• « Pourquoi rester dans une ville aussi chère que San Francisco quand on peut partir avec son ordinateur dans la Sierra Nevada ? »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/19/san-francisco-pourquoi-rester-dans-une-ville-aussi-chere-quand-on-peut-parti

    [...] La pandémie a accéléré le mouvement – entamé depuis quelques années – de #délocalisation de la « tech » dans les Etats de la région : le Nevada, où Reno est devenu un « hub » d’ingénierie, autour de l’usine Tesla ; l’Arizona et même l’Utah, à Salt Lake City. Au point de changer la sociologie de l’électorat dans nombre de circonscriptions, comme les républicains l’ont constaté à leur détriment dans les derniers cycles électoraux.

    Le #télétravail va s’incruster. Selon une étude de l’association patronale Bay Area Council, sur cent vingt-trois grandes entreprises de la région, 90 % d’entre elles pensent poursuivre le #travail_à_distance lorsqu’elles rouvriront. 18 % comptent même avoir 100 % de leurs effectifs en WFH (ou « work from home », le nouveau sigle incontournable). Deux tiers pensent alterner équipes et horaires pour réduire le nombre de salariés présents en même temps dans les locaux.

    En 2011, quand Twitter s’était installée dans un immeuble Art déco de Market Street, dans le coeur décati de San Francisco, la plate-forme était devenue le symbole de la gentrification et du boom immobilier. Elle est aujourd’hui le symbole de la fuite hors les murs. Les employés ne sont plus tenus de venir au bureau, et ce « pour toujours », s’ils le souhaitent. « Forever », a tweeté le PDG Jack Dorsey le 12 mai aux 5 100 salariés. A l’exception, bien sûr, des emplois qui nécessitent une présence physique, comme l’entretien des serveurs.

    Microsoft ne prévoit pas de réintégration avant octobre au plus tôt. Facebook et Google, avant la fin 2020. Apple fait figure d’exception. Le retour va s’y effectuer de manière progressive à partir de début juin. L’entreprise craint que les projets internes de la compagnie ne finissent par filtrer, à la faveur des communications à distance. Un souci qui n’est pas sans fondement. Les experts ont constaté une multiplication des attaques de « phishing » (hameçonnage) à la faveur de connexions Wi-Fi insuffisamment sécurisées.

    Une prime d’installation de 1 000 dollars

    Quid du traitement princier dont les informaticiens bénéficiaient dans la Silicon Valley ? Les cafétérias véganes, les bars à sushi ? Les séances de yoga ? Google – qui a atteint cette année une capitalisation de 1 000 milliards de dollars, mais craint la récession et a gelé les embauches – a prévenu : finis les lunchs gratuits. Et pas question d’envisager de faire des notes de frais ni même d’offrir une pizza à l’équipe sur le budget du service.

    D’autres ne sont pas aussi pingres. Twitter a offert de rembourser « les bureaux, les chaises ergonomiques » et même « les coussins » nécessaires au travail à la maison ainsi que les abonnements Internet. La messagerie Slack a offert 1 000 dollars aux employés pour aménager leur « home office ».
    Les géants de la Vallée avaient investi dans des sièges sociaux pharaoniques, à la mesure de leur hégémonie planétaire. Ils sont obligés de réaménager les locaux s’ils veulent revenir à une forme de collectivité. Séparations de Plexiglas, stations de gel hydroalcoolique en lieu et place de la machine à café, ségrégation devant les ascenseurs… Pas très excitant pour les ingénieurs qui avaient pris l’habitude des tables de ping-pong et divans de méditation. Qui va se bousculer pour retourner dans des bureaux à l’allure de « chambres de torture pour cols blancs ? », résume Casey Newton, du site The Verge.

    San Francisco n’est pas unique en son « exode ». Selon un rapport du site d’immobilier Redfin, en date du 15 mai, le coronavirus va « accélérer une #migration de grande ampleur » aux Etats-Unis, loin des villes côtières où le coût de la vie est élevé et la concentration de population potentiellement nocive.

    L’étude prévoit « une évolution démographique d’ampleur sismique » vers les villes moyennes de l’intérieur du pays. Si c’était le cas, la carte électorale pourrait en être bouleversée, la polarisation amenuisée : un bol d’air dans un système politique paralysé. Le coronavirus a déjà produit un électrochoc dans l’opinion en soulignant les failles du système de santé et le défaut de production de biens essentiels. En accélérant la décentralisation des emplois technologiques, la pandémie pourrait contribuer à rééquilibrer les « red states » républicains de l’intérieur du pays et les « blue states » des élites libérales. Un service majeur à la démocratie américaine.

    #travail_à_domicile #travail

    • J’imagine que le deal, c’est une journée de présentiel par semaine et la sierra Nevada est à 200 ou 300 km (il y a même un train !), c’est faisable mais au final c’est plus de kilomètres hebdomadaires et ça vient tendre l’immobilier sur des rayons encore plus grands... Avec le présentiel et le recrutement de locaux, il reste ces repères culturels communs qui font que c’est plus facile de bosser ensemble... Mais comme tu dis, beaucoup pourraient trouver le bénéfice assez faible comparé à une délocalisation.

      Ça me fait penser à un truc vu à l’hôpital : du personnel de nettoyage chargé de nettoyer et de désinfecter du matos chirurgical dit que vivement que ce soit jetable qu’on ait plus ce boulot chiant à faire. Mon frère les a entendues et leur a dit que quand ce serait le cas on les jetterait aussi, elles seraient pas payées à rien foutre. J’imagine que c’est le genre de courte vue qui fait qu’on est comme des grenouilles dans la casserole !