Les modèles déboussolés pour prédire l’évolution de l’épidémie due au coronavirus, Nathaniel…

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  • #COVID-19 : au #Royaume-Uni, l’Imperial College tente de se préserver de la politisation du débat scientifique
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/27/covid-19-au-royaume-uni-l-imperial-college-tente-de-se-preserver-de-la-polit

    Ce scoop du Financial Times, samedi 23 mai, est resté presque confidentiel au Royaume-Uni, secoué par le scandale « Cummings », du nom du proche conseiller de Boris Johnson ayant enfreint les règles du confinement. Mais il en dit long sur les rapports, de plus en plus compliqués entre les scientifiques et les politiques dans le pays. Les équipes de modélisateurs de l’Imperial College, à en croire le quotidien des affaires, ont préféré retarder la publication d’une étude portant sur les conséquences épidémiologiques du #déconfinement.

    A la fin avril, raconte le Financial Times, le MRC Center for Global Infectious Disease Analysis avait fait savoir qu’un rapport très attendu, simulant les décès à craindre en fonction des différentes mesures de levée du #confinement, devait paraître la semaine suivante. Fin mai, il n’avait toujours pas été rendu public.

    La décision a été prise de privilégier la parution de l’enquête dans une revue scientifique, après une revue par les pairs, suite à des critiques répétées contre la pertinence des modèles mathématiques de l’Imperial College. « Les résultats [de la recherche] ont été partagés avec le gouvernement [britannique], et nous préparons désormais sa soumission à une revue scientifique » a confirmé au Monde une porte-parole du MRC Center for Global Infectious Disease Analysis, mardi 26 mai.

    #modélisation #censure #incurie #paywall

    • Une « erreur de jugement »

      Au moins huit chercheurs de l’Imperial College sont membres du SAGE (Scientific Advisory Group for Emergencies), le comité scientifique conseillant le gouvernement Johnson, ou de sous-comités officiels. Leurs modélisations ont servi de support au gouvernement pour décider l’entrée en confinement – tardive au Royaume-Uni, le 23 mars. Notamment celle du 16 mars 2020 conduite par Neil Ferguson, vice-doyen de la faculté de médecine de l’Imperial College, qui prédisait, en l’absence de confinement de la population, « environ 510 000 morts au Royaume-Uni [du Covid-19] et 2,2 millions de morts aux Etats-Unis » .

      Le confinement a été très peu contesté en avril, au plus fort de l’épidémie – ni les travaux des scientifiques. Mais il y a eu la démission de Neil Ferguson, le 5 mai. L’épidémiologiste de 51 ans, très présent dans les médias depuis mi-mars, a dû quitter précipitamment le SAGE à la suite de révélations du Daily Telegraph. Le quotidien conservateur a raconté qu’il avait rencontré chez lui, à « au moins deux reprises » en avril, une femme de 38 ans, qui avait traversé Londres pour « passer du temps » avec lui, en dehors des règles du confinement. « Je reconnais avoir commis une erreur de jugement » , a déclaré M. Ferguson au Telegraph.

      Ces excuses n’ont pas suffi : les médias conservateurs ont multiplié les articles négatifs contre « M. Confinement ». Quelques députés à la droite du parti conservateur, tels Steve Baker ou David Davis, ont aussi commencé à s’impatienter, réclamant une levée rapide du confinement, s’en prenant directement aux modèles de l’Imperial College. Dans un article cosigné avec le journaliste Matt Ridley, paru le 10 mai dans le Daily Telegraph, M. Davis regrette ainsi que « le modèle [sur lequel s’est basé M. Ferguson et son équipe pour produire l’étude du 16 mars] n’ait pas été rendu public dans la communauté scientifique » .

      L’ex-ministre du Brexit de Theresa May enchaîne, faisant allusion à l’épidémie de fièvre aphteuse de 2001 : « Ce n’est pas comme si les performances antérieures de M. Ferguson étaient bonnes. En 2001, les modélisations de l’équipe de l’Imperial College ont conduit à l’abattage de 6 millions de têtes de bétail et ont été critiquées par les experts en épidémiologie comme défectueuses. »

      Protéger sa réputation

      Le fait que le SAGE ait attendu le 7 mai pour mettre en ligne la liste de ses membres, et ne publie qu’au compte-gouttes ses synthèses de recherche n’a pas aidé. Début mai, un « SAGE bis » a même été constitué, sous l’autorité de Sir David King, ex-conseiller scientifique des gouvernements Blair et Brown, qui a tenu des réunions en ligne ouvertes au public.

      L’Imperial College cherche maintenant à protéger sa réputation – enviable –, face à une politisation accélérée du débat dans un pays où beaucoup cherchent désormais des boucs émissaires, alors que le bilan des morts du Covid-19 est le plus élevé d’Europe (plus de 37 000 décès). « Il y a une perception erronée selon laquelle l’Imperial dirige le pays, ce n’est pas le cas » , insiste John Edmunds, modélisateur à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, dans le Financial Times.

      #prédiction

      Les modèles déboussolés pour prédire l’évolution de l’épidémie due au coronavirus
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