« Quel géographe et / ou quel marxiste conséquent peut ne pas hyperventiler en lisant le dernier B.Latour ? D A pleurer. //t.co/luP5TmlP3X »

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  • Le surplus de subsistance |Bruno Latour, Revue Esprit
    https://esprit.presse.fr/actualites/bruno-latour/le-surplus-de-subsistance-42765

    Tout change s’il s’agit, non pas de maintenir ou d’accélérer la production pour avoir plus à redistribuer et le faire plus équitablement, mais d’assurer le maintien des conditions de subsistance de tous les participants nécessaires à l’habitabilité des humains.

    La crise sanitaire actuelle est d’une telle dimension qu’elle commence à donner une petite idée des crises à venir imposées par la mutation climatique1. Il y a de nombreuses manières d’aborder les liens entre ces deux événements majeurs, mais c’est aux rapports entre ce qu’exigent les gouvernements et ce que les sociétés considèrent comme acceptable que je voudrais m’intéresser ici. Il me semble qu’il faut aviver le contraste entre l’autorité dont dispose l’État pour imposer des mesures concernant la santé, au sens traditionnel du terme, et celle dont il disposerait s’il en venait à nous imposer des mesures drastiques pour notre santé, au sens élargi qu’impose l’écologie. La Covid-19 ne teste pas l’administration de la même façon que la mutation climatique – plus ancienne, plus massive, plus radicale. Si l’on a accepté pour un temps de multiplier les « gestes barrières » à la contagion d’un virus, je ne suis pas sûr que l’on soit prêt à accepter du même État l’imposition de gestes barrières pour favoriser la santé de la planète !

    De la biopolitique un à la biopolitique deux

    La probabilité pour que la crise sanitaire serve de répétition ou de « crash test » pour la mutation écologique paraît faible quand on compare les relations qu’entretiennent la société civile et l’administration – pour reprendre provisoirement des catégories trop générales. Quand il s’agit de santé et de protection de la vie, on bénéficie de plusieurs siècles derrière nous au cours desquels la société civile a pris l’habitude de s’en remettre à l’État et, en gros, malgré d’innombrables critiques, à lui faire confiance. D’ailleurs, sans l’État, sans l’appareil statistique, sans les capacités de mobilisation des ministères, sans la police ou même parfois sans l’armée, les populations ne sauraient pas comment se comporter devant une menace dont elles ne verraient même pas clairement les effets. Pour cette crise-là, et parce qu’il s’agit de maladie, le public accepte donc ce rapport relativement infantilisant de se trouver littéralement « dans la main de l’État ». La raison en est que la légitimité de son action s’est construite depuis très longtemps (depuis l’hygiène au XIXe siècle, la mise en place des vaccinations, etc.) et que la société civile a transféré ses connaissances et ses compétences à l’administration. D’où la docilité très relative avec laquelle le confinement a été accepté. On s’est retrouvée dans la biopolitique décrite par Michel Foucault avec un rapport plus ou moins filial à l’État pasteur qui gère, soigne et dirige ses « brebis »… (N’appelle-t-on pas, en Allemagne, Madame Merkel « Mutti » pour souligner ce rapport filial et presque maternel avec son administration ?)

    La situation est entièrement différente avec les questions dites écologiques. Là, c’est l’administration qui est souvent considérée comme un obstacle aux efforts encore timides de la société civile pour imaginer ce que peut vouloir dire une alternative écologique aux sociétés industrielles du passé. Il n’est pas question ici de volonté générale partagée entre l’administration et le public, puisque ni le public ni l’État ne partagent des conceptions communes sur ce qu’il convient de faire. Dans ce cas-là, le décalage est parfaitement clair entre une administration qui a su accompagner, après-guerre, la reconstruction, puis l’effort de modernisation ( ce qu’on a fort indûment appelé les « Trente Glorieuses »2), mais qui, déjà à partir des années 1980, a eu toutes les peines du monde à se situer dans l’immense mouvement de la globalisation où elle ne savait pas s’il fallait l’accélérer ou le ralentir3. Voilà un cas typique où le logiciel actuel de l’administration est en décalage avec la nouvelle tâche d’exploration nécessaire pour faire face à la mutation écologique. Par conséquent, chaque décision de l’État se trouve en conflit radical ou partiel avec les nécessités de la transition. Pour ces questions nouvelles, l’administration ne peut donc en aucun cas jouer le rôle de gestion paternelle et donner des directions fiables à ses « brebis »…

    #crise_sanitaire #écologie #subsistance #biopolitique #État #Bruno_Latour (...)

    • C’est... incroyable soit de malhonnêteté soit -ms je n’ose pas le penser, moi je suis une nobody de basse extraction- d’inculture !

      https://twitter.com/JustUnaDonna/status/1265348020448702465

      Quel géographe et / ou quel marxiste conséquent peut ne pas hyperventiler en lisant le dernier B.Latour ?
      C’est très, très mauvais. [...]

      Classe « géosociale » parce que le type découvre que les outils marxistes sont pas du tout ce qu’il croyait, et qu’il a au mieux 50a de retard ?

      Que l’écologie en fait c’est aussi de l’économie, donc lié aux territoires et ressources ?

      [...] C’est ça le génie que le monde ns envie ?
      Mais. Mais la géographie politique, l’écologie politique, il... n’en a pas eu vent ? Il a pas su ?

      Bruno Latour a rejoint Sciences Po en 2006 comme Professeur des Universités, avant d’en devenir directeur adjoint et directeur scientifique à la rentrée 2007.

      https://medialab.sciencespo.fr/equipe/bruno-latour

      #Bruno_Latour