• Malte : le premier ministre blanchi après une enquête sur la mort de migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/31/malte-le-premier-ministre-blanchi-apres-une-enquete-sur-la-mort-de-migrants_

    A la mi-avril des ONG avaient accusé les autorités maltaises de ne pas avoir secouru des migrants à la dérive, y compris dans leurs eaux territoriales, ce que démentait La Valette, qui a fermé ses ports aux migrants à cause de la pandémie de Covid-19. N’étant pas parvenu à atteindre les côtes européennes, un de ces bateaux de migrants avait regagné la Libye. Selon des ONG, cinq de ses occupants étaient morts tandis que sept autres sont portés disparus.

    #covid-19#migrant#migration#Malte#décès#fermeture-frontières#pandémie#UE#santé

  • Menacée de récession, l’Inde entame un déconfinement à pas lents
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/31/menacee-de-recession-l-inde-entame-un-deconfinement-a-pas-lents_6041341_3210

    Plusieurs Etats ont déjà prévenu que le confinement continuait chez eux : le Bengale occidental, jusqu’au 15 juin ; le Maharashtra, le Pendjab, le Madhya Pradesh et le Tamil Nadu jusqu’au 30 juin. En outre, dans une bonne dizaine d’agglomérations classées « rouge », les plus frappées par l’épidémie de Covid-19, l’interdiction de déplacement perdure jusqu’à nouvel ordre. C’est le cas de Jaipur, Calcutta, Hyderabad, Madras, et surtout Bombay, capitale du Maharashtra, région qui compte sur son territoire un tiers des contaminations du pays (plus de 62 000 cas sur les 182 990 officiellement recensés). Samedi, M. Modi a fêté le premier anniversaire de son deuxième quinquennat à la tête de l’Inde en adressant une lettre ouverte à tous ses compatriotes. Un autosatisfecit sur l’action menée depuis son accession au pouvoir en 2014, dans lequel le dirigeant nationaliste a tout juste reconnu que les ouvriers, les travailleurs migrants, les artisans et les commerçants « souffrent immensément » de la paralysie du pays. Une manière de faire de la pandémie le bouc émissaire d’une situation économique désastreuse.

    #Covid-19#migrant#migration#inde#migrants-internes#déconfinement#santé#économie#chômage#vulnérabilité

  • Mort de George Floyd : à Minneapolis, le caractère multiracial des émeutes ébranle les certitudes des autorités, Laurent Borredon
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/31/mort-de-george-floyd-a-minneapolis-le-caractere-multiracial-des-emeutes-ebra

    Des responsables de la communauté noire à la Maison Blanche, tout le monde a voulu voir, samedi, la main des militants « antifas » derrière les destructions. La réalité est bien plus complexe.

    « C’est notre ville » , explique, tout simplement, l’un des volontaires. Samedi 30 mai, Minneapolis (Minnesota) est à peine réveillée d’une nuit d’émeutes, qu’une nuée d’habitants équipés de pelles et de balais est déjà à l’œuvre pour nettoyer les décombres fumants, tout juste éteints par les pompiers à l’aube.

    A Midtown, sur Lake Street, et tout particulièrement à l’intersection avec Chicago Avenue, les stigmates sont sévères. Cinq jours après la mort de George Floyd – un Afro-Américain – lors de son interpellation par un policier blanc, Derek Chauvin, à South Minneapolis, et quelques heures seulement après l’annonce de l’inculpation de ce dernier pour meurtre, les destructions n’ont pas connu de répit.

    En l’absence de la police et de la Garde nationale, occupées, à l’est de la ville, à sécuriser les ruines du commissariat du troisième district, incendié la veille, et, à l’ouest, à bloquer l’accès au poste du cinquième district, encore debout, les casseurs ont eu toute la nuit pour passer leur rage sur les commerces de la rue, qui ont brûlé jusqu’aux dernières heures de la nuit. Ce n’est que vers 5 heures que les pompiers, accompagnés de membres de la Garde nationale, ont fait leur apparition. Les bâtiments ne sont déjà plus qu’un souvenir.

    Qui est le responsable de ce désastre ? Avec une belle unanimité, tout le monde a désigné les « antifas » , militants d’extrême gauche. Des groupes de casseurs qui seraient venus d’autres Etats. Un épouvantail bien commode.

    Emballement

    Pour les représentants traditionnels des Afro-Américains – l’un d’eux, lors d’une conférence de presse avec le gouverneur de l’Etat, a clairement pointé du doigt « les Blancs » –, cela permet de détourner l’attention de leur communauté, mais aussi de leur propre décalage avec une jeunesse en colère qui ne veut plus se satisfaire de prières et de citations de Martin Luther King. Les autorités locales, elles, diluent la responsabilité de leur échec patent et tentent de mettre un coin dans une mobilisation dont elles ne comprennent pas les ressorts. Quant au président Donald Trump, lui, qui a affirmé sans preuve que « 80 % des émeutiers venaient de l’extérieur de l’Etat » , il reste dans son registre habituel.

    L’emballement a atteint les chaînes d’information en continu, samedi. On a ainsi vu apparaître sur MSNBC un retraité de l’antiterrorisme expliquer doctement, confiné dans son bureau à des centaines de kilomètres du Minnesota, que de nombreux manifestants portaient des « signes distinctifs » des antifas. Et un bruit s’est même répandu comme une traînée de poudre dans la ville traumatisée : ce serait en fait des militants d’extrême droite qui seraient venus jeter de l’huile sur un feu déjà bien vif.

    En fin de journée, la réalité a rattrapé le fantasme. Le maire de Saint Paul, la ville sœur de Minneapolis, affirmait que « 100 % » des personnes arrêtées venaient de l’extérieur ? Elles n’étaient en fait que 4 sur 18, ont prouvé les registres de la prison du comté. L’édile a dû reconnaître, en fin de journée, son erreur. Au total, 83 % des interpellés vendredi dans l’agglomération venaient de l’Etat – l’exact inverse du chiffre cité par Donald Trump – et 56 % de Minneapolis-Saint Paul.

    A tous les niveaux, les officiels semblent avoir des difficultés à appréhender la réalité d’une rébellion multiraciale, qui rassemble la jeunesse afro-américaine, les immigrants d’origine somalienne, les Latinos et enfin les habitants, majoritairement blancs, des banlieues résidentielles. Entre le chômage et la fermeture des universités liés au confinement dû à l’épidémie de coronavirus, tous sont disponibles, simultanément, de manière inédite. Dans l’Etat voisin du Michigan, à Detroit, pas moins des deux tiers des personnes interpellées viennent ainsi des « suburbs ».

    Merci « d’être avec nous aujourd’hui »

    Cette réalité, samedi après-midi, les participants à la manifestation pacifique devant le commissariat du cinquième district n’avaient pas de problèmes à l’accepter. La majorité de l’assistance est blanche, et une intervenante n’hésite pas à remercier ces « alliés blancs » dans la lutte contre les violences policières subies par les minorités aux Etats-Unis.

    Elle balaye d’une phrase les condamnations des destructions de la nuit : « Je m’en fiche de Target [grand magasin incendié jeudi], de Wells Fargo [une banque dont les ruines fument encore derrière l’assemblée d’un petit millier de personnes]. Parce que vous savez qui n’ira jamais chez Target, chez Wells Fargo ? » « George Floyd », crie, de concert, la foule.

    Quelques minutes plus tard, une autre jeune femme noire issue du quartier remercie les mêmes « d’être avec nous aujourd’hui » et les exhorte à éduquer leurs enfants : « Vos enfants sont les policiers, les procureurs, les juges de demain. Ayez cette conversation [sur les discriminations raciales] à la table du dîner ce soir. » Face à elle, les manifestants opinent.

    Ce que les autorités ont bien compris, néanmoins, c’est l’échec de leur stratégie de maintien de l’ordre. Samedi soir, dès la tombée du couvre-feu, la police de Minneapolis, assistée de la police d’Etat, a dispersé violemment un groupe de manifestants qui quittait, pourtant, les lieux de la manifestation de l’après-midi. A la surprise générale, vu sa passivité des jours précédents. De New York à Los Angeles, en passant par Minneapolis, les autorités ont décidé, samedi, d’éteindre l’incendie à coups de matraques et de gaz lacrymogènes.

    #George_Floyd #Black_lives_matter #émeutes #riots

  • #Etats-Unis : ce que l’on sait de Derek Chauvin, le policier mis en examen après la mort de George Floyd
    https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/mort-de-george-floyd/etats-unis-ce-que-l-on-sait-de-derek-chauvin-le-policier-mis-en-examen-

    L’acte d’accusation cite également les résultats préliminaires de l’autopsie de George Floyd, qui conclut que sa mort est "probablement" le résultat d’"une combinaison" de facteurs, dont le fait qu’il ait été retenu par la police, mais aussi ses "pathologies sous-jacentes" (le document affirme qu’il souffrait d’hypertension et d’une maladie des artères coronaires) et la "potentielle" présence de stupéfiants dans son organisme. Le médecin légiste affirme qu’aucune constatation physique ne soutient l’hypothèse d’une mort par étranglement ou asphyxie traumatique.

    Il a été licencié puis arrêté

    Mardi, le chef de la police de Minneapolis avait annoncé le licenciement des quatre policiers présents lors de la mort de George Floyd. Leur identité n’avait alors pas encore été révélée. Les autorités locales et fédérales ont ouvert des enquêtes.

    #racisme #criminel #crimes

    • Ce classique pour les noirs : ils sont vivant jusqu’à ce qu’ils croisent un policier, mais ce n’est pas la police qui les a tués :

      mais aussi ses « pathologies sous-jacentes » (le document affirme qu’il souffrait d’hypertension et d’une maladie des artères coronaires) et la « potentielle » présence de stupéfiants dans son organisme.

      Accessoirement, c’est beau comme du J.-D. Michel :
      https://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/18/covid-19-fin-de-partie-305096.html

      Il faut oser le dire : ce n’est pas le virus qui tue, ce sont les pathologies chroniques qui rendent une infection au SARS-CoV-2 potentiellement fatale à certains patients déjà lourdement touchés par ces maladies de société, alors qu’il est il est bénin pour les personnes en bonne santé.

    • La notion d’« immunité qualifiée ». Décentralisation, difficultés à poursuivre les agents en justice, héritage culturel… Selon le chercheur Jesse Jannetta, les raisons qui ont mené à la mort de George Floyd lors de son interpellation sont multiples, Stéphanie Le Bars
      https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/31/aux-etats-unis-la-police-est-a-l-aise-avec-l-usage-de-la-force_6041325_3210.

      Jesse Jannetta est chercheur, spécialiste des questions de justice et de police pour le think tank Urban Institute de Washington, DC. Il a participé à l’évaluation de l’initiative nationale lancée à partir de 2015 dans six villes américaines pour améliorer les relations entre les forces de l’ordre et la population. Minneapolis (Minnesota), où la mort de George Floyd à la suite d’une arrestation violente suscite depuis plusieurs jours des protestations à travers le pays, en faisait partie.

      L’arrestation puis la mort de George Floyd, un Afro-Américain plaqué au sol par un policier blanc de Minneapolis, qui a appuyé durant de longues minutes sur son cou avec son genou sous le regard de ses collègues, a relancé le débat sur les violences policières aux Etats-Unis. Comment expliquez-vous ce type de comportements de la part de policiers ?

      Les raisons sont complexes, mais il faut relever en premier lieu la latitude des policiers à user de la force, d’un point de vue juridique, avec notamment la notion d’ « immunité qualifiée » [qui empêche les officiers de police d’être poursuivis pour des actions discrétionnaires dans l’exercice de leurs fonctions] . On a vu dans de nombreux cas la difficulté de la justice à poursuivre des officiers de police qui avaient tué des citoyens, même lorsque les preuves de leurs comportements inappropriés étaient évidentes. Les conventions collectives sont aussi la plupart du temps protectrices et ne facilitent pas les procédures pour que les policiers soient tenus responsables de leurs actes. Selon les termes de ces contrats, il arrive ainsi que des fonctionnaires suspendus ou licenciés soient réintégrés.

      Par ailleurs, l’organisation des forces de l’ordre est complètement décentralisée aux Etats-Unis et il existe des milliers d’agences avec des règles différentes. Les standards peuvent donc varier d’une ville à l’autre car la police est en grande partie organisée et gérée par les autorités locales élues. En outre, faute d’un fichier national, un policier renvoyé d’un service de police pour fautes peut être réembauché dans un autre département.

      La formation des officiers de police est-elle en cause dans l’utilisation de la force de manière disproportionnée ?

      C’est un aspect du problème, mais ce n’est pas le seul. Dans le cas de Minneapolis, par exemple, le sujet n’est pas la formation de ce policier : ce qu’il a fait [mettre le genou sur la nuque d’un homme ne présentant pas de danger immédiat] ne répond à aucune règle et rien ne lui permettait de faire ce geste [Si ce n’est que cette technique d’immobilisation est enseigné aux policiers, pratiquée, Bien que l’on puisse douter que le record d’obstination de 9 minutes soit fréquent, ndc] . Il s’agit davantage d’un problème culturel : que les policiers comprennent ce que doit être leur travail, qu’ils soient conscients qu’ils doivent répondre de leurs actes et que les conséquences peuvent être graves [le policier en question a été inculpé pour meurtre] . Le fait que ses trois collègues présents n’aient pas réagi démontre aussi un échec dans la compréhension de ce qui est permis et de ce qui ne l’est pas. Et montre que la police aux Etats-Unis est à l’aise avec l’usage de la force. C’est cette culture qu’il faut changer, mais il s’agit d’une tâche de longue haleine.

      Il faut aussi avoir en tête une spécificité du contexte américain : le fait que le pays soit lourdement armé affecte le comportement des policiers. Face à des citoyens potentiellement armés, le policier veille à sa propre sécurité. Et, s’il est vrai que certaines des personnes tuées par la police ne sont pas armées, beaucoup le sont.

      En 2019, quelque mille personnes ont été tuées par la police, parmi lesquelles la part d’Afro-Américains est disproportionnée (23 %, alors que cette communauté représente 12 % de la population totale, selon un décompte du « Washington Post »). Pourquoi ce déséquilibre persistant ?

      La police américaine s’est développée dans un contexte historique compliqué et racialisé. Les services de police trouvent une partie de leurs origines dans la #chasse_aux_esclaves et la mise en application des lois sur la #ségrégation_raciale, notamment dans les Etats du Sud, mais aussi ailleurs dans le pays. Les biais que l’on constate aujourd’hui par rapport à la population noire viennent en partie de cette longue histoire et du fait que les policiers, comme le reste de la population, ont tendance à percevoir les hommes noirs plus menaçants que n’importe qui d’autre.

      Le travail qui a été fait à Minneapolis et dans cinq autres villes pour aborder ce problème et tenter de rebâtir la confiance entre la police et les communautés afro-américaines a permis quelques améliorations, mais elles sont insuffisantes. Elles demandent beaucoup de temps et d’énergie ; on constate aujourd’hui qu’elles n’ont pas empêché des comportements comme ceux qui ont entraîné la mort de George Floyd. Or, dans le cadre de ce programme, tous les policiers de la ville avaient suivi trois jours de formation au cours desquels avaient été abordés les biais raciaux implicites, l’histoire…

      Comment expliquez-vous la flambée de protestation à travers le pays, à la suite de ce nouveau drame ?

      Après chaque drame de ce type, on se rend compte que, si les cas précis sont différents, les problèmes sous-jacents sont les mêmes. Et les gens dans les autres villes se disent : « Ça pourrait être nous, cela pourrait se produire chez nous. » Il faut donc continuer à chercher les moyens pour que ces événements arrivent de moins en moins souvent.

      #immunité_qualifiée #impunité_pollicière