Le lien entre des syndromes inflammatoires chez les enfants et le Covid-19 est établi
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Depuis le 1er mars, 125 cas de formes atypiques du syndrome de Kawasaki ont été recensés en France. Les enfants touchés avaient été infectés par le SARS-CoV-2 et sont en majorité d’origine africaine.
Un nombre inattendu d’enfants ont été ou sont hospitalisés dans les services de réanimation pour des formes atypiques du syndrome de Kawasaki (maladie inflammatoire de type vascularite), dont plus de la moitié avec une myocardite aiguë (inflammation du myocarde, principal muscle du cœur), la plupart sans facteurs de risque identifiés. « Le lien entre ces syndromes hyperinflammatoires et le Covid-19 a été établi », nous indique le professeur Alexandre Belot, rhumato-pédiatre à l’hôpital Femme-Mère-Enfant de Lyon et chercheur qui anime le comité de pilotage sur ce registre qui recense tous ces cas avec Santé publique France.
Entre le 1er mars et le 11 mai, 125 cas de ce type ont été recensés en France, de 8 ans d’âge moyen. Un décès est à déplorer chez un enfant avec des comorbidités. Tous ont eu une forme peu ou pas symptomatique du Covid-19 auparavant. Ces cas sont survenus quatre semaines après la grande vague de la pandémie, le pic ayant été constaté la semaine du 20 avril. Les sociétés savantes de pédiatrie avaient lancé une alerte, le 27 avril. « La distribution géographique mime celle de la présence du virus », explique Alexandre Belot.
« Kawasaki-like »
Les symptômes sont une altération importante de l’état général, fièvre, conjonctivite, lèvres sèches, éruption ressemblant à la scarlatine, gros ganglions dans le cou et tous ces enfants ont un gros syndrome inflammatoire. On parle de « Kawasaki-like ».
A l’instar des cas relevés au Royaume-Uni, une majorité de ces enfants ou adolescents sont originaires d’Afrique. « Une demande a été adressée à la Commission nationale de l’informatique et des libertés pour pouvoir recueillir l’origine ethnique, ce qui est sensible en France », explique Alexandre Belot.
Pour expliquer ces cas, poursuit le chercheur, « deux hypothèses sont explorées : la piste génétique associée à une réponse immunitaire excessive qui conduit à l’inflammation et la piste du pathogène en étudiant les souches virales identifiées dans les cas de Kawasaki ». Ces cas restent toutefois très rares au regard de la population pédiatrique.