Aux masques citoyens. Stigmate, uniforme et panoplie.

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  • Aux masques citoyen : stigmate, uniforme et panoplie

    « Il est donc acquis que demain, après-demain, et peut-être après tant de lents demain encore, nos vies seront masquées. Et que ces masques feront stigmate. Stigmate au carré. Ceux qui en sont privés sont marqués. Ceux qui en portent sont remarqués. »
    "Celles et ceux qui en ont. Et celles et ceux qui n’en ont pas, donc, sont également marqués. D’une forme de hiérarchie sociale qui est un fer rouge. Tout dépend de qui les voit n’en portant pas. Hier celles et ceux qui n’en portaient pas n’avaient pas d’autre choix que celui de l’innocence désarmée. Dès demain celles et ceux qui n’en porteront pas seront coupables ou criminels. Stigmate encore. "
    "Il va nous falloir trouver une manière de porter le masque qui ne nous assigne pas davantage à une normalité asservie, docile et attentiste. Il va nous falloir trouver comment renverser le stigmate. Pour qu’il ne soit plus seulement ce qui, « lors d’une interaction, affecte, en le discréditant, l’identité sociale d’un individu », mais qui tout au contraire nous pousse à questionner sans relâche la nature de politiques de stigmatisations dont le libéralisme est la main, dont le capitalisme est le dogme, et dont la surveillance est l’alibi parfait.

    Aux masques citoyens.
    Le masque est pour les soignants une protection. L’un des signes diacritiques d’une panoplie de soin. L’une de leurs armes.

    Mais quand le masque se déploie à l’échelle d’une société contrainte dans ses mouvements et policée par l’arbitraire d’états d’urgences persistants, alors le masque est la première pièce de l’uniforme. D’une mise au pas. D’une mise au pli. D’une mise en sur bouche. Une certitude cependant : des ces sociétés d’uniformes, comme de celles uniformes, ne naîtra jamais aucune solution aux pandémies virales qui questionnent notre rapport au vivant et aux autres.

    Ce n’est pas pour rien qu’il n’y a pas « d’uniforme » des soignants, des médecins, des chirurgiens, des infirmières. Juste des panoplies. Ils ont besoin d’armes, de toutes ("pan-") leurs armes ("-oplo"), et le reste est affaire de connaissance, de savoir et de soin, plutôt que d’embrigadement et d’ordre et de marcher au pas. La différence entre le masque uniforme et le masque panoplie.

    Nous avons davantage besoin d’armes que d’ordres. Lorsque nous les aurons, portons nos masques comme des panoplies, jamais comme des uniformes."

    https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/05/aux-masques-citoyens-stigmate.html