qui ne peut appréhender le système de classes comme étant nécessaire à l’exploitation du travail, plutôt qu’en termes d’identité dénigrée qui doit être libérée. Cela s’ancre dans la logique sociale et politique du néolibéralisme qui traite les forces marchandes du capitalisme comme étant inévitables et incontestables. La prévalence des glissements discursifs vers une explication de l’oppression en termes de préjugés et de stigmates, ce qu’illustre le langage du classisme, s’inscrit dans cette naturalisation. Cela dissocie l’oppression d’une analyse systémique utile reconnaissant la fonction systémique cruciale jouée par l’oppression. En conséquence, cela naturalise les systèmes d’oppression. Le classisme en est l’exemple le plus évident. Selon cette analyse, les pauvres et les membres de la classe ouvrière souffrent à cause de l’attitude des membres des classes moyennes et supérieures envers eux, et non parce qu’ils sont exploités par les modes de production capitalistes. Les inégalités de richesse et de revenus sont imputées aux préjugés : « le classisme est un traitement différencié en raison de la classe sociale ou de la classe sociale perçue. Le classisme est l’oppression systématique des groupes des classes subordonnées pour avantager et renforcer les groupes des classes dominantes. C’est l’assignation systématique des caractéristiques de valeur et de capacité basées sur la classe sociale41 ».

    L’organisation Class Action a son propre slogan : « bâtir des ponts pour réduire la fracture de classe », situant la discrimination de classe dans les relations interpersonnelles qui découlent des caractéristiques systémiques des préjugés. Au lieu d’abolir les rapports de classe, le classisme met l’accent sur l’atténuation des effets individuels des rapports de classe, comme « se sentir inférieur aux membres des classes supérieures ». Au lieu d’exiger le démantèlement du système de classes capitaliste, Class Action met l’accent sur la reconnaissance de la souffrance causée par les relations interpersonnelles comme solution à l’inégalité, aplanissant la fonction de la race, de la classe et du genre en les égalisant par le prisme de l’identité descriptive.

    Je ne remets pas en question le fait que la souffrance qui marque la vie des sujets opprimés doive jouer un rôle dans la résistance à l’oppression. Toutefois, la tendance au culturalisme dont font preuve les politiques de l’identité contemporaines mène à concevoir la résistance comme tournée vers l’intérieur, vers les symptômes de l’oppression et à un éloignement des causes systémiques. Ce repli sur soi s’incarne dans la popularité de la théorie du privilège. La théorie du privilège est un exemple de la manière dont les inégalités structurelles sont situées dans les positions individuelles des sujets. La conception qu’a Peggy McIntosh du privilège blanc se situe au fondement à la compréhension actuelle. Elle compile une liste de 50 bénéfices quotidiens du privilège blanc : « J’en suis venue à voir le privilège blanc comme un ensemble invisible d’atouts immérités que je peux encaisser chaque jour, mais desquels je demeure inconsciente42 ». Le concept de privilège personnel comme « avantage immérité (…) à cause de la discrimination » est devenu omniprésent dans le discours des politiques de l’identité43. L’expression « Check your privilege » est devenue un cri de ralliement politique, laissant entendre que la résistance doit débuter par la reconnaissance de la position personnelle de chacun au sein du système.

    #identité #politique_de_l'identité #théorie_du_privilège

    Edit #privilège_blanc #intersectionnalité #individualisation

    Reste étonné par ce glissé/collé là : le #classisme vu comme représentation redoublant un stigmate, #stigmatisation et donc utilisable comme catégorie négative, voire insulte à destination de suppôts de l’oppression, plutôt que le classisme (d’antan ?), position de classe, position théorique revendiquée. Un effet de la pullulation universitaire ?