organiser la suite en juin ou reporter sine die, le nouveau dilemme de l’exécutif

/municipales-le-nouveau-dilemme-de-l-exe

  • Elections municipales : organiser la suite en juin ou reporter sine die, le nouveau dilemme de l’exécutif
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/05/20/municipales-le-nouveau-dilemme-de-l-executif_6040185_823448.html

    L’exécutif a jusqu’au 27 mai pour choisir entre organiser un second tour en juin, ou jouer la prudence et attendre. Selon plusieurs membres de la majorité, le débat est intense.

    Bis repetita. Deux mois après le premier tour des élections municipales, maintenu le 15 mars par un Emmanuel Macron hésitant, l’exécutif se trouve confronté au même dilemme au moment de fixer la date du second tour, initialement prévu le 22 mars mais reporté pour cause de confinement du pays. Doit-il passer outre le risque sanitaire toujours présent et programmer le scrutin à la fin du mois de juin, comme l’y invitent de nombreux élus locaux, notamment dans les grandes villes ? Ou jouer la prudence et renvoyer l’élection à plus tard, au risque d’un casse-tête politique mais aussi juridique, puisqu’il faudrait annuler les résultats du premier tour dans les 4 922 communes qui n’ont pas élu de maire ce jour-là ?

    Selon la loi d’urgence sanitaire adoptée le 23 mars, le gouvernement a jusqu’au 27 mai pour fixer la date du scrutin. Une première indication sera donnée samedi 23 mai, à l’occasion de la remise d’un rapport sur le sujet au Parlement. En attendant, c’est le grand flou. La question a occupé, mardi 19 mai, une partie du petit déjeuner de la majorité. Selon plusieurs participants, le débat a été intense entre les tenants d’un scrutin en juin et ceux d’un report à l’automne voire au-delà, en fusionnant les scrutins régionaux, départementaux et municipaux au printemps 2021. « Il y a eu une discussion », euphémise un cadre de La République en marche (LRM).

    Action coordonnée
    Sur France 2, mardi matin, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, s’est en tout cas interrogé tout haut sur l’opportunité de convoquer rapidement les électeurs. « Est-ce qu’il est raisonnable d’envisager fin juin des élections, alors même que les campagnes [électorales] ne peuvent pas se dérouler ?, a-t-il demandé. La démocratie, ce n’est pas que le vote. La démocratie, c’est les campagnes qui permettent des débats, des confrontations, qui permettent d’expliquer ce que l’on veut faire ou ne pas faire dans une commune. » « J’incite à beaucoup de prudence quant à une décision hâtive qui précipiterait le second tour », abondait dans un communiqué publié quelques heures plus tard le président du groupe LRM au Sénat, François Patriat, donnant le sentiment d’une action coordonnée.

    Lors du précédent petit déjeuner de la majorité, il y a plusieurs jours, le premier ministre, Edouard Philippe, avait au contraire trouvé incohérent de ne pas pouvoir voter si le déconfinement devait suivre son cours comme prévu à partir du 2 juin. Une préférence que Matignon refuse de confirmer pour l’heure. « On ne reporte pas une élection de gaieté de cœur mais on ne joue pas avec la santé des Français », lâche simplement un proche de M. Philippe.

    • Second tour des municipales : l’exécutif privilégie l’hypothèse du 28 juin
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/05/20/second-tour-des-municipales-l-executif-privilegie-l-hypothese-du-28-juin_604

      L’organisation du scrutin serait conditionnée par une clause permettant de stopper le processus électoral en cas de rebond de l’épidémie due au coronavirus.

      Le sujet a représenté le plat principal du dîner des dirigeants de la majorité réunis autour d’Emmanuel Macron à l’Elysée, mardi 19 mai. Selon plusieurs sources concordantes, l’exécutif penche en faveur d’une organisation du second tour des élections municipales le dimanche 28 juin. Une date qui serait assortie d’une « clause de revoyure » permettant d’apprécier, entre le 5 et le 10 juin, la situation sanitaire du pays et de stopper en cas de besoin le processus électoral.

      « C’est l’hypothèse qui tient la corde », rapporte un participant du dîner. Le rapport du gouvernement sur le sujet, qui est attendu au plus tard samedi 23 mai, pourrait être rendu au Parlement dès vendredi.

      Depuis quelques jours, cette question sensible anime la majorité de plus en plus bruyamment. Le souvenir du maintien décrié du premier tour, le 15 mars, malgré l’aggravation de l’épidémie due au coronavirus, est dans toutes les têtes. La situation sur le plan sanitaire, même si elle s’améliore, reste quant à elle difficilement prévisible.

      Si le conseil scientifique, dans un rapport publié mardi, n’a pas mis de feu rouge à l’organisation du scrutin fin juin, il prévient qu’une campagne électorale présente des « risques majeurs » en termes de propagation du virus.

      Commande publique
      Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, s’est donc demandé, mardi matin, sur France 2, si, dans ce contexte, il était bien « raisonnable d’envisager fin juin des élections ». Une prudence partagée par le délégué général de La République en marche, Stanislas Guerini, et les présidents des groupes macronistes de l’Assemblée nationale et du Sénat, Gilles Le Gendre et François Patriat. Tous les quatre étaient présents à l’Elysée mardi soir pour faire valoir leur point de vue.

      Edouard Philippe, pour sa part, ne veut pas traîner. Selon un participant du dîner, c’est lui qui a formulé la proposition d’organiser le scrutin le 28 juin. « Si on arrive à ouvrir les cafés et les restaurants à partir du 2 juin, ça serait bizarre de ne pas pouvoir tenir les élections ! », justifie un de ses proches. L’ancien maire du Havre, qui brigue un nouveau mandat dans la cité portuaire, est lui-même en ballottage.

      Sa position a été soutenue par plusieurs convives, dont le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, ou encore Philippe Grangeon, conseiller politique de M. Macron. Le président du MoDem, François Bayrou, son bras droit, Marielle de Sarnez, et le président de leur groupe à l’Assemblée nationale, Patrick Mignola, ont également plaidé en ce sens.