• Avant qu’elles ne soient trop tard.
    texte de soutien à deux sœurs de lutte :
    m. de O.P.A. (Orchestre Poétique d’Avant-guerre)
    et Ana Igluka, de Resistenz.
    http://valkphotos.tumblr.com/post/58170740196/avant-quelles-ne-soient-trop-tard
    https://www.facebook.com/ValKphotos/photos/avant-quelles-ne-soient-trop-tard-soutien-%C3%A0-m-de-opa-et-ana-de-resistenz-combien/10153160788590512

    “ Combien de femmes, poètes, philosophes, intellectuelles et artistes n’ont jamais été connues et reconnues ?
    Combien d’idées et de pensées perdues ?
    Combien d’images et de références pour nous identifier ont été gâchées ?
    Les Licornes, ces femmes oubliées reviennent ! Elles battent le pavé et soufflent de fureur !
    Un hommage aux femmes porteuses de questionnement et chercheuses d’émancipation,
    aux gardiennes des droits des femmes, vestales du feu sacré …
    Ainsi sont nos Droits, une flamme à entretenir consciencieusement. Ce feu n’est jamais acquis, il se mérite,
    à nous de le préserver de mères en filles. ”
    Ana Igluka pour “Nos reflets égarés” - Resistenz.

    Rue 89 vient de publier un article* sur un collectif et une pétition pour faire entrer les femmes au panthéon : passionnant et indispensable mouvement de remise en mémoire collective pour toutes ces femmes effacées de l’Histoire.
    Même s’il est trop tard pour leur vie, il n’est jamais trop tard pour la nôtre.
    C’est l’avantage de la mort : elle a plus de temps, elle.

    Instance.

    Hier j’ai reçu un faire-part de décès. Celui de Resistenz.
    Cela ne parlera sans pas à grand monde et pourtant.
    Une écriture poétique et politique
    d’une finesse et d’une beauté proches d’une certaine perfection, enfin, de celle qui m’importe depuis l’enfance : la folle sagesse.
    Une musicalité et des mots si habilement liés, si intimement pénétrants ; et dérangeants parfois.

    Resistenz est le projet personnel de la poétesse et chanteuse Ana Igluka. Accompagnée de son double musical Erwan Foucault.
    « Nos reflets égarés », dernier album, parle de femmes, justement, essentiellement.
    Cahun, Krull, Brook, Scholl...
    Et puis il y a eut le spectacle « Entre nos mains » avec Delphine Coutant et Cécile Liège.
    Histoire(s) de femmes là encore.
    Et tant d’autres, tout aussi pertinents.
    Bouillonnante, insolente Ana
    questionnant nos humanités
    jusqu’à l’impertinence.

    Impertinence.

    Le problème, m’a-t-on confié, c’est que cette femme, elle ne ferme pas sa bouche.
    Elle gueule, elle dénonce. Même quand elle devrait se taire.
    Même devant l’expert.
    Et du coup on n’ose pas la programmer, la faire jouer, sauf à l’exception. De peur qu’elle fasse peur.
    De peur qu’elle ne remplisse pas la salle...
    quand elle rempli juste son rôle de Pythie.

    Le problème c’est que dans la même semaine j’ai reçu l’appel à soutien pour m.
    Cruelle actualité.
    Ces deux femmes, que je relie souvent par leur engagement poétique, envoient en même temps des signaux de détresse.

    m. c’est la chanteuse-poétesse de O.P.A., l’orchestre poétique d’avant guerre.
    c’est Myriam qui lutte depuis des années auprès des sans toits, des exclus. Quitte à se faire péter la gueule.
    m. qui vient de tout perdre pour avoir refusé de la fermer.
    Alors on lui ferme tout. On la perquisitionne, on la fouille et lui embarque ses entrailles technologiques.

    Immanence.

    Et ne venez pas me dire « oui mais »...
    Ce sont nos Louise, nos Simone. Celles de maintenant.
    VIVANTES.
    Elles n’ont jamais revendiqué la sainteté, bien au contraire. Elles la défient souvent.
    Elles défient le temps et l’ordre, elles défient nos normes.
    Elles nous griffent, elles nous giflent, elles nous gênent.
    Elles nous aiment.
    Et nous avons besoin d’elles.

    Nous avons tant besoin d’ailes.

    Qu’avons-nous à prouver ?
    Quelque part, une horloge s’est mise en marche et le temps s’égrène vers des heures plus sauvages.
    Des heures de barbaries où nous pourrons nous regarder en face et savoir.
    Au couperet des fous, il y aura malgré tout des courbures et certains plieront comme ces arbres dévastés par la tempête.
    Pourtant, autour du vieux chaudron, les mânes d’une sagesse ancienne nous enseignent que nous pouvons encore rêver des matins bleus dans les jardins de Caladan, que chacun peut tirer l’Epée de son fourreau de pierre, qu’il n’est nul mont assez haut pour que nous ne puissions en caresser la cime !
    Par-delà, comme enfin délestés, des étendues de vie à survoler, barbes rases, têtes nues, pour la beauté.
    m. pour L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre - O.P.A

    Resistenz : http://www.resistenzpoesie.com
    Soutien à m. : http://soutien-m.over-blog.com

    *article de rue 89 : http://www.rue89.com/rue69/2013/08/13/cherche-femmes-a-enterrer-pantheon-hors-vertu-conjugale-244906 & seenthisé ici https://seenthis.net/messages/165116

    #femme #féminisme #engagement #précarité #archive