• Signé par de nombreuses personnalités, cet appel du collectif Urgence notre police assassine s’insurge contre la proposition de loi portée par le député Eric Ciotti visant à interdire la diffusion des images de policiers dans l’exercice de leurs fonctions.

      Empêcher de filmer et diffuser des images de violences policières, c’est livrer les victimes à encore plus d’arbitraire
      Dans une proposition de loi, le député Eric Ciotti et d’autres parlementaires veulent faire condamner d’une amende de 15 000 € et d’une peine de 6 mois d’emprisonnement toute personne qui diffuserait des images de policiers dans l’exercice de leurs fonctions. Éric Ciotti ne s’en cache pas : il vise directement l’application Urgence Violences Policières lancée au mois de mars par le collectif Urgence notre police assassine et mise en libre accès (sur Apple Store et Android) afin de lutter contre les violences et crimes de la police et de la gendarmerie.

      Selon Eric Ciotti et les porteurs de ce texte, cette loi viserait à « protéger » la police.

      Mais qui faut-il protéger ?

      Zyed Benna, Bouna Traoré, Amadou Koumé, Lahoucine Ait Omghar, Abdoulaye Camara, Amine Bentounsi, Ali Ziri, Hocine Bouras, Mourad Touat, Babacar Gueye, Rémi Fraisse, Wissam El Yamni, Lamine Dieng, Aboubakar, Fofana, Adama Traoré, Angelo Garand, Karim Taghbalout, Ibrahima Bah, Shaoyo Liu, Romain Chenevat, Gaye Camara, Allan Lambin, Steve Maia Caniço, Zineb Redouane, Cédric Chouviat, Mohamed Habsi… Ce sont des dizaines et des dizaines de personnes - dont une majorité d’hommes non-blancs, souvent issus des quartiers populaires - qui sont mortes entre les mains de la police ces dernières années, et ce dans des circonstances rarement éclaircies. Sur la seule période de confinement qui nous précède, près d’une quinzaine d’hommes sont encore venus allonger la liste de ces tués, asphyxiés, noyés, traqués, pourchassés. Presque à chaque fois, les policiers impliqués ne sont pas inquiétés ou sont vite blanchis faute de « preuves », et souvent au mépris des nombreux témoignages les incriminant.

      Les vidéos sont capitales : elles sont des preuves.

      À côté de ces dizaines de crimes policiers, les violences se multiplient sous d’autres formes qui vont de l’insulte raciste tels que « bicot », « bougnoule », « sale arabe », « bamboula » à la mutilation en passant par les incessants contrôles au faciès. Là encore, c’est dans les quartiers populaires que ces violences s’exercent notablement depuis des décennies. Mais elles ont fait une irruption fracassante dans les mouvements sociaux, ces dernières années, notamment dans les manifestations des Gilets Jaunes, provoquant la multiplication des images de ces violences et leur diffusion dans différents médias. Grenades et tirs de LBD à bout portant, passages à tabac, croche-pieds, coups de poing, de pied, de matraque… Le pouvoir de ces graves images a réveillé bon nombre de consciences sur la réalité de ces pratiques policières et a permis d’expliquer le nombre extraordinaire de blessés et de mutilés. Elles ont aussi ulcéré la police et ses syndicats – Alliance en tête – qui voudraient continuer d’avoir, au sens propre, les mains libres. Ces derniers se félicitent donc publiquement de cette proposition de loi, qu’ils ont appelée de leurs vœux, car peut-on agir plus librement que lorsque l’on reste dans l’ombre ?

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