Je trouve l’ensemble terriblement mauvais. En gros : de la #moraline dans l’autre sens.
A ce titre, en termes d’incidence létale, l’épidémie de sida des années 80-90 ne souffre aucune comparaison possible avec l’épidémie de Covid-19. Le mal était nettement plus dangereux, en l’absence de trithérapie, et il a fallu longtemps pour lutter contre les préjugés qui touchaient les victimes de cette maladie, à savoir des attaques en règles contre leurs mœurs et pratiques sexuelles.
Je suis heureux qu’on ait déjà découvert un traitement contre Covid 19… Covid vient de tuer 30 000 personnes en quelques semaines en France, et on n’a que des estimations de ce que cela aurait donné sans mesures strictes pour limiter sa propagation (estimations généralement catastrophiques).
Alors toute l’argumentation : « regardez, SIDA était bien pire mais on n’a pas rendu sa déclaration obligatoire par les médecins », déjà ça me semble foireux.
Sans non plus parler des modes de transmission excessivement différents (on n’attrape pas le SIDA parce qu’on a passé quelques heures assis l’un à côté de l’autre dans un bureau). Je sais bien que ça a pu délirer dans les années 80 (notamment paranoïa homophone), mais quelqu’un de séropositif peut circuler dans la cité, aller au cinéma, prendre les transports en commun, etc. sans jamais contaminer personne. Ce qui n’est pas du tout le cas d’un porteur du coronavirus. C’est tout de même cet aspect qui rend totalement différente la réaction collective aux cas identifiés.
Ce qui d’ailleurs permet de faire passer une telle énormité :
Par conséquent, il n’était peut-être pas du ressort de la médecine de ville de participer à la qualification des états de certains, vis-à-vis du Covid-19 – ce n’est pas un dépistage de maladie au sens strict car être porteur de Covid-19 ne veut pas dire être malade.
Autre difficulté : le SIDA est une maladie chronique quand on survit. Pas Covid. Au bout de quelques semaines, si tu n’es pas dans la petite minorité qui en est décédée, avoir eu Covid n’a aucun impact sur ta vie sociale, professionnelle, amoureuse… (au contraire : tu es peut-être même immunisée). Faire savoir, par le « piratage » ou je ne sais quelle méthode tarabiscotée, que quelqu’un a eu Covid, n’est pas stigmatisant.
Sinon, parler d’« enquête de mœurs » alors qu’on vient de faire le parallèle avec le SIDA est dangereusement exagéré.
Autre gros souci : tout le principe de l’article, dès le titre, consiste en la dénonciation d’un changement de paradigme dans la relation patient-médecin. Or les maladies à déclaration obligatoires, ça existe déjà. Je veux bien qu’on pose la question concernant Covid-19, pourquoi les autorités le font sans l’expliciter, qu’est-ce qui serait différent ici, mais pas prétendre qu’on serait en train de changer de modèle de société à cause de ce point précis.