Onfray, Finkielkraut & Cie : de la fascisation dans la République des lettres - Les mots sont importants (lmsi.net)
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Deux autres décennies ont donc suivi, au cours desquelles le personnage, toujours plus sollicité, plus omniprésent, plus bavard, n’a cessé de se caricaturer lui-même, de se droitiser, de se radicaliser en somme dans ce que Jacques Rancière a résumé sous le nom de « haine de la démocratie » : haine de la jeunesse, haine de la massification de l’enseignement, haine des cultures populaires, du féminisme, de la Gay Pride et plus généralement de tout ce qui est festif et de tout ce qui est revendicatif – et enfin, de plus en plus explicitement et obsessionnellement, haine du rap, de « l’immigration », des « banlieues » et de « l’islam ».
La décennie 2010-2020 enfin aura été celle de sa consécration, avec son entrée à l’Académie française en janvier 2016. Figure emblématique d’à peu près tout ce que nous combattons depuis vingt ans, Alain Finkielkraut se devait donc de figurer en bonne place dans notre anthologie, et même en ouverture. Mais nous réservons aussi un sort particulier à une autre figure ancienne qui a mis trois décennies à devenir omniprésente : celle de Michel Onfray, qui tout en se référant au départ à des mentors très différents (le paganisme, l’épicurisme, le nietzschéisme et l’anarchisme plutôt que Charles Péguy, Emmanuel Lévinas et Hannah Arendt), s’est finalement créé un personnage très similaire : sérieux comme un pape, grincheux, bouffi d’orgueil et de susceptibilité, et partageant surtout les mêmes détestations que l’académicien : la gauche, le mouvement social, les féministes, les homos et surtout, une fois encore, l’immigration et l’islam.