Oui, c’est ça.
Je mets #moraline, parce que je pense que fondamentalement, il s’agit d’afficher une posture moralisante qui permet d’affirmer le rôle déterminant des autorités, c’est-à-dire soutenir la légitimité d’un pouvoir qui s’est montré parfaitement incompétent et incohérent depuis le début de la crise. D’où l’importance de prétendre que seul ce qui est explicitement autorisé par les autorités est légitime.
Et là on voit les photos : des centaines de gens parqués comme des moutons au même endroit, séparés par un bout de ficelle, c’est organisé par les autorités, donc c’est bien. Les gens occupant spontanément, largement espacés, des plages relativement vides (parce qu’on a des centaines de kilomètres de plages, ici), c’est mal.
L’interdiction de fréquenter les 7 kilomètres de plage sauvage entre Maguelone et les Aresquier, où même en plein mois d’août il y a des coins où tu peux te poser à plus de 100 ou 200 mètres de la prochaine serviette, je ne vois qu’un seul intérêt : affirmer que seul ce qui est explicitement organisé par l’État est sain et légitime.
Une remarque qui revient dans absolument tous ces reportages, d’ailleurs, c’est celui des élus qui se plaignent de se faire insulter quand ils vont réprimander les gens. Manière d’insister sur le nécessaire respect dû aux autorités, même quand elles veulent imposer des décisions débiles.
Autre aspect très systématique des reportages sur les menaces de « refermeture » des plages : ces braves gens qui se plaignent que, ah là là, à cause des gens qui ne respectent pas les règles, on a été obligés d’imposer des mesures encore plus aberrantes… Manière de souligner que la soumission aux règles, mêmes arbitraires, de l’autorité légale, est le cœur du processus.
Après deux mois et demi de confinement et d’errements gouvernementaux, faudra voir à ce que les gens ne reprennent pas trop goût aux libertés qu’on est bien bons de leur accorder.