Police et racisme : les risques d’une cécité

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  • Police et racisme : les risques d’une cécité
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    Dans la manifestation en hommage à Adama Traoré, à Paris, le 2 juin.
    Michel Euler / AP

    Le gouvernement doit prendre au sérieux le malaise qui envenime, en France, les rapports entre minorités et forces de l’ordre et les dérives violentes de ces dernières.

    Editorial du « Monde ». La collusion fortuite entre deux événements d’actualité peut produire un lourd effet de sens. La concomitance entre la mort de George Floyd, un Noir américain de 46 ans étouffé lors de son interpellation par un policier blanc à Minneapolis (Minnesota), et la publication de nouveaux rapports d’expertise sur la mort d’Adama Traoré, un Français noir de 24 ans, mort en 2016 dans le Val-d’Oise après son interpellation par des gendarmes, ne pouvait pas passer inaperçue. Bravant l’interdiction de manifester, 20 000 personnes ont protesté, mardi 2 juin, aux abords du Palais de justice de Paris, et les rassemblements se succèdent depuis lors.

    Comparaison n’est pas raison : le statut des Noirs est une plaie toujours béante dans l’histoire politique et sociale américaine depuis l’époque de l’esclavage, prolongée par un apartheid de fait qui n’a cessé, dans les Etats du Sud, que dans les années 1960 ; en France, c’est à la fois une question historique liée à la traite négrière et à la colonisation de l’Afrique, et une réalité consécutive à une immigration relativement récente. La fracture raciale séculaire, la présence généralisée d’armes à feu, la violence récurrente de la police aux Etats-Unis, qui tue 1 000 personnes par an – contre une vingtaine en France –, interdisent tout simplisme dans l’analogie.

    Constater ces différences ne doit cependant pas conduire à occulter la réalité du grave malaise qui envenime, en France, les rapports entre les minorités dites « visibles » et les forces de l’ordre. La crainte du dérapage, voire de la bavure, est un sentiment généralisé qui fait redouter tout contact avec des uniformes. « Je connais ce sentiment qui ronge de l’intérieur », a témoigné le comédien Omar Sy, se souvenant du temps où, anonyme, il courait dès qu’il croisait des policiers. Cette hantise, bien des Blancs la nient simplement, parce qu’ils ne l’ont, par définition, jamais ressentie.

    Des tendances amplement documentées
    Rester inactif devant cette réalité, comme le fait le gouvernement, est une attitude doublement dangereuse : non seulement elle tend à aggraver une « fracture raciale » déjà matérialisée par les ghettos urbains, mais elle risque de valider la thèse, venue des Etats-Unis, qui fait de la police en elle-même un instrument de domination structurellement dirigée par les Blancs pour perpétuer un pouvoir de type colonial sur des personnes « racisées ». D’où les inacceptables accusations de trahison lancées par certains manifestants contre un policier noir.

    La question n’est pas d’accuser globalement la police de racisme, mais de combattre en son sein des tendances amplement documentées : « discrimination systémique » à l’encontre de jeunes Noirs et de jeunes Maghrébins reconnue dans un cas par le Défenseur des droits, Jacques Toubon, condamnation de l’Etat par la Cour de cassation en 2016 pour des « contrôles au faciès ». Déjà mises en lumière lors de la crise des « gilets jaunes », les dérives violentes, elles, supposent une sérieuse réforme de la formation, du mode de commandement et de contrôle de la police. La pratique du dialogue avec la population de la police britannique mériterait d’être imitée. La « traçabilité » des contrôles d’identité, réalisée pendant le confinement, pourrait être généralisée, comme le propose M. Toubon, et l’enregistrement vidéo systématisé, et non pas interdit comme le souhaite le député Eric Ciotti. Sauf à prendre au sérieux l’écho français du drame de Minneapolis, le gouvernement s’expose à un retour brutal du « monde d’avant » le coronavirus, en pire.

  • Des milliers de policiers s’échangent des messages racistes sur un groupe Facebook | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1591288577-milliers-policiers-echangent-messages-racistes-groupe-facebo

    Dans un groupe Facebook privé, réservé aux forces de l’ordre et qui compte plus de 8.000 membres, des policiers surtout et quelques gendarmes postent de nombreux montages, messages et commentaires racistes et sexistes.

    Le montage se veut satirique, il fait surtout l’apologie de morts violentes mettant en cause des policiers. Chacun des symboles grossièrement collés sur les visages des 4 porteurs de cercueils ghanéens est une allusion lourde de sens. Le panneau « danger haute tension » pour la mort de Zyed et Bouna en 2005. Un poteau, pour le décès de Sabri à Argenteuil le 17 mai dernier. Une portière d’un véhicule de police en référence à la jambe écrasée d’un homme de 30 ans à Villeneuve-la-Garenne pendant le confinement. Et enfin un train, comme celui qui a enlevé la vie à Kémyl, 18 ans, à Montigny-lès-Cormeilles le 27 mai. Le montage – titré « le karma » – a été diffusé sur Facebook par un fonctionnaire de police parisien et approuvé par plus de 200 membres des forces de l’ordre.


    Ce célèbre mème a été détourné pour se moquer de la mort de quatre personnes. / Crédits : DR

    Sur le réseau social, un groupe Facebook privé, baptisé « TN Rabiot Police Officiel » réunit plus de 8.000 personnes. Des policiers principalement (ou se présentant comme tels), et quelques gendarmes et membres de familles de fonctionnaires. Pour intégrer le groupe, il faut indiquer aux administrateurs sa promotion à l’école de police ou de gendarmerie, son matricule et rédiger quelques phrases en jargon de « la boîte ». Un filtre qui semble efficace : StreetPress a vérifié plusieurs dizaines de profils pris au hasard. Tous ceux dont nous avons pu confirmer l’identité sont bien membres des forces de l’ordre. À l’abri des regards indiscrets, les fonctionnaires se lâchent : dans des posts ou en commentaires, on peut lire des centaines de message racistes, sexistes ou homophobes et des appels au meurtre.

    « TN Rabiot Police Officiel » a été créé le 8 décembre 2015. Il se présente comme un groupe « d’informations et de débats sur la sécurité publique et la réalité du travail et des missions des forces de l’ordre. » . Il est administré par Tony W., policier et Isabelle B., civile et présidente du Collectif Libre et Indépendant de la Police (Clip). Un collectif fondé à Lyon en 2012 par des « policiers en colère » après la mise en examen d’un fonctionnaire pour avoir tué d’une balle dans le dos Amine Bentounsi, rapporte Rue89Lyon, qui a essaimé dans d’autres départements.

    [exemples divers]
    Contacté par StreetPress, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos questions.

    Elle est où la boite à gros mots promise par Castagneur ?
    Article mal fagoté, mais des captures d’écran. Ils ont vu peu de gendarmes dans ce groupe FB, mais ne se demandent pas pourquoi. Les gendarmes n’ont pas de syndicats fachos pour les défendre en toute circonstances. Le devoir de réserve est y est plus strict et plus contrôlé. Ça n’empêche pas de collectionner des armes personnelles (comme nombre de policiers), de voter RN, etc.
    De rares récits de démissions montrent que le poids des effets de milieux, de corps est très fort. Le racisme est une condition d’appartenance à laquelle il est difficile de déroger.

    #police #gendarmerie #policiers #gendarmes #racisme #racistes #Amine_Bentounsi #les_tueurs_à_la_langue_de_fiel