• Coronavirus : une surmortalité très élevée en Seine-Saint-Denis
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    Ce département, très touché par l’épidémie de Covid-19, cumule les facteurs de risques économiques, sanitaires et sociaux.

    Le département le plus jeune et le plus pauvre de France paie un lourd tribut à la pandémie du Covid-19.[...]

    Plus de personnes à la santé fragile, davantage de salariés en première ligne et de familles nombreuses confinées dans des logements exigus… La Seine-Saint-Denis est le département francilien le plus éprouvé par la pandémie de Covid-19. Le taux de surmortalité y a bondi de près de 130 % entre le 1er mars et le 27 avril par rapport à la même période en 2019. C’est deux fois plus que dans les Yvelines (+ 67,3 %) ou la Seine-et-Marne (+ 65,4 %).

    Deuxième département le plus peuplé de la région après Paris avec 1,6 million d’habitants, le 93 se situe loin devant la capitale, qui a enregistré une augmentation du taux de surmortalité d’un peu moins de 90 %, et juste devant les Hauts-de-Seine (+ 108,9 %). C’est ce que révèle l’infographie réalisée par Le Monde, qui s’appuie sur les données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et sur une étude de l’observatoire régional de la santé d’Ile-de-France publiée au mois d’avril. Les intercommunalités de Plaine Commune et Est Ensemble paient le plus lourd tribut avec des hausses de 179,5 % et 161,6 %.



    Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, avait évoqué un excès de mortalité « exceptionnel » lié à l’épidémie de Covid-19 dans le 93, dès le 2 avril. « Si les raisons de cette fragilité sont multiples, à l’évidence ce sont les inégalités dont souffre la Seine-Saint-Denis à tous les niveaux qui expliquent ce terrible bilan », a écrit Stéphane Troussel, le président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, dans une lettre adressée au chef de l’Etat fin avril.

    Un public à la santé déjà fragile

    Précarité, pauvreté, déserts médicaux, comorbidités, densité de l’habitat : les inégalités sociales et sanitaires préexistantes sont autant de facteurs de risque. Si la Seine-Saint-Denis est le département le plus jeune de la région avec près de 30 % de sa population âgée de moins de 20 ans, c’est aussi celui qui compte le plus de personnes de plus de 65 ans atteintes de pathologies telles que le diabète (25 %) et les maladies respiratoires chroniques (13 %).
     

    Des travailleurs-clés en nombre et plus amenés à se déplacer
    C’est aussi dans ce territoire situé aux portes de Paris, le plus pauvre de la métropole, que résident le plus grand nombre de travailleurs-clés, officiant dans les secteurs d’activités les plus exposés : 16,2 % des agents hospitaliers de la région habitent en Seine-Saint-Denis, ainsi que 18,7 % des caissiers et des vendeurs, 21,6 % des livreurs et 15,4 % des aides-soignants (juste derrière la Seine-et-Marne, qui en compte 16,4 %). Ces salariés séquano-dionysiens font également plus de déplacements que les autres : plus de 50 % d’entre eux travaillent dans un département d’Ile-de-France différent de celui dans lequel ils résident. A titre de comparaison, ils sont seulement 24,4 % à Paris.


     

    Des conditions de vie qui peuvent favoriser les transmissions
    Leurs conditions de logement sont également susceptibles de favoriser le développement de « clusters familiaux » : 42 % des ménages de Seine-Saint-Denis comptent trois personnes ou plus contre 22 % dans la capitale. A noter que la surface moyenne par personne pour un quart des foyers du 93 est de 18 mètres carrés. Elle est de 25 mètres carrés dans le 75. [...]

    #Seine-Saint-Denis #surmortalité